T.I.M.E Stories Revolution, c’est reparti pour un Cycle !
Que vous l’ayez testé de nombreuses heures – euh run ! – durant ou que vous en ayez seulement entendu parler, vous n’avez pas pu passer à côté de T.I.M.E Stories (Manuel Rozoy).
Véritable phénomène apparu en 2015, il fait partie des précurseurs de la grande famille des jeux narratifs one-shot. À ce titre, T.I.M.E. Stories a certainement ouvert la voie à des jeux comme, entre autres, Unlock! (chez le même éditeur, Space Cowboys) mais aussi Undo sorti dernièrement chez Gigamic.
En effet, ce jeu coopératif proposait un concept nouveau, celui de résoudre des missions dans un temps imparti, au-delà duquel la partie, loin d’être perdue, nécessitait simplement d’être recommencée depuis le début. En utilisant à bon escient les informations récoltées et les échecs essuyés lors des runs précédents, il était alors possible de gagner du temps et d’avancer plus loin dans les missions jusqu’à la conclusion finale.
À lire aussi : TIME Stories et les histoires interactives
Fort de son succès, ce ne sont pas moins de 9 missions qui ont fait voyager les agents de la T.I.M.E à travers les époques [Ndlr : tous chroniqués dans cet article]. Le scénario Madame, sorti fin 2018, achevait de dévoiler les derniers secrets de T.I.M.E Stories, mettant un terme non pas au jeu en lui-même, mais à ce qu’on appelle désormais le Cycle Blanc. Depuis, un roman est même sorti, « Le Dossier Heiden », du côté de la maison Bragelonne. Non, l’histoire n’est pas prête de s’arrêter !
The Hadal Project, la première boîte officielle de T.I.M.E Stories Revolution
C’est en effet via le lancement du Cycle Bleu « Revolution » que T.I.M.E Stories fait peau neuve actuellement, avec une promesse des Space Cowboys de nous offrir un nouvel univers, des nouvelles missions, des nouvelles règles et une nouvelle façon de jouer.
Souhaitez-vous savoir ce que l’Agence vous a concocté ?
Un petit voyage temporel et puis s’en vont…
Dans les grandes lignes, T.I.M.E Stories Révolution reprend les principes de son aîné : chaque joueur incarne un personnage – ou réceptacle – possédant son background et ses caractéristiques (dépendant du scénario : Force, Aplomb, Dextérité, Technologie…) et travaille de concert avec ses coéquipiers pour résoudre des missions.
Les 4 personnages disponibles pour le scénario d’introduction « Damien »
Les joueurs doivent passer dans différents Lieux dont ils pourront examiner les panoramas pour trouver des indices, des objets, être pris dans des conflits et parfois même découvrir de simples textes narratifs leur permettant – ou non – d’avancer dans leur histoire. Jusque là, me direz-vous, rien de bien nouveau dans l’Agence. Et pourtant, plusieurs changements se sont glissés dans le décor pour modifier plus en profondeur le jeu.
Quoi de neuf docteur ?
Tout d’abord le plateau… Ah oui mais non ! Le plateau a tout simplement disparu du Cycle Bleu. Et avec lui la fameuse Time Line, ses unités de temps et ses runs qui ont été gommés au profit des Azraks, une nouvelle technologie améliorant et prolongeant la durée des séjours temporels dans les réceptacles. C’est ça la fameuse « Revolution » du cycle bleu.
Les Azraks et la Carte Retour de Mission (The Hadal Project)
Ces Azraks, petites gemmes bleues, servent à la fois de timer et de points de score, et sont dépensés au cours de certaines actions (changer de Lieux, explorer un panorama, s’engager dans un test ou encore soutenir un camarade). Vous me direz, quand tous les Azraks ont été dépensés, le run est terminé et on recommence l’histoire, quelle différence avec l’autre T.I.M.E Stories ?
Oui mais non ! Les personnages peuvent à tout moment réaliser ce qu’on appelle une mise à jour et récupérer ainsi tous les Azraks dépensés pour se les répartir… moins un. Cet Azrak sera mis de côté pour déterminer votre score en fin de partie : vous comprenez bien que plus vous effectuez de mises à jour plus vous allez accumuler d’Azraks sur la carte de la honte et plus votre score sera piètre en fin de partie (sachez dès maintenant qu’effectuer plus de 5 mises à jour rend votre mission « Pitoyable », ça donne le ton).
Les runs, qui se veulent boucles spatio-temporelles, avaient été décriées par certains détracteurs de T.I.M.E Stories pour leur aspect répétitif. Le die and retry sauce jeu de société, ce n’est pas pour plaire à tout le monde. Ici, les runs et les unités de temps n’existent plus. Rien ne vous empêche de recommencer plusieurs fois l’histoire si vous êtes mal partis… ou que vous avez été plus que « Pitoyables » et qu’il ne reste plus un seul Azrak à se mettre sous la dent. Mais dans l’ensemble, on vous laisse un peu plus la main sur le rythme des parties et les ressources que vous dépensez à votre guise.
Les cartes Destin et leurs modificateur pour les Tests
Autre point important : ceux qui trouvaient qu’au fur et à mesure des scénarios le Cycle Blanc s’appuyait trop sur l’aléa des dés seront contents de constater qu’ils ont eux aussi disparu du Cycle Bleu. À présent les épreuves sont résolues à partir des valeurs de capacité des réceptacles, et si une carte destin peut la modifier, il est possible de booster ses capacités en échange de quelques gemmes. Tout est alors question de prise de risque et d’Azraks restants.
Autre point notable côté ligne éditoriale : dans le Cycle Bleu, chaque scénario est maintenant un jeu complet et indépendant. Plus besoin de boîte de base comme le proposait le Cycle Blanc, qui pour le coup, était peut-être plus révolutionnaire, en proposant une boîte avec du matériel générique comme un lecteur sur lequel on « chargeait » des scénarios.
Lost between two updates…
J’ai pu expérimenter le Cycle Bleu et faire mes premiers pas avec l’Agence T.I.M.E en découvrant le scénario Damien ainsi que la mission The Hadal Project.
Damien est une mission spéciale d’introduction qui propose d’incarner une bande de gamins parcourant les rues de Main Street pour enquêter sur la disparition d’un camarade de classe.
Disponible dans de nombreuses boutiques et festivals, il introduit le Cycle Bleu au public par son format relativement simple et rapide, puisque c’est en effet le prélude d’un scénario complet qui sortira en 2020 : Le Manoir Cavendish. Le pitch de cette boîte ? « Des enfants bien imprudents entrent dans un vieux manoir de Nouvelle-Angleterre, à la recherche de leur camarade Damien, qui a disparu depuis plusieurs jours… »
L’un des panorama de Damien
J’ai particulièrement aimé les illustrations, très réalistes (de la main de John McCambridge), qui se déploient en superbes panoramas sous nos yeux curieux, ainsi que les textes narratifs et d’ambiance – non pas lus mais retranscrits par les joueurs – qui nous plongent directement au cœur d’un gameplay très immersif par lequel on se laisse porter rapidement. Cette immersion est logiquement renforcée par la communication qui est au final l’élément central de T.I.M.E Stories, tant il est nécessaire d’échanger les informations, de confronter les avis et d’émulsionner la matière grise.
Petit mot sur les missions secrètes et les decks d’interaction personnels : ici, l’individualisation des avatars est beaucoup plus poussée que dans le cycle blanc. Chaque personnage possède son paquet de cartes propre. L’issue d’une interaction peut être déterminée par son histoire ou ses capacités. Equipements, dialogues sur mesure, quête personnelle : cette identification poussée est très appréciable. Concertez donc vous bien avant d’envoyer un ex-cambrioleur poser des questions dans une bijouterie, si vous espérez glaner des informations ! Ces éléments donnent bien envie de recommencer la partie pour explorer toutes les voies et réponses possibles.
Et si cette arborescence des situations rend le jeu unique et interactif, il peut aussi le rendre frustrant : puisque le temps nous est compté, il faut faire des choix et il est impossible de fouiller les moindres recoins de tous les panoramas (non mais les gars, vous êtes sûrs que vous voulez pas ouvrir cette porte ? Y a p’t’être un truc ultra important derrière, non mais j’dis ça j’dis rien, hein !).
À noter que cette prise de risque m’a semblé un peu moins importante dans Damien, au vu de certains indices redondants, au contraire du scénario The Hadal Project qui m’a semblé plus tendu.
Avec The Hadal Project, mission imaginée par Melissa et Kevin Delp, vous partez sur la trace d’une « mystérieuse épidémie qui a dévasté la population terrestre, et dans des lieux qui dépassent l’imagination. »
Dans cette aventure, cette fois illustrée par Looky (déjà vu sur Marcy Case du cycle blanc), les agents sont envoyés vers une base sous-marine située au fin fond de l’océan Atlantique.
Cette plongée dans les plaines abyssales, à la recherche d’un antidote, m’a d’ailleurs au final un peu moins conquise, peut-être à cause d’un thème moins attrayant pour moi, ou d’une tablée différente, à moins que ça ne soit la longueur du scénario ou l’arborescence des choix qui m’a un peu perdue, étant novice dans T.I.M.E Stories ? Vous vous ferez votre propre idée !
Regard sur l’avenir
Si le Cycle Bleu connaît le même succès que son prédécesseur, on peut s’attendre à de nombreux autres scénarios, certains sont d’ailleurs déjà programmés pour l’année 2020 (nous le disions, Le Manoir Cavendish – à savoir la suite de Damien – ainsi que Une nuit d’été, une mission construite comme « un grand jeu de miroirs » imaginée par Antonin Merieux et illustrée par Julien Carette).
Et même si chaque scénario peut être joué de manière totalement indépendante, une extension spéciale est d’ores et déjà prévue – baptisée Expérience – qui a pour objectif de relier entre eux tous les scénarios du cycle bleu, tout en permettant de faire évoluer les agents, voire même d’avoir un impact sur les futures missions…
Elle ne pourra pas se jouer seule, ne comprenant pas de mission à proprement parler mais seulement du matériel facultatif et supplémentaire pour ajouter un peu de sel à l’expérience globale (techniquement intégrable à n’importe quel moment des missions, mais préférable dès le début).
Pas simple pour le moment d’imaginer ce que contiendra la dite boîte précisément, ni comment elle fonctionnera, mais la promesse est en tout cas assez intrigante ! Affaire à suivre…
LUDOVOX est un site indépendant !
Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :
Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :
Crunsk 13/12/2019
Merci pour cet article.
N’aurait-il pas été intéressant de retarder cet article de quelques jours pour y intégrer un retour sur expérience, qui est maintenant sorti?
Shanouillette 13/12/2019
Merci Crunsk pour ton message. Il y a bien un retour d’expérience malgré tout, Shanen a pu joué à Damien et Hadal project et en parle dans l’article. Cela étant dit, nous avons dans l’idée de refaire une chronique qui compilera les divers scénarios avec une analyse plus poussée, comme nous l’avions fait pour le premier cycle.