Hey, Imagicien ! What’s missing chez Dekalko ?

Cette année, le printemps n’aura pas fait qu’éclore les bourgeons ! Il aura aussi fait réapparaître les jeux de dessin avec trois nouveautés redonnant un peu de peps au genre. Citons ici, dans le désordre, What’s missing, Imagicien et Dekalko.

Sans se lancer dans un vaste comparatif ou un dossier « les jeux d’esquisse au banc d’essai », promenons-nous dans ces trois univers, différents dans leur contenu mais partageant le même amour du feutre effaçable et de la feuille lavable.

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Premier regard…

Jetons déjà un œil aux trois boîtes et à ce qu’elles recèlent.

Dekalko
 de Roberto Fraga, Sébastien Decad est un jeu édité par Happy Baobab (avec Ian Parovel à la conception graphique) traduit en France par Tiki Editions. Une boîte assez costaude, avec ses 100 grandes cartes imagées biface qui pèsent leur poids. Certains regretteront le côté « banque photographique » des cartes, ce qui donne toujours il est vrai une atmosphère particulière (on pense à Compatibility ou TV Show) contrairement à un dessin, plus chaleureux, mais le détail étant au cœur du gameplay, on comprend aisément le parti pris de l’éditeur qui mise sur l’efficacité. La boite vous livre aussi des caches-photo, sorte de pochette avec lesquelles il faudra jouer.
Nombre de participants : de 3 à 6, à partir de 8 ans.   

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What’s Missing? de Florian Sirieix, illustré par Shanshan Zhu et sorti chez Ludonaute. La boîte bénéficie également d’un contenant bien compact, avec ses 240 cartes aux illustrations en noir et blanc sur fond jaune. Ce sont surtout les 6 carnets et leur feuille de calque qui occupent l’espace d’un thermo carton bien pensé. Nombre de participants : de 3 à 6, à partir de 7 ans.   

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Imagicien (de Olivier Mahy, illustré par Guillaume Bernon et édité chez Blam) offre un écrin plus oblong, sans thermo cette fois. Ses 96 cartes objectifs format Tarot sont pourtant importantes et les plateaux personnels colorés et effaçables font presque la taille de la boîte. Contrairement aux deux autres titres, celui-ci a fait le choix d’avoir mis une thématique (les joueurs incarnent des apprentis magiciens), d’emblée cela lui donne un certain charme. En tout, le jeu proposera plus de 180 défis, avec les solutions fournies dans la règle.    
Nombre de participants : de 2 à 4, à partir de 8 ans.   

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On regrettera, comme à l’accoutumée avec ce type de jeux, des feutres souvent de faible qualité et un matériel à nettoyer soigneusement après chaque utilisation si vous voulez le faire perdurer.

 

On dessine, on devine, on tartine …

C’est donc ici que les auteurs divergent, proposant chacun une vision de l’esquisse et de l’utilisation de l’espace qui leur est propre.

What’s missing prend tout le monde à contre-pied en décidant de jouer sur le vide. Chaque joueur pioche une carte au hasard et la place dans son calepin. C’est en dessinant le décor tout autour pour permettre, par déduction, de visualiser la pièce manquante de l’œuvre que se crée le jeu. Il faut alors être imaginatif et positionner tout autour les éléments parlants qui vont compléter l’image, car une fois le modèle enlevé, il ne restera que le cadre. Qu’y avait-il à la place de ce vide ? C’est à vous de deviner en balançant tout ce qui vous passe par la tête.

Chez Dekalko, on joue également à cache-cache. Attrapons donc une image et glissons là dans sa pochette transparente. Cette image est secrète, personne ne doit la voir. Top départ. Il faut rapidement tracer les contours les plus représentatifs de l’image. Qu’est-ce qui différencie une tranche d’ananas d’une tranche de melon jaune ? Les feuilles pointues qui terminent le fruit par exemple. Rapidité et précision seront vos armes. Les images disparaissent au profit d’un fond blanc. Il n’y a plus que des courbes, des traits. Chaque joueur a le droit à une réponse pour deviner ce qui se cachait sous ces lignes.

 

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Dekalko

 

Imagicien fait bande à part sur le principe. Ici, vous avez une série de symboles à relier ensemble, le jeu s’inspirant des jeux de « points à relier » (ou « dessin-mystère) de votre enfance. Une carte est tirée pour tous les joueurs, chacun tente de retrouver les symboles sur son plateau personnel, ce qui peut vous faire devenir chèvre (et attention, le jeu devient vicieux quand vous y arrivez trop bien, alors le plateau passe en noir & blanc !). Suivant le niveau, des petits pièges vont se glisser… Malin ! Une fois que vos traits forment… quelque chose dans votre esprit, vous pouvez le nommer. Cela va de formes simples comme une croix à plus complexe, comme un cadeau ou un entonnoir. Le plus rapide à deviner ce qu’il dessine gagne le défi. À noter : le jeu offre un mode tutoriel pour découvrir le concept et les difficultés progressives. 

 

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What’s missing : une poule, une poêle… si, si

 

Trois jeux où l’on avance à pas feutrés…

What’s missing est très vite expliqué, vite assimilé et part d’une idée simple et efficace. Il faut quand même trouver ce qui va faire mouche dans l’esprit des voisins, dans quoi intégrer notre sujet pour que la réponse soit évidente. En plus d’être imaginatif, il faut une maîtrise minimum du graphisme. Il y a trois niveaux de difficulté dans le jeu. Savoir dessiner, respecter des proportions, des perspectives, est un plus. What’s missing reste malgré tout un jeu où l’on discute, où les réponses fusent pour tenter de trouver la solution. Pas toujours facile, il peut créer l’ambiance. Avec, comme d’habitude, un public motivé et imaginatif, il y a de quoi rigoler. Seul bémol possible, le fait d’être trop mauvais en dessin !

Tout le contraire de Dekalko qui a le grand mérite de proposer un jeu où l’on n’a pas besoin de savoir dessiner, mais alors pas du tout. Sur ce sujet, le jeu est fédérateur, facile à sortir, à expliquer et peut fonctionner avec tout type de public. La différence se fera sur la pertinence à choisir vite et bien l’élément parfait, le détail qui tue. Dekalko pêche, par contre, au niveau ambiance par un côté trop sage et générique. Les images sont « sérieuses » et le fait de ne pouvoir proposer qu’une réponse par joueur freine la possibilité de se lâcher sur des propositions fofolles. Alors oui, il faut vite donner une réponse et si on se plante, c’est mort. Dommage car les points ne sont pas la finalité de ce type de jeux.

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Imagicien sur le podium

 

Si Imagicien ne nous a pas tiré des éclats de rire (mais est-ce son but ?), le challenge proposé n’est pas de tout repos, surtout avec les niveaux supérieurs des objectifs, ou le plateau sans couleur. Un bel exercice, singulier, finalement loin de sa thématique féerique et mignonnette, qui a malgré tout le mérite de nous plonger dans une certaine atmosphère. Il y a un peu de pression ici, parfois même de l’agacement quand vous n’arrivez pas à mettre l’oeil sur ce f*** symbole ou que votre trait semble s’égarer dans une forme qui n’a pas de sens.
Imagicien 
requiert un œil de lynx. Le résultat est à la hauteur de son propos et on est toujours ravi de voir apparaître, petit à petit, l’objet de nos convoitises. Cette idée de devoir deviner ce que l’on est en train de dessiner est assez magique (au final ce thème est pas si mal trouvé !). Là aussi, un objet fédérateur : il n’est pas rare que les enfants mémorisent mieux le plateau que nous !

Trois jeux, trois ambiances comme on dit dans les discothèques de bord de mer. Vers lequel irez-vous ?

 

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