Illustré par Milan Vavroň
Edité par Delicious Games
Langue et traductions : Anglais
Date de sortie : 2018-10
De 1 à 4 joueurs
A partir de 12 ans
Durée d'une partie entre 80 et 150 minutes
Thèmes : Science-fiction, Ville
Mécanismes : Placement, Plateau modulable
Types de jeu : Jeu de plateau
Complexité du jeu : Amateur
Nombres de parties jouées : 11
Configurations testées : 2, 3, 4 joueur(s)
IntroductionAvant de fonder sa maison d’édition, Vladimir Suchy était déjà connu dans le monde du jeu : on lui doit, par exemple, Pulsar, Last Will et The Prodigals’ Club. Mais lui et sa compagne se sont associés pour fonder Delicious Games. Leur premier jeu n’est autre qu’Underwater Cities, un jeu de Suchy lui-même, mélangeant tableau-building, gestion de main et pose d’ouvriers. En effet, à chaque tour, un joueur se place sur un sas d’action inutilisé, joue une carte, et effectue l’action du sas. Si en plus la couleur de sa carte correspond à celle du sas, hop, il bénéficie de l’action de sa carte aussi ! Ceci pour construire sur son tableau des cités sous-marines, les relier au réseau, y placer des infrastructures générant des ressources. Un bon gros jeu expert qu’on compare souvent volontiers à Terraforming Mars. Rien de moins.
ContexteUnderwater Cities étant un jeu complexe et tout de même assez impliquant, je l'ai surtout essayé avec des experts (mais aussi des joueurs plus occasionnels). Le verdict est sans appel, avec un grand succès à chaque fois.
ACCESSIBILITE DES REGLES 
11
Les règles d'Underwater Cities n'aident pourtant pas à la compréhension du jeu. Elles sont certes exhaustives et ne laissent pas tant de points d'ombre que cela, mais elles sont fouillis, et il est parfois difficile d'y retrouver une information précise. Un feuillet de plus aurait pu donner lieu à plus d'aération, plus d'infographies, plus de structure aidant à s'y repérer. L'aide de jeu, terrifiante au début, s'avère plutôt pratique à l'utilisation.
QUALITE DU MATERIEL 11,5
Ici, deux griefs principaux : pas d'insert, même cartonné, et une pelletée de sachets pour les divers composants, les plateaux personnels bristol un peu cheap quand on aurait aimé du carton double (voire triple) couche. L'extension corrige ça, mais vraiment, acheter une extension pour du matériel qui aurait dû être présent dès le début ? Et les infrastructures sont des disques un peu petits pour un plateau qui en a pas mal. Il faudra faire attention à ne pas le bousculer... (et en plus, les usines d'algues sont un peu invisibles en termes de couleur.) On mettra tout cela sur le manque de moyens pour un premier jeu de la maison : probablement peu de budget de production et un peu d'inexpérience éditoriale (mais pas auctoriale).
Hormis cela, tout est très clair et l'univers graphique fonctionne très bien. Les icones sont doublées par du texte, on a rarement des questions dessus.
THEME 
15,5
Étant un eurogame, on se dit qu'on va vite oublier le thème d'Underwater Cities. Mais les cartes nous rappellent souvent l'univers du jeu, et le plateau que l'on construit fonctionne bien. Sans être soulevé par l'implémentation de cette thématique, on a un apport non négligeable à l'ambiance de la partie ; par contre, si vous espériez un élément thématico-mécanique à la Barrage, passez votre chemin. On est dans de la gestion comptable et les dômes des cités sous-marines, quoi que plaisants à voir, ne racontent pas assez pour toucher une quelconque corde sensible.
DUREE DE VIE 14,5
Je ne suis pas encore lassé du jeu de base d'Underwater Cities. Je dois le sortir une fois par an, désormais, du fait de sa longueur et des autres jeux auxquels je veux et dois jouer, mais j'y trouve toujours un plaisir renouvelé. Qu'il s'agisse du moteur de cartes Action, des passifs ou des productions que l'on débloque, de la situation de son plateau, l'expérience sera de toute façon très différente.
Le verso des plateaux donne un peu d'asymétrie et de variance, et entre ça et le tirage des métropoles, on aura souvent des envies différentes en début de partie !
MECANISMES 
17,5
C'est clairement dans ses mécanismes qu'Underwater Cities brille. Parce que, tout d'abord, le jeu sait donner des buts à long terme (fin de partie), à moyen terme (fin de cycle de production) et à court terme (la manche en cours). Mais au sein de ces buts, on joue des cartes, on prend des sas, et parfois avec des petites bifurcations quant à notre plan initial. Qu'à cela ne tienne : l'opportunisme d'un instant peut être récompensé, si vous savez vous adapter pour la suite aussi. On pourrait dire que l'on est tributaire de sa pioche, que l'on peut computer un coup évident, mais on peut provoquer cette pioche pour augmenter ses possibilités. Mais avec une main donnée, il est aisé de calculer un plan A et un plan B. Les cartes, cependant, ne font pas tout...
La tension ne provient pas que de votre capacité à lier ces objectifs entre eux ! En effet, c'est véritablement la pose d'ouvriers, à savoir la fermeture des sas, qui va vous faire tantôt pester tantôt jubiler. Et quand vous parvenez à gérer les petits opportunités présentées par votre main de cartes, les pouvoirs passifs déjà en place et ces objectifs au longs cours... vous vous sentez heureux.
La fin de partie est souvent d'ailleurs un feu d'artifice de ressources ; on pourrait dire un peu trop mais certains objectifs appuyant dessus, cette abondance s'avère nécessaire. Enfin, le tout début est un chouïa poussif du fait du manque de ressources. Aurait-on aimé un Prélude, comme pour Terraforming Mars ? C'est exactement ce que fait l'extension du jeu, en ôtant une manche.
Grâce à son exceptionnel tuilage d'objectifs à moyenne et longue échéance avec un opportunisme au tour par tour très fort, Underwater Cities parvient à instiller une tension de tous les instants. Ajoutez à cela un développement de tableau ma foi très satisfaisant et vous obtenez un grand jeu.
L'abord au jeu est certes terni par des erreurs éditoriales (rangement du jeu, règle perfectible, début poussif) que l'on se met vite à oublier. En effet, l'espace de créativité laissé aux joueurs est large, et on se prend souvent à rêver d'avoir un pouvoir plutôt qu'un autre, ou à évaluer tout ce que l'on pourrait faire sans l'interférence décidément pénible de nos concurrents...
Underwater Cities, c'est aussi un thème écolo qui ne s'assume pas pleinement : on n'est pas dans la joviale coopération, non. L'écologie a été dévoyée aux grandes entreprises – vous – et ce qui compte, c'est la gloire (même s'il faut développer durablement pour cela). L'aspect un poil cynique de cette observation n'a pas réduit mon envie de rejouer les sous-mariniers : le défi est toujours intact.
- Tension de tous les instants sur les actions
- Opportunisme et stratégie parfaitement mêlés
- Pas de rangement
- Règle perfectible
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