PEL 23 : ON DÉPILE #2 : Runemasters, Mycelia, Knarr, Les Chats de Schrödinger, Gap, Once Upon A Line…

Ce premier week-end de juillet avait lieu la onzième édition du festival Paris Est Ludique, ou PEL pour les intimes. Un événement que nous ne raterions pour rien au monde, l’occasion de jouer et de vous raconter nos découvertes. Pour  en savoir plus sur l’organisation du festival et sur les premiers jeux couverts, direction la Partie 1.

La tradition de PEL, chez les pros ? Se refiler la patate, et pas n’importe quelle patate, on parle ici de la Patate d’Or. Ce prix ludique créé en 2013 récompense chaque année une personnalité du monde ludique pour son implication dans le monde du jeu. Régis Bonnessée l’a gardé depuis 2019 pour la donner à Sophie Gravel. qui à son tour vient de la refiler à Philippe Mouret, l’un des fondateurs et piliers d’Asmodee et de Space Cowboys.

 

 

Sophie Gravel, Philippe Mouret, et Martin Vidberg, le créateur de la Patate d’Or.

 

 

On passe aux découvertes ?

 

 

Runemasters

 

Tower defence : ah, les joies de buter des monstres pour défendre son pré carré ! Runemasters propose aux joueurs de faire ceci en un temps réduit – disons trente minutes. Foin de chemin complexe, on a quatre lignes que l’on défend, et un événement spécial par tour de table. Le joueur actif piochera un monstre, jettera des dés, les appliquera, et zou, au suivant. Le but étant de ne pas se faire trop mettre KO et de faire survivre le temple aux attaques des monstres.

Les dés permettent de permuter sa place autour du temple, sachant qu’il n’y a qu’un emplacement par ligne, et de viser les points faibles des monstres. Touchez les tous, et un monstre est vaincu, vous rendant un peu de mana (relance de dés). Les héros ont un pouvoir activable avec une face de dé spéciale et une capacité ultime se déclenchant au gré des dés inutilisés.

Les vilains ont d’ailleurs parfois des capacités pas très amènes. Immunisé aux palissades, arrive plus tôt, fait 2 dégâts lorsque blessé… et j’en passe et des meilleures. J’aurais sans doute aimé un peu plus de variété dans ces méchants.

Mais mais mais… je pense que c’est bien comme ça. Runemasters se veut accessible, court, et en ça, il fait le job. Il présente quelques défis d’optimisation pas insolubles, un système facile à aborder. Seulement, le Tower Defence appelle à une expérience un peu plus experte, un peu plus foisonnante. Du coup, je suis un peu embêté : le principe du jeu et sa direction artistique m’incitent à en vouloir plus, même si le jeu est bien comme ça…

 

– Umberling

Un jeu de Antoine Prono
Illustré par Paul Mafayon
Edité par Funforge
Date de sortie : automne 2023

Mycelia

 

Peut-être avez-vous déjà joué à La course vers El Dorado qui proposait un deckbuilding de course. Cette année ce jeu ressort avec les illustrations de Vincent Dutrait, mais Ravensburger propose avec Mycelia une autre expérience de course basée sur du deckbuilding, et dans un univers bien différent. Mycelia est un univers de gouttes d’eau et de champignons. Nous avons notre plateau personnel, des gouttes un peu de partout sur les cases de différentes natures, et un tourbillon vers lequel nous allons faire sortir nos petites gouttes. Pour cela, nous avons à chaque tout trois cartes en main, qui sont des déplacements possibles, et comme dans tout deck building, la possibilité d’acheter des nouvelles cartes avec la monnaie locale : la feuille.

Lorsque nous faisons sortir les gouttes de notre plateau, elles vont aller alimenter la récolte d’eau sur un plateau tournant qui, lorsqu’il sera rempli, va pleuvoir. Les gouttes qui choient émettent un son qui nous rappelle alors la pluie, et, en sus, nous éclaboussent de quelques gouttelettes sur notre plateau.

Il s’agit d’une course, la personne n’ayant plus de goutte gagne la partie.

C’est un jeu plaisant, qui ne sera pas une révolution pour les joueurs aguerris à la construction de main, mais qui propose une expérience intéressante pour la famille, avec un charme qui tient beaucoup sur le matériel, la pluie, sans oublier les illustrations de champignons bien travaillées et assez craquantes. À déguster !

– Natosaurus

Un jeu de Daniel Greiner
Illustré par Justin Chan
Edité par Ravensburger

Date de sortie : fin septembre 2023

 

Knarr

 

Nous voici en contrées vikings. À la tête de notre drakkar, nous allons au choix recruter un membre d’équipage, ou partir en expédition. Lorsqu’on ajoute un membre d’équipage à son bateau, on active toute la colonne de la couleur correspondante, gagnant ainsi des points de victoire, de la renommée (piste qui fait gagner à terme des points de victoire au début de chaque tour), des mercenaires ou des bracelets. On prend ensuite en main un nouveau personnage depuis le marché, suivant la carte équipage qu’on a jouée. Autre choix : lorsqu’on part en expédition, il faudra sacrifier des membres d’équipage pour remporter la récompense correspondante (on pourra aussi payer en mercenaire). Une fois par tour, on peut dépenser des bracelets pour activer des colonnes sur les cartes expéditions (et gagner PV / renommée / mercenaires / bracelets). 40 points, et la partie prend fin.

Le matériel n’est pas super ergonomique (couleurs du matériel des joueurs très proches, la piste de renommée est très petite, et les petits cubes marqueurs souvent superposés tombent sans cesse, alors qu’il aurait été plus simple de la placer sur le plateau personnel). Cependant, les parties sont rapides (20-40 min à 2 ou 4 joueurs), et on n’attend que peu son tour car on n’a le choix qu’entre deux types d’actions.

J’ai l’impression que la stratégie de construire un moteur (grande famille d’équipage de la même couleur) avant de partir en expéditions est assez forte, mais il faudrait refaire d’autres parties pour en être sûr (l’utilisation des colliers lorsqu’on a réalisé les expéditions appropriées semble intéressant aussi).

Légèrement plus complexe qu’Elawa, Knarr cible le même public, mais je le trouve plus contrôlable. Reste à voir la rejouabilité.

– Manu

Un jeu de Thomas Dupont
Illustré par Antoine Carrion
Edité par Bombyx
Date de sortie : fin aout 2023

 

Gap

Gap est un petit jeu de cartes coloré voire même coloré/brillant, qui vous propose une règle inspirée par la Scopa, avec un effet de collection, mais surtout d’écart de collections. Six cartes en main chacun en début de manche, on en joue une à son tour sur la ligne commune pour prendre une ou plusieurs cartes. Soit toutes les cartes de la même valeur, soit les cartes de valeur immédiatement inférieure et supérieure. On les place dans des files de leur couleur. En fin de manche, on score la différence de la somme des plus nombreuses avec la somme des moins nombreuses (une couleur à 5 cartes = 5, moins deux couleurs à une carte = 1+1, ça nous fait 3 PV pour cette manche). On joue un peu au mieux au début, essayant de prendre plus de cartes, puis ça s’affine en milieu de manche, pour malheureusement finir sur un dernier coup joué en aveugle, car on joue obligatoirement notre dernière carte, et on prend obligatoirement si on peut. Et ce dernier coup peut être un jackpot comme super malus ! Problème : on ne l’aura pas voulu, car même si on garde la bonne carte pour la fin (qu’est ce qu’une bonne carte d’ailleurs ?), les joueurs précédents vont tout faire bouger, rien n’est prévisible. C’est une grande déception pour ce jeu qui aurait pu être malin si seulement on avait pu par exemple choisir de garder notre dernière carte pour l’ajouter à la colonne plutôt que de la jouer (coucou Mind Up!).

 

– Natosaurus

Un jeu de Frank NoackRico Besteher
Edité par Iello
Distribué par Iello
Date de sortie : Juillet 2023

 

Once Upon A Line

C’est ma deuxième partie découverte de Once Upon A Line. La première, c’était il y a presque deux ans, et l’attente de voir ce qu’était devenu le projet était assez élevée.

La proposition est hors normes, non pas en termes de poids ou de figurines, mais d’un type de jeu qui offre une expérience nouvelle, celle du grattage. Dit comme ça, c’en est presque réducteur. Le grattage, c’est le même que sur un ticket de la Française des jeux, ce qui va se dévoiler sous cette peinture argentée sont des lettres. En utilisant de nouvelles actions, d’autres polyominos, nous allons pouvoir dévoiler le reste du mot. Des mots dans une grille type mots fléchés, cachés sous cette peinture, Ça c’est l’attrait majeur du jeu. Les mots que l’on cherche font partie d’un texte, ils sont écrits en couleur, parfois soulignés ce qui donnera une indication sur la façon de les trouver dans la grille. Déduire où ils peuvent bien se cacher, dépenser des polyominos qui sont nos actions, pour les découvrir. Certains mots nous donneront accès à de nouvelles cartes, qui comportent de nouveaux mots, et nous font dévoiler un peu plus la grille.

Depuis deux ans, l’histoire racontée dans cet univers post-apo s’est étoffée. Et là on parle de la dimension narrative du jeu, celle que nous n’avons pu qu’effleurer en festival, celle qui pourrait se révéler intéressante ou accessoire. Il faudra pour le savoir, attendre de faire toute la campagne quand le jeu sortira. Nos aventuriers vivent dans un monde du plus tard, quand il ne reste plus qu’une poignée d’humains, et que les insectes sont devenus gigantesques, certains sont des compagnons utiles. Les grilles font 26X26 cases, les parties sont indiquées pour 3 h, rien à voir avec notre petite grillette de 9X20 proposée pour l’initiation. La boîte de base sera accompagnée de trois autres histoires toujours dans le même univers, dont un spin off.

Messieurs de Perte et Fracas, on a hâte de gratter encore !

– Natosaurus

Un jeu de Dan ThouvenotWilliam Aubert
Illustré par Adrien GionAlexandre GimbelBastien BoulaiGuillaume « GYAx » WeberLeandro Di TerlizziRomain MottierVincent Ptitvinc
Edité par Perte & Fracas
Date de sortie : 2023

 

Les Chats de Schrödinger

Le Chat de Schrödinger est une expérience mesurant l’état quantique d’un objet. Un chat mis dans une boîte ayant cinquante pour cent de chances de mourir à cause d’un appareil ayant cinquante pour cent de chances de fonctionner n’a pas que deux états : comme on ne peut déterminer l’état du chat sans ouvrir la boîte, le chat est, avant d’ouvrir la boîte, à la fois mort et vivant. Mais dès qu’on l’ouvre… on a confirmation, désambiguïsation de l’état quantique.

Les Chats de Schrödinger est un jeu d’enchère semi cachée. Les joueurs font monter la sauce jusqu’à ce qu’un joueur ouvre la boîte… mais sur quoi ? Eh bien sur des cartes Chat que nous avons en main. Chats morts, chats vivants, boîte vide ou état d’indétermination d’Heisenberg (comprenez joker universel). Sauf que les enchères se font sur un plateau, avec une alternance : les chats vivants sont plus courants que les morts (dans l’absolu, parce que dans les faits, non), qui sont plus courants que les boîtes vides. Et l’enchère ne va que dans le sens d’une piste. Une fois l’enchère faite, on peut révéler de sa main quelques cartes pour de bon, et ainsi défausser des cartes pour en piocher d’autres : de quoi se recomposer une main à son image, en en dévoilant plus aux autres joueurs. Des pouvoirs à utilisation unique renversent le cours du jeu : défausser les chats vivants révélés, par exemple. Lorsque l’on hurle au bluff, les mains sont révélées… et le joueur en tort perd une vie. Il n’y aura qu’un perdant, et le reste de gagnants.

 

Plutôt fin et malin, surfant sur les enchères flottantes du Perudo, les Chats de Schrödinger ont le mérite d’être plus simples et rapides que l’aîné, avec le même genre de retournements de situation. Sous ses airs un peu allemands, il y a bien du fun !

– Umberling

Un jeu de Adriel Lee WilsonChris O’NeillHeather O’Neill
Illustré par James Stowe
Edité par Amigo
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 08-09-2023

 

Des nouvelles de Dream on !

Tiki éditions a la très très bonne idée de redonner sa chance à cette perle qu’était Dream on !, un jeu qui avait été publié par CMON en 2018, et qui mérite une nouvelle diffusion, et de nouvelles illustrations !

 

Le jeu de Julien Prothière et Alexandre Droit, changeant d’éditeur, change également de titre, il s’appellera dorénavant Story Box. Il sortira pour Cannes prochain, sous deux versions, Rêve et cauchemar, et Aventure dont vous voyez les cartes illustrées par Stéphane Escapa. Deux boîtes de 110 cartes qui proposeront une nouvelle expérience, avec des variantes par rapport à l’original. Il était dans nos coups de cœur 2018, et on ne s’en lasse toujours pas, autant dire qu’on est bien impatients.

 

On vous donne rendez vous dans quelques jours pour la suite des découvertes, avec un tour vers le carré Histoire…

 

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