Small is beautiful #26 : Watergate, Valentine’s day, Gold river, Monster cafe, Renard des bois duo, Soviet kitchen, Rapid city, Kosmopoli:t, Zombie life, Toutim, Tön ton, Joraku, Révolution le jeu
Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que les petits jeux reviennent toquer à ma porte, la tendance de cette année se dirigeant vers des très petits formats, voyez les bonnes ventes de Punto et des Chewing games, le démarrage de Gold et le retour des Mint, nous devrions avoir matière à nous occuper dans les prochains mois, quarantaine ou pas. Pour le moment quelques bonnes trouvailles de taille raisonnable parsèment ce numéro 26 de Small is.
WATERGATE (Iello)
Juin 1972, cinq hommes sont arrêtés dans un cambriolage qui s’avère être une opération d’espionnage politique. Après deux ans d’enquête et de scandale, cette affaire amènera le Président Nixon à démissionner. Dans ce jeu à deux, l’un des joueurs sera Nixon tentant de rallier à lui l’opinion publique tout en étouffant l’affaire, l’autre, le journaliste, aura la tâche de mettre informateurs et preuves en lien avec le président pour faire éclater la vérité.
Si le jeu a l’air un peu compliqué de par son thème et son imagerie, il est en réalité plus simple qu’on pourrait le croire. Il s’agit d’un principe de « tir à la corde », chacun des participants œuvrant pour amener dans son camp le jeton d’opinion publique (condition de victoire pour Nixon), le jeton d’initiative (une carte supplémentaire) et les preuves (détruites par Nixon, exposées au grand jour par le journaliste).
Pour manœuvrer, chaque camp aura son paquet de cartes avec des actions communes (bouger les jetons, les preuves) et des actions qui lui sont propres (recruter un informateur/employer un conspirateur). Chaque carte pourra être jouée pour ses points de déplacement ou pour son événement (rejouer une carte défaussée/recruter un témoin/faire taire un témoin/valider une preuve…).
Un principe de carte à double entrée que connaissent bien les amateurs de Twilight Struggle et de ses dérivés (ici pas d’action favorisant le camp adverse comme c’est souvent le cas). Il s’agira surtout de bien gérer le moment où il faut user de déplacement ou d’événement (effet puissant avec comme conséquence d’écarter la carte du jeu). Comme notre paquet revient une fois ou deux, il est bon de conserver ce genre d’actions grandiloquentes plutôt que de les dépenser trop rapidement. Un rythme qu’il faudra trouver pour ne pas finir coincé avec des petites valeurs ou pour éviter de jouer certains effets à la moitié de leur possibilité.
Nixon gagne avec cinq jetons d’opinion, il perd si le journaliste a pu lier deux témoins sur le tableau des preuves (le plateau).
Voter pour ou impeachment ?
Watergate n’est pas un jeu compliqué (pas de dilemme extrême lors de la pose de cartes), mais c’est un jeu d’équilibriste : ne pas dépenser ses effets n’importe comment afin de marquer, tout en bloquant l’adversaire. L’initiative est ici importante car une carte en plus peut faire la différence, même si on ne pourra pas toujours être partout à la fois, surtout qu’on ne contrôle pas vraiment le tirage de sa pioche et qu’on ne conserve rien pour la manche suivante. C’est un jeu où il faut jauger de la situation, s’adapter et s’intéresser aux cartes des deux camps (même si il est dur d’établir une défense). Il faut également savoir sacrifier ses cartes au bon moment.
Watergate, avec une difficulté moyenne, offre surtout une ambiance, un jeu asymétrique et un thème immersif. Le jeu peut être frustrant, les cartes ne seront pas toujours avec vous et vous ne pourrez que minimiser les actions de l’adversaire. Le tirage de cartes a une grande importance, les journalistes ont par exemple une seule carte pour remettre dans le circuit leurs informateurs grillés par Nixon. Le fait que l’adversaire aura au moment où vous usez de cette action, un contre ou pas, influence énormément la partie. Je reste encore dubitatif sur la carte « sacrifice » qui donne un jeton rouge à Nixon, sans aucun moyen de blocage. Nixon est plus agressif, les journalistes jouent sur la longueur, mais ne doivent pas non plus traîner. Il faut féliciter l’éditeur d’avoir joint au livret de règles, l’historique de l’affaire et la description des protagonistes. Watergate a quelques défauts liés notamment au tirage de votre main et le fait de devoir tout jouer. Certaines parties se finiront sur le fil du rasoir, d’autres fois vous aurez l’impression de faire de la figuration. Ceci ne freinera pas le plaisir d’y jouer quelques temps. Si vous avez aimé 13 jours et Iron curtain….
VALENTINE’S DAY (Blue orange)
La St Valentin étant passée, on peut se demander si, quelques semaines plus tard, ce jeu aura encore les faveurs du public (en imaginant qu’il les ait eu). C’est donc la fête de l’amour, ce moment où, cœurs unis que nous sommes, nous nous retrouvons pour savourer au milieu de 50 autres convives, un buffet chinois hors de prix, nous jurant fidélité, etc.
– Mais dis moi chéri, tu as invité des amis ?
– Oui, j’avais peur qu’on s’ennuie, tu ne m’en veux pas ?
Effectivement ça part mal, ce moment de communion en duo n’est pas pour 2 joueurs mais de 3 à 6 ?! À votre tour, il faudra proposer une carte à un adversaire qui pourra la conserver ou vous la rendre sans l’avoir vu. Les cartes ont deux valeurs : celle des roses que vous devez accumuler pour obtenir des cœurs (Points de Victoire) et celles des épines qui vous font chuter si vous atteignez 5. Là, c’est le divorce.
love letter, presque
Je t’aime, un peu, pas du tout ?
Proposer un jeu de la St Valentin à plus de 2 joueurs est un peu maladroit, même si vous êtes adepte du ménage à trois. Les illustrations sont culcul à souhait, mais on les oublie vite. Niveau jeu, cela fonctionne, mais mollement. On tente de faire passer ses cartes pour valider les points, avec, comme épée de Damoclès, ces épines assassines. Ce poker menteur, appelons-le par son petit nom, n’a pas réellement d’intérêt, niveau jeu il n’est pas palpitant, niveau thème, il tape gentiment à côté. On lui préfère l’éternel Poker des cafards ou Argh ! Bref, si c’est ça l’amour, autant rester célibataire.
LE RENARD DES BOIS DUO (Renegade)
Le renard des bois, premier du nom, se jouait à deux, alors duo, c’est un peu pareil, non ? Après la guerre, c’est l’amour et ensemble, nous allons tenter d’avancer le long de ce chemin afin de récupérer des jetons et nettoyer le plateau central pour qu’il ne reste rien. Fini l’affrontement.
Le principe du jeu reste le même : un jeu de plis avec valeur et atout. Et pouvoirs : toujours sur les cartes impaires mais adaptés à ce nouveau challenge.
Sur un principe de tir à la corde, il faut faire avancer son pion vers soi ou son partenaire et surtout l’ arrêter devant un jeton, seule manière de l’enlever. Comment ? En faisant des plis qui vous font avancer d’un certain nombre d’empreintes. A quel moment faudra-t-il couper sur son partenaire, quelle carte lui remettre lors des échanges, quand changer l’atout ? Il faudra ramasser des jetons et ne pas sortir hors du chemin sous peine de voir celui-ci rétrécir (et avoir moins de marge de manœuvre) pour la manche suivante. Tout en remettant quelques jetons !
Ensemble c’est mieux ?
Ce duo figurait à juste titre dans le Spécial jeux à deux [St Valentin 2020]. Quoi de plus beau qu’un coopératif pour célébrer l’union de deux âmes ? Le premier épisode était à la fois original (un jeu de plis à deux) et bien mené. Ce numéro 2 réussit le pari de reprendre le même paquet de cartes pour proposer quelque chose de différent. C’est appréciable d’autant plus que ce défi est une réussite. Il n’est pas évident, va demander plus de jugeote et d’attention et sera plus complexe à maîtriser que son collègue. Mais quel bonheur quand la victoire est atteinte.
SOVIET KITCHEN (Igiari)
C’est l’heure de la bouffe ! Mais hélas, les temps sont durs et être communiste n’est pas une garantie de faire bombance. Il va falloir faire la tambouille avec ce qu’on a sous la main tout en évitant de s’empoisonner tant certains ingrédients laissent à désirer.
Jeu avec une appli représentant un mixer qui broie vos matières premières, il faudra, avant d’entrer dans le mode campagne, vous entraîner à obtenir des couleurs en adéquation avec le plat demandé : un poisson violet foncé avec une salade vert pastel. Scannez vos cartes et tentez d’approcher les couleurs imposées : un peu de jaune, un soupçon de bleu foncé, cela peut il donner du vert ? Et si j’ajoutais du grenat ? Encore faut-il avoir ces couleurs sous la main. Attention également à la toxicité de vos ingrédients. Quand on utilise des pneus, des bottes ou du charbon, on a vite fait de développer des allergies, heureusement qu’on peut annuler certains effets à coup de grenade afin de coller au plus près de ce qu’on nous demande et gagner quelques roubles.
Quitte ou rouble ?
Malgré son parti pris décalé et comique (on mange n’importe quoi), son appli diffusant une bande son musicale pouet pouet, Soviet Kitchen n’est pas un jeu frénétique où l’on rigole à tout rompre. C’est un jeu coopératif de gestion de main où il faut, ensemble, réaliser des contrats (réussir à fournir la couleur la plus approchante du plat). Le tutoriel est simple : on scanne les cartes, on voit le mixer en action et on obtient son pourcentage de réussite par rapport au résultat. Les paquets du mode campagne que l’on découvre peu à peu amènent des effets : intoxication, aliment comptant double pour les PV, possibilité de défausser des cartes et en piocher de nouvelles. Mais pas très emballés par le principe (on mélange des couleurs), nous avons abandonné après le paquet numéro 1, ce jeu étant bien trop sage par rapport à ce qu’il laissait croire.
GOLD RIVER & MONSTER CAFE (Lumberjack)
Des fois, il suffit de pas grand chose pour sortir du lot. L’idée de jeux pour la pause café est bien vue, on comprend de suite ce dont il retourne. Le packaging, même s’il est un peu trop léger en termes de solidité, a de l’allure et un format qui correspond à ce qu’il propose… Quelque part, c’est rassurant de savoir où on met les pieds.
► GOLD RIVER
Réédition et premier opus de la série, ce jeu de collection et d’enchères est tout fait recommandable pour un familial où tout peut arriver.
Chaque tour verra une série de cartes mises aux enchères : des mines de couleur (possédant pour la variante poker, un picto As de trèfle, 8 de carreau…), des mines sans couleur (qui passent de main en main) et des cartes spéciales qui permettent de voler des mines, des pépites, de jouer avant les autres… Deux dés à 4 faces décideront quelle mine donnera de l’or à chaque fin de tour.
Les enchères ne sont pas pénalisantes si vous n’êtes pas à votre aise avec ce type de mécanisme : celui qui paie reverse une partie aux autres joueurs. Nous sommes donc rarement à sec et qui plus est tous les joueurs récupèrent de toute façon une carte. La fin de la partie arrive quand on ne peut plus approvisionner le marché. On compte alors les points, avec un bonus pour celui qui a la plus forte combinaison (ex un full) avec la variante poker.
Un jeu qui a bonne mine ?
Le jeu correspond totalement à ce que propose la gamme de l’éditeur : facile à installer, à comprendre, à jouer. Les illustrations sont chouettes, le matériel assez correct et le temps de jeu rapide. Il faut prendre ce jeu pour ce qu’il est, un familial destiné à passer un bon moment sans prise de tête. Ce jeu de collection subit le chaos cher à mister Faidutti : Les cartes vols, échanges, ordre du tour inverse, racket de sous etc. Au final, vous n’êtes pas à l’abri d’un renversement soudain. C’est encore pire si vous appliquez la variante poker, celle où l’on regarde la meilleure main avec les symboles à la fin (brelan, suite, full etc), tout peut voler en éclats en un claquement de doigts. Vous pouvez être bon à l’avant dernier tour et vous faire tout piquer au tour suivant. Est-ce préjudiciable ? Seulement si vous êtes allergique au hasard. Si vous acceptez le fait que ces chercheurs d’or soient agités, il n’y a pas de problème.
► MONSTER CAFE
Deuxième opus de la même gamme des Lumberjacks, ce monstrueux café est un jeu malin où il faut garder secrètement 3 personnages et en montrer certains, ces derniers seront, tour par tour, placés au centre de la table. Il faudra, à la fin, avoir la majorité devant soi pour pouvoir multiplier ses points par le nombre de personnages au milieu de la table (vous suivez ? Sinon direction le Ludochrono). En gros, il faut que la défausse contienne un ou plus exemplaire des cartes que vous avez décidé de conserver devant vous face cachée. Il vous faudra donc défausser votre propre couleur sans que les autres ne devinent ce que vous cachez (ce qui est assez vite transparent).
Expresso ou bouillu ?
Tom Lehman proposait déjà ce principe de scoring peu conventionnel il y a quelques années dans un moche jeu de cartes du nom de Jericho, comme le faisait remarquer Flemeth dans le Small précédent. Ce principe astucieux est ici agrémenté de pouvoirs, ce qui donne plus de souplesse à la partie. Mieux que cela d’ailleurs puisque 120 cartes sont disponibles avec moult familles de monstre, chacun pouvant user d’une compétence particulière. Dix neuf configurations sont proposées en choisissant certaines familles au départ.
Bonne surprise pour ce numéro 2 qui propose quelque chose de complètement différent tout en restant simple et rapide.
REVOLUTION le Jeu (subverti)
Les gilets jaunes, les retraites, les CRS qui se défoulent… Vous en avez assez, mais bon, il y a les crédits de la maison à payer… Grâce à Subverti, éditeur militant, vous allez pouvoir faire la révolution sans bouger de votre canapé.
Passé avec succès par la case Ulule pour un millier de boites, la révolution est donc disponible dans votre B.AL (subverti.com). Boite sobre pour 112 cartes reprenant comme illustrations, une centaine d’œuvres d’art du domaine public, accompagnées de traits d’humour. La révolution ne sera pas télévisée mais sera coopérative ou noyautée par les Réacs, des traîtres au service de la dictature. (Ludochrono)
Vous incarnez un héros du peuple qui va tenter de renverser le leader en place et ses petits copains. Pour ce faire, il faudra battre un des trois symboles présent sur la carte dictateur en faisant mieux (il y en a 4, il faut faire 5). Ce combat se mène en usant de cartes actions. Une action, c’est aussi une répression (un lancer de dé) qui peut vous faire perdre des points de vie, vous envoyer en prison (vous perdez vos cartes et si tout le monde est en prison, la bataille est perdue) ou vous aider (vous êtes passé à travers les mailles du filet). Cela peut être pire si vous devez tirer un « Pigeon déchaîné », machine médiatique qui vous pourrira la vie.
La perte des points de vie, la prison et le pigeon, font que renverser le régime ne sera pas aisé (déjà que faire régime…)
Viva la revolucion ?
Si la boite est un peu grande pour ce qu’elle contient (en gros des cartes), le matériel est soigné. Le parti pris de se servir des peintures libres de droits passe très bien, grâce aux choix des images et surtout aux sous titres décalés et aux citations qui les accompagnent.
un mélange des genres aussi détonnant qu’un cocktail molotov
Le jeu est hasardeux la plupart du temps. On pioche des cartes, on pose. Par moment, on a les symboles qui correspondent pour vaincre le dictateur, par moment non (symboles dont le nombre est le même que l’on soit 3 ou 4 joueurs). Le dé de la répression agit de même : parfois en notre faveur, pas toujours. Idem pour sortir de prison, encore un dé ou le sacrifice d’un P.vie (Que l’on donne rapidement, la vie en prison étant morne). Tout cela ne laisse que peu de stratégie à la masse laborieuse qui subit (elle a l’habitude). Le mode expert en rôle caché amène un (ou deux) traître à la cause. Tributaire lui aussi de ses cartes, il devra être fin pour guérir les blessures et participer un minimum en attendant le bon moment pour se dévoiler. Il peut essayer d’aller en prison et passer pour un martyr, ce qui lui permettra de laisser les autres perdre des vie jusqu’au moment il fera son retour.
Révolution réussit son édition et colle avec son thème. Il serait presque à ranger dans la famille « pan dans ta face » puisque les coups bas pleuvent en continu. Jeu hasardeux (on fait ce que l’on peut avec les cartes en main), il peut mettre l’ambiance si les joueurs se glissent dans la peau des insurgés, lisant avec vigueur les citations des cartes. L’idée du traître, idéale dans cet environnement de crise, pimente le jeu et on vous conseille de jouer avec après une partie d’essai. Chaotique, ce jeu arrive pourtant à trouver un certain équilibre (précaire) entre tension et ambiance. Pour une fois que la révolution est amusante.
JORAKU (Nuts publishing)
Joraku est un jeu de plis, de contrôle de zones, de déplacement, de gestion de cartes que vous pouvez jouer pour placer des pions ou pour réaliser des actions (changer de lieu ou dégommer vos ennemis sur la case du Daimyo). Il faudra aussi anticiper pour bien se placer pour les manches suivantes. À la fois être présent pour scorer le tour en cours mais déjà ailleurs pour préparer le terrain… Ça vous fait réfléchir ? Vous n’êtes pas au bout de vos cogitations.
À chaque tour, chaque joueur se verra remettre 6 cartes (ou 5 si vous êtes 4). Donnez-en deux à votre voisin de gauche. Les plis sont classiques et la couleur n’ a pas vraiment d’importance.
La valeur va déterminer le lieu de pose ou le nombre d’actions (se déplacer, attaquer). Les lieux au nombre de 7 sont alignés sur un plateau. Ils seront décompté à la fin de tour via le Daimyo du joueur vainqueur du pli, puis en fin de manche un par un.
Le barème de points va être de moins en moins intéressant sur les lieux de fin (ex n6 : 7/0/0) alors qu’il va augmenter sur les lieux de départ (0/4/15) suivant la progression de la partie. Les joueurs devront donc glaner des points tout en préparant le futur. Ajoutons un ninja qui peut détruire la carte la plus puissante si elle est présente et surtout, parachuter des pions là où il le désire, sans contrainte. Des cartes bonus (+ 2 pts si on joue dans la couleur demandée…) peuvent être ajoutées.
En route ou pas ?
Cet après-midi là, au milieu de ces grosses boîtes plus ou moins inutiles, ce petit format au nom qu’on ne retiendra pas de suite aura fait notre bonheur. Couverture sobre mais matériel plutôt conséquent. Entre placement de pions, prise de territoire, anticipation et gestion de ses troupes, il y a fort à faire ici. Le jeu est malin puisque les scores de majorité vont changer au cours de la partie. Il sera bon d’être d’un côté du champ de bataille au début, mais à l’autre extrémité à la fin. Il faudra anticiper, laisser les autres commencer le tour, voire se faire dégommer pour récupérer des pions qu’on pourra replacer. Si le déroulé du jeu est un peu prévisible (ça se finit toujours sur les mêmes lieux), la façon de s’y préparer est stratégique (il faut un peu de chance aussi dans le tirage des cartes, un ninja au bon moment est bienvenu). Bien édité (seule la piste de score en lacet n’est pas très intuitive), dans une petite boite à un prix plus que raisonnable pour un jeu qui a de la profondeur, on se met en route vers Kyoto (Joraku) la fleur au katana. Si vous aimez Sun tzu, vous devriez apprécier celui-là, même si on ne le conseille pas pour deux joueurs.
TÖN TON (Happy Baobab)
Boite longue et élégante, Tön Ton et ses cartes au design fantastico-viking est un jeu de plis rapide, à la fois classique et malin.
Chaque joueur part avec 8 cartes, il en jouera 7. Jeu de plis basique : il faut fournir à la couleur, la valeur la plus forte l’emporte… le jeu est agrémenté de détails qui vont le rendre plus intéressant :
Récupérer les 4 fera de vous le premier joueur, récupérer des 6 vous donnera un point de bonus. A la manière d’un Ugo (excellent jeu massacré par une erreur d’édition), vous classez les couleurs par tas, en mettant, contrairement au jeu cité, la plus petite valeur au dessus (7 puis 1). Si vous parvenez à refaire un pli avec cette même couleur, vous pourrez donc écraser ce méchant 1.
Ah, il suffit de garder les grosses cartes, facile ! Oui mais non. Car il y a le contrat. Tiré à chaque manche, il va vous pousser à minimiser vos élans. A la fin de la manche, il faudra que la somme de vos points ne dépasse pas 12 ou 10 sous peine de prendre un zéro pointé. Avec la variante, certaines couleurs seront négatives. Il va falloir être souple comme le roseau et plier sans rompre.
Tön Ton… c’est bön bon?
Avec son format idéal pour le transport, ses cartes longues (un peu déstabilisantes) Tön Ton, mérite déjà qu’on s’y intéresse. C’est un carton en Espagne mais la France reste sourde à ce petit jeu. Ben alors les gars ? Même s’il n’est pas d’une originalité à toute épreuve, le cumul de ses contraintes en font un jeu qui a du potentiel. Il faut anticiper, faire des coupes, tout en subissant le hasard des cartes adverses. On peut aussi jouer en équipe et se compliquer la tâche avec deux contrats axés sur les couleurs. Amateurs et trices de jeu de plis, Tön Ton mérite bien que vous lui fassiez une petite place sur votre étagère, oui celle avec les autres petits jeux, là au dessus de la télé.
ON AURAIT AUSSI PU VOUS PARLER DE :
RAPID CITY ( Bad taste games)
Tu es rapide, tu dégaines de la main gauche ou droite ? Tu connais la différence entre un saloon, une tente indienne et le bureau du sheriff ? Alors tu pourras bien être le futur héros de l’Ouest sauvage. Dans la série observation/rapidité, ce jeu, suivant ses variantes, joue à la fois sur le côté chaise musicale des 3 lieux et la prise rapide (ou non) de figurine en bois (avec la bonne main). Pas de baratin, on va direct au cœur de l’action. Rapid city connaît ses classiques mais amène un vent de fraîcheur au sein d’un genre bien balisé, voire saturé.
KOSMOPOLI:T (Opla)
Formidable travail de recherche linguistique mondial pour ce « téléphone arabe » connecté. C’est le coup de feu dans le restaurant de classe internationale, il faut passer les commandes clients de la salle à la cuisine via une appli et des écouteurs qui susurrent les choix des clients au serveur qui devra les répéter au maître d’hôtel qui devra les répéter aux commis de cuisine qui, eux, devront trouver les ingrédients dans leur liste, tout cela dans un temps donné. Vous êtes un professionnel, tant mieux, les difficultés vont croître : des clients plus exigeants, une terrasse en plus de la salle, un plat introuvable… Pour certains ça fait mouche et ça part façon melting pot verbal délirant et surexcité, pour d’autres, ce sera plus de la gestion de leur stock de cartes dans une atmosphère plutôt calme. Dans quel camp serez-vous ? (LC)
ZOMBIE LIFE (Origames)
Troisième épisode de cette adaptation de Pairs, après L’auberge des pirates et Jour de chance. Vous pourrez piocher une carte, la poser dans votre refuge devant vous ou l’ajouter à la horde au centre de la table. Vous pourrez aussi prendre une carte de la horde. Le but étant de ne pas former une paire devant vous. Zombie life est un « stop ou encore » moins subtil que son prédécesseur mais tout aussi drôle. Principe de ces petites boites : on peut jouer à tout les jeux de la gamme avec une seule boite. Et plus encore si vous jeter un œil sur le site. Alors pourquoi acheter celle-là ? Parce que les illustrations sont géniales, parce que vous aimez les zombies plus que les coccinelles et parce que cette fois, la boite ne s’ouvre pas à l’envers ! (LC)
TOUTIM (Gigamic)
Un Uno pour les petits sans cartes spéciales (non ce n’est pas Lama), il faut trouver quelle carte posée devant vous correspond à la carte visible sur la pioche. Une tache bleue et… une chaussette bleue ? Parfait. Plus complexe sont les éléments chaud/froid, bonne ou mauvaise odeur soumis à interprétation (je ne sais pas si on argumente beaucoup à 3 ans). C’est mignon, et le matériel est robuste. Et en jouant sur la mauvaise fois, les parents peuvent s’y coller pour décider qui va aller lire l’histoire avant le dodo !
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Groule 13/03/2020
Merci pour ces chroniques, Le Renard des Bois Duo me titille.
Longue vie à la Smallitude.
morlockbob 13/03/2020
renard duo, je conseille. Petit prix. joli et pas évident.
merci
Shanouillette 14/03/2020
Je l’ai déjà dit mais ici Soviet kitchen a fait mouche. C’est original cette idée de devoir mélanger des couleurs ce n’est pas quelque chose qu’on a déjà fait dans un jeu (car il faut vraiment connaitre ses complémentaires et les conséquences d’un mélange pour obtenir la couleur souhaitée, l’appli fonctionnant de façon assez bluffante pour valider une teinte) après ça devient un peu répétitif, mais le principe de base est rigolo !
morlockbob 14/03/2020
Pour les amateurs de couleurs et de stratégie, je vous renvoie vers Pastiche qui se sert du mélange de couleur pour nous amener vers une mécanique de placement (en usant d’opportunisme et de stratégie).
merci pour les retouches photos