Derrière le Paravent : 5 Astuces pour débuter en tant que Maître du Jeu

Vous souhaitez vous lancer en tant que Maître du Jeu ? En voilà une bonne idée ! Passer de l’autre côté du paravent est à mes yeux l’une des expériences les plus enrichissantes qui soit.
C’est un excellent moyen d’expression, qui peut d’ailleurs aider les plus timides à s’affirmer. Ce sont aussi des moments uniques, dont vous allez être le chef d’orchestre et dont vos joueurs seront les musiciens, et des moments de pur plaisir quand vous verrez vos joueurs s’investir dans votre histoire.

Néanmoins, se lancer peut être intimidant, c’est pourquoi je vous propose quelques astuces pour se lancer dans l’aventure sereinement.

Astuce 1 : débutez avec des personnes que vous connaissez

J’ai découvert le Jeu De Rôle en tant que joueuse lorsque j’avais 12 ou 13 ans ; je créais une sorcière elfe noire, Tielcalys. Ce n’est que dix ans plus tard que l’envie m’est apparue de refaire du JDR, mais cette fois-ci en tant que MJ. Je recevais pour mon anniversaire les trois livres de base de DD4 (Dungeon and Dragons, 4ème édition) : le Guide du joueur, le Guide du maître, le Bestiaire. À cette époque, personne dans mon entourage n’était rôliste, mais je sentais un besoin impérieux de tenter l’expérience.

Mes premiers joueurs ont donc été mes parents, mon grand frère et son amie.

Et cela a été une bonne chose, parce que j’ai pu expérimenter sans pression. Je me suis trompée sur des points de règles quelques fois, mais c’est totalement dédramatisé.

Tous mes joueurs étaient novices dans le JDR. Et je pense que si vous avez aussi la possibilité de démarrer avec des novices, cela peut vous rendre la tâche un peu plus simple. Tout simplement parce qu’ils feront des erreurs aussi, ce qui fait que vous serez plus indulgents les uns envers les autres. Si vous débutez avec des joueurs confirmés, alors veillez à ce qu’ils soient bienveillants.

Avant de jouer votre première partie, demandez à vos joueurs quelles sont leurs envies : des combats, des intrigues, des enquêtes, des trésors… ? Vous pouvez leur créer un questionnaire individuel ou dédier une soirée à y réfléchir tous ensemble. Prenez des notes ;).

Si possible, après la création des personnages, demandez à vos joueurs de vous fournir un background de leur personnage, cela vous donnera quelques idées pour personnaliser vos scénarios.

 

 

Astuce 2 : choisir un univers familier

Le fait de connaître l’univers du JDR que l’on va maîtriser est un avantage certain. Ses concepts s’appréhendent plus facilement, et on visualise plus naturellement son cadre, au niveau des types de décor, des races de personnage, du folklore. Le fait d’être à l’aise se ressent aussi du côté de vos joueurs.

Par exemple, pour moi, l’entrée dans DD4 a été facile, parce que, lors de la création des perso, ses concepts d’alignement, de classes et d’avantages raciaux me parlaient, mais aussi parce que je pouvais me figurer l’univers : je savais à quoi ressemble un halfelin, un elfe ou un nain. Je pouvais visualiser une scène de caravane attaquée par des gobelins sur une route commerciale entre deux cités modestes, je pouvais jouer sur les préjugés des races les une envers les autres, sur l’importance de la foi pour un paladin, sur la majesté des dragons.

À l’inverse, j’ai été un peu perdue à la même phase de création de personnage face à Shadowrun, ses principes me semblaient complexes, et d’ailleurs je ne m’en souviens pas. Niveau cadre, j’avais du mal à visualiser et à m’y plonger. Je n’y ai finalement jamais joué.

Choisissez un univers qui vous parle et qui vous plaît, qui vous fait rêver et dans lequel vous avez envie d’emmener vos joueurs. En plus, de nos jours, l’offre foisonne d’univers passionnants, je suis persuadée que vous allez trouver votre bonheur. 

Autre petit conseil au passage : le site GROG (Guide du Rôliste Galactique) propose des fiches très bien faites, je vous invite à le consulter avant d’acheter quoi que ce soit.

Une fois votre univers choisi, n’hésitez pas à vous y imprégner de plus en plus, entre deux parties, par exemple en suivant les astuces de cet article.

Astuce 3 : lire et relire les règles

Je serais tentée de parler de plusieurs types de règles :

Règles de gameplay : comment le joueur teste la réussite de son action, notamment le type et le nombre de dés à jeter face à un seuil de difficulté à dépasser ? Ce sont les règles de base à connaître au moins dans les principes. Elles sont souvent présentes de votre côté de l’écran du MJ. Vous commencez par lire ces règles de base.
Néanmoins, à moins que votre scénario en ait besoin, il n’est pas nécessaire de tout connaître ! Les règles sont là pour vous aider à gérer un grand nombre de situations très variées. Par exemple, vous n’aurez pas besoin à priori de savoir comment fonctionne la soif dans le désert, ou un acte de chirurgie sans matériel adéquat.

Règles de création des personnages : est-ce qu’il y a des classes, races, métiers, castes, etc ? Est-ce que les scores de caractéristiques sont choisis ou sont tirés aux dés ? Voici les règles auxquelles s’intéresser dans un deuxième temps. Personnellement, quand je vais faire jouer à un jeu qui est nouveau pour moi, je teste la création de personnage. Je vous invite à faire de même, et de créer votre propre procédure de création pour le présenter à vos joueurs. Une fiche récapitulative qui liste par exemple les différentes étapes avec un renvoi vers les pages du livre.

Règles qui cadrent les lois de l’univers : est-ce que la magie existe ? Est-ce que les humains peuvent avoir des implants technologiques ? Comment en est-on arrivé là à ce niveau de l’histoire globale du monde, ou des mondes ? Ce sont des informations que vous possédez probablement déjà si vous avez choisi un univers familier.

Règles qui décrivent l’univers : les cartes de lieux importants, l’histoire de certains peuples et autres conflits, les courants politiques et culturels, par exemple. Ces données-là sont importantes, mais vous n’avez pas besoin de tout savoir et connaître, les grandes lignes suffiront pour vos premières parties. C’est aussi pourquoi je vous conseille vivement de ne pas utiliser de suppléments pour l’instant, le risque de s’y perdre étant trop important. 

Et enfin les « règles » de Maîtrise : la plupart des livres de base apportent des conseils très bienvenus aux Mjs, débutants ou non d’ailleurs. Ils vont par exemple vous permettre de mieux cerner les façons de jouer de vos joueurs pour adapter votre maîtrise, de comprendre comment créer une scène de combat bien dosée, comment vous préparer, improviser, dire à votre tour « oui, mais…».

Toutes ces règles méritent votre attention, mais j’aurais tendance à vous conseiller de doubler les efforts sur les règles de Maîtrise, parce qu’au final, c’est votre façon d’animer de la partie qui va être la substantifique moelle de vos sessions de jeu.

Et à ce propos : n’ayez pas peur de faire des erreurs ! Vous en ferez forcément, mais ça n’est pas grave, puisque le MJ a toujours raison, même quand il a tort ! L’essentiel sera de comprendre vos erreurs, et d’ajuster si besoin. Par exemple, vous avez « offert » une arme très puissante, trop puissante, à l’un des PJs. Une fois que vous l’avez remarqué, dites simplement au joueur concerné qu’il va devoir s’entraîner et devenir plus fort pour pouvoir s’en servir.

Astuce 4 : étudier et faire jouer un scénario existant

Vous trouverez probablement un scénario d’initiation dans le livre de base. Lisez-le plusieurs fois. Puis lisez-le encore ! Quand vous le connaîtrez bien, essayer de dégager des étapes : l’introduction permet de situer le décor et la situation : que s’est-il passé ou que va-t-il se passer ? Qu’est-ce qui est demandé aux Pjs ?

Je m’efforce toujours de soigner l’introduction, je la rédige. Je sais que c’est le moment où je vais accrocher mes joueurs et leur donner envie de voir où l’aventure va les mener. J’essaie de lancer des toutes petites accroches au niveau de ce que je sais des personnages (pour Heroi qui cherche son clan disparu : l’un d’eux auraient été vu à tel endroit), mais aussi de mes joueurs (pour Tom qui aime jouer sur son éloquence : une scène de négociation), etc.

Le plus intense de la partie vient juste après : le cœur du scénario : enquêtes, rebondissements, rencontres…
Pour gérer cette partie, je vous recommande de vous concoctez des aides de jeux : des plans de la cité, une carte de la région, un organigramme de la guilde, la liste de tous les PNJs, avec leur nom et leur apparence, au minimum, des fiches pour les combats, et tout ce que vous jugerez bon.

La conclusion du scénario est ce que je prévois le moins à l’avance : de toutes façons mes joueurs seront partis dans une direction imprévue ! C’est donc un moment où je laisse les choses se faire d’elles-mêmes. La tension de la partie commence à retomber, c’est là qu’il faut fournir un dernier effort. L’idée est que les joueurs quittent la session de jeu avec un sentiment d’accomplissement, je veille à ne rien laisser en suspens, sauf si c’est pour teaser sur une prochaine partie : d’où l’intérêt de finir sur une ouverture.

Astuce 5 : prendre son temps 

C’est probablement l’astuce la plus importante, parce qu’au final elle s’applique à toutes les autres. Prenez le temps de choisir le jeu que vous allez maîtriser, prenez le temps d’intégrer les règles et les subtilités de l’univers, initiez tranquillement vos joueurs. Il n’y a rien d’urgent, il vaut mieux que vous preniez un peu plus de temps mais que vous soyez bien prêt et ouvert lors de votre première partie. Rien ne sert de courir, il faut partir à point.

Astuce bonus : et après ?

Que faire après cette première partie ? Qu’elle se soit bien passée ou non, essayez de comprendre pourquoi. Demandez à vos joueurs ce qui leur a plu, ce qu’ils ont moins aimé. S’ils sont prêts à faire une autre partie, vous avez gagné votre pari, bravo !

Pour les prochaines fois, pourquoi ne pas essayez de créer votre propre scénario ? Vous pourriez aussi désormais regarder du côté des suppléments, ou encore tenter de satisfaire les attentes de vos joueurs – nous avions parlé de questionnaire ou de discussion à ce sujet ;).


Amusez vous bien !

 

 

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4 Commentaires

  1. Shanouillette 10/08/2023
    Répondre

    Merci pour ton partage d’expérience Tielcalys. En effet, prendre le temps est essentiel, en amont, et durant la partie – perso, chaque fois que je prépare un scénario, il se déroule toujours beaucoup plus lentement que ce que j’avais imaginé ^^ mais c’est très bien, c’est qu’on prend notre temps ensemble pour traverser et résoudre les situations – il est inutile de rusher, c’est le voyage qui est important, pas la destination. Une fois la partie lancée, le seul truc que je garde en tête en tant que MJ c’est de rester open à toutes les idées des PJ, même si elles prennent mes plans totalement à rebours (de toute façon, rien ne se perd, tout se transforme) car c’est là bien souvent que se jouent les moments les plus inoubliables. Faut lâcher prise, rebondir, profiter de chaque instant … une vraie leçon de vie 😉

    • Tielcalys 16/08/2023
      Répondre

      Merci pour ton commentaire, Shanouillette !
      En effet, les Pjs ont cette tendance à partir dans la seule direction que nous n’avions pas prévue !
      Et je suis bien d’accord : le fait de lâcher prise et d’accueillir ce qui vient apporte de très beaux moments 🙂

  2. Gozmoth 10/08/2023
    Répondre

    Je viens d’atterrir ici par hasard, suite à une recommandation Google. Très bon article, très bien écrit. Merci beaucoup.

    • Tielcalys 16/08/2023
      Répondre

      Bonjour Gozmoth ! Merci beaucoup pour votre commentaire ! Comme quoi le hasard fait bien les choses 🙂

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