Illustré par Stéphane Escapa
Edité par Opla
Distribué par Paille
Pays d'origine : France
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 2020-01-06
De 4 à 8 joueurs , Optimisé à 6 joueurs
Durée moyenne d'une partie : 4 minutes
Durée d'une partie entre 6 et 6 minutes
Thèmes : Cuisine
Mécanismes : Avec bande-son, Coopératif, Rapidité, Simultané, Temps Réel
Types de jeu : Jeu avec application mobile, Jeu d'ambiance
Complexité du jeu : Familial
[Kosmopoli:t] est un jeu de communication coopératif basé sur les langues du monde. Il se déroule dans un restaurant et se joue avec une application : un joueur, la serveuse, en aura la charge. Il devra écouter et répéter les commandes des clients aux autres joueurs, et celles-ci seront faites dans différentes langues. Le maître d’hôtel devra garder une trace de qui a commandé quoi et les cuistots devront essayer de retrouver à quelle langue et quel ingrédient correspond la commande pour que le client puisse être servi, tout cela en temps limité.
La particularité du jeu est qu’il a été créé en collaboration avec un institut de recherche sur le langage, et que toutes les langues du jeu sont de vraies langues enregistrées à travers le monde.
Pour plus de détails, comme toujours direction le Ludochrono ou l’article de preview.
Il y a des jeux où rien que l'intention du jeu, ce qu'il nous propose, nous fait ressentir un coup de cœur immédiat, avant même parfois d'y avoir joué. C'est bien ce qui m'est arrivé avec [Kosmopoli:t]. Je l'ai beaucoup fait jouer, à tout type de public, et globalement les gens ont également pas mal accroché. Il m'a aussi pas mal accompagné pendant le confinement : on jouait avec des amis par Skype, nous qui avions le jeu dans le rôle des cuistots, les autres dans celui de serveuse et maître d'hôtel.
ACCESSIBILITE DES REGLES 16,5
Bon, très franchement rien à dire sur les règles. Le livret est lu une fois, refermé et on n'en parle plus. Il faut dire que l'application gère beaucoup de choses ! Elle est globalement intuitive et ce n'est même souvent pas la peine de l'expliquer aux nouveaux joueurs qui sont dedans tout de suite. Du bon travail.
QUALITE DU MATERIEL 15,5
Pas de rangement spécifique dans la boite, mais bon, on a ici que des cartes et un bloc-note, donc cela fait l'affaire. La taille de la boîte correspond bien à ce qu'on attend. Rien à redire non plus sur la qualité, c'est du standard qui tient largement la route au niveau de la manipulation demandée (43 parties et mon jeu est en parfait état).
Pas de problèmes non plus de lisibilité. Le jeu a une patte graphique qui lui est propre et le rend immédiatement reconnaissable tout en étant agréable.
Bref, de la bonne qualité dans l'ensemble et surtout, surtout, à souligner, c'est fabriqué localement. Comme quoi c'est possible avec de plus un prix abordable. Bravo !
THEME 15,5
Le thème est original : Nous gérons le restaurant le plus cosmopolite du monde. On va faire simple : le jeu a été fait en collaboration avec un labo de recherche sur les langues étrangères ce qui lui confère un certain sérieux et une maîtrise du sujet. On est baigné dans des langues et des sons étrangers comment pourrait-il être plus thématique ? D'une part, le jeu a, de ce côté-là, une ambition forte : inclure des langues qui viennent de toute la planète.
D'autre part, il se veut "documentaire" (pour reprendre le terme des auteurs) et apporter de la découverte aux joueurs curieux. Et le pari est réussi : tout le monde voudra à un moment ou à un autre écouter ces différentes langues et jouer le rôle de la serveuse. Le jeu amènera souvent une discussion sur ce qu'est une langue, et fera même découvrir à des joueurs qu'ils connaissent quelques mots de telle ou telle langue sans en avoir vraiment conscience. Les langues "françaises" en particulier ont cet effet parfois de re-projeter dans leur enfance les joueurs qui ont quitté leur région d'origine.
Le "livret scientifique" qui accompagne le jeu est également très bien fait pour expliquer les enjeux de l'étude des langues, facile d'accès et très instructif. Là aussi, c'est un vrai plus pour le jeu.
Quelle meilleure ouverture culturelle que cette activité naturelle et universelle qu'est la cuisine ! Ce sujet donne un véritable sens au jeu et pas seulement pour son aspect "documentaire". S'il est facile dans les premiers niveaux, la complexité augmente ensuite et un vrai travail de coordination et d'écoute va devoir se mettre en place, comme dans une cuisine de restaurant. C'est un double coup réussi ici.
Les détails n'ont pas été laissés au hasard, et, si on le coupera vite, le fait d'avoir choisi en bruit de fond la brasserie Georges rajoute ce petit plus qui rend le jeu attachant, proche, humain quelque part, parce que réel et authentique. On appréciera aussi la touche d'humour avec l'apparition possible de quelqu'un qui parle en "yaourt".
DUREE DE VIE 13,5
Jouable de 4 à 8 en 6 minutes, avec sa petite boîte (et qui n'a pas forcément besoin de table pour être jouable) [Kosmopoli:t] s'avère assez facile à sortir... Et à faire rejouer pour changer les langues, et les rôles, qui demandent tous des compétences différentes. La serveuse devra réussir à répéter correctement ce qu'elle entend, le maître d'hôtel à gérer de façon efficace les commandes, être capable d'écrire les plats de façon à pouvoir les re-prononcer correctement et être organisé, et les cuistots, eux, devront faire preuve d'un peu d'imagination pour passer outre les erreurs de prononciation qui vont forcément perturber les commandes et rendre l'identification du bon plat pas toujours automatique. Et tout ce petit monde devra aussi apprendre à parler / écouter au bon moment. Pas si simple, en fait ! D'ailleurs, pas sûr que tous les joueurs se sentent capables d'endosser n'importe quel rôle, et tous ne voudront pas forcément jouer.
Pour ce qui est de la durée de vie, elle dépendra sûrement du groupe de joueurs : il s'agit d'un jeu d'ambiance, et on aura tendance à y jouer avec des joueurs différents pour le faire découvrir, mais alors on restera sur les premiers niveaux, qui, on s'en rend compte, utilisent souvent les mêmes plats. Du coup, le jeu s’essoufflera un peu. Pourtant, il propose une vraie courbe de progression en équipe pour aller au bout du jeu, et vous n'êtes pas prêts, à mon avis, d'en avoir vraiment fait le tour si vous vous engagez dans cette optique de vaincre les derniers niveaux.
Reste qu'étant facile à sortir, c'est un excellent filler (ce fameux jeu d'entre-deux) ou jeu à emmener en vacances. (Ou à jouer à distance via Skype, donc !).
Le jeu fonctionne aussi très bien en situation de famille avec des enfants, je laisse mon collègue Atom vous partager son expérience :
"Nous y jouons le soir avec mes enfants de 7 et 10 ans. On a réorganisé l’équipe, car la charge mentale et la pression pour ma petite fille de 7 ans était un peu forte. Du coup Clémentine s’est transformée en commis de cuisine et nous lui transmettons les plats et elle doit chercher les ingrédients qu’elle transmet à son frère qui gère d’une main de maître (d'hôtel) son rôle de serveur. Tout le monde y trouve son compte et on enchaîne les parties et les niveaux avec des résultats qui feraient frémir les plus grands chefs. ;) Quel plaisir d’entendre les enfants réinterpréter phonétiquement les sons entendus, quel plaisir aussi de partager cette expérience avec eux et de se mettre à l'unisson pour réussir au mieux le challenge !"
MECANISMES 16,5
La partie dure 6 minutes ; impossible de décrocher et on reste actif pendant la quasi-totalité du jeu sans temps mort. Si temps mort il y a, c'est qu'il y a une organisation à revoir ! La chasse à ces pauses malvenues fait partie de ce qu'il faut faire pour s'améliorer. Le jeu mise avant tout sur la communication, mais en temps réel. Du coup, il faudra absolument bien savoir à quel moment s'exprimer et à quel moment écouter. L'interaction est donc constante. Même quand on est cuistot et que l'on cherche, il faudra garder une oreille attentive au cas où un plat serait trouvé par un autre ou un ingrédient demandé.
En cela, au fur et à mesure que l'on monte en niveau, les équipes devront mettre en place des stratégies pour être plus efficaces, mais celles-ci seront mises à mal en fonction de la vitesse à laquelle les cuistots trouvent les plats : l'adaptation est donc une clé de la victoire.
On notera quand même au rang des bémols que le rôle des cuistots est sans doute moins intéressant et moins fun que les deux autres, et que si on est trop nombreux, les joueurs risquent d'être un peu frustrés de ne pas jouer serveuse ou maître d'hôtel aussi fréquemment qu'ils le souhaiteraient.
Vous l'avez bien compris, [Kosmopoli:t] est un vrai coup de cœur pour moi et je le recommande chaudement.
D'abord, la proposition, à savoir d'être à la fois un jeu et une ouverture à la réflexion (les auteurs défendent le terme de "jeu-documentaire") est enthousiasmante en soi, d'autant qu'elle démontre encore une fois que le jeu est bien un objet culturel. Le parti pris de faire découvrir les langues - et donc les cultures étrangères - en utilisant comme vecteur la nourriture des autochtones est, là aussi, une excellente entrée en matière. L'idée de faire vivre le coopératif à travers l'expérience du rush des cuisines est toujours hyper efficace (on avait pu le voir dans d'autres j2s précédemment sortis, comme Pizza rush ou le fameux Kitchen Rush).
On saluera la démarche de l'équipe, qui, en plus de produire le jeu localement, y a ajouté des détails de ci-de-là qui rendent le jeu immédiatement attachant, authentique et donne un sentiment de "proximité" (via la bande-son).
Mais au-delà de ces aspects, [Kosmopoli:t] reste, et c'est bien le plus important, un jeu fun à jouer. Il est immédiatement accessible et permet de s'amuser tout de suite. De plus, grâce aux différents rôles qu'il est possible d'endosser, il est assez probable que vous enchaîniez les parties. Mais attention, il propose un défi de taille si vous cherchez à monter dans les niveaux, où la coordination et l'écoute seront absolument nécessaire.
C'est donc une chouette réussite que ce titre, mais attention, il arrive que certains joueurs n'accrochent pas, ou parfois n'osent pas "prendre le risque" de "parler" dans les langues étrangères inconnues. De plus, certains rôles étant peut-être moins amusants, il faudra prévoir plus de parties à beaucoup de joueurs pour bien faire profiter tout le monde. Bien sûr, les allergiques aux jeux hybrides passeront leur chemin, l'appli étant ici parfaitement indispensable.
- Intention inédite
- Fabriqué localement
- Accessible, mais offrant un défi de taille
- Thématique bien respectée
- Facile à sortir
- Certains rôles ne plairont pas à tout le monde
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