Dans la veine de l’édito sur les boîtes de jeu et des divers financements participatifs pour ranger et transporter vos j2s préférés (Canopy et Gamefolio), nous allons vous parler aujourd’hui d’un sujet qui divise au moins autant que l’affaire Dreyfus en 1899. Sans exagération. Le thermoformage, donc. Celui que l’on aime détester.

Vous savez, ce gros plastique moulé au fond de votre boîte, celui qui est censé accueillir tout votre matériel de jeu ? Celui dont les tuiles s’échappent dès que vous le mettez à la verticale ? Voilà, lui.

Voici ce que l’ami Wiki en dit :

Le thermoformage est une technique qui consiste à prendre un matériau sous forme de plaque (verre, plastique…), à le chauffer pour le ramollir, et à profiter de cette ductilité pour le mettre en forme avec un moule. Le matériau redurcit lorsqu’il refroidit, gardant cette forme. Dans le cas du thermoformage plastique, le matériau utilisé se présente le plus souvent sous forme de bobine, dès que l’épaisseur avant thermoformage se situe sous deux millimètres.

Le thermoformage a un coût ; un éditeur nous disait que ça montait jusqu’à un euro. Effectivement, il faut fabriquer le moule, chauffer la matière première, la faire refroidir et prendre sa forme finale, l’insérer dans la boîte… Si vous vous demandiez pourquoi la gamme Petits Jeux de Bombyx a tout le temps le même thermoformage, même quand ce n’est pas nécessaire, la voici : il faut tout simplement rentabiliser le moule ! Ainsi, le thermoformage a un prix de revient plus abordable.

Tout Dark Gothic rentre dans la boîte de l’extension ! (sans protège-cartes)

Ses inconvénients paraissent évidents : quand votre jeu possède des extensions, tout le contenu additionnel rentre-t-il ? Et quid des protège-cartes ? Si vous voulez en mettre, vos paquets sont plus larges, plus longs et plus épais. Est-ce que ça rentre avec ? Comment s’organiser pour que les jetons ne valsent pas dans la boîte dès qu’on l’a déplace ?

Elysium essaye d’y remédier avec le fronton du temple qui vient couvrir les casiers à jetons, Lords of Waterdeep (voir ci-dessous) en ayant une boîte sans espace additionnel disponible. Et puis il y a des casseroles, tellement aisées avec un matériau aussi casse-gueule. Le thermoformage de Via Nebula, par exemple, est connu pour ne pas fonctionner correctement (et le SAV Asmodée en a distribué de meilleurs aux boutiques pour qu’elles les donnent aux acheteurs). À tel point que la plupart des personnalisations de boîte servent à retirer le thermoformage et à le remplacer par des rangements amovibles plus pratiques pour le rangement et la mise en place. Et certains utilisateurs se filment en train de maltraiter divers inserts plastiques… C’est dire les émotions que suscite ce fond de boîte.

Combien de sachets pour tout faire tenir sans le thermo ?

Pourquoi en produire, si tant de joueurs les haïssent et qu’ils coûtent cher ? D’abord, parce qu’ils ont un côté pratique pour tout le monde, et parce qu’il faudrait parfois d’autres matériaux sans doute moins attirants pour l’œil ou faciles à manipuler, et pas forcément moins chers (cf. la boîte de Dominion, plus haut). Ensuite, il participe à l’expérience utilisateur. Imaginez jouer à Elysium (encore lui !) avec des sachets de pions plutôt qu’avec le thermoformage en forme de temple grec ? La mise en place du jeu en est facilitée, les composants ne se mélangent pas, et on s’y croit avant même d’avoir expliqué les règles. Un avantage non négligeable du thermoformage est aussi de standardiser la taille de boîte. Parfois, on aura l’impression d’acheter un gros jeu pour ne trouver au final qu’un petit nombre de cartes. Cela peut paraître malhonnête, mais tous les jeux n’ont pas le même coût : Illustrations nombreuses ? Matériel pléthorique ou de qualité supérieure ? Éléments complexes à réaliser ? Et temps de développement – qui se compte parfois en année – ? Voilà des choses qui entraînent une augmentation des coûts, et qui peuvent justifier une plus grosse boîte, pour un plus gros prix. L’avantage de la grosse boîte, c’est aussi une place plus imposante sur les étals, dans les boutiques. Tous les moyens sont bons pour sortir du lot dans la jungle des sorties. 

Lords of Waterdeep, un des thermos les plus réussis.

Mais on a d’heureux développements, et le thermoformage, comme la boîte, participe de plus en plus au jeu. Notons le cas particulier de T.I.M.E Stories, dont le thermoformage peut servir de sauvegarde pour enregistrer l’état du jeu à un point donné. Malgré la fragilité du plastique, c’est un très bon essai. Ce territoire ludique ne demande qu’à être défriché !

Nous ouvrons ici le concours officieux du meilleur et du pire thermo ! De mémoire de joueur, quels sont vos pires et meilleurs souvenirs ?

Rendez-vous dans les commentaires !

• Des Just Played en pagaïe (oui oui) avec Potion Explosion, au matériel dément, l’irrévérencieux Focus et un rejeton de Kickstarter assez improbable, Fast & Furious. (On n’a pas encore Fast & Ftaghn, mais sérieusement…)
• L’Alchimie du jeu, grand festival toulousain, a fermé ses portes. Un bénévole (Atom !) vous raconte tout et donne ses impressions sur Oceanos (le prochain Bauza, dont vous parle aussi Shanouillette) ainsi que The Million Club (Playad). Et parallèlement Morlockbob nous raconte tout sur les Inventeurs, la suite spirituelle des Bâtisseurs, par Fred Henry.
• Une nouvelle chronique BD arrive sur le Vox. Bienvenue !
• Le monde du jeu mute inlassablement, et la tendance est aux adaptations de jeux vidéo. Cette semaine, on met les lumières sur Plague, inc., où l’on joue un virus désirant s’étendre !
• En parlant évolution, la parité commence doucement à se faire et la GenCon accueillera 13 femmes sur 25 invités d’honneur. Un gros progrès !

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