L’age de pierre sur Ios
Mon IPad est résistant, il est en pierre taillée !
Autant vous prévenir tout de suite, je suis un fan de la version boîte du jeu que je m’apprête à tester sur IPad.
Oui, j’aime lancer des dés par paquet de douze, j’aime contrer le hasard quand il m’est défavorable et que le gameplay me le permet, j’aime la période de la préhistoire où l’on pouvait faire tomber un mammouth à coup de silex (heuu je n’en suis pas si sûr finalement…), bref j’aime « Stone Age » ou « l’Age de Pierre » pour les plus anglophobes d’entre vous. Si vous faites partie de cette dernière catégorie ça tombe mal car cette application n’est pas disponible en français…
Mais ce n’est pas parce que le jeu est passionnant à jouer que sa déclinaison tablette l’est tout autant ! Alors voyons ensemble ce que donne la bête.
Rappel du principe
Dans l’Age de Pierre vous dirigez un village au temps de… l’âge de pierre et vous devez faire prospérer.
C’est un jeu qui mêle habilement la pose d’ouvrier (donc la récolte de ressources, pour construire un bâtiment, qui vous servira à marquer des points de victoire, pour vous faire gagner la partie… Bref du classique) et le lancer de brouettes de dés à 6 faces, ce qui est généralement assez antinomique. Les poseurs de cubes en bois étant généralement totalement réfractaires à la moindre part de hasard, cela peut sembler surprenant.
Mais ici chaque ouvrier est en fait représenté par un dé. Plus je place d’ouvrier sur un poste de travail, plus j’ai de chance d’obtenir un grand nombre de ressources. C’est logique !
Et fatalement, certains sont aussi à l’aise armés d’une lance face au fameux mammouth, que moi avec une clé à molette face à un boulon de 12, normal qu’ils ne ramènent pas grand-chose à manger ceux-là… Une part de hasard donc…
C’est là qu’intervient le fameux contrôle : Si vous voulez absolument que vos ouvriers vous ramènent ce que vous leur demandez « presque » à tous les coups, vous pouvez fabriquer des outils qui vous permettront de rajouter 1 à vos lancer de dés, genre je n’ai plus une clé à molette rouillée, mais plutôt une clé à pipe à crans automatiques, vous voyez le principe…
En plus de tout cela, vous imaginez bien que ramener de l’or ou de la pierre est autrement plus délicat que du bois par exemple. Du coup, le principe adopté par Bernd Brunnhofer (je suppute que ce jeu est d’origine allemande…) est que le nombre de ressources récoltées est égal au total de vos dés divisé par un chiffre constant pour chaque ressource : 2 pour la nourriture (le mammouth n’est finalement pas si revêche que ça…), 3 pour le bois, 4 pour la brique, 5 pour la pierre et 6 pour l’or.
Si vous faites 18 avec vos dès vous aurez 9 nourritures alors que vous ne ramasserez que 3 or. (On comprend toujours mieux avec un exemple !)
Mais que faire de toutes ces ressources durement acquises me direz-vous ? C’est simple, vous en ferez 3 choses :
- D’abord nourrir votre village (avec du steak de mammouth de préférence mais si vous n’avez que de la pierre, ca fonctionne aussi… Ben oui quand on a faim, on mange !). Il faut tenir compte de votre niveau d’agriculture tout de même, si vous avez des champs de blé, vous aurez moins besoin de steak…
- Puis construire des bâtiments pour y loger toute votre petit monde (et accessoirement gagner des points de victoire)
- Enfin commercer avec d’autres tribus via la rivière, ce qui vous ramènera des points de victoire également, mais aussi (et surtout) des bonus. Ils sont matérialisés sous la forme d’outils ou de niveau d’agriculture, mais aussi par des connaissances « scientifiques » (genre la roue, la poterie ou le tissage, ne rêvez pas d’armement nucléaire non plus ! On n’est pas dans The Manhattan Project…) qui vous rapporteront en fin de partie de nombreux points de victoire. Egalement par des shamans, architectes et autres fermiers, personnages importants qui cumuleront eux-aussi des sérieux bonus une fois la partie terminée (ais-je besoin de préciser que l’architecte s’attachera au nombre de bâtiments construits, le fermier à votre niveau d’agriculture, etc… ?)
Une dernière chose à noter est que vous pourrez agrandir l’effectif de votre village (et donc vos possibilité d’actions) en installant 2 ouvriers (enfin on imagine un ouvrier et une ouvrière) dans une hutte pour qu’ils fassent l’am… heuu, ce qu’ils ont à faire, afin que de cette union naisse un nouvel ouvrier, déjà gaillard car actif dès le prochain tour (ben oui, avec une espérance de vie de 16 ans à l’époque, il fallait grandir vite !)
Une fois tous les bâtiments construits ou les bateaux épuisés, la partie s’achève immédiatement et l’on compte les points. Simple et efficace.
Une chose remarquable dans ce jeu, en plus de sa mécanique simple et astucieuse, c’est sa superbe édition. En effet, on a beau être à l’âge de pierre, tout est joli tout plein ici. Le plateau est tout simplement un des plus beaux que j’ai pu voir (avec les piliers de la terre), avec moult détails sur chaque emplacement, mais formant un tout cohérent et qui reste lisible (merci Michael Menzel ! Mais si, vous connaissez, prenez Catane, Andor, Havane, Les piliers de la terre (tiens, je n’en suis presque pas surpris), L’année du dragon, Brugge… J’en passe des dizaines d’autres !).
Les ressources ont la forme qui va bien. Je veux dire le bois est une planche, la brique est une brique et l’or est un lingot. Seule la nourriture est sous forme de jetons, mais on n’allait tout de même pas vous obliger à vous servir de votre frigo pour conserver des bouts de steaks de mammouth en attendant votre prochaine partie !
Même le gobelet fourni pour lancer les dés est une merveille, en cuir véritable (oui, oui, il sent vraiment la chèvre !), cousu et tout !
Bref c’est beau, pratique et fonctionnel. Comment faire aussi bien sur tablette ?
C’est ce que je vous propose de découvrir car ce n’est pas parce qu’on apprécie un jeu que sa déclinaison IPad est forcément bonne, voyons ceci ensemble !
La version IOS
Les graphismes
Etant donné ce que je viens de vous dire, on pouvait s’attendre à quelque chose de resplendissant sur tablette rétina, et c’est le cas. Les graphismes sont fins, détaillés, avec une sensation de peinture aquarelle faite main des plus flatteuse. Seuls les personnages sont à mon sens un cran en dessous, surtout que même si votre avatar est une femme, les ouvriers sont tous masculins. Dommage.
Sinon tout le reste est parfait, la pierre ressemble à de la pierre, les maisons aux toits de chaume sont crédibles, il y a plein de détails sympas comme les chiens qui vous attendent pendant que vous grattez le fond de la rivière pour y dénicher une malheureuse pépite, ou le matériel entreposé près de la hutte du fabriquant d’outils… Tout est statique mais cela flatte la rétin(a)
La page d’accueil
Splendide elle aussi, même si je l’aurais aimée légèrement animée avec l’eau de la rivière ou la fumée de la hutte, elle est parfaitement fonctionnelle. Tout est en anglais ou en allemand je l’ai déjà dit, mais le texte étant réduit en cours de jeu, cela ne me parait pas rédhibitoire si vous connaissez déjà les règles.
Un gros bouton « Play », bien mis en avant, et les autres menus en bas d’écran, tout simplement. C’est fonctionnel et il n’y a pas de questions à se poser.
L’ergonomie
C’est le point crucial pour ce jeu. En effet de nombreuses manipulations sont à prévoir avec le placement des ouvriers sur les différents chantiers ou sur les emplacements du village, les lancers de dés, la récolte des ressources, les mises à jour des bâtiments et des bateaux… Il y a beaucoup de matériel dans la version boite avec un immense plateau, tout cela méritait un traitement particulier de la part des développeurs, même sur une grande tablette style IPad. C’est un pari réussi selon moi avec une idée toute simple : ils ont déportés les différents chantiers en autant de plateaux qui n’apparaissent que si vous vous en servez, et ceci en légère surimpression par rapport au village, que vous apercevez toujours en partie au-dessous, comme si vous vous étiez éloigné pour récolter les ressources, mais que vous jetiez un œil sur votre territoire, là-bas au loin. C’est très réussi.
Pour placer vos ouvriers ? Vous avez 2 possibilités : un glisser-déposer sur l’un des emplacements disponibles sur le chantier ou dans le village, ou bien tout simplement en tapant le + présent à coté de chaque emplacement. Pour les retirer si vous changez d’avis, c’est la même chose dans l’autre sens ou avec le –
Si vous souhaitez savoir où vous en êtes coté sciences et bonus de fin de partie, tapez sur l’icône en haut à droite (une sorte de bateau avec des marchandises) et vous avez de petites fenêtres qui s’ouvrent pour vous donner une vision complète de la situation. C’est intelligent car vous n’avez pas besoin d’avoir ces informations continuellement et elles encombreraient l’espace de jeu inutilement.
Les animations sont fluides, les taps précis et tout se déroule facilement.
La récolte des ressources se passe de façon automatique pour les IA avec le détail des résultats aux dés et de ce que cela donne en termes de ressources. De votre côté vous devrez simplement taper sur les dés pour les lancer, puis éventuellement sur vos outils pour améliorer votre score et valider. Le calcul se fait automatiquement et la pierre si chèrement minée se voit ajoutée à votre réserve. C’est intuitif.
Á noter dans les options un « Lefty Mode » dont je n’ai vu aucun effet notable dans l’application. Pour moi cela veut dire « mode gaucher », ce qui serait une excellent initiative (moi je m’en fous je suis norm… heuuu droitier… 😉 pas taper ! pas taper !) mais rien ne change à l’écran. Un bug ? Un truc que je n’ai pas compris ? Si quelqu’un à la réponse à ce mystère je suis preneur…
Le didacticiel
Soyons clair, vous n’apprendrez pas toutes les petites subtilités des règles avec le tutoriel proposé, mais il est tout de même très complet. Assez directif au départ pour vous montrer tous les éléments visuels du jeu et les grandes mécaniques, il vous laissera la main au bout d’un moment en ne vous donnant les derniers éléments à connaitre que si vous les utilisez ou si vous découvrez de nouvelles choses.
On n’hésite donc pas à prendre un bateau avec un bonus particulier car il vous sera expliqué si vous ne l’avez pas déjà vu. C’est plutôt sympathique et ce processus dure jusqu’à la fin de la partie, ce qui est gratifiant si vous gagnez (ce qui ne devrait pas manquer d’être le cas, à moins d’être vraiment distrait…).
Les règles sont intégrées à l’application sous forme d’une sorte de PDF déroulant sur un fond de vieux papier assez joliment fait.
Je ne pourrai vous dire si c’est la copie conforme de celle de la version boite, ne l’ayant pas moi-même (ben oui je joue toujours à ce jeu chez un copain, au fait G… c’est quand la prochaine ?), mais elle semble complète, expliquant même les subtilités à 2 ou 3 joueurs qui doivent dans ce cas restreindre certains actions du village.
L’ambiance sonore
La musique est parfaitement collée au thème : une sorte de chant guerrier avec percussions et flute primitives, ponctué de « hoaa » gutturaux poussés par des mâles d’un autre âge. Mais ce n‘est pas trop rébarbatif et l’on peut laisser la musique sur « On » sans avoir trop mal à la tête. Personnellement j’ai quand même fini par l’éteindre…
Question bruitage : le bruit des roulements de dés et leur jetée sur la table est particulièrement bien rendu. Pour le reste… rien… Pas de vie dans le village avec des bruitages particuliers, pas de son distinctifs en fonction des chantiers ou des actions, on reste dans du super-sommaire. Dommage mais au moins on ne les coupe pas !
Les modes de jeu
Solo, pass&play et multiplayer en ligne, voici ce qui vous est proposé.
- Solo : Les IA me paraissent un peu faiblardes et je gagne trop souvent pour vous dire qu’elles sont top niveau. Malgré tout, les 2 derniers niveaux sur les 4 proposés ne vous laisseront pas vivre en paix et contreront même vos plans, vous voyant arriver avec vos gros sabots en défenses de mammouth, pour prendre les emplacements dont vous auriez eu justement bien besoin. Mais rien de vraiment insurmontable pour quelqu’un qui aurait de très nombreuses parties dans son cabas.
- Pass&Play : Jouable de 2 à 4, ce mode permet d’affronter d’autres humains proches de votre tablette, vos amis quoi ! Enfin c’étaient vos amis avant que vous ne leur preniez sous le nez le bateau dont ils rêvaient pour marquer 20 points de science, ou plus dramatique encore qu’ils lâchent la tablette en vous la tendant maladroitement de leurs gros doigts boudinés… On ne maitrisait pas encore parfaitement ses gestes à l’âge de pierre…
Bon, vous l’aurez compris ce n’est pas le mode que je préfère, mais c’est tout de même le plus « social » et dans « jeu de société » il y a bien « société ». Ce n’est pas parce qu’on est sur tablette et au temps des Cro-Magnon que cela doit changer ! - Online : Ici deux sous-modes vous sont présentés : League et Friendly. Comme leurs noms l’indiquent, l’idée est ici de s’affronter, soit pour la suprématie mondiale du classement, soit entre amis (virtuels cette fois). Vous accèderez d’ailleurs au classement mondial depuis la page d’accueil, avec votre propre classement ELO. Deux modes très complets et qui vous permettront d’enchainer les parties, le lobby vous présentant toutes vos parties en cours.
Tout se passe via le game-center, gage de facilité à trouver d’autres joueurs, et bien entendu en asynchrone de façon à ce que vous n’attendiez pas 2 heures devant votre écran, le temps que votre adversaire veuille bien jouer son tour après être allé vider son frigo…
Bref tout cela est complet, bien agencé et simple d’utilisation. Vous y trouverez forcément votre bonheur.
Conclusion
Ce Stone Age est clairement pour moi une réussite. Tout est là : le respect des règles même dans les subtilités liées au nombre de joueurs, les graphismes flatteurs et reprenant à merveille l’esprit du plateau physique sans pour autant le copier-coller bêtement, une ergonomie sans faille qui vous évitera les prises de têtes autres que celles liées au choix de vos actions, un multiplayer complet et efficace via le game-center… La copie rendue par Campfire Creations est presque parfaite.
Bien sûr il vous faudra surement vous faire expliquer les règles par un ami en direct pour vous éviter la galère de leur lecture entièrement en anglais, mais à part ce détail de localisation souvent récurent dans les jeux allemands, rien n’est à jeter ici.
Reste à voir le prix de la bête : 5,99€.
Le juste prix selon moi et sachez que l’éditeur a souvent fait de bonnes promotions, la dernière en 2013 se plaçant à 2,69€ seulement !
Malheureusement depuis le 1er janvier 2014, aucune promo, alors qu’il y avait eu pas moins de 5 baisses de prix en 2013…
Malgré tout je vous recommande chaudement cette application, sauf si vous êtes allergique au aux lancers de dés et aux mammouths !
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ahuacatl 25/08/2014
merci pour l’article, à quand sur Android :-/
zedzed 25/08/2014
Merci pour l’article qui donne envie d’avoir la version numérique aussi bien que la physique que je ne connais que de renommé. Je suis vite attiré par le beau matériel et là j’avoue que ma curiosité est attisée et vais aller de ce pas voir ce qu’est ce gobelet en cuir !
Les Aventures Ludiques 25/08/2014
J’adore ce jeu 😉
Alstar 25/08/2014
@ahuacatl / zedzed : Merci pour vos encouragements.
Celui-là n’existe pas encore sur Andoïd en effet… Mais on peut réver 😉
Le jeu plateau vaut son prix (je pense aux alentours de 45€ en boutique, mais vous avez surement une petite réduction…), le matériel est juste parfait selon moi.
@Les aventures ludiques : On est deux ! J’espère que ceux qui liront cet article seront aussi convaincus du fait que le lancer de dés n’est pas un mal en soit pour un jeu qui l’assume et qui permet de maitriser sa partie tout de même. La hasard pour le hasard n’a pas vraiment d’intéret, mais si on l’inclus dans une mécanique globale, ca peut faire des merveilles…
SleuthGames 05/09/2014
Mon jeu préféré aussi, et celui de ma femme qui ne refuse jamais une partie.
Une édition fabuleuse avec un matériel impeccable (les « cubes en bois » de ressources sont beaux aussi !).
Hasard maîtrisable par de l’achat de carte, la loi des proba, les outils et le nombres d’ouvriers à placer. Permet de belles prises de risques façon « ça passe ou ça casse » aussi.