Horti Color : fleuraison de printemps

Le printemps est de retour. Les fleurs commencent à montrer le bout de leurs pétales. Les insectes butineurs sortent de leur léthargie hivernale. Alors oubliez la cacophonie du monde, et venez passer un moment zen dans votre jardin. Ecoutez votre environnement, humez les odeurs.

C’est ce que Horti Color va essayer de vous transmettre.

Horti Color, de Julk édité par Betula est une invitation à sortir vos gants de jardin (même verts et moches) et animer votre petit potager.

Le jeu va se dérouler en 3 manches où on devra valider des cartes à partir de combinaisons de 4 dés de 4 couleurs différentes (jaune/bleu/rouge/vert). Pour cela, nous, jardiniers ludiques, allons commencer chaque manche par une phase de draft (c’est à dire choisir et se faire passer en simultanément quelques cartes) de manière à disposer de 4 cartes chacun en face de soi.

Je n’apprendrai rien à personne en vous affirmant que tout jardin digne de ce nom se fait à base de cartes (premier chapitre de tout bon ouvrage d’horticulture). Ces cartes représentent tout ce que vous pourriez avoir dans votre jardin : des fleurs (rosiers,…), quelques légumes faciles à planter (tomates, carottes,…), des arbres (OK, c’est moins facile à planter), mais aussi tout un petit écosystème d’insectes (abeilles, coccinelles,…) et autres bestioles familières de notre coin de verdure (vers de terre, escargots,..).

Bon, que fait-on de ces cartes ? On ne va tout de même pas les recouvrir de terre et les arroser ? Elles proposent des objectifs à atteindre, et c’est là que les dés rentrent en ~~terre~~ jeu. Ces objectifs sont des valeurs à obtenir : un cinq en bleu, une valeur supérieure à 10 dans n’importe quelle couleur, etc.

Le jardinier actif va faire deux groupes de 2 dés, de manière à faire deux sommes. Les sommes obtenues vont lui permettre de valider les conditions de ces cartes. Par exemple, un 8 bleu peut s’obtenir avec la somme de deux dés (5 & 3) dont un des dés est de couleur bleu. Bien agencé, le jardinier actif ainsi pourra valider deux conditions de ses cartes. Les autres joueurs pourront aussi profiter d’une des deux combinaisons proposées par le joueur actif.

Une carte dont toutes les conditions sont remplies est validée et rapporte plus ou moins de points de victoire selon la complexité des conditions. Certaines sont des multiplicateurs d’autres cartes (particulièrement les insectes pollinisateurs et les fleurs).

Les cartes acquises peuvent aussi octroyer un bonus sous forme de compost. C’est tellement bien le compost ! Indispensable pour une bonne croissance de cartes ! Dans ce jeu, ça permettra surtout de faire varier les résultats d’une somme de dés, ou d’ignorer la notion de couleur d’une condition.

Une fois qu’un joueur a validé toutes les cartes devant lui, cela met fin immédiatement à la manche, et nous pouvons enchaîner sur la suivante en refaisant un draft. Au terme des trois manches, on calcule le score de toutes nos cartes construites, et c’est celui qui a le plus de terre sur les doigts qui gagne. Un ludochrono pour visualiser tout ça.

Mon beau jardin

Horti color m’a marqué par sa simplicité, sa prise en main agréable. Ce petit jeu n’a rien de surprenant, n’introduit pas de nouvelles mécaniques ingénieuses, utilise des sentiers ludiques balisés … et c’est très bien comme cela. Le jeu se comprend très facilement, et est accessible même à ceux qui n’ont pas la main verte.

Il n’y a pas de temps morts vu que l’on joue même lorsque ce n’est pas notre tour. On râlera sur les combinaisons proposées qui ne nous conviennent pas, ou au contraire on lancera un « Merci, c’est exactement ce dont j’avais besoin ».

En tant que joueur actif, on pourra toujours regarder les conditions des autres joueurs pour ne pas trop les favoriser, car le jeu est une course à l’accomplissement de ces cartes, et il n’est pas souhaitable qu’un adversaire termine de remplir toutes ces cartes trop vite.

La phase de draft est aussi intéressante, quoi que souvent assez limitée sur les choix. On tentera d’équilibrer les conditions pour ne pas se retrouver bloqué à attendre « le 12 bleu qui ne sort pas ». Avoir des cartes qui fournissent du compost sera aussi un impératif pour faciliter notre progression. Logique, le compost, c’est l’ingrédient magique pour faire pousser nos plantes.

La direction artistique est évidemment bucolique, et fait presque penser à des illustrations d’un cahier botanique. On retrouve d’ailleurs sur chaque carte le nom botanique de la plante ou l’espèce.

Tout cela donne un jeu harmonieux, où on sent que les bonus et capacités des cartes ont été pensés au mieux pour correspondre à la réalité botanique. Cela provoque néanmoins un petit bémol sur la faible répartition de certaines espèces pour les synergies entre cartes. Par exemple, les pollinisateurs sont présents en 12 exemplaires dans les 72 cartes, alors que les pucerons et escargots ne sont présents que … 2 fois et ne rapportent unitairement que 0 point, ainsi qu’un très mauvais score de multiplicateur …

Même si, thématiquement, cela a du sens de ne pas voir proliférer des pucerons dans notre potager, mécaniquement, cela ne présente aucun intérêt d’investir sur ces cartes. Ce point de répartition est vraiment dommage car personne ne veut de ces cartes, et il aurait fallu améliorer leur intérêt.

En synthèse, Horti Color est un excellent jeu pour débuter la période printanière. Facile d’accès, il permettra une petite pause sympathique entre deux coups de truelle de son verger.

Si vous aimez bien les jeux simples où il faut planter des trucs, voici quelques suggestions :

Garden rush : affrontement à 2 joueurs, sorti chez les Space Cowboys au salon cannois 2025, où plantation et récolte de vos légumes propulseront vos points dans une course à la victoire.

Hortis : jeu solo en 18 cartes, pratique à mettre en poche, où vous aurez le défi de recouvrir vos cartes de fruits pour marquer des points.

Pom Pom : l’éditeur OPLA propose un jeu pour enfants et grands de production de fruits et légumes de saison. Ce jeu, sorti en 2011, a eu droit à une re édition en 2016.

Get out of my land ! : celui-là, il est pour le fun et peu connu (car non localisé en France) où on va planter des légumes au gré des saisons, en prenant le costume d’agriculteurs acariâtres et revêches : « Ce champ, il est à moi, espèce de bouse de vache ! ».

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