Participatif, la sélection naturelle N° 133 du lundi 06 avril 2020
N° 133
Salutations ludico-participatives !
► La crise coronarienne n’a finalement pas fait peur à tout le monde, et je parle autant des éditeurs que des backers. Certains des premiers ont certainement vu dans la situation actuelle l’opportunité de faire financer leur jeu sans trop de concurrence, et les seconds compensent peut-être l’anxiété du confinement par l’action de pledger. Pledger, c’est espérer recevoir son jeu, et l’espoir fait vivre. Et à l’évidence, au moins les éditeurs ont eu raison. Surtout un en fait ! Mais je vous laisse découvrir cela vous-même.
Bonne lecture, à la semaine prochaine (ou celle d’après 😉 )
et surtout, restez chez vous si vous le pouvez et faites attention à vous !
► Starlight par Brendan McCaskell s’est correctement maintenu après une précédente semaine en demi-teinte. 800 nouveaux contributeurs auront permis d’exploser la barre des 5 000 soutiens. Les 6 000 sont pour bientôt et permettront d’aborder sereinement le rappel des 48 heures (actuellement 682 000/25 000 CA$ et 5 840 soutiens. Fin le 11 avril).
► Si la semaine de la campagne Napoleonic Tactical Wargame : Marengo 1800 par Wargame Process Edition, a été particulièrement chaotique, elle n’en pas moins été positive. Plus 60 soutiens, cela peut paraître peu mais c’est significatif pour ce genre de jeux. Du coup, c’est financé à plus de 3 fois (actuellement 23 200/25 000 £ et 320 soutiens. Fin le 17 avril).
Indéniablement, la réussite de Frosthaven doit tout à l’excellentissime réputation de Gloomhaven, qui est telle que l’éditeur a pu se permettre de placer tous les curseurs de sa campagne en sa faveur et que la fanbase, qui avait la CB en alerte depuis des semaines, a tout de même pledgé comme un seul homme. Autre élément représentatif du succès de cette campagne, le nombre de primo-backers (ceux qui n’avaient jamais auparavant participé à une campagne sur Kickstarter) : 4 580 contre 41 000 réguliers au moment où je tape ces mots. C’est proprement ahurissant, bien des campagnes se réjouiraient de simplement se terminer sur ce chiffre.
Mais alors, faut-il se jeter dans le bain ainsi que des dizaines de milliers d’autres joueurs l’ont fait, ou raison garder et attendre ? Quelques éléments de réponse :
- Le jeu sera traduit en français, traduction officielle cette fois (ce qui en passant ne signifie pas obligatoirement qu’elle soit meilleure que la fantrad de Gloomhaven). C’est annoncé dans la FAQ de la page de campagne et des bruits de-ci de-là confirment qu’Asmodee est sur le coup. Ce qui n’est pas étonnant au vu du succès de Gloomhaven en boutique.
- Le prix, élément le plus intéressant lorsque l’on participe à une campagne de financement participatif, n’est ici plus du tout un argument lorsque l’on prend en compte d’une part les frais de port et la TVA et d’autre part le fait qu’aucun stretch goal ou add-on exclusif à cette campagne n’est proposé. En bref, vous avez de grandes chances d’avoir plus tard en boutique la même chose que durant cette campagne, quasiment au même prix et surtout en français.
- Le délai de réception. Là il est certain que si votre objectif est d’avoir le jeu au plus vite, cette campagne est la solution. Vous aurez ainsi le jeu dans vos mains 6 bons mois avant l’arrivée de la version boutique. Mais il faut que l’anglais ne soit pas un obstacle.
Même si les journées qui ont suivi le lancement on été tout autant exceptionnelles (près de 87 000 soutiens en cumulé sur les trois jours suivant), il est peu probable que Frosthaven passe devant KDM en termes de financement. La campagne est certes longue (31 jours) mais mathématiquement, il faudrait que Frosthaven engrange en moyenne 230 000 $ chaque jour pour arriver à égaler les 12 300 000 $ de KDM. Et au moment où j’entre cet article, la campagne vient d’ores et déjà de passer deux jours sur des montants inférieurs de moitié à ce chiffre.
De plus, il faut considérer l’arrivée imminente de la prochaine campagne de CMON, Ankh : Gods of Egypt, qui sera lancée pile au milieu de celle de Frosthaven, en plein « ventre mou » potentiel. Certes, ce ne sont pas des jeux équivalents, mais immanquablement il y aura un choix à faire pour un certain nombre de backers.
Et sans même parler de CMON, combien de soutiens qui ont pris Frosthaven sans trop réfléchir vont refaire leurs comptes dans les jours à venir, en incluant dans l’équation des paramètres (prix tout compris, temps de jeu, conséquences de la crise du coronavirus, etc…) mis consciemment ou non de côté lors de l’excitation des premières heures ? Impossible donc de prévoir comment va se comporter cette campagne, si peu de temps après son lancement. La semaine prochaine, nous devrions y voir déjà plus clair (actuellement 6 560 000/500 000 $ et 45 600 soutiens. Fin le 01 mai).
►Une campagne que j’ai zappée involontairement la semaine dernière est celle Mooshine Empire par Barrel Aged Games. Le thème du jeu a pour le moins le mérite de l’originalité. Dans un marais qu’on imagine sans peine, même si ce n’est pas clairement spécifié, celui d’un bayou de Louisiane, le vieux Pappy, distillateur du meilleur alcool de contrebande de l’état, veut passer la main à un jeune. Vous êtes l’un des prétendants à la reprise de ce juteux commerce pas très légal et vous allez devoir batailler contre les autres candidats.
Vous choisirez le personnage que vous allez incarner parmi les, pour l’instant, sept disponibles (un huitième est en passe d’être débloqué en stretch goal), chacun ayant des caractéristiques et bonus qui lui sont propres.
Les règles du jeu sont simples et son gameplay est un judicieux mélange de placement d’ouvriers basique (fabrication de la gnôle, amélioration du matériel de distillation ou vente du produit fini), d’enchères (Pappy met du matériel aux enchères qui va permettre d’améliorer son véhicule et ses capacités de livraison) et de pick and deliver (la livraison aux clients en elle-même, en cherchant à éviter la police et les alligators qui rôdent dans les marais). L’éditeur insiste sur le fait que le résultat de la partie est incertain jusqu’au bout et que son jeu est riche en interaction entre les joueurs. Dont acte.
Question direction artistique, celle-ci ne se prend pas au sérieux, et c’est tant mieux car cela autorise une distanciation bienvenue vis à vis du thème qui aurait pu sans cela être un peu rebutant. Le plateau de jeu est essentiellement verdâtre, mais cela colle parfaitement avec l’idée que l’on se fait d’un marais. Heureusement, les illustrations sont là pour apporter un peu de couleur et de gaieté à l’ensemble. Le reste du matériel est plutôt très sympathique : meeples custom (surtout dans la version Deluxe, laquelle remplace tous les marqueurs carton par leur équivalent en bois) et pions véhicules en 3D.
Deux pledges sont donc proposés. Celui de base est à 49 $, et celui Deluxe à 59 $. Au vu de la différence de matériel, il n’y a pas photo en faveur de la Deluxe. Les frais de port sont de 22 € pour l’Europe (aïe..!) mais semblent englober la TVA, du coup c’est cohérent. Malheureusement, le jeu est uniquement en anglais. J’allais oublier : il est jouable en solo (actuellement 59 300/16 000 $ et 1 080 soutiens. Fin le 16 avril).
►Dans la série des petits jeux portables aux règles simples, voici trois nouveaux : GPS, Sequoia & Mountain Goats par Boardgame Tables. L’éditeur de On tour (USA et Europe) et de Bites nous promet que les règles s’expliquent en 20 secondes pour des parties n’excédant pas 10 minutes.
GPS est un jeu de placement dont l’élément principal est une roulette (une fusée) qui indique à chaque lancer où les joueurs peuvent placer un de leurs satellites. Le but étant de former une constellation de satellites à sa couleur, à savoir une suite de satellites dont les numéros inscrits dessus se suivent dans l’ordre. Il y a donc du hasard, forcément, mais aussi pas mal de stratégie basée sur l’anticipation et l’opportunisme.
Dans Sequoia, il vous faudra faire pousser les arbres les plus hauts dans 11 forêts. En fonction du résultat de vos dés (5 dés avec lesquels on crée deux paires, la somme de chacune de ces paires correspondant au numéro d’une forêt), lequel permet toujours d’effectuer des actions, vous devrez choisir entre faire pousser un arbre dans une forêt déjà bien occupée où aller dans une autre moins prisée. A l’issue de 10 tours, chaque forêt donne des points aux deux arbres les plus hauts. Celui qui en cumule le plus gagne.
Mountain Goats, quant à lui, est une sorte de « King of the Hill » sur plateau, avec 6 collines. Là encore il y a des dés. Après chaque lancé, il faut les classer pour réaliser des résultats de 5 à 10, correspondants aux chemins menant à chacun des 6 sommets de colline. Arriver en haut permet d’engranger les jetons de points, mais si un concurrent arrive derrière vous, il vous éjecte et vous vous retrouvez au bas de la colline. Une fois que tous les jetons de points sont récupérés, on fait le décompte et celui qui a le plus de points gagne bien évidemment la partie.
Des règles réellement très simples, un gameplay réellement non exempt d’un certain côté stratégique même si le hasard est bien présent et des parties courtes, clairement le contrat est rempli. Nous avons donc là trois parfaits jeux d’initiation, ou trois parfaits fillers, en fonction des joueurs auxquels on les présentera.
Et tout ceci ne se fait pas au détriment de l’aspect matériel. Chacun des trois jeux profite d’une direction artistique très fun et colorée, avec des illustrations juste parfaites dans leur style. Le matériel lui-même, assez minimaliste, s’avère également très sympathique avec notamment les jolis meeples custom de Mountain Goats. Les jeux n’existent qu’en anglais, mais comme le matériel est indépendant de la langue, même moi je peux vous assurer que ce n’est pas un problème^^.
Il est possible d’obtenir chaque jeu individuellement pour 15 $, ou l’ensemble des 3 pour 39 $. Et vous êtes fortement incités à craquer pour le pack de trois par les frais de port, ces derniers étant de 9 $ que vous preniez un seul jeu, ou les trois (actuellement 79 600/10 000 £ et 2 080 soutiens. Fin le 24 avril).
► Pour terminer, voici un tout petit jeu d’un tout petit nouvel éditeur français, Moonlight Brewers par Yeast Games. Il s’agit d’un jeu en Print and Play, mais qu’il est possible d’obtenir en version imprimée pour quelques piécettes supplémentaires.
Le jeu est clairement orienté « jeu d’apéro », c’est d’ailleurs indiqué, « better with beer » (Gougou approved !) et rien que le thème parle de lui-même. Les joueurs sont des brasseurs qui vont chercher à réaliser la meilleure bière, l’un des ingrédient pour l’obtenir étant… du sang de loup-garou ! Mais bien évidemment, ces charmantes petites bêtes n’ont pas pour habitude de se laisser chasser sans broncher.
Ça, c’était pour le pitch. Question gameplay, voici la seule indication que j’ai, provenant de l’éditeur et piquée sur le forum de Cwowd : « Chacun leur tour, les joueurs devront aller récupérer des ingrédients de qualité différentes selon les phases de brassage de la bière. La difficulté choisie influence la qualité de l’ingrédient récupéré mais aussi le bruit qui au bout d’un moment attire les garous. ». Et il faudra vous contenter de cela pour l’instant, le virus moqueur ayant contrarié les plans de com’ et retardé la finalisation d’une petite vidéo explicative. Pour ce qui est de la direction artistique, et bien ce n’est pas si mal que cela. Les illustrations ne plairont peut-être pas à tout le monde, mais il y a un style. Et personnellement j’aime beaucoup la mise en page des cartes.
Qui dit PnP dit matériel minimaliste, et effectivement hors les cartes et le petit plateau de jeu, vous n’aurez besoin que de 3 dés. Le prix des pledges s’en ressent bien évidemment : le PnP est à 3 €, si on y ajoute la version imprimée la note monte à 10 € pour des frais de port de 6 €. D’autres pledges sont disponibles mais qui n’apportent rien au jeu directement (cartes personnalisées, verres à bières, etc…) (actuellement 1 750/17 € et 72 soutiens. Fin le 26 avril).
► Excavation Earth par Mighty Boards – le 06 avril
Des races extraterrestres cherchent les artefacts laissés par l’humanité, disparue. Set collection par Wai Yee (et David Turczi pour le solo).
► Pax Renaissance 2 – Pax Viking – High Frontier For All : Module 3 (Conflict) par Sierra Madre Games – le 07 avril
Nouvelle campagne trois en un pour Sierra Madre Games, avec une seconde édition pour Pax Renaissance, plus qualitative et reprenant l’extension, les promos et ajoutant de nouvelles cartes (traduction probable) ; un nouveau module pour High Frontier 4 (qui sera traduit en français) ; un nouveau jeu dans la gamme Pax qui nous emmène cette fois chez les vikings (uniquement en anglais ?).
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TheGoodTheBadAndTheMeeple 06/04/2020
Je pense que Ankh ne fait vraiment pas un bon move de sortir en meme temps que Gloomhaven. Surtout avec le succes planetaire actuel.
Gougou69 08/04/2020
Pas sûr du tout du tout… il y a beaucoup d’exemples qui peuvent même laisser penser le contraire. Frosthaven attire du trafic sur KS, dont profitent indirectement les projets en cours au même moment. De plus, les deux jeux ne s’adressent pas vraiment au même type de joueurs. Mais l’avenir nous dira très vite ce qu’il en est à cet égard.
teuf 07/04/2020
Une petite erreur sur les chiffres de Napeolonic Tactical Wargames:
(actuellement 23 200/25 000 £ et 320 soutiens. Fin le 17 avril).
le 25 000 £ devrait être 7 000 €
Gougou69 08/04/2020
Hello ! Merci de ta remarque, j’avais bien modifié les chiffres mais j’ai eu un problème de sauvegarde et ça a du passer à la trappe. J’en appelle à la Grande Prêtresse Voxienne @shanouillette pour modifier cela.
John 08/04/2020
$10 de port en plus que l’Allemagne pour le reste de l’Europe pour Froshaven. Pour ceux qui ne sont pas encore convaincus que l’Allemagne est devenue un état US et que la France est devenue insignifiante, par la volonté de nos politicards corrompus.
keerka 08/04/2020
Merci pour cette analyse de haut vol !
Gougou69 08/04/2020
C’est surtout, sauf erreur de ma part, que les gros hubs européens sont en Allemagne. Du coup, le circuit de livraison est plus court et les frais mécaniquement moindres. Quant à savoir si cela justifie un tel écart de tarif, ça…
Yeast Games 21/04/2020
Chez nous, on nous appelle les Roi de la com’… du coup, on vient juste de voir qu’on parlait de notre jeu Moonlight Brewers ici ! Merci beaucoup ça fait très plaisir !
On voudrait juste rajouter deux choses
On a finalement réussi à faire une vidé qui explique comment jouer !
Et on organise une rencontre virtuelle apéro confinement sur Tabletop Simulator où on va jouer contre ceux qui oseront nous défier ! (Toutes les infos sur notre Facebook ou notre discord https://discord.gg/duFSkpF)
Pas après pas – 96 – :p
PS : désolé, je sais pas pourquoi il est si grand mon lien pour la vidéo :/ je voulais pas m’imposer autant !