Fairy Trails : L’ombre d’Uwe

Fermez les yeux. Imaginez vous dans une forêt. Le bruit des arbres fait frémir vos oreilles, les senteurs d’humus arrivent délicatement à vos narines. le chant des oiseaux apporte un peu de gaité dans ce calme omniprésent. Mais si vous tendez l’oreille et êtes un petit peu plus attentif, vous pourrez peut-être entendre ou distinguer un des habitants de la forêt, un gnome ou une petite elfe. Discret, mystérieux. J’espère que vous avez bien profité de ce moment de sérénité et que de jolies images restent dans votre tête. Car maintenant, il faut ouvrir la boîte de Fairy Trails.

 

 

Fairy Trails est un jeu de Uwe Rosenberg. Encore lui, toujours lui ! Un auteur prolifique dont la ludothèque ne cesse de se compléter chaque année, même si c’est souvent des titres avec de fortes similitudes : Du blé/poisson/vache/… à récolter, ou des tuiles de polyominos à poser. Réjouissons-nous, nous avons ici un jeu un petit peu différent, tant sur le thème que sur la mécanique.

 

Duo ou solo

Fairy trails est un jeu pour deux joueurs uniquement, ou alors en solitaire. Les parties sont courtes et le principe du jeu est simple. Chaque joueur incarne un des peuples de la forêt et prend les jetons Pierre correspondants : Rose pour les fill… euh les petites elfes, jaune pour les gnomes.

À partir d’une première tuile de départ, chaque joueur va alternativement poser une tuile chemin. Chaque joueur dispose d’une main de deux tuiles qu’il complètera à la fin de son tour.

 

 

Les tuiles chemin comportent toujours des chemins de couleur rose et des chemins jaunes, mais qui s’orientent de façon différente : Croisement, virages, …. Ces chemins peuvent aussi être reliés à des petites maisons (rose pour les elfes, jaune pour les gnomes). Enfin, ces chemins peuvent se terminer. Fin de la route. Sens unique. On ne va pas plus loin.

L’objectif va être de poser des tuiles, d’agrandir le réseau de routes de sa couleur puis de fermer ses routes, à toutes ses extrémités. 
Une fois qu’une route est entièrement fermée, le joueur peut placer des tuiles Pierre sur chaque maison située sur le chemin clôturé. C’est tout ? C’est tout.

Le premier joueur qui place toutes les pierres/maisons est déclaré vainqueur.

 

 

On sort en forêt ou on retourne regarder la télé ?

Uwe Rosenberg est un auteur très talentueux. Reconnu par ses pairs. À l’origine de grands titres du monde ludique, comme Agricola, Caverna, Patchwork. Oui, on lui doit des petits bijoux … mais pas que. Il y a aussi les dispensables. Malheureusement, Fairy Trails se place à mon sens dans la seconde catégorie.

Le thème, absent de l’immersion dans le jeu, est le premier point qui me chagrine. Force est de dire que, au-delà de la couverture de la boîte, nous sommes dans un jeu 100% abstrait. N’espérez pas vous imaginer un seul instant dans la peau d’un gnome ou d’une elfe. Ni de vous immerger dans une balade dans une forêt magique.

Les illustrations de Nicolas Demers sont d’ailleurs un autre point faible du jeu. Au fur et à mesure que l’on place des tuiles, le jeu devient de plus en plus illisible. Il est fréquent de s’apercevoir après coup que l’on a fermé un chemin alors qu’il restait un embranchement libre, voire même que l’on ferme un chemin sans s’en apercevoir. Les yeux se piquent à observer ce réseau neuronal flashy de jaune et rose fluo (ce qui me fait penser qu’un thème sur la construction neuronal aurait été plus parlant). 

Enfin, au niveau du gameplay, soyons franc, ce Rosenberg n’apporte rien de neuf. Mais plus problématique encore : nous jouons sans être concerné, nous allons même jusqu’à nous ennuyer car on se focalisera essentiellement sur son réseau. Bien sûr, on pourra essayer d’ouvrir le réseau du joueur adverse, pour qu’il ait plus de mal à le fermer. Mais le hasard de la pioche ne rend pas cette stratégie très efficace en vérité, le tout reste très chaotique.

Dans l’ensemble, la règle est bien écrite et claire, avec quelques exemples, même si la phrase « lorsque la pioche est vide, ne la mélangez pas » m’a fait sourire, vu qu’il n’y a rien à mélanger. En revanche, dernier point dommageable : la boîte est petite, mais aurait pu l’être beaucoup plus. 

Il est à noter que Fairy Trails dispose aussi d’un mode solo. Il faudra alors poser toutes les pierres (en rose et jaune), avec comme contrainte de fermer un chemin au maximum toutes les trois tuiles posées. En adepte des jeux solo, j’ai espéré que ce mode rattrape un peu le mode compétitif. Malheureusement non. Le challenge est inexistant, avec une réussite au premier essai. Et malgré ça, aucune sensation de satisfaction particulière. 

 

Je passe 

Fairy Trails est un jeu rapide. Une grosse dizaine de minutes. Mais aucune envie d’enchaîner les parties ne pointe ici, faute d’intérêt stratégique. Le gameplay n’est pas sans rappeler un de ces prédécesseurs, Tsuro, qui avait trouvé son public grâce à une superbe illustration de boîte et une mécanique très interactive. D’autres le comparent à l’indéboulonnable Carcassonne en particulier de la version Junior. Sans hésitation, je retourne à ces titres des années 2000 !

 

Sachez-le, Uwe est mon auteur de prédilection. Je suis et je reste particulièrement attentif à toutes ses sorties. J’en suis parfois ravi (Nusfjord, Robin von locksley, Patchwork,..) et parfois déçu (Indian summer, Hengist, et maintenant … Fairy Trails). Un auteur avec sa part d’ombre et de lumière.

 

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2 Commentaires

  1. Umberling 04/12/2020
    Répondre

    On notera que ce jeu fait partie des Uwe-B. Je préfère donc me tartiner de crème solaire ludique et ne pas jouer à ce jeu !

  2. morlockbob 04/12/2020
    Répondre

    on est d’accord.

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