Airship City : Voyage dans les nuages

La culture ludique est alimentée par l’expérimentation, la pratique et la curiosité. Plus on joue et plus on réalise combien cette culture est riche et diffère selon que l’on vive en France, aux USA ou bien au Japon. Au Japon justement on est dans une tradition du minimalisme, vous ne verrez pas une grosse boite avec des figurines et des jetons qui débordent. L’une des raisons à cela ? Tout simplement parce que les intérieurs sont exigus, le prix du mètre carré est élevé (27% plus cher qu’en France). De fait, leurs jeux sont présentés dans des petites boîtes, ou avec un matériel limité, on pense évidemment à la gamme Oink Games, mais aussi à l’inénarrable Love Letter. On retrouve ce minimalisme aussi dans le game design d’eurogame, que ce soit les créations de Hisashi Ayashi, avec Yokohama (notre article) ou bien Iki de Koota Yamada qui sort en fin d’année chez Sorry We Are French (itw).

Airship City est une création de Masaki Suga, sortie en 2018 chez Analog Lunchbox, il arrive en ce moment dans nos boutiques en France par le biais de CMON et Funforge qui ont eu le bon goût de conserver son minimalisme matériel, le jeu étant présenté dans sa petite boite. 

Arrêtons-nous sur le design. Les illustrations sont signées Saori Shibata, dans un style aquarelles low poly un peu naïf qui sans doute divisera. Personnellement je trouve que ça lui donne un charme sobre.

Sky is the limit 

Les humains ont déserté la terre pour s’élever dans les airs et ont construit une ville dans les nuages : Airship City. Vous êtes les ingénieurs à bord de vos aéronefs qui allez collecter des ressources, bois, aluminium, moteur, et or pour doter la ville de moyens de transport pour les citoyens. Réalisez des contrats, construisez des dirigeables pour en faire don à la ville ou les vendre, érigez des monuments pour favoriser le rayonnement de la ville. Tel est le menu. 

Dans sa mécanique, Airship City nous évoque Yokohama, en effet nous avons une zone délimitée de tuiles que l’on va pouvoir activer avec nos aéronefs : à notre tour, nous déplaçons tous nos engins volants et réalisons leurs actions, ce qui consiste principalement à récupérer des ressources et construire les dirigeables pour la ville.

 

On peut déplacer tous nos véhicules d’une case orthogonale, mais pour augmenter la portée on peut faire du saute-mouton, nos autres dirigeables ne sont pas décomptés dans le déplacement. Par conséquent, il faudra anticiper ses déplacements et rester groupir sera intéressant.

Si l’on ne peut pas bloquer une des tuiles (les joueurs pouvant s’amasser sur un même lieu), l’interaction est pourtant présente, car en se rendant sur une tuile où est déjà présent un dirigeable adverse, celui-ci va gagner une ressource au passage : autant dire que l’on hésite un peu avant de lui offrir cette aubaine.

Au marché, on pourra prendre une des tuiles contrats disponibles ; à l’atelier construire les dirigeables, ou bien les améliorations qui nous permettent d’agrandir sa jauge de ressources toujours utiles dans ce type de jeu ; la guilde est utile pour avoir plus de jetons équipages qui sont nos ouvriers.

 

 

L’élément central du jeu reste la construction des dirigeables, d’abord parce que c’est le premier pourvoyeur de points de victoire en en faisant don à la ville, mais aussi parce que l’on va pouvoir y grappiller quelques points dans un système de majorités. On peut aussi construire ces dirigeables pour les vendre et gagner de l’or, la ressource rare du jeu (on en a besoin pour les améliorations, les monuments, mais aussi gagner de nouveaux membres d’équipage).

En sus, quand on fait don de dirigeables, des réductions sur certaines actions nous sont octroyées : une sorte d’investissement à long terme ou de moteur de jeu. Les contrats sont eux soumis à une sorte de tapis roulant et si on ne les résout pas avant leur terme, au lieu de nous gratifier de points de victoire et d’or, nous en perdons.

 

 

Chaque ressource ayant son importance, bois et aluminium pour l’un ou l’autre des dirigeables, l’or nous l’avons vu est une ressource rare, quant aux moteurs, c’est tout à fait thématique, nous en avons besoin dans toutes les constructions, mais ils peuvent aussi servir à déplacer une ligne ou une colonne du plateau central, rendant atteignable ce qui ne l’était pas. Néanmoins, cela ne reste pas une bonne idée de les dépenser sans discernement. 

 

Alors ça plane pour nous ?

Sur le papier, Airship City m’avait semblé assez classique, mais en jeu, il se révèle plutôt tendu puisqu’on doit bien réfléchir et anticiper nos déplacements. Plutôt simple dans sa prise en main, agréable dans son gameplay (où l’on joue tout notre tour en une seule fois) le jeu aura des dilemmes bien présents, on ne pourra pas tout faire, entre les améliorations, les structures et les majorités. 

 

Mais cela ne vient pas sans faiblesse, on sent les artifices, les limitations, et de fait j’ai peur que l’on soit un peu forcé de passer par certains passages obligés, et qu’au final tout cela manque un peu de profondeur et de rejouabilité sur le long terme.

Autre souci que l’on a relevé, un léger manque de lisibilité : en effet au bout de quelques tours, vous aurez placé plusieurs de vos jetons dons sur le plateau central ce qui vous confère quelques bonus, mais on peine un peu à s’y retrouver (cela dit, peut-être qu’après plusieurs parties on s’y fait).

Si l’on a apprécié sa DA un peu arty et pastel, Airship City peine à totalement nous convaincre. Certes, le jeu reste agréable et tendu, mais il subit la concurrence d’autres titres sans doute plus aboutis, comme Yokohama en catégorie expert ou Istanbul dans un autre genre (plutôt catégorie « amateur »).

 

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