Wyrmspan : Domptez le dragon
Wingspan de Elisabeth Hargrave est sorti en 2019 et a connu un succès retentissant puisqu’il s’est vendu et continue à se vendre à des milliers d’exemplaires. Un jeu à moteur dans la lignée des Splendor, Century, Ganymède, etc avec donc une mécanique relativement simple et un thème naturel, les oiseaux.
Si aujourd’hui les thèmes nature sont surexploités, ce n’était pas le cas au moment de sa sortie, et il soufflait comme un vent de fraîcheur, avec ces oiseaux que l’on place dans différents habitats. Le travail d’illustration et informatif étaient les bienvenus. Enfant, les oiseaux me fascinaient, j’avais même émis le souhait de devenir ornithologue, c’est dire, et si les copains geeks restaient froids sur ce nouveau thème, moi au contraire il m’enchantait.
Bref à l’époque, j’avais acheté une boite, mais après quelques parties, j’ai un peu déchanté, ho pas sur l’univers, mais plus sur la mécanique ou plutôt des éléments mécaniques, car en réalité on ne peut pas dire que c’est un mauvais jeu, mais il ne m’a pas enchanté, et en terme de jeu à moteur, je garde une large préférence pour la précision horlogère d’un Splendor, ou la mécanique combinatoire d’un Ganymède.
Quand Wyrmspan a été annoncé, j’ai d’abord été plus froid, le thème des dragons ne m’attirant pas autant que les oiseaux. En revanche, en analysant un peu la mécanique à travers les règles (voir notre preview), j’ai pressenti quelques évolutions intéressantes qui pourraient être à même de me convaincre. (On dirait une introduction à la TSR ^^).
Chaque joueur débute avec 2 cartes Dragon et 2 cartes Caverne.
Rentrons dans la tanière du dragon
Partons aménager nos tanières, les excaver pour accueillir des dragons et dragonnets, et explorer les cavernes durant 4 manches, chacune se clôturant par un décompte de majorité sur une condition.
La structure du jeu est pratiquement la même que Wingspan : à votre tour vous réalisez une action parmi trois, et l’on passe au joueur suivant. Première différence, nous n’avons pas des cubes en bois en nombre défini mais nous débutons chaque manche avec 6 sous, chaque action réclame une pièce, mais on peut éventuellement trouver le moyen d’en gagner pour faire plus d’actions. La structure d’une manche s’en trouve différente, de plus on peut très bien décider de passer pour garder des pièces pour la manche suivante.
Pour vous rafraîchir la mémoire, je vous invite à visionner le ludochrono de Wingspan présenté par Alex qui vient de rejoindre l’équipe 🙂
Plateau personnel
Notre plateau personnel est divisé en trois lignes représentant les habitats de nos dragons ; on ne peut pas placer un dragons dans un habitat qui ne lui correspond pas. Deuxième point, il faut excaver la grotte avant d’y placer un de ces monstres majestueux.
Jouer des cartes Dragons, Excaver qui permet de jouer des cartes Caverne et remporter les bonus de celles-ci, et Explorer en envoyant nos explorateurs dans ces cavernes, voila nos trois actions possibles.
L’exploration est un peu la mécanique la plus ludique du jeu, vous payez une pièce que vous placez sur votre plateau et vous déplacez votre explorateur de gauche à droite en déclenchant tous les effets sur le plateau mais aussi les cartes Dragons. C’est ici qu’il faudra bien réfléchir à l’ordre de pose de nos dragons pour bien bénéficier de leurs effets. Plus vous jouez de dragons dans la même caverne (Caverne Cramoisie par exemple), et plus vous déclenchez d’effets juteux. Effets que vous aurez envie de déclencher à nouveau en renvoyant votre explorateur refaire le même pèlerinage. Oui, sauf que la deuxième et la troisième fois ça coûte plus cher, c’est là qu’il vous faudra des œufs.
En omelette ou à la coque ?
Dans Wingspan, les œufs sont surtout un moyen de gagner des points de victoire, soit par leur seule existence (1 point par œuf en fin de partie), mais aussi avec les objectifs de fin de manche. Il n’est pas rare qu’en fin de partie on se contente juste de l’action de pondre, car plus lucrative en point de victoire.
Ici aussi, les œufs rapportent des points, mais ils servent également de coûts, et ça change tout, ou presque. Dans une session avec mon camarade, on pestait l’un et l’autre pour arriver à gagner des œufs, c’est une denrée qui peut se faire rare, dont on peut avoir besoin parfois. Mine de rien cet ajout là tend le jeu et le rend plus intéressant. C’était un des gros griefs que j’avais sur la version avec les piafs, et dans Wyrmspan c’est mieux, sans conteste, surtout pour un public plus gamer.
Le plateau avec les cartes Caverne et les cartes Dragon.
Un travail a été réalisé sur les cartes avec de nouveaux effets, les cartes objectifs de fin de manche sont remplacés par quelques cartes dragons qui donnent des points en fonction de son plateau, de leur positionnement etc. D’autres encore vont avoir un effet de fin de manche, plus vous le posez tôt et plus c’est intéressant. Les Dragonnets ont des effets qui vont évoluer à chaque déclenchement, la troisième et dernière fois étant plus puissants.
Quelques Dragons
La guilde des dragons extraordinaires
Une nouvelle mécanique s’est ajoutée : les Guildes. Certaines actions nous permettent de déplacer notre marqueur guilde et à nous les ressources gratuites, les œufs, les cartes, et les pièces. En atteignant ou dépassant certaines seuils, on peut déposer des cubes à notre couleur pour déclencher des effets plutôt puissants, jugez en vous-même : par exemple avec la guilde des plaines, je peux payer un œuf, piocher une carte Caverne et la jouer gratuitement ou bien en payer deux pour jouer gratuitement une carte dragon.
Le plateau Guilde
Vous avez le choix en fonction de votre stratégie, en revanche, certaines sont limitées au premier, choisir, renoncer tout ça tout ça. Et comme il existe plusieurs plateaux Guilde, cela offre une certaine variabilité (différente de rejouabilité ^^).
Les dragons mieux que les petits oiseaux ?
Le travail d’édition est excellent, les informations nécessaires sont présentes sur nos plateaux, les cartes sont bien organisées et l’ergonomie est parfaite. Vraiment rien à redire de ce côté là. Les illustrations de Clémentine Campardou sont sobres et plutôt jolies, mais ça manque d’âme, de personnalité, je joue sans m’en soucier, bref je préfère celles de Wingspan. La mangeoire à dés ressources avait une belle présence, mais n’avait aucun sens mécaniquement, et je ne regrette absolument pas son absence.
En fin de manche, on a une tuile qui donne des points au premier selon une condition, par exemple, avoir le plus de dragon joueur, c’est très soumis au hasard et à l’opportunisme. J’ai eu la chance de piocher le bon dragon qui colle bien à mon jeu. C’est quelque chose que je n’appréciais pas dans Wingspan et que je n’apprécie toujours pas sur la version saurien. On a apprécié la mécanique de pièces qui servent de compteur de tours, mais qui peuvent aussi être une ressource pour certains dragons qui rapportent beaucoup de points.
Au final, Wyrmspan est mieux en tout point, au prix d’un tout petit peu de lourdeur. Le jeu est plus tendu, les œufs étant une ressource, il faut apprendre à les gérer, à en produire pour réussir à s’en sortir. Les combos sont plus intéressantes à planifier avec notre meeple explorateur ou la mécanique de guilde qui peut avoir des côtés satisfaisants. On a aussi un plus grand espace de décision et une bien plus grande variabilité.
Malgré tout cela pour moi qui n’avait pas adoré Wingspan, et bien sans surprise, je n’ai pas le coup de cœur non plus pour sa version dragon, cela reste une version 2.0. On est toujours dans un exercice solitaire à plusieurs, si bien que je ne me vois pas y rejouer à plus de trois, deux restant la configuration idéale. Pour amener une comparaison qui reste discutable, j’ai été plus convaincu des différences entre Farshore et Everdell que l’évolution de ces deux là. Si en revanche vous avez aimé la version petits oiseaux, il y a quand même des chances que cette version vous plaise, car on retrouve le même ADN avec quelques ajouts plus experts.
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