Rallyman GT : VROUM, quand votre coeur fait VROUM !

Une fois n’est pas coutume, je me dois de commencer cet article par des excuses. À la communauté Formule Dé. Du fond du cœur, désolé chers confrères ludistes, je n’ai jamais su vous comprendre. Je n’ai jamais bien su pourquoi, mais Formule Dé ne m’a jamais séduit. Vous allez me dire c’est pas grave, mais pas mal de mes amis joueurs étaient fondus de ce jeu, et j’étais, je l’avoue, assez frustré de ne pas réussir à m’amuser autant qu’eux.

30 ans plus tard (et oui…) le jeu a subi des rééditions, une pléthore de circuits, et bénéficie toujours d’une communauté active et enthousiaste. J’ai pourtant essayé, acheté plusieurs éditions, tenté la version « Fast and Furious », essayé d’autres jeux de course comme le bancal mais jouissif Rush’n Crush, le vénérable Car Wars, qui a occupé un bon moment mes samedis d’adolescent boutonneux et célibataire, et d’autres plus ou moins obscurs (jusqu’à l’excellentissime Race Formula 90 dont il faudra bien que je vous parle un jour) mais le fun associé à Formule Dé m’a toujours échappé.

Pourquoi je vous parle aussi loooooonguement de Formule Dé alors que l’article porte sur un autre jeu ? Tout simplement parce que je pense que j’ai trouvé dans Rallyman GT ce qui fait tilter les joueurs de Formule Dé. C’est étrange mais c’est comme ça.

 

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Rallyman GT : un Formule Dé comme les autres

L’un des autres raisons pour lesquelles je vais continuer à parler de Formule Dé est que les deux titres sont très, très similaires. Évidemment, les deux sont des jeux de courses, suivant lesquelles les joueurs vont planifier leurs trajectoires, prenant plus ou moins de risques, puis compter sur les dés pour valider ou pas leur prise de risque.

Dans les deux jeux, le hasard joue un rôle important, mais pas absolu, dans la mesure où ils proposent tous les deux des façons de mitiger l’impact de l’aléatoire en la jouant « prudent » (c’est-à-dire, fondamentalement, en roulant pas trop vite). Bien sûr, vous pouvez toujours tenter votre chance en mode « ça passait c’était beau ». Dans les deux jeux, la mécanique fait aussi la part belle au positionnement tactique sur la piste. Bloquer l’adversaire en se positionnant à un endroit stratégique, notamment dans les virages, peut-être une façon particulièrement retorse de lui faire perdre du temps.

 

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Rallyman GT : Pas comme Formule Dé

La plus grosse différence vient de la façon dont on gère les trajectoires ; l’essence du jeu dans les deux opus. Dans Formule Dé, on doit d’abord déterminer le nombre de cases à parcourir par un jet de dé (avec le difficile choix du rapport), puis trouver la trajectoire optimale une fois que ce nombre de cases à parcourir est déterminé.

Dans Rallyman GT, la trajectoire est construite grâces aux dés de vitesse, un par case que l’on doit parcourir. Le nombre et le type de dés qu’un pilote peut placer dépend de la voiture qu’il conduit. Il n’y a qu’un seul type de voiture dans la boite de base (les GT6) mais des extensions viennent varier les plaisirs en la matière (cf à la fin de l’article).

Un certain nombre de contraintes viennent évidemment s’appliquer sur les dés que l’on place : on ne peut que rester à vitesse constante, augmenter ou diminuer de 1 la vitesse à chaque nouveau dé que l’on pose après le premier. Certains dés (blancs, dits « de gaz ») permettent justement de maintenir la vitesse, mais les autres non, et vous vous retrouverez souvent dans une position un peu bizarre à devoir diminuer progressivement votre vitesse pour aller plus loin lorsque vous vous retrouvez à court de dés.

 

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Au-delà des choix réels, mais assez classiques que vous proposent les circuits (il est toujours plus intéressant de prendre la trajectoire optimale de type extérieur-intérieur-extérieur, les virages doivent être pris à des vitesses plus faibles, etc), le jeu propose un twist très intéressant qui s’avère, à n’en pas douter, la source de mon intérêt pour le jeu : la gestion de la prise de risque.

La mécanique qui anime vos moteurs !

Lorsque vous avez placé vos dés sur la trajectoire que vous voulez suivre, vous allez devoir les lancer. Plus la trajectoire est longue (plus il y a de dés) plus vous risquez la sortie de route. Pourquoi ? Parce que sur chaque dé se trouvent seulement deux types de symboles : la face « tout va bien » et la face « warning ».

Selon votre véhicule, les conditions atmosphériques, son adéquation avec le type de pneumatiques que vous avez chaussé, vous aurez droit à un certain nombre de warnings avant que ne se déclare la sortie de route. Typiquement, vous aurez le droit à 1 ou 2 warnings avant que le suivant ne vous envoie dans les graviers. Chaque dé à 6 faces comporte 1 ou 2 faces warnings, donc les chances restent bonnes même lorsque vous lancez plusieurs dés, mais cela reste un risque énorme. En effet la sortie de route, au-delà de vous ramener à vitesse 0 et de vous faire potentiellement perdre un tour, prend aussi le risque d’endommager votre véhicule, altérant sa manœuvrabilité et sa vitesse. Bref, c’est une mauvaise idée.

Donc, en soi, rien que le nombre de dés qu’on va se permettre de poser pour déterminer notre trajectoire (la réserve de dés utilisable dépend bien sûr du véhicule et de son état) est déjà un choix difficile, porteur de risque. L’auteur du jeu [NDLR – Jean-Christophe Bouvier] aurait pu s’arrêter là et on aurait déjà eu un bon jeu.

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Mais il ne s’est – heureusement – pas arrêté là.
Une fois qu’on a posé notre trajectoire, il nous faut encore faire un choix : la « grosse attaque » (c’est naze comme nom, j’y aurais préféré « mettre le paquet », « à fond à fond à fond », « ça passait c’était beau », mais bon, tant pis) et le lancer progressif.

  • Si vous faites une grosse attaque, vous fermez les yeux, appuyez à fond sur l’accélérateur, faites blanchir les jointures de vos doigts sur le volant, et vous lancez tous les dés en vous en remettant au Dieu Carbu. Si vous faites 3 warnings ou plus, gravier ! Sinon, c’est la gloire ! Mais quoi qu’il en soit, graviers ou lauriers, vous aurez gagné autant de jetons focus que vous avez lancé de dés. Et les jetons focus, c’est diablement pratique…

 

  • Si vous décidez d’opter pour le lancer progressif, vous allez lancer les dés un par un, dans l’ordre de votre trajectoire. À chaque lancé, vous pouvez décider ou pas de continuer, ce qui fait qu’en pratique, vous ne POUVEZ pas vous planter si vous vous arrêter à 2 warnings et que vous ne lancez plus… Mais vous allez quand même avoir envie de tenter.
    D’autant plus que c’est là que vos précieux jetons focus vont vous aider ! Lorsque vous pensez que lancer un dé est trop dangereux, vous pouvez décider de sacrifier des jetons pour ne pas avoir à le faire (et le considérer comme réussi).
    Sauf que la dépense suit une série arithmétique : cela vous coûte 1 jeton si vous ne sautez qu’un lancé de dé, mais le deuxième vous coûte 2, le troisième vous coûte 3, et ça chiffre assez vite…
    Et surtout, pour avoir des jetons à sacrifier, il faut de temps en temps faire des grosses attaques où on lance tous les dés sans réfléchir. Ce qui vous oblige, parfois, à la jouer « safe », par exemple dans les lignes droites, histoire de pouvoir faire une grosse attaque et récupérer des jetons pour négocier les zones du circuit plus difficiles.

 

J’adore cette mécanique.
Elle est simple, viscérale, vous maintient sur le bord de votre siège pendant votre tour comme pendant celui de l’adversaire, vous oblige à prendre des risques, et génère une excitation incroyable autour de la table. Du grand art.

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Évidemment, le jeu propose pas mal de nuances et d’autres règles comme la gestion des sorties de route, les dommages à votre véhicule, les arrêts aux stands, la météo, les changements de pneumatiques, etc. Tout reste simple, fluide, et si on n’est pas dans la simulation pure et dure, permet de retrouver la saveur de jeux plus complexes.

 

Dedans la boite

À la différence de Formule Dé, Rallyman GT propose des circuits en Kit sous forme d’hexagones à agencer pour former 8 circuits différents dans la boite de base.
Alors c’est sur, c’est beaucoup plus galère de monter un circuit à Rallyman que de juste en déplier un à Formule Dé, mais les possibilités sont énormes, et la communauté ne s’y est pas trompée, vous pouvez trouver des centaines de circuits, réels ou fictifs, sur internet. La richesse issue de l’activité de la communauté est sans limites, et il y a aussi des variantes avec des voitures « drones » contrôlées par une IA, à la fois super simples et à la difficulté variable, qui sont des petits bijoux de game design amateur.

En ce qui concerne la qualité du matériel, on appréciera (énormément, en ce qui me concerne) le travail de l’illustrateur Loic Muzy. Le style est à la fois sobre et très évocateur, avec un effet « aquarelle / patiné » que je trouve magnifique.

Les tuiles sont belles et clairement dessinées, et les voitures sont certes microscopiques mais jolies et font parfaitement le job (en plus d’être raccord avec les illustrations). Bref, pas grand-chose à dire sur le matériel, si ce n’est qu’il est : « très bien ».

Dedans les autres boites

D’autres extensions apportent des croisements, des portions de circuit plus ou moins larges, d’autres circuits, d’autres voitures, des règles de championnat et des règles de jeu par équipe.
Sans être indispensables, les extensions sont toutes très intéressantes. Mais s’il y a des extensions qu’il faut ABSOLUMENT avoir, ce sont celles qui permettent d’accéder aux autres types de voiture : GT4 et GT5. Les GT6 sont puissantes et rapides, mais beaucoup moins agiles que les autres, et une simple GT4 peut parfaitement tirer son épingle du jeu dans des circuits étriqués et sinueux où une GT6 sera plus pataude.
Il n’y a rien de plus satisfaisant que de réussir à battre un adversaire avec une voiture moins puissante que lui. Je recommande très chaudement d’investir dans ces petites extensions pas chères du tout et qui apportent beaucoup de diversité et de profondeur au jeu.

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En conclusion : Go Fast

Vous l’aurez compris, Rallyman GT m’a séduit par la simplicité de ses règles, mais la richesse tactique qu’elles offrent. Évidemment, on a toujours affaire à un jeu dont une partie des résolutions fait appel à des jets de dés, et le hasard va jouer un rôle non négligeable dans vos parties. Sur des circuits longs ou à plusieurs tours, en général la chance se répartit équitablement, mais sur un circuit court, on peut s’agacer de voir un adversaire foncer pleine bourre en permanence sans jamais avoir de conséquences, tandis qu’on se plante au premier risque qu’on prend. C’est la vie, mais encore une fois, 1/ bien jouer mitige l’importance de la chance, 2/ sur une partie un peu longue genre 2 tours, ce genre de sujets se résout tout seul.

Je ne pensais pas qu’un jeu de course pourrait me plaire autant, et celui-ci m’apporte énormément de plaisir. À essayer urgemment !

 

GAAAAAAZZZZZZ !

 

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2 Commentaires

  1. Max Riock 16/07/2020
    Répondre

    J’ai hâte de le découvrir celui-là même si j’adore Formule dé 😉

  2. Frédéric Ochsenbein 17/07/2020
    Répondre

    J’y ai joué sur Board Game Arena. Très sympa, même si la nostalgie me fait préféré formula Dé ^^

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