Écosphère : croisement d’écosystèmes

Après Stellar paru en 2020, Matt Riddle et Ben Pinchback nous proposent de remettre les pieds sur Terre pour observer les merveilles qui nous entourent. Car dans Écosphère, nous jouons les explorateurs qui cherchent à consigner des informations sur huit écosystèmes différents. Ou, moins prosaïquement car il s’agit d’un jeu aux mécaniques assez abstraites : on collectionne des cartes de différents écosystèmes.

Encore un jeu de collection ? Oui, mais Écosphère est un jeu malin qui nécessite de la réflexion. Les parties durent entre quinze et trente minutes et on peut y jouer jusqu’à cinq. Alors, prêts à en apprendre plus sur les écosystèmes ?

 

Consigner ses observations

Pour jouer à Écosphère, rien de plus simple : vous posez une carte de votre main sur la pile correspondant à son chiffre. Vous pouvez ensuite : ou bien prendre une pile se trouvant à gauche de cette carte, dans votre main, et piocher une carte face cachée pour la rejouer aux tours suivants ; ou bien poser une pile se trouvant à la droite de cette carte, qui va dans votre collection.

Vous disposez donc vos cartes Écosystème dans votre zone de jeu, en les classant par couleur. Il faudra faire attention à l’ordre dans lequel on les pose. En effet, à la fin de la partie, les deux colonnes plus nombreuses de votre zone de jeu vous feront marquer des points. On va alors multiplier le nombre de cartes par leur position dans votre zone de jeu : par exemple, si vous scorez la deuxième pile, chaque carte vaut deux points ; si vous scorez la troisième pile, trois points et ainsi de suite.

D’autre part, il faut essayer d’aligner de façon continue autant de cartes dans chaque colonne. L’autre décompte de fin de partie porte en effet sur les séries de cartes différentes, en commençant par la gauche. Pour chaque ligne ininterrompue d’au moins une carte à partir de la gauche, vous marquez des points en conséquence. En lisant les règles, j’ai eu du mal à comprendre ce décompte qui est expliqué de façon plus compliquée que nécessaire. Le Ludochrono pourra vous aider à y voir plus clair.

Dans cet exemple, on aurait 3 points (1×3) pour la première pile et 6 points (2×3) pour la deuxième. Pour le décompte des lignes ininterrompues, 36 points pour la première ligne, 6 points pour la deuxième et seulement 3 points pour la troisième.

 

Voilà de quoi rester concentré et attentif durant une partie 😉 

 

Saisir les opportunités ou optimiser ?

Dans Écosphère, il faudra trouver le juste compromis entre le choix attentif des cartes Écosystème que nous posons (pour optimiser nos lignes ininterrompues) et la tentative d’accumuler le plus de cartes possibles pour nos dernières piles, de façon à avoir au moins une colonne qui nous rapporte gros. Pour y arriver, on jouera souvent du mieux qu’on pourra. Et il ne faut pas oublier d’ajouter des cartes régulièrement à sa main. En effet, quand on n’en a plus, on n’a pas d’autre choix que piocher une carte et passer son tour.

Souvent, il vaudra mieux mettre de côté son envie de tout optimiser et saisir de nouvelles opportunités quand elles se présentent, surtout si on a la possibilité de poser des cartes rares. Vous avez la possibilité de poser une pile de trois cartes du même écosystème ? Vous aurez tendance à la prendre, même si elle ne vous permet pas de continuer une colonne que vous aviez déjà commencée car, en contrepartie, ça vous fait peut-être un nouvel écosystème de posé pour le décompte des lignes. Ou peut-être qu’elle rajoute une ou deux cartes à l’une de vos dernières colonnes qui pourrait vous rapporter gros ?

 

Pour poser une carte sur un nuage et récupérer la pile à gauche ou poser la pile à droite, il faut que la carte ait le même chiffre.

 

De même, l’organisation des piles de cartes lors de la pose de plusieurs nouveaux écosystèmes doit être réfléchie : par exemple si vous remarquez qu’il y a beaucoup de cartes d’un écosystème en jeu, vous aurez peut-être intérêt à former la colonne de cet écosystème plus à droite, de façon à pouvoir y ajouter le plus grand nombre de cartes d’ici la fin de la partie. Il faudra également regarder le degré de rareté des cartes indiqué par de petits points en haut à gauche.

L’une des tensions d’Écosphère réside dans la tentative constante d’anticiper pour optimiser sa collection qui doit composer avec les choix de nos adversaires et le hasard de la pioche. Ce jeu vous demandera donc de bien réfléchir et parfois de vous adapter tout en ayant un rythme soutenu. Ce n’est pas toujours facile et il faut parfois faire preuve de patience ou faire des concessions : même si c’est pénalisant, on peut parfois être tenté de se retrouver sans cartes pour arriver enfin à poser le huitième écosystème et gagner des points supplémentaires.

 

Collection réfléchie et plaquage mécanique pédagogique

Je n’avais pas joué à Stellar, mais, après avoir jeté un œil aux règles, Écosphère me semble plus direct, bien que certaines explications soient perfectibles. Parmi ses atouts, il y a notamment le fait qu’il puisse être joué jusqu’à cinq joueurs et que ses règles soient accessibles. Même si la première partie pourrait être un peu laborieuse, je le sortirais avec des néophytes sans hésitation, surtout s’ils prennent plaisir à la friction neuronale et à l’optimisation. Une fois que le tour de main est pris, on a envie d’enchaîner avec une deuxième partie pour faire durer le plaisir et, dans certains cas, prendre sa revanche.

Il y a quelques mois, je vous avais parlé d’un autre jeu de collection : Momiji. J’avais trouvé que les règles de Momiji étaient trop compliquées par rapport à la durée d’une partie et aux allures de casse-tête de ce jeu. Les règles d’Écosphère, au contraire, sont vite expliquées. Je trouve aussi que le décompte des points d’Écosphère lui confère une plus grande profondeur, car Écosphère est plus abstrait et complexe d’un point de vue mécanique. Les deux décomptes de points et la mécanique de récupération des cartes demandent en effet de trouver le juste équilibre entre l’opportunisme et l’optimisation.

Du fait de son caractère très mécanique, le thème d’Ecosphère est purement et simplement plaqué. Mais on apprécie tout de même les efforts réalisés pour ajouter du texte d’ambiance sur chaque carte, qui nous permet d’en apprendre un peu plus sur les différents écosystèmes

 

 

J’y joue souvent à deux joueurs et, de temps à autre, à trois joueurs. Même si le jeu le permet – c’est l’une des raisons pour lesquelles, on peut le sortir facilement – je n’ai pas voulu pousser l’expérience à partir de quatre joueurs, car il se peut qu’Écosphère devienne un peu chaotique. Il est vrai qu’on ajoute des cartes pour faire durer plus longtemps la partie mais, de l’autre côté, les possibilités d’anticipation seraient encore réduites et il faudrait s’adapter encore plus aux choix des autres joueurs.

En tout cas, après cinq ou six parties, la complexité de ses mécaniques combinée à la durée réduite d’une partie, aux interactions entre les joueurs et à la facilité d’explication des règles font que j’ai encore bien envie d’y rejouer ! Même si l’on gagne en aisance d’une partie à l’autre, le hasard de la pioche et les choix des joueurs autour de la table lui confèrent une rejouabilité suffisamment importante pour qu’on n’ait pas un sentiment de répétition.

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3 Commentaires

  1. morlockbob 06/12/2022
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    • El Duderiño 06/12/2022
      Répondre

      Drôle de coïncidence, en effet ! Alors, ça t’arrive toujours de rejouer à Subastral ou tu continues de lui préférer Stellar ? 🙂

      • morlockbob 07/12/2022
        Répondre

        on s’est séparé Subastral et moi et je suis retourné vers son ainé, plus mignon avec plus de caractère.

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