D-Start : décollage immédiat pour le jeu de rôle
D-Start n’est ni tout à fait un jeu de rôle, ni tout à fait un jeu de société, c’est un petit objet astronomique dans le ciel profond de la galaxie ludique, une humble étoile brillante qui file entre ses deux mondes.
On a dans cette boîte – à seulement 35€ – de quoi ôter toute pusillanimité quant à ce formidable hobby qu’est le jeu de rôle papier. Sans en mettre plein la vue, sans une débauche d’effet spéciaux, sans des allures bling bling assourdissantes, cette boîte au contenu presque entièrement en noir & blanc est capable de jeter 2 à 6 aventureuses personnes dans l’espace d’une partie de jeu de rôle en deux heures de temps. Sans sas de décompression. Et dans le jargon, on appelle ça un tour de force.
Zéro sur votre jet d’intimidation
Le jdr vous intrigue mais vous n’avez jamais su comment vous lancer ? Quel univers choisir ? Dans quel manuel investir ?
Vous êtes un ancien rôliste qui n’a plus le temps de préparer des grandes campagnes (haa, faites des gônes qu’il disait !) mais qui a la nostalgie des belles soirées de brouettes de dés et de folles histoires entre potes ? Ne bougez pas, Fabien Fernandez a pensé à vous.
Pour 35€ (si j’insiste c’est pas pour avoir l’air d’une poissonnière qui attire le chaland mais c’est bien parce que diantre, ce n’est même pas le prix d’un seul livre de règles pour débuter dans bon nombre de jeux de rôle), vous avez ici une boîte qui vous permettra de faire une partie d’un Star Wars like, d’un Harry Potter like, d’un Z-corps like, d’un Cthulhu-like, etc. Et même quelques univers originaux, je veux dire un peu moins directement calqués sur un géant bien connu (dans le scénar « hardcore gamers » vous devez trouver la sortie d’un jeu vidéo de style med-fan dans lequel vous avez été aspirés).
10 scénarios, 10 univers différents, bien typés. Un petit buffet pour goûter à tout. Et on a même un écran de maître, pour faire comme les vrais meujeu.
Il est clair que Fabien Fernandez n’est pas un garçon à qui il manque de l’inspiration. S’il est allé chercher des références hyper célèbres, aussi évidentes, c’est dans un pur esprit didactique, pour vous aider à vous y retrouver en moins de 5 minutes. Et ça fonctionne. On se base sur des connaissances déjà acquises pour gagner du temps et sauter dans le bain sans se mouiller la nuque. Grands fous que nous sommes ! Oui mais pas de panique, l’eau est bonne.
Quoi t’as 2h et t’as jamais fait de jeu de rôle ? Non mais allô quoi !
Le background, check. Reste les règles et la création de perso.
D-Start ne va pas vous demander de caler une soirée pour écrire 10 pages sur votre avatar. Ça c’était avant, au temps où vous pouviez jouer toute la nuit et vous présenter devant Dumbledore frais comme un gardon le lendemain. On sait que vous avez un bébé qui vous empêche de dormir la nuit maintenant. Picasso disait « quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge ». On s’adapte et on reste ouvert d’esprit.
Taadaaaa ! Votre fiche de perso est déjà prête, elle tient en deux caractéristiques.
Accrochez-vous, c’est le début de la partie compliquée : Tout ce qui est lié au physique (force, endurance…) du perso rentre dans la case “physique” et tout ce qui est lié à son mental (intelligence, sagesse…) rentre dans la case “mental”. Quoi ?
Pourquoi diable avoir fait si simple ?
Peut-être que parce que ça marche… ?
Ajoutez à cela deux avantages (par exemple “informaticien” signifie que votre héros sait se servir d’un PC, pirater un réseau, ce genre de choses), et deux désavantages (par exemple “bruyant” veut dire que vous ne savez pas être discret). On finalise avec 8 lignes de background, autant sur votre équipement de départ et c’est parti mon kiki. Un joueur qui n’a jamais frôlé une fiche de perso de sa vie saura tout de suite s’y retrouver, tout aussi bien qu’un rôliste plein de cicatrices et d’anecdotes à base de vieux nain briscard ayant soulagé sa vessie dans la gourde de son collaborateur elfe.
Réducteur ? Certes mais considérez plutôt ça comme une base. Libre à vous de la raffiner si vous avez le talent et le sens de l’improvisation. Si non, le fait d’avoir quelque chose de simple vous évitera de vous perdre dans les méandres d’un personnage sibyllin. De toute façon, on est là pour une partie one shot d’1h30. On ne se lance pas dans une campagne qui va durer 7 ans avec un avatar évolutif, des sombres secrets et un grand destin tragique à accomplir. Donc notre petit gars « Skott » qui est une sorte de Luke Skywalker au teint bronzé ou la miss Phoebe qui n’est rien d’autre qu’une Hermione new look, ça ira bien pour passer la soirée. En plus, eux ont droit à une petite illustration en couleurs. On est gâtés. Bon, ils n’avaient pas Xavier Collette ou Simon Stålenhag sous la main, c’est sûr. Mais bon sang, pour 35€ (oui, je sais, je sais) regardez ce que vous avez :
Dans l’antre de la bête
On en vient aux règles du jeu. Le principe d’un jeu de rôle, la gestion de la difficulté des actions (des tests de difficulté basés sur la caractéristique “physique” ou “mental” – sorte de D6 système hyper simplifié -), les combats (si l’attaquant fait plus que le défenseur, la différence entre les dés indique le nombre de dégâts), la santé et les conseils sur la narration… tout le corpus tient en 10 pages.
Un Narrateur ou “Maître du jeu” (MJ) connaît l’histoire et tous ses secrets. Il la raconte aux autres et gère l’interaction des joueurs avec tous les personnages du scénario. Chaque scénario est un livret complet de 8 pages qui détaille le contexte et les enjeux de la partie. Le Narrateur se base sur ce livret mais il devra aussi parfois improviser un peu, en fonction de l’orientation qu’il souhaite donner à la partie et des actions de ses joueurs. Au fur et à mesure de la partie, dans certaines conditions de stress, les joueurs gagneront de nouveaux dés spéciaux, plus explosifs, qui augmenteront les chances de succès et d’échecs de façon plus spectaculaire. Ces dés rouges ont des faces “double réussite” mais aussi des faces “échec”, ces faces-là n’existent pas sur les dés blancs et ont pour effet de soustraire des succès du résultat. Un scénario peut aussi présenter quelques menues règles spéciales, selon les cas. Par exemple, le scénario “L’école des Mages” ajoute quelques petites règles simples sur l’utilisation de la magie. On a même des règles de création de personnages et un paragraphe qui nous encourage à écrire nos propres scénarios. 10 pages en noire et blanc, sobres, aérées, aussi simples et limpides qu’une recette de clafoutis. Alors bien sûr, les fines bouches de l’art ne s’en satisferont pas aussi facilement. Oui, un gravity cake avec deux types de génoise entièrement badigeonné à la paille de chocolat fondu, ça fait tourner la tête des amateurs, plus qu’un clafoutis. Certes. Mais pour citer mon philosophe préféré : “T’as déjà rencontré quelqu’un à qui tu dis : « fais péter le clafoutis ! », et qui te dit, « j’aime pas le clafoutis » ? Il n’y a rien de plus clafoutant que le clafoutis.” Je crois que ce que j’essaie de dire c’est que les recettes simples, conviviales et goutues ont bien des qualités qu’il convient d’honorer elles aussi. D-start est convivial sans être trop convenu, simple sans être trop simpliste. Et puis on a même une touche un peu surprenante, l’ingrédient spécial dans la recette. L’amour, bien sûr. Mais non, je veux parler des Meta dés. Ils me rappellent un peu les dés Faktor de Metal Adventures. Sorte d’incarnation du karma galactique, ils permettent de créer une tension qui va crescendo dans la partie. Toutes les demi-heures, et dès qu’un héros affronte un danger particulièrement stressant ou se prend une mandale, paf, un dé rouge custom tombe du ciel, fendant l’azur telle une météore sanglante dans le ciel de Westeros. Ce dé spécial double les possibilités d’échec et de réussite des protagonistes autour de la table. Au début, les joueurs débutent avec une sombre réserve de dés blancs, tout tristounes, un peu incapables. Au fur et à mesure que la partie progresse, le stress grimpe, le palpitant s’accélère, et vos réserves de dés rougissent, s’agrandissent, et tout devient plus fou, plus imprévisible. Vous ne vivrez peut-être pas l’évolution de votre héros sur une campagne de 7 ans, mais cette partie-là, aussi one shot soit-elle, le verra progresser à vive allure. On a une qu’une vie. Let’s make it count. Vous naviguiez dans un nuage de poussières interstellaires sans savoir où atterrir. Bien des constellations attrayantes au loin vous faisaient rêver. L’appel de Cthulhu, Donjons et Dragons, Pavillon Noir… Bien sûr, les étoiles doubles, c’est magnifique, mais elles nécessitent de puissantes jumelles. Et du temps pour les atteindre dans le fond du ciel. D Start n’est certainement pas la plus belle nébuleuse de la Voie lactée ludique, mais elle perce, même par temps sombre. Allez savoir, cette lumière-là est peut-être celle d’une étoile en formation. Tous les articles de Shan Vous voulez vous lancer dans le jeu de rôle ? Connaissez-vous Les chroniques Oubliées ? Les quatre de Baker Street, un jdr qui s’adresse aux non-rôlistes En savoir un peu plus sur les règles D-Start
Chaque joueur va choisir un héros avec sa fiche de personnage. Les caractéristiques permettent d’évaluer les capacités d’un héros et régissent ses actions. Quand une situation impose un test, on lance autant de dés blancs que la caractéristique concernée l’indique. Plus on obtient de succès, plus on est capable de réaliser une action difficile. Avantages et désavantages des perso pourront ajouter bonus ou malus dans certaines circonstances.
YOLO Quoi !
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Alendar 14/09/2017
Merci pour cette découverte: le point d’entrée idéal pour les enfants / jeunes ados ?
Shanouillette 15/09/2017
tout à fait !
Antyova 15/09/2017
Merci pour cette découverte dame Shanouillette!
J’ai eu du mal à trouver une boîte, heureusement ma boutique préférée a pu m’en commander un exemplaire. Ouf!
J’ai hâte de la recevoir et de la faire tester aux bénévoles de ma ludothèque. Ça fait un bout de temps que je souhaite faire des démonstrations courtes de JdR dans mon entreprise le midi, et ça semble être l’outil parfait. Alors merci encore d’avoir mis en lumière ce projet (je ne comprend pas le silence radio qu’il semble y avoir autour de lui, même le site de Matagot n’en parle pas!).
Shanouillette 15/09/2017
Oui c’est une sortie pour le moins discrète. Tu nous diras comment ça s’est passé !?
fouilloux 15/09/2017
Tiens ça a l’air sympa.
Shanouillette 15/09/2017
ouais j’ai trouvé 🙂
Alendar 16/03/2018
Finalement, on n’en entend presque pas parler…
Des retours?