Une histoire de Pirates : ohé ohé, sabliers abandonnééééés !
Une Histoire de Pirates, d’Asger Harding Granerund, Daniel Petersen et Daniele Tascini, surfe sur la “mode” des jeux narratifs, il nous envoie vers le grand large, toutes voiles dehors, et nous invite à vivre une histoire incroyable, avec des combats de bateaux, des monstres marins, des avaries à réparer (enfin c’est la promesse, mais comme on sait, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent). Pas moins de 10 scénarios (rejouables) vont nous amener vers l’aventure, tout cela ponctué et rythmé par une application de téléphone intégralement dédiée au jeu, et oui nous allons aussi jouer en temps réel..!
Mais ne croyez pas que nous aurons les yeux rivés sur l’écran, toute l’action se passe sur Ellen (veuillez ne pas sortir cette phrase de son contexte, merci), notre esquif en 3 dimensions que nous allons tous devoir mener à bon port. Alors, vous embarquez ?
Dès que les vents souffleront nous nous allerons !
S’il est conseillé de lire les règles du jeu, elles ne sont pour autant pas vraiment nécessaires. En effet, il suffit de lancer l’application et de se laisser guider par celle-ci au son d’un bateau qui craque et d’une musique rapidement entêtante.
Vous lui indiquerez le nombre de joueurs, la difficulté, et en retour, elle vous indiquera la mise en place… Un petit texte narratif lance la mission : pour débuter, il va d’abord falloir s’échapper d’un bagne où l’on croupit. et c’est parti !
Hissez la grand voile à tribord toute !
La première chose qui saute aux yeux quand on découvre Histoire de Pirates, c’est le bateau en 3 dimensions. La proue, la poupe, le mât et même le poste de la vigie. Bref, Ellen a de la présence sur la table et en impose. Le navire bouge sur son axe pour simuler les directions qu’il va devoir prendre. Et à chaque point cardinal, une carte est placée : serait-ce le passage tant recherché ou bien un récif, un navire ennemi ? Ou une autre menace insondable ?
Chaque emplacement d’action est perforé pour accueillir un pion sablier, pour regarder au large sur le poste de la vigie, (regarder une carte), armer les canons, tirer, changer de directions au gouvernail, etc.
Tout le monde sur le pont !
Il n’y a pas de tour à proprement parler, on joue en plaçant nos pions-sabliers dans un des orifices du bateau et on accomplit les actions quand le sablier est vide. Ceux qui ont joué à Kitchen Rush, vous saisirez très rapidement.
« Parez à virer, la barre à tribord, c’est au gouvernail que l’on dirige notre frêle embarcation.
— Capitaine nous venons de découvrir des récifs… sous notre coque ! Nous prenons l’eau.
— Mousse ! Va jeter un œil à la vigie, on n’a plus que deux points de vie… Va falloir être prudent. »
Quand vous êtes touchés, vous placez un bouchon sur la partie touchée, et celle ci est inutilisable jusqu’à ce que vous répariez. De la même façon, vous immobilisez un canon en l’utilisant. Vous avez compris, il va falloir se coordonner et se répartir les tâches pour ne pas perdre de temps. Quand votre pion sablier est posé, il faut attendre qu’il soit vide pour le récupérer et le placer ailleurs. Un petit temps mort fort appréciable, puisqu’il laisse le temps de rêvasser en regardant le grand large… Euh, non. En fait, il permet surtout de mettre à profit cet intermède pour discuter des priorités et des actions à mener.
« Capitaine, à babord voilà une corvette qui n’a pas l’air de nous vouloir du bien.
— Armez les canons ! … Lâchez une bordée ! Tiiiiiirez !
— Capitaine ! Il n’est pas dans notre ligne de mire ! Il faut virer à bâbord, on n’a toujours pas de canons à la proue !
— À baboooord toute ! TIIIREZ !
— C’est bon, on l’a eu, capitaine ! »
Quand le temps s’est intégralement écoulé, on révèle les cartes encore face cachée et, s’il restait des bateaux ennemis, ils nous tirent dessus. Si notre brave Ellen n’a plus de points de vie, nous sombrons corps et biens, perdant ainsi la partie. Sinon, nous sommes invités à passer à la suivante !
À la manière d’un Legacy, on change de mission en ouvrant un paquet scellé. Pas de panique, cependant ! Si le jeu se complexifie un tantinet, tout est vraiment géré par l’application, on n’a pas besoin de sortir la règle. La première partie est une promenade, mais les suivantes se corsent un peu.
Ohé ohé capitaine abandonnéééé
Je vais me répéter, mais le bateau est vraiment superbe : il en impose au centre de la table. Par contre, on s’est demandé s’il allait résister aux 10 scénarios, après tout on le malmène quelque peu à chaque partie.
L’application est très bien intégrée au jeu, elle sait se faire discrète pour tout à coup nous interpeller et amener un nouvel élément : une nouvelle menace nous fait face. Enfin, je dis qu’elle se fait discrète, mais vous allez rapidement enlever la petite musique qui vrille vite les nerfs. On a envie de jeter ce musicien du diable par dessus-bord.
Comme je disais plus haut, la mécanique m’a fait penser à Kitchen Rush, et ceux qui n’aiment pas l’un n’aimeront pas l’autre car le ressort est le même : ce temps réel qui nous met la pression et nous pousse à la faute. En ce qui me concerne, j’ai trouvé Kitchen Rush plus immersif, sans doute le côté gestion un peu plus poussé. On passe notre temps à hurler des ordres et on a vraiment la sensation d’être dans une cuisine pendant le coup de feu.
On a aussi pensé à Space Alert de Vlaada Chvatil (j’ai déjà dit toute l’admiration que j’ai pour ce génialissime auteur ?) qui nous a offert des moments incroyables, mais il a une difficulté colossale et il faut jouer et rejouer avec le même groupe pour arriver à passer les missions. Histoire de Pirates est quand même beaucoup plus abordable (sans jeu de mots).
Dans Histoire de pirates, on tourne un bateau en 3 dimensions sur son axe, mais on peine un peu à y croire. Même si certains éléments sont bien trouvés, certes… il manque pas grand-chose pour que l’on vibre.
Dans Histoire de pirates, les choix sont minimes… Ce qui est amusant c’est, au fond, la partie programmatique de nos placements et l’armement du canon. Le reste est assez bateau, si vous me passez l’expression. Le jeu n’est pas jetable, même si vous avez ouvert des paquets et que la surprise est déflorée, vous pourrez toujours y rejouer. Même si on ne va pas se le cacher, la trame narrative est assez pauvre et convenue.
Je ne vais pas tirer sur ce jeu à boulets rouges, mais une Histoire de Pirates a eu du mal à nous convaincre ici. J’y ai embarqué avec les enfants et on a essayé de mettre un peu de vie dedans, d’animer tout cela, mais c’est la lassitude qui a vite dominé.
Un joli bateau, pas de règles puisque l’application nous permet de nous en absoudre. Cela fait un bon produit bien vendeur surtout si l’on ajoute une thématique accrocheuse comme celle des pirates.
Mais en ce qui nous concerne, c’est plutôt la déception. Peut-être la promesse était-elle trop envoûtante, trop pour l’expérience. Manque de choix, trame narrative pauvre et expérience trop répétitive, nous étions bien loin notre Eldorado. Les joueurs chevronnés s’en passeront et préféreront donc les frangins Kitchen Rush et Space Alert, bien moins plats.
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christophe 18/05/2020
Je rejoins l’avis… J’étais tout motivé par le matériel. Un coop à scénario sur un thème pirates!!! Jackpot, mais en fait non. Même si les différents chapitres apportent un peu variété sur les missions et que certaines nouvelles actions sont disponibles, ça reste un peu trop calme… dommage!
atom 22/05/2020
J’ai essayé de le relancer, une fois de plus avec les enfants et ma compagne et ça n’a pas du tout pris. On ne pourra pas dire que l’on ne lui a pas laissé de chances, mais au final on ne rentre pas dans le jeu.