Varuna : We all dive in a blue submariiine

Varuna de Matthieu Verdier est la suite de Demeter, un jeu que j’ai poncé tant et plus encore l’année passée (Test en guise de preuves). Contre toute attente, je l’ai sorti principalement en mode solo, surtout à cause de la situation sanitaire, mais aussi parce que l’on peut en jouer une comme ça au fil de l’eau, au petit matin, en buvant son café.

Demeter, brûle-neurones ? Oui, surtout car nous n’avons que 12 tours pour tout agencer au mieux et marquer le plus de points de victoire en enchaînant les combinaisons les plus audacieuses afin de faire péter les scores.

Lancer une suite était un défi osé. Que va donc apporter cette nouvelle version ? Ne risque-t-on pas d’y ressentir de la lassitude en retrouvant l’ADN du jeu originel ? Varuna se devait de proposer un autre challenge, un peu comme les Très futé ou bien les Welcome.
Mais Demeter étant déjà assez corsé, n’allons nous pas perdre les joueurs dans une difficulté abyssale en relevant trop le niveau ?

 

Pitch à l’eau

L’éditeur continue de tracer un fil rouge entre ses créations, puisque l’on retrouve l’univers de Ganymède (et son extension) et un hommage à peine voilé pour The Expanse la série de science-fiction. Cette fois, nous quittons l’astéroïde Demeter pour nous rendre sur la seconde lune de Demeter composée à 89% d’eau, elle fut prénommée Varuna en hommage au dieu des océans.

Demeter, rappelle-toi … 

Demeter nous proposait une exploration d’un astéroïde sous forme de flip and write. Un astre avec de la vie, même des dinosaures, on y construisait des observatoires, tout cela afin de marquer des points de victoire dans un défi neuronal intense.

 

Dessine moi un sous-marin

La feuille de Demeter était intimidante ? Celle de Varuna ne l’est pas moins, il faudra l’apprivoiser. Connaître Demeter est un gros plus, il ne faudra pas se le cacher. On retrouve les fondamentaux : nos “papattes” de dinosaures, les sonars remplacent les observatoires, les flèches nous permettant de gagner des bonus, des points de victoire, etc. Plus de pistes de technologie, mais on pourra améliorer son sous-marin, son sonar ou ses découvertes (les flèches) et gratter des bonus.

 

 

Cette fois, il faudra plonger dans les profondeurs pour découvrir de nouvelles espèces. C’est le premier gros changement par rapport à Demeter, au début on est sur la surface de l’eau et l’on ne peut découvrir qu’une seule espèce. Pour pouvoir espérer découvrir de nouvelles espèces, nous utiliserons le sous-marin. On pourra aussi s’aider du sonar qui nous ouvre de nouvelles zones à cartographier. C’est le premier gros changement par rapport à Demeter, puisqu’on n’a pas accès à toute la feuille d’entrée de jeu.

Si Demeter se démarquait par sa grande liberté, ici on est restreint par notre choix de départ et il faudra donc user du sous-marin (tracer un trait) pour plonger dans les eaux profondes. Paradoxalement cette absence de liberté n’est pas subie, elle nous oblige à faire des choix, ce qui est une bonne chose (choisir c’est renoncer).

 

Le choix de départ implique déjà une stratégie, les Ichtyosaures peuvent rapidement débloquer quelques bonus comme les boucliers, les Dimorphodons offrent pas mal de versatilité, sur la gauche le Dsungaripterus semble être un départ moins intéressant, mais un œil avisé remarquera qu’il nous permet de nous projeter rapidement vers les profondeurs, là où les autres choix impliquent une plus grande utilisation du sous-marin. 

 

 

La mécanique reste la même : du flip and write. On choisit une des 5 cartes présentes, on réalise l’effet de la carte et on coche l’effet de la case sur notre matrice d’actions avec toujours une exponentielle (on ne change pas ce qui marche !). Ce système permet de programmer des actions de plus en plus fortes, ce qui est le plus gratifiant et ludique dans Demeter.

 

Dégâts des eaux  ?

Mais la vraie nouveauté reste la piste de dégâts, en effet notre sous-marin va subir des avaries, synonyme de points de victoire en moins. Dégâts qui peuvent aussi potentiellement nous faire perdre la partie si l’on n’y prend pas garde.

 

Certaines cartes indiquent des dégâts que l’on va matérialiser sur cette piste, à moins que l’on décide de sélectionner cette action, dans ce cas on les évite, par contre on se prive d’une action (on pourra néanmoins profiter de celle présente dans la matrice). Pour prévenir ces détériorations on pourra chercher des boucliers qui en absorberont une partie.

Si je prend aucune cartes avec des dégâts, je descend de 12 sur la piste de dégâts

 

Quoiqu’il en soit, cette nouveauté offre un dilemme et parfois un petit tremblement, car rien n’empêche qu’il n’y ait plusieurs cartes dégâts dans un seul tour… et dans ce cas, on les applique toutes. Frissons garantis !

 

La vie aquatique

Autre changement, nous l’avons évoqué plus haut, la piste de technologie a été transformée. Celle-ci n’est plus indispensable pour aller chercher les fameux objectifs. Ceux-ci sont disséminés dans toute la feuille : L’objectif A est assez facile à débloquer en améliorant son sous-marin, l’objectif D demandera un peu plus de planification car il faudra avoir colorié 3 Ammonites et les avoir étudié (les flèches jaunes). Les B et C impliquent une utilisation forcenée du sous-marin. On peut aussi débloquer une mission de notre choix avec les Ichtyosaures. 

Ces objectifs permettent de marquer des points immédiat (5 ou 10 points). Il faudra remplir le prérequis, sachant que si un joueur débloque un objectif, il le retourne et si cela reste toujours disponible pour les autres joueurs, le prérequis devient plus complexe. Cela devient une course qui nous oblige à lever le nez de notre feuille !

Le scoring est lui aussi modifié : on marque toujours des points de victoire pour nos espèces, mais pour cela il faut atteindre la fin de la piste de sonar de l’animal (ce n’est plus automatique et graduel). Dans Demeter on gagnait beaucoup de points si l’on arrivait à obtenir toutes les espèces, et c’était presque un passage obligé (15 à 21 points faciles). Dans Varuna la diversification n’est pas aussi gratifiée, car elle fonctionne selon un multiplicateur, et cela dépend des jetons découvertes (un autre aspect du jeu). 28 points si l’on arrive à maximiser cet élément, mais bon courage, car il faudra l’avoir bien planifié.

 

En apnée ? 

Cette suite relève le niveau sérieusement, on pourrait en douter quand on connait déjà Demeter, mais cela saute aux yeux quand on fait découvrir le jeu à des découvreurs ou des personnes moins habitués aux jeux de société modernes. Parfois on est pas loin de la noyade ! Comme Demeter il faudra quelques parties de chauffe pour appréhender le tout, ce qui donne un sentiment de premières parties sacrifiées. 

J’avais essayé les feuilles de Demeter Automne et Hiver disponibles en print and play, et finalement si j’apprécie le challenge que proposait « Hiver », l’ensemble donnait un goût de “too much”, et je réservais cette expérience uniquement en solitaire (c’est un mode où l’on peut se permettre de longs moments de réflexion sans que personne n’attende).

 

J’avais donc la crainte que Varuna souffre de ce côté. Alors, certes le niveau est réhaussé, mais heureusement le gameplay offre toujours autant de combos gratifiantes. Surtout, il est plus fun, l’interaction est mieux dosée, ce système d’objectifs est vraiment fin et nous oblige à surveiller les autres joueurs. La piste de dégâts ajoute une tension et un peu de crispation quand plusieurs cartes dégâts sortent au même tour. Elle amène un petit chaos bienvenu, le petit grain de sable qui va gripper la machine bien huilée et pousse à prendre des risques (ou pas). 

Autant en début de partie nos choix sont restreints, autant passer les premiers tours de jeu, on a une liberté grandissante et une stratégie très ouverte, ce qui peut impliquer chez certains joueurs un peu de constipation cérébrale. Comme Demeter la dispersion est fatale, on est dans un défi d’optimisation serré.

Pour moi Varuna a réussi son pari, s’il reste proche de Demeter il sait aussi s’en écarter pour ne pas être une bête suite (ou un Demeter 1.5). Il propose tout simplement un nouveau défi. Néanmoins, je ne le conseillerais pas forcément à tout le monde : le challenge est ardu, si vous ne le connaissez pas, commencez peut-être par Demeter 🙂

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