CS-Files (connu également sous son nom Deception: Murder in Hong Kong) est l’un des jeux préférés de Tom Vasel (Dice tower) : déjà rien que pour ça, il devrait intriguer les lecteurs de Ludovox. 

Dans la fournée Essen 2015, un des émissaires de notre association l’a ramené dans ses bagages, et j’ai eu l’occasion d’en jouer quelques parties. Pour préambule, je dois vous avouer que les jeux à rôles cachés et les jeux avec de la tchatche, ce n’est pas vraiment pour moi. Mais ici, je n’ai pas ressenti de problème.

La première fois que j’y ai joué, on me l’a décrit comme « un Mystérium avec un traître ». Je ne suis pas complètement d’accord, mais je trouve que c’est la description la plus approchante. Nous allons voir tout ça. CS-Files est un jeu qui se joue de 4 à 12 joueurs mais il gagnera en intérêt avec le nombre de participants.

Un joueur que je vais nommer l’expert scientifique sera le maître du jeu, il va tenter de faire deviner aux autres joueurs le coupable du crime atroce qui vient de se produire. Pour cela, il va devoir le faire sans communiquer, juste avec des éléments qu’il va tirer au hasard. Les autres joueurs ont des rôles cachés, la majorité sont des enquêteurs mais le criminel se cache parmi eux (avec son Complice si vous êtes assez nombreux) et il va falloir le démasquer.

Si les enquêteurs dénichent le criminel ils ont gagné tous ensemble, sans quoi, c’est le meurtrier qui gagne avec son éventuel Complice. Bon ça, c’est pour l’explication succincte, maintenant regardons de plus près…

Un Mystérium avec un traître, vraiment ?

Alors, comment ça marche ? D’abord, on distribue à chaque joueur 4 indices et 4 armes du crime que l’on positionne de sorte qu’elles soient visibles par tous.

Ensuite, on fait le tour des joueurs et on énumère les cartes que l’on a devant soi.

Les cartes que l’on a tous devant soi, sont des armes du crime et des indices laissés sur la scène du crime.

En bleu arme du crime ou moyen du crime. En rouge l’indice laissé sur les lieux.

On distribue une carte à chaque joueur, et une fois que tout le monde a pris connaissance de sa carte, tout le monde ferme les yeux et l’expert scientifique va appeler dans l’ordre :

• Le meurtrier et le Complice, le meurtrier va désigner une de ses cartes armes ainsi qu’une de ses cartes indice, parfois aidé par le Complice. Le mieux étant de choisir en fonction des cartes indices et armes que les autres joueurs ont sur le plateau, car pour endormir la vigilance des autres joueurs (les enquêteurs) il faudra les envoyer sur de fausses pistes. Le Complice peut tout à fait chercher à endosser le crime, car les enquêteurs gagnent s’ils accusent le meurtrier avec la bonne arme et le bon indice, mais pas si c’est le Complice.
• Ensuite, l’expert scientifique appelle le Témoin, et il lui montre le meurtrier et le Complice, mais il ne sait pas qui est qui et avec quoi le coupable a commis son odieux crime.

Seul l’expert scientifique sait qui est le tueur, il a tous les éléments de l’enquête et il va tenter de diriger ses enquêteurs dans la bonne direction, ceci sans parler ! Uniquement avec des plaquettes indice.

Un crime horrible vient d’être commis…

Enfin, tout le monde ouvre les yeux et l’expert scientifique va diriger l’enquête pour coincer la crapule qui a osé commettre ce meurtre effroyable. Tous les enquêteurs vont chercher la solution, mais bien sûr un climat de suspicion règne car le meurtrier est parmi eux.

Commence la collecte des indices

L’expert scientifique va tirer une première plaquette indiquant la cause de la mort et poser un marqueur balle sur la proposition qui semble convenir.

Notre victime est morte de « blessures sévères ». À priori on peut enlever les objets contondants, les poisons ou assimilés, les bactéries, les fumées… Avec cette première information on peut commencer à faire du tri et certains joueurs seront innocentés.

Ensuite, il choisit parmi 4 plaquettes pour indiquer le lieu du crime… (C’est le seul moment où on a le choix dans les plaquettes).

Nous apprenons donc que le meurtre s’est passé dans les « bois ». Le meurtrier commence à sentir la sueur couler de son front, en regardant les cartes chez tous les joueurs… Mais pas de panique, d’autres joueurs ont aussi des cartes qui peuvent évoquer les bois : quelques animaux, un cafard, du « bois » justement, des feuilles. Le Complice déjà commence à indiquer les différentes possibilités tout en essayant de diriger vers un dénommé Matthieu qui ferait un coupable idéal. Il a un « serpent » dans ses cartes, mais on lui fait remarquer que dans ce cas-là ça serait un empoisonnement et non une blessure sévère. Zut ils n’ont pas mordu a l’hameçon… Comme c’est un bon Complice, il reconnait humblement son erreur, n’insiste pas. En fait il joue son rôle d’enquêteur à merveille. Je suis le tueur, j’ai choisi de me taire et de me fondre dans le paysage.

Ensuite, l’expert va tirer 4 plaquettes au hasard qui peuvent indiquer (entre autres) :

• La personnalité de la victime
• L’état de la scène
• La durée du crime
• Le motif du crime
• L’impression générale
• Le travail de la victime
• Sa corpulence
• Les relations sociales de la victime.

Les nombreuses plaquettes différentes.

Moi, je me marre, selon notre expert scientifique le « temps » sur le lieu du crime était humide, je ne vois pas trop en quoi cela va les aider, la nature du crime ne change pas vraiment qu’il fasse beau ou mauvais temps, dans ce cas précis du moins. Ah là, ils vont galérer pour me trouver, d’ailleurs je sens la consternation gagner les enquêteurs, consternation que je feins aussi bien entendu.

L’expert scientifique continue et tire une autre plaquette, l’impression générale du crime. Le crime selon notre expert était cruel !  Oula, je tressaille, l’étau se resserre, mais il reste là aussi encore des choses qui peuvent évoquer la cruauté, le « blender » par exemple… Le problème étant que ça va être difficile à connecter avec l’indice « bois » …

La victime est morte avec une expression de souffrance, certains commencent à penser que le « chien » dans mes cartes ferait une bonne arme du crime. Oui, ça sent pas bon pour moi, mais Ludovic est sur de lui et pense que c’est chez Matthieu que se trouve la solution, et malgré lui, il dirige les autres joueurs vers une fausse piste. Là encore, je feins l’étonnement : ah oui,pourquoi pas… Je ne sais pas pourquoi mais personne ne fait confiance à Matthieu, peut-être parce que c’est un menteur patenté, mais là, je dois avouer qu’il est innocent… et vous savez pourquoi je le sais ? Parce que c’est moi le coupable, gniarkk ! ^^

La dernière plaquette, l’expert scientifique me qualifie comme étant arrogant, alors bon, j’avoue que ça me rend bien service. Je vais peut-être m’en sortir finalement, car je n’aurais vraiment pas dit cela, je crois qu’il s’agit d’un mauvais diagnostic.

Une fois les 6 plaquettes indices sorties on commence à avoir une idée de la psychologie du tueur, son modus opérandi, ce qu’il a laissé sur le lieu du crime. Et chaque joueur peut utiliser sa médaille pour cibler un joueur et une carte de chaque.

Coupable !

Toutes les plaquettes indices ont été révélées on peut donc passer à la résolution du crime.

Chaque joueur a une médaille et il peut l’utiliser pour viser un joueur, une arme et un indice, puis il se tourne vers l’expert scientifique qui lui dit si c’est bien ça ou pas.

• Si c’est correct, alors l’enquête a été résolue,
• Si c’est une erreur, on continue, mais le joueur qui aura utilisé son insigne pourra discuter avec les autres joueurs, tenter de les convaincre, mais c’est tout, il ne pourra plus cibler une personne.

Quand tout le monde a utilisé son jeton médaille, et si le coupable n’a pas été appréhendé, alors le tueur s’en sort impunément et il a gagné contre tout le monde.

Ici chaque joueur dépense son jeton. Mon Complice et moi-même les avons bien piégés ! Je crois que j’ai repéré le témoin, ça peut me servir pour la fin. En plus, ils ne semblent pas l’écouter, je crois que je vais m’en tirer grâce à l’incompétence des enquêteurs, héhé… Il faut croire que le crime était parfait.

J’avais choisi le chien fou et les jetons de poker.

Mince ! J’ai parlé un peu vite, je crois que quelqu’un a fait le lien… Mais il a déjà utilisé son jeton, il essaye de convaincre le joueur en question… Qui finit par le suivre.

Bon je suis démasqué, sur le fil, mais j’ai encore une chance ! Si je vise le témoin et que je le refroidis, alors mon meurtre sera impuni : plus de témoin plus de procès ! Et j’ai repéré Julien qui depuis un moment a un comportement suspect.

J’ai une balle, une seule :

– Bang ! bang ! Je le tue froidement, c’était bien le témoin ! Héhé, I’m the boss.

Hey mais au fait, que s’est-il passé dans la tête de notre expert scientifique…?

Il nous a raconté une histoire, l’histoire d’un meurtre horrible dans les bois, un corps déchiqueté par de blessures sévères, probablement causées par un chien fou, lâché sur notre pauvre victime. Le crime était cruel. Le temps humide, bon, ça nous donne pas plus d’indications. En décrivant le tueur comme arrogant, il pensait diriger les enquêteurs sur un joueur de casino, mais peut-être aurait-il dû choisir « greedy » (avide). Oui ce n’était peut-être pas le meilleur choix, mais n’oubliez pas que l’expert fait avec ce qu’il a et il n’est pas l’abri d’erreurs. Et puisque vous êtes si malin, à vous de jouer ! Vous aller voir que ce n’est pas si facile.

Bilan : Autopsie de CS-Files

Une partie se joue en 15 à 20 mn et plus on est, mieux c’est. Si la partie dure trop longtemps, je conseille de mettre un timer.
Cela a l’air facile comme ça, les deux principaux éléments (la cause de la mort et le lieu du crime) sont choisis, on part donc sur des bases stables, mais le reste est tiré au hasard et ça peut ajouter une bonne dose d’imprévus. L’expert scientifique compose avec ce qu’il a, et souvent il aimerait parler quand il voit que ses enquêteurs ne vont pas dans la bonne direction, mais il ne peut pas..!

Le tueur (et son cher Complice) doivent évidemment profiter des bévues des autres, s’engouffrer dedans, mais parfois ils auront à s’accuser l’un l’autre sinon ils risqueraient trop d’éveiller des soupçons… ou alors ils peuvent choisir de se taire. Plus on parle, moins on est à l’abri de se faire coincer. Mais se faire trop discret peut vite paraître suspect. Repérer le témoin peut nous sauver.

Comme une partie dure 20 minutes, en général on en refait une derrière, et il y a d’ailleurs suffisamment de cartes indices et armes du crime ainsi que de plaquettes différentes pour que les parties ne se ressemblent pas.

Comme je le disais en introduction, les jeux de tchatche ce n’est d’habitude pas pour moi, mais ici je peux m’en sortir, balader les autres – et d’ailleurs je ne le dis pas trop fort, mais je m’en suis souvent sorti quand j’étais le meurtrier. 🙂

En ce qui me concerne, c’est un jeu que je vous recommande, surtout si vous réunissez beaucoup de joueurs. Le conseiller auprès des amateurs de Mysterium, pourquoi pas, mais les deux jeux sont différents en terme d’ambiance. Dans le premier, on est dans du pur coopératif, avec de la déduction et on joue dans le calme. Dans CS-Files on discute, on épie les autres, le climat de suspicion règne en maître…

Finissons sur une bonne nouvelle : Iello le traduit actuellement et la sortie est prévue pour pour Juin 2016 ! [Mise à jour : date repoussée à septembre]

Il était présenté à Cannes chez Iello.

CS-Files

Un jeu de Tobey Ho
Illustré par Ari Wong, Tommy Ng
Edité par Grey Fox Games, Jolly Thinkers
Pays d’origine : Chine
Langue et traductions : Anglais, Chinois
Date de sortie : 12-2015
De 4 à 12 joueurs
A partir de 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 20 minutes

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