Les petites Bourgades : la salle des fêtes vous attend
Tiny Towns ne pouvait pas s’appeler Tiny Towns. Entre Little Town et les Tiny de Scott Almes, impossible de s’y retrouver. C’est ainsi qu’il débarque chez nous sous le pseudonyme des Petites Bourgades. Petite ? La boîte ne l’est pas tant que ça. Faut dire qu’il y a du meeple personnalisé en vrai bois d’arbre pour 1 à 6 joueurs à l’intérieur.
Développé chez Alderac Entertainment Group, imaginé par Peter McPherson, et localisé par les canards chanceux de Lucky Duck Games à partir du 6 février, ce nouveau jeu fort urbain présente tout d’abord l’avantage indubitable d’une simplicité et d’une lisibilité toute familiale. Ces Bourgades vous emmènent sur le terrain du jeu simultané, calibré, accessible, néanmoins retors, voire même un peu punitif (surtout sur la première partie).
Naissance d’une ville
Chaque joueur a devant lui un petit plateau ville, qui s’avère être une grille sur laquelle nous allons bâtir nos constructions grâce à des ressources.
Une once d’asymétrie (et de rejouabilité par la même) est alléguée par le fait que chaque joueur débute la partie avec un bâtiment à construire qui lui est propre (sélectionné parmi deux). L’intérêt réside dans le fait que ce bâtiment spécial apporte un pouvoir unique. Cela n’a l’air de rien, mais c’est le petit grain de sable qui laissera chaque participant dérouler une partie différente de ses voisins, car pour le reste on est dans un jeu en miroir : Chacun aura les mêmes ressources à gérer tout le long de la partie, avec les mêmes options de construction.
Pour construire un bâtiment quel qu’il soit, et pouvoir poser le joli meeple custom correspondant sur votre plateau, il faut d’abord parvenir à poser les divers cubes de ressources de couleur demandés par ce bâtiment. Les édifices en jeu pour la partie sont disponibles de façon permanente pour tout le monde et changeront à chaque session de jeu. Vous voyez sur ces cartes des patterns qu’il vous faudra reproduire sur votre grille. Un “T” avec de la brique et du verre, un “L” avec beaucoup de bois et du blé, etc.
Efficacité, rentabilité
Ce qu’on attend de vous quand vous devenez joueur actif est résumable en une phrase : annoncez une ressource. Tout le monde (vous compris) devra prendre ce cube-là et se débrouiller pour le placer sur son plateau. Oui, le tour change vite et bien, sans temps mort. Il peut arriver qu’un joueur congèle un peu du cerveau, devant les diverses options que sa grille lui laisse mais rien de trop long, à moins de jouer avec un confrère très sujet à l’analysis paralysis.
“Si je mets ce cube là, je ne pourrai plus réaliser ma chapelle, si je le mets ici, je pourrai peut-être construire un petit puits qui combotera avec ma maison et mon théâtre dans la même colonne…”. Eh oui, chaque bâtiment va apporter des points et/ou un pouvoir (en général selon une condition qui implique un ou plusieurs autres types de bâtiments).
Votre bourgade naissante semble toute simplette au début, mais les possibilités s’ouvrent et se referment à chaque choix opéré de façon très marquée. Un cube posé a toujours des conséquences. Et vous l’avez compris, on joue à tous les tours de tout le monde. Toutoutyoutou. “Verre ? Pourquoi tu veux du verre c’est nul ! Tu veux pas nous filer du bois, plutôt ?” Les remarquent fusent, on surveille ce qui intéresse les autres, certains joueront même l’anti-jeu en annonçant que des couleurs qui bloquent les copains. Bref, ça n’a l’air de rien, mais on reste engagés. Il faut en permanence adapter notre stratégie aux injonctions des autres, chercher l’ouverture. Pour nous y aider la variante de la Cave – qui permet de mettre de côté 2 ressources non souhaitées – peut vraiment faire la différence, surtout sur une première partie, histoire de pas trop en baver.
Plus la partie avance, plus l’étau se resserre, plus vous allez surveiller ce que vos camarades trépignent de récupérer pour finir leur bâtiment de la mort. À vous de veiller à ne pas leur refiler la victoire trop gracieusement. Peut-être faudra-t-il faire le même bâtiment qu’eux, pour profiter de leurs besoins. Si ça colle avec le reste de votre stratégie.
Dès que vous avez réussi à placer toutes les ressources bien comme il faut pour ériger le bâtiment désiré, retirez-les toutes et posez sur une des cases qu’elles occupaient le petit Meeple de votre édifice. Là aussi, regardez bien votre agglomération et les scorings qui s’offrent à vous afin de ne pas coincer de futures options.
Les bâtisseurs 2020
En deux mots, le jeu tourne comme une horloge suisse : tic tu prends un cube, tac tu le poses. Entre les deux, le regard fait des allers-retours entre notre grille, celles des autres, et les plans de bâtiments pour optimiser placement spatial, pouvoirs, et scoring. La simplicité de l’explication et des illustrations ne laissent pas deviner à quel point on va agiter nos neurones dans ces petites bourgades. À quel point on peut couiner aussi, d’un mauvais choix, ou d’une belle possibilité aperçue trop tard.
Toute impression de hasard provient de fait des choix des autres, mais vous pouvez généralement savoir ce qu’ils choisiront si vous regardez attentivement où ils en sont. Bien sûr, plus on sera nombreux dans les Bourgades, plus cela deviendra impossible à suivre, et donc plus chaotique. Vous pourrez peut-être finir brutalement avec des points négatifs et voir un camarade continuer de jouer 5 minutes sans vous. Ne vous vexez pas. Ça arrive aux meilleurs.
Le thème fonctionne plutôt bien même si l’expérience demeure somme toute un exercice abstrait plutôt qu’immersif. L’édition est très réussie, rien à redire là dessus, sauf peut-être du côté de la boite : l’illustration de la cover ne me convainc pas tout à fait, le thermo reste toujours un bout de plastique dispensable, et la taille de la boîte, que je trouve un peu trop grande pour le type de jeu.
Pour le reste, c’est un sans faute : le livret est parfait, les cartes sont lisibles et agréables, les meeples pratiques et réussis, le look du jeu une fois la partie finie est plaisant à l’œil. Surtout, ces petites bourgades offrent un vrai challenge avec trois fois rien de règles, ainsi qu’une rejouabilité assurée par une grande combinaison de cartes, ce qui fait de lui un jeu passerelle / grand public taillé pour se faire une place. Nous verrons s’il transforme l’essai et tient sur la longueur dans un futur Test !
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Shanouillette 05/02/2020
Merci à Fouilloux pour le jeu de mots du titre !!
Nicolas Guibert 05/02/2020
Ooooh !
Ytrezius 11/02/2020
Ouuuuuuhhhh… Je ne l’avais as du tout celui là^^
Ytrezius 11/02/2020
Ouuuuuuhhhh… Je ne l’avais pas du tout celui là^^