Spectacular : un jeu sur la réserve ?

Avant de se plonger dans le jeu, un petit arrêt sur les auteurs qui n’en sont pas à leur coup d’essai, voire que l’on connaît bien plus qu’on ne l’imagine à travers certains de leurs titres ou de leurs maisons d’édition.

 

 

 

Eilif Svenson est Norvégien, et s’il a commencé à travailler dans le monde ludique en 2006, il est surtout le fondateur et créateur, avec un autre auteur renommé, Kristian Amundsen Ostby (Escape : la malédiction du temple (2012)) d’Aporta Games en 2014. De nombreux titres ont été publiés, certains avec une localisation en France, notons Doodle City (2014), Capital Lux (2016), Santa Maria (2017), The Magnificent (2019) ou Bad Company (2021).

Avec son frère, Asmünd, il fonde en 2020, Chilifox à qui on doit Riverside (2022), Come Together (2022) Footprints (2023), on en parlait récemment ici. Et celui qui nous intéresse aujourd’hui: Spectacular.

 

 

Mauvaise conscience ou thème accrocheur, la nature est à toutes les sauces, de Forêt Mixte à Savannah Park, de Ark Nova à Miller Zoo. Depuis que vous vous êtes lancé dans la protection des espèces et des biomes, vous n’avez plus une seconde à vous. On va donc retrouver un terreau commun à d’autres titres du genre : des animaux attachants et, on se couchera moins bête, une fiche explicative sur les bêbêtes du jeu. Pour le reste, il s’agira de placement de tuiles, de draft de dés, une mécanique de choix qui sera le cœur du jeu.

 

Espèces en danger

En tant que gestionnaire de réserve naturelle, il va falloir travailler au mieux pour organiser le parc dont vous êtes responsable et agencer les espèces. Aidez à la reproduction et construisez des observatoires afin de mieux voir le dauphin de Nouvelle-Zélande, la tortue verte ou le renard arctique. Rassembler en créant le mélange, quel beau programme !

 

Le stock est plein. Au boulot !

 

Sur le terrain, ça se passe comment ? Chaque joueur dispose d’un plateau personnel et d’un animal fétiche constituant un stock de 10 tuiles. Le plateau est composé de cases où placer ses tuiles animaux de forme hexagonale. Certains se reproduisent (et servent de multiplicateurs pour la fin de partie), d’autres se réunissent autour d’une tour d’observation (ils aiment être regardés ?), ces deux types ne reçoivent pas les mêmes valeurs de dés une fois placés. Ce petit ajout, qui va insuffler une nouvelle énergie, est ce plateau de réserve commun où l’on déposera des tuiles et des dés de différentes couleurs. Commun, car il va circuler de voisin en voisine avant de vous revenir et repartir.

Pour avancer dans la partie, il faut poser des tuiles qui vont constituer une zone, être rattachées à l’entrée tout en s’inquiétant de valoriser ces mêmes tuiles en y attachant des dés de couleur identique et de la meilleure valeur possible. Le jeu va alors devenir cas de conscience en introduisant ce draft.

 

Choix entre l’une des tuiles, ou l’un des dés. Deux 6 et nulle part où les poser. Vite, une tour !

 

À son tour, on doit prendre un élément (dé ou tuile) sur le plateau réserve commun et sélectionner un dé ou tuile du stock de son plateau personnel. Ce dé m’est utile, mais cette tuile, il me la faut également…pfff ! Les tuiles se divisent en deux catégories : la reproduction (accueillant des valeurs 1 et 2) et celles formant la tour de guet, plus intéressantes puisqu’elles peuvent accueillir un dé à 6. On choisit ses éléments, on se place et l’on continue jusqu’à la fin de la première manche où sont comptabilisées les tuiles (avec dés) connectées à l’entrée de la réserve. Pour la deuxième manche, on s’intéressera aux zones monocolores et à la diversité des types d’animaux. Les tuiles reproductrices servent de multiplicateur. Une zone étendue englobant des hautes valeurs et multiplicateurs, c’est le jackpot. Plus encore suivant le nombre d’animaux différents qui vivent dans votre parc (on peut monter à 80 points pour la totalité des 17 types existants). Bon courage !

Un petit quiz animalier ?

 

Lycaon ou Saola ?

Le jeu avait eu son coup de projecteur par deux fois l’année dernière, à la Gen Con et Essen, Shanouillette en parlait ici.

Buzz de festival ou réel intérêt, que dégage une partie de Spectacular ?

On va déjà passer sur le côté illusoire, voire marketing du jeu. C’est gentil de mettre une fiche nous parlant du manchot du Cap et du flamant des Andes, la nature n’est ici qu’un énième prétexte pour habiller un jeu totalement abstrait, un puzzle que l’on construit dans son coin. On peut se poser la question quant à la réunion d’un natif de l’Arctique et d’un habitant de la Savane… Qu’importe, le matériel, rangé dans ses petites boîtes façon origami est pléthorique, les nombreux dés colorés, les tuiles et une belle couverture créent le décor. C’est attirant et plaisant à manipuler.

 

spectacular

Un rangement impeccable.

 

On est clairement dans un des nombreux jeux de poses de tuiles qu’on a croisé ces derniers mois sans réelle nouveauté sur la base. On tente de créer des étendues de même nature pour marquer des points (ici via de fortes valeurs), optimisant son espace tout en s’adaptant aux contraintes de couleur/valeurs et en validant des objectifs. La première partie surprend, on l’a peut-être pris trop à la légère. On se dit qu’il faut poser des 6 plutôt que des 2, logique, et l’on s’aperçoit vite que ça coince. C’est sur ce point que le jeu est bien équilibré. Pour poser ce genre de valeur, il faut avoir une tour. Pour construire une tour, il faut les tuiles qui le permettent. Seulement à partir de ce moment, pourra-t-on placer les dés 6 ? Mais, entre-temps, seront-ils encore disponibles ?

Voilà la deuxième force de ce titre, le draft du plateau réserve. Si au début de chaque manche on a pas mal de dés dans lesquels on peut taper, on est déjà dans le dilemme. Sur mon plateau réserve, j’ai de quoi terminer une tour. De plus, j’ai un 6 de la bonne couleur que je peux déposer sur cette tuile. Zut, on ne peut pas prendre les deux ! Je prends la tuile. On va passer le plateau à sa voisine. Peut-être que mon dé reviendra ; il suffit d’y croire, non ? Si le jeu à deux permet ce genre de risque, à plus, c’est rare de revoir ce qu’on a laissé passer. Un double questionnement à la fois frustrant, mais enrichissant sur les futurs choix, l’adaptation, le plan B qu’on a bien sûr dans sa poche.

 

Premier décompte, est-on connecté au ticket de l’entrée ? Oui.

 

Le jeu se déroule toujours sur deux niveaux, tuiles et dés, première et seconde manche. La première manche permet de construire des tours, de créer des collages de terrain jusqu’à l’entrée, encore faut-il les valider et placer des dés. Ce paysage qu’on dessine est la fondation du score de la deuxième partie et il faut se préparer à la suite. Faut-il sacrifier la diversité des animaux pour s’étendre ? A-t-on assez de multiplicateurs dans la zone ? En avoir un… ne multiplie rien ! On perçoit l’intérêt des petites valeurs des tuiles reproduction. En début de partie, on a le droit de relancer ses dés. Est-ce un bon choix de garder deux 6 de la même couleur ? Bref, cette double prise (dé/tuile) ajoutée à la gestion de l’espace insuffle une tension suffisante pour cogiter. Et bien qu’on regarde chez les autres ce qui peut débarquer chez soi, on n’est jamais sûr à 100% de récupérer ce que l’on veut.

Le jeu peut encore en ajouter une couche avec des objectifs et son mode mission. Chaque joueur se voit remettre 3 tuiles (A/B/C) qui vont donner des bonus selon les contrats à réaliser (par rapport à des placements de tuiles précis, des sommes de valeurs, des adjacences…). Cela ajoute beaucoup plus de réflexion. On peut, pour commencer, n’en proposer que 3 pour tout le monde, une règle maison qui permet de rester concentrer sur la base tout en la pimentant.

 

Adjacences ou valeurs, quelques missions à réaliser.

 

Spectacular a du niveau, il faut aimer la pose de tuiles, le placement. Si le jeu est rapide, il est dense et demande une réelle concentration, ainsi qu’une bonne capacité à jongler entre planification et adaptation, calcul de points et prise de risque minimum. L’agencement spatial est au programme. C’est vraiment le draft qui rend ce titre sympathique et moins froid, car au final, on joue dans son coin, solo multijoueur, œuvrant à sa propre construction, rapidement, puisqu’on peut jouer quasi simultanément.

 

Fin de partie et deuxième décompte.

 

Spectacular ne déçoit pas et parvient à donner un coup de boost à la pose de tuiles. Il reste un puzzle, un jeu abstrait sous contraintes, mais sa rapidité d’exécution, le mélange de ses mécaniques en fait un bon candidat à inviter à votre table si vous appréciez ce type de challenge.

 

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3 Commentaires

  1. elniamor il y a 3 jours
    Répondre

    Bonjour, pour la première fois j’ai de la publicité qui s’immisce dans l’article (berk !), c’est mon navigateur qui me joue des tours ou bien quelque chose d’autre a changé ?
     

    • Shanouillette il y a 3 jours
      Répondre

      Bonjour Elniamor

      Merci pour ton message 🙂
      Peut-être faut-il rafraichir la page ?
      Nous avons un tout petit peu de pub, mais c’est dans la barre de droite uniquement, jamais dans le corps des textes de nos articles.
      Bien à toi,
      Shan.

      • elniamor il y a 3 jours
        Répondre

        Merci pour la réponse ! En l’occurrence c’est sur mobile (sous Firefox). Je vous envoie une capture d’écran.

        Et merci pour l’article aussi évidemment, désolé pour le hors sujet…

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