À Quoi Tu Joues : Enquêtes Express, Genotype, Hades Trap, Hister, RIP, Spy Guy, The Number, Traitres à Bord

Troisième volet du retour de cette rubrique que l’on avait lancée il y a 7 ans. On y parle des jeux découverts dans nos associations, nos bars à jeux préférés, en festival, à la maison en famille, ou entre amis. Il parait que l’équipe de chroniqueurs joue beaucoup ! « À quoi tu joues » se veut un format rapide et condensé, basé sur le ressenti, ce qui n’interdit pas d’y revenir plus tard dans un Just Played ou un Test, quand le temps nous le permettra.

On y traite des jeux tout chauds sortis du four, des plus anciens aussi qui reviennent sur nos tables, des gros mastodontes ou des petites perles. Des jeux qui nous ont enflammés ou refroidis. Le Just Played quant à lui est un format de décorticage, d’analyse, qui nécessite plusieurs parties et de longues heures de travail en amont.

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Génotype

Vous aimez traficoter le vivant ? faire revivre les dinosaures ? Non, ce n’est pas vers ce thème que nous entraîne Génotype, mais vers l’expérience sur les pois qu’a mené Gregor Mendel, moine augustin du XIX siècle, afin de comprendre les mécanismes de la génétique.

Dans ce jeu, il y a une phase de placement d’ouvrier (des pelles à jardiner), puis une phase de draft de dés qui représentent les allèles nécessaires pour fabriquer des pois (cartes) dont la valeur sera élevée si les allèles sont nombreuses et plus rares. Enfin une phase d’amélioration qui permet de mettre en place un petit moteur pour nous simplifier la culture des pois et la récolte des gènes au monastère.

L’idée est séduisante, les règles très accessibles, la réflexion intéressante, mais il y a un mais, certains assistants ont des pouvoirs semi divins. Soit vous avez la chance de pouvoir vous offrir ses services car vous êtes alors assez riches pour l’embaucher et que vous jouez en premier, soit vous n’avez pas cette chance. L’argent est au cœur du jeu (étrangement peu organique me semble-t-il dans la vie monacale), et il y a très peu de possibilité d’en gagner. L’action Porte monnaie n’est réservée qu’à un seul ouvrier (deux si on joue à quatre), pourtant on a vraiment tout le temps besoin de ces piécettes : pour améliorer le quotidien (acheter les services de l’assistant qui tue tout), ou parier sur les allèles qui nous rapporteront des points supplémentaires en fin de partie. Ce déséquilibre est peu agréable, et même si le thème me parle bien, j’ai peu envie de remettre les gants de jardinier.

 

-Natosaurus

Un jeu de Ian Zang, John Coveyou, Paul Salomon
Illustré par Amelia Sales, Tomasz Bogusz
Edité par Genius Games

Spy guy

Est-ce que vous êtes bon en cherche et trouve ? Il vaudrait mieux ne pas vous faire moquer par les enfants. Spy guy est un jeu coopératif dans lequel nous allons essayer de rattraper le Dr Moritze avant qu’il ne prenne le bateau. Il a beaucoup d’avance sur nous, et avancera de quelques cases à chaque tour. Pour le courser nous allons devoir trouver des objets dessinés sur l’immense plateau. On retourne le sablier et la carte, et on cherche l’objet de la carte. Il y en a entre 5 et 10 dessinés. quand on le trouve on met un petit jeton dessus, et à la fin du temps on avancera d’autant de cases que d’objets trouvés. Certains sont vraiment plus durs que d’autres, c’est pas très juste, mais ça donne des parties haletantes, contre toute attente je vous le concède, et on a envie de recommencer après la première partie perdue afin de s’améliorer et mettre la main au collet à ce sacré Dr Moritze.

 

-Natosaurus

Un jeu de Mariusz Majchrowski
Illustré par Michai Ambrzykowski
Edité par Trefl

 

Enquêtes Express

Enquêtes Express s’est fait remarquer au festival de Cannes (voir notre reportage et notre Ludochrono). Son titre est trompeur car il est plus un jeu d’ambiance et de déduction qu’un jeu d’enquête, de par son format léger et rapide (20 minutes), et sa simplicité.

Il apporte un concept original et frais : 3 enquêtes à résoudre en coopération avec seulement 5 ou 6 minutes de temps d’observation ! Rien d’équivalent dans la sphère ludique. On éparpille des cartes sur la table, chacune donnant des indices sous forme d’images de témoignages ou de lettres. Chaque joueur ne peut en consulter qu’une partie. Une fois le temps écoulé, on réfléchit et on met nos idées en commun. On doit reconstituer l’histoire, trouver le coupable, puis vérifier sur un barème si on a juste ou faux.

 

 

Si j’ai bien adhéré au principe, je reste mitigé dans la pratique. La direction artistique (conte de fées, cartoon), le format rapide et petit laissent penser à un jeu familial. Or, c’est à prendre avec des pincettes, car à l’exception de l’enquête de démo (non incluse dans la boîte de base), la difficulté est élevée, voire très élevée ! Sur les trois enquêtes, pas une seule réussie ne serait-ce qu’à moitié. On ne peut réunir qu’une vision parcellaire des indices à disposition. Il est difficile d’assimiler tous les liens entre les personnages, de se construire un schéma solide et de mettre en commun, surtout en temps restreint, surtout qu’il y a des pièges ! C’est donc parfois un peu le flou et la confusion. On pense avoir une idée et souvent la solution est plus étriquée. Les sensations n’en restent pas moins agréables, personne n’a regretté l’expérience autour de moi, mais je le déconseillerais aux moins de 12 ans qui peuvent en ressortir frustrés. Pour conclure, un jeu original, rapide, faussement familial, qui conviendra plutôt aux adultes ayant un esprit bien vif !

– Groule

Un jeu de Antonin Boccara
Illustré par Audrey Vellard, Claire Conan, Eliot Trouttet

 

Hades trap

Hadès n’est pas connu pour être un dieu grec particulièrement bienveillant. Nobles héros de la mythologie grecque, prenez vos armes et engouffrez vous dans le labyrinthe d’Hadès récupérer ses médaillons infernaux. Hadès trap n’est pas du tout un jeu coopératif, mais plutôt un jeu bien chafouin où faire des crasses aux autres joueurs est un impératif. Vous aurez à vous déplacer dans des salles mouvantes, affronter quelques squelettes, trouver quelques artefacts plutôt utiles et récupérer des médaillons, nécessaires pour la victoire, qui vous donneront des avantages appréciables. Mais plus vous en aurez, plus votre capacité d’actions sera limitée, ça pèse lourd un médaillon.

 

 

Et puis il y a le boss. Tantôt un minotaure, tantôt la méduse, tantôt Hadès lui-même. Et ce boss n’est pas là pour vous faciliter la tâche. Remodelez le labyrinthe, arrangez-vous pour que vos adversaires soient sur le chemin du boss, et vous vous rapprocherez de la victoire. Proposant un design retro-gaming qui lui va bien, Hadès Trap propose un challenge moins évident que ce qu’on pourrait attendre d’un jeu de cette gamme. La première partie est souvent rude pour appréhender les mécanismes du jeu. Une fois compris, le jeu devient plus tactique, presque trop, ce qui s’oppose au chaos auquel on s’attendait. La sensation jeu-vidéo est bien retranscrite. Une bonne rejouabilité est assurée par des boss très différents. Une campagne est même possible avec l’extension ajoutant de nouveaux boss (le cyclope, la licorne, le kraken, …), augmentant la rejouabilité, mais imposant de jouer avec des joueurs déjà expérimentés au jeu de base. Un jeu au final pas si facile à sortir, en raison de la première marche d’apprentissage à acquérir.

– Meeplecam

Un jeu de Michel Gonzalvez
Illustré par Sogoana
Edité par Débâcle jeux

 

The Number

Si vous pensez avoir trouvé un Turing Machine de poche, vous avez tout faux. Oui, il y a des chiffres mais cela s’arrête là, le jeu est plus simple, axé sur le guessing et l’attaque. À chaque tour inscrivez un nombre de trois chiffres sur votre plaquette. Attention, vous ne pourrez plus utiliser ces valeurs pour la suite. Si vous êtes la valeur la plus haute, marquez les points de la première valeur (652 = 6) et prenez un bonus. Si par contre quelqu’un a également un 6 ou 5 ou 2, vous êtes éliminé. Peu à peu on voit les chiffres restant et on peut mieux parier sur les possibles valeurs. Un jeu familial où l’on peut parier, anticiper et faire des coups bas. Si le jeu n’est pas amusant, il est malin, surtout si on joue nombreux.

– Morlockbob

Un jeu de Hisashi Hayashi
Illustré par Ryo Nyamo
Edité par Repos Production

 

La brigade des cauchemars – L’escape Book

 

La brigade des cauchemars est une série bande dessinée qui compte déjà 6 tomes parus chez Jungle. La narration est l’œuvre de Frank Thilliez que les amateurs de polar et thriller connaissent bien. La Brigade des cauchemars a été crée par le professeur Angus pour venir en aide aux jeunes qui n’arrivent pas à se débarrasser de leurs mauvais rêves. Quand quelqu’un a des cauchemars, on envoie l’équipe pénétrer son moi intérieur et tenter de remettre les choses en ordre. L’équipe ce sont trois gosses et le père de l’un d’eux qui reste dans la réalité afin de superviser l’opération.

 

 

Cet album pourrait être un album classique puisque le scénariste et dessinateur sont aux commandes et que la trame concerne Gaspard, prisonnier, dans ses rêves, d’un pensionnat infernal. Ambiance stressante, personnages énigmatiques et glauques, tout y est. Le plus, cette fois, ce sont les énigmes qui vont clôturer chaque double page. Si le livre est destiné aux 11/12 ans, il faudra avoir tâté de l’Escape pour parvenir à progresser. Les habitués auront plus de facilité. Force est de reconnaître la qualité de certains casse-têtes et questions, proposés au lecteur. Il ne faut pas sous estimer cette équipe. Le plaisir est au rendez-vous, aussi bien au niveau graphique, narratif (avec un message de fin qui a toute sa place), qu’au niveau ludique. Vive la Brigade !

-Morlockbob

Un jeu de Franck Thilliez, Yomgui Dumont
Illustré par Yomgui Dumont
Edité par Jungle

 

Traîtres à Bord !

 

 

À bord de votre galion se cachent des mutins, saurez-vous les démasquer avant qu’ils ne vous jettent par dessus bord ou volent votre butin ?  Ce jeu de rôle caché fait s’affronter pirates et mutins sans, bien sûr, que chacun sache qui sont ses équipiers. Grâce aux cartes butins, les pirates vont tenter de remplir le coffre d’or et atteindre, suivant le nombre de joueurs, une certaine somme (ex 6 pièces à 6 joueurs). Chacun peut poser face cachée une carte trésor et mentir sur la somme (il existe des 0 et -2). Des cartes actions permettent de refaire sa main (mais attention, une fois la pioche vidée, la partie s’arrête nette), de regarder les trois dernières cartes du coffre, d’en écarter deux ou de pousser autrui à la mer (3 cartes planches et c’est adieu).

 

On pourra discuter pour qu’un ami (mais l’est-il ?) vous aide à vider votre main négative et piocher à nouveau. À tout moment les pirates pourront arrêter la partie et compter les sous dans le coffre. Si la somme n’est pas atteinte, ils perdent. Ce petit jeu d’ambiance va assez vite et, même si on se fait éliminer le premier, on reste rarement longtemps à attendre, ce qui est un bon point. Rien de très nouveau, ni de très fourbe, on avance plus au jugé qu’à la déduction, on aurait aimé avoir plus de façons de vérifier qui ment ou pas ou, au contraire de brouiller les pistes. Au bout du compte, si le jeu n’est pas toutes voiles dehors et qu’il navigue tranquillement sur la mer de l’identité secrète, il fait son boulot de jeu familial et permet de se divertir sans trop se casser la nénette.

-Morlockbob

Un jeu de Jean-Xia Chou
Illustré par Laura Bazzoni
Edité par Savana

 

RIP

 

Opla aime la bande dessinée, et ce depuis quelques années. Au travers de quelques personnages connus, Lincoln (se met au vert), les zombies du zoo de Carson city ou La marche du crabe, l’éditeur met en situation des héros, les poussant hors des pages vers le ludique dans une gamme BD de petit format.

La bande de bras cassés de RIP n’est pas très glorieuse. Nettoyeurs de scènes de crime, se servant au passage, les différents protagonistes de l’excellente BD de Gaët’s et Monier ne sont pas vraiment fréquentables. Vous êtes pourtant l’un d’eux et, comme les collègues, vous allez tenter de faire main basse sur l’argenterie. RIP est un jeu de collection. Devant des manoirs ou des objets, chacun va poser une de ses trois cartes en main de valeur 0 à 10 pour tenter prendre la majorité. Carte visible en alternance avec carte cachée, jusqu’au moment de la révélation quand quatre cartes entourent le lieu. Là, c est le plus fort qui prend le butin. Certains objets rapportent plus selon ce que cherche le « héros » que l’on incarne. La carte 0 permet de regarder une carte/tuile manoir face cachée ou d’échanger la position de valeurs. Des cartes malus sont intégrées dans le jeu, ainsi qu’un meurtrier pour qui les malus deviennent des bonus, s’il ne se fait pas démasquer. Des variantes à utiliser avec le nombre maximum de joueurs.

 

 

RIP n’est pas mon préféré des épisodes BD de la gamme car il repose un peu trop en paix sur un principe de collection qui reste sage. Peu d’infos sur ce pour quoi ou contre quoi on se bat (manoir, valeur cachée), un peu de bluff certes, des égalités tranchées façon Stupide vautour (les cartes s’annulent et la couleur restante devient majoritaire)… trop de valeurs pour que l’on puisse tenter le guessing. L’ajout du meurtrier en mode avancé ne change pas assez la donne, tributaire lui aussi des cartes à collectionner comme ses collègues, mais permet de faire scorer les valeurs négatives. Le jeu n’ est pas une nature morte comme l’indique le sous titre de la boîte.

– Morlockbob

Un jeu de Alexandre Droit
Illustré par Julien Monier
Edité par Jeux Opla

Hitster

Hitster est un jeu de classement par année comme le fait Cardline par exemple. Il pousse cependant le bouchon du jeu de chronologie en allant plus loin que de simplement classer des dates. Enfin, oui et non, mais quand même. Le principe est de classer des chansons dans le bon ordre. Bob Dylan chantait-il blowin’ in the wind avant le Virgin de Madonna ? Bon, là c’est facile. Mais quid de all of me de John Legend et avenir de Louanne ? Ouhla là, il faut diablement s’y connaître ! Pas vraiment. Au delà d’un minimum de connaissance musicale, on n’a pas besoin de savoir qui et quand, on peut tendre l’oreille et se dire que ce type de sonorité est récente ou pas trop. Vous me direz que Kavinsky sonne très 80 et que cela peut être source d’erreur. Niark niark !

 

 

Sonorité, vous avez dit sonorité ? Oui et c’est le grand plus de ce jeu. Grâce à son QR code directement lié au site musical Spotify, on écoute le morceau qu’on est censé trouver. De Patricia Kaas à Lomepal, Jessie J à Shaggy, il y en pour toutes les générations et c’est un très bon point. On peut, si on joue avec des fans de musique ou des gens qui écoutent énormément la radio, demander le nom de l’artiste ou le titre de la chanson pour complexifier la réponse. Comme toujours dans ce type de jeu, si on chante, si on bouge son body, la partie n’en sera que meilleure.

Edité par DujardinTF1 Games

C’est tout pour ce mois, vous pouvez retrouver les premières chroniques À Quoi Tu joues ici et .
 
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4 Commentaires

  1. manu 22/11/2023
    Répondre

    Le premier A quoi tu joues n’est pas si vieux. c’était il y a 7 mois, pas 7 ans ! 🙂
    Bandeau très sympa ! Bravo Nem.

    • atom 22/11/2023
      Répondre

      Non, non, ce n’est pas une erreur 🙂
      On avait débuté cette rubrique il y a 7 ans :
      https://ludovox.fr/a-quoi-joues/
      Après plus de 15 épisodes elle a été mise en sommeil et s’est réveillée la nuit d’une pleine lune 🙂

  2. Meeple_Cam 22/11/2023
    Répondre

    Lire le texte sur Hades trap. Se dire que celui qui a écrit ça a eu le même ressenti que toi. S’apercevoir que c’est toi qui l’a écrit. Faut que je retourne dormir …

  3. Connor84 17/03/2024
    Répondre

    Concernant Hitster (j’arrive ici suite à l’interview du bass de Cocktail Games qui le recommandait), ça peut aider de préciser qu’il s’agit de radios françaises. La version belge ou québecquoise sont tout à fait différentes au niveau setlist – visibles sur le site; et à la limite, selon le cercle de jeu, il faudrait naviguer d’une nation à l’autre car on se rend compte d’à quel point on est nombrilistes et peu éclectiques en France. Dans mon cas, tant qu’il y a pas de version Couleur 3 (radio suisse de qualité euh… suisse), c’est niet.

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