Pulsar 2849 : Vos dés en orbite
Un gîte de deux étages, en pierres, perdu au milieu de la campagne iséroise, du brouillard, 0°C, aucune lumière. L’ambiance parfaite pour une film d’horreur.
Je pénètre dans les lieux et changement radical : une dizaine de personnes jouent, discutent, rigolent (un manque de bouteille flagrant par contre), un gros poêle à bois réchauffe les 30 m². Mais surtout, au sol, des sacs entiers débordent de jeux, de la nouvelle recrue en provenance d’Essen aux plus anciennes pépites ayant fait leur preuve. Me voilà rasséréné. Hâte de sauter dans le bain.
Du coup je n’hésite pas une seconde lorsqu’on me propose Pulsar 2849, de chez Czech Edition Game. Cet éditeur a fait ses preuves et puis le thème me plaît. Allumons les propulseurs et laissons nous porter.
C’est plutôt calme niveau sonore
Nous sommes quatre autour du plateau circulaire. Cette forme a le mérite de ne pas placer certains joueurs dans le sens de lecture, et d’autres à l’envers. C’est appréciable. Il est sobre, mais des couleurs plus flashy simulent les trajets potentiels de vos fusées, des pulsars et des planètes sont présents et la piste de score est sur le périmètre du plateau. Le tout est simple, presque reposant. Après tout, dans l’espace, c’est plutôt calme niveau sonore.
Autour, différents plateaux seront placés : les plateaux joueurs recto-verso, les tuiles objectifs de fin, les tuiles technologies, les jetons gyroscopes.
Enfin un second plateau central, plus petit, permettra d’y déposer les dés du jeu ainsi que la piste d’ordre du tour et celle de recherche.
Finalement, ce n’est plus si reposant ! Il y a de nombreuses choses à regarder un peu partout. Mais après les explications, l’iconographie abondante s’avère claire. Elle fait le boulot.
Bon, niveau mécaniques de jeu, nous ne sommes pas en terra incognita. La finalité est évidemment de cumuler le plus de points de victoire, et vous aurez plusieurs stratégies pour y parvenir. Coloniser des planètes, construire des pulsars, construire des transmetteurs.
À retenir, il y a un scoring de fin, prenant en compte des objectifs bonus accessibles à tous durant le jeu (provoquant une mécanique de course pour les valider en premier et amenant de l’interaction). Cependant, l’essentiel des points se feront « in game » (durant la partie), lors du scoring de fin de tour.
Rien de transcendant, mais là encore, c’est efficace
Dès le début, toutes les actions seront sous vos yeux, rien de particulier à débloquer, si ce n’est le mini-arbre de technologie de votre plateau joueur, tous différent suivant la face choisie. Avouons-le, ce plateau est plutôt grand pour pas grand chose, et les actions proposées seront surtout là soit pour vous dépatouiller d’un mauvais choix, soit pour démultiplier une action rentable. Rien de transcendant, mais là encore, c’est efficace.
Classiquement les zones d’action utilisées seront bloquées pour les autres joueurs.
Mais Pulsar 2849 ne joue pas vraiment sur la frustration, mais plutôt sur l’optimisation. Vous trouverez toujours comment utiliser vos actions, probablement de manière sous-optimale pour votre stratégie immédiate, mais vous auriez dû de toute façon le faire dans quelques tours.
D’ailleurs parlons-en, comment ça se passe un tour ?
Eh bien, le premier joueur lance 9 dès (à 4 joueurs tout du moins).
C’est la seule partie aléatoire du jeu, en dehors de l’installation initiale.
En suivant leur face, il les trie puis les place aux endroits appropriés du plateau. On définit alors la zone médiane : il s’agit du cinquième dés. On couvre cette zone et on regarde de quel côté il y a le plus de dés restants, un petit curseur est donc placé sur la gauche ou la droite de la zone médiane.
Chaque joueur doit ensuite choisir deux dés, l’un après l’autre.
Chaque dé lui permettra de réaliser une action en se posant une case strictement de la même valeur. Pour chaque dé choisi, on regarde de combien de cases il est éloigné à gauche ou à droite de la zone médiane. Vous devez répercuter cette valeur sur une de deux pistes : celle d’initiative (donnant l’ordre du tour) ou celle de la recherche (vous octroyant des cubes recherche à dépenser dans des objectifs à la fin du jeu, ou pour gagner une unique action supplémentaire durant un tour). Cette petite mécanique simple est vraiment intéressante et apporte un plus non négligeable dans votre réflexion.
Dans les actions possibles, vous pourrez déplacer votre navette (des figurines en plastique de forme étrange) sur le plateau afin de découvrir des pulsars, vous les approprier puis y placer des gyroscopes. Ces derniers vous rapporteront des points (PV) à chaque fin de tour suivant leur niveau.
La chose intéressante est qu’à chaque planète sur laquelle vous passez, vous déposez un pion colonie pour dire « Jean-Robert was here », sachant qu’il y a des PV attribués à la fin pour cette présence. Si vous vous y arrêtez et qu’il reste de la place, c’est carrément banco, vous posez une colonie ET vous gagnez le bonus de la tuile planète.
Vous l’aurez compris, c’est du connu niveau mécaniques, mais encore faut-il parvenir à faire tout cela dans le bon ordre. D’autant que vos adversaires y font rien d’autres qu’à vous piquer vos actions. Pfff.
Manque l’arbre des technologie dans tout ça. On peut utiliser un dé pour se placer sur l’arbre technologique, comme son nom l’indique ça nous donnera une technologie qui va nous aider pendant la partie.
Plus la partie avance et plus les technologies sont intéressantes, on pourra bien sûr se placer sur les technologies précédentes, s’il y a encore de la place car de ce côté c’est plutôt limité.
Pulsation ou ré(pulse)sif ?
Au final, bien qu’ayant eu un week-end chargé, je me souviens encore du jeu qui a lancé ce marathon ludique. Alors oui, le thème n’est pas franchement le point central du jeu, mais on note quelques efforts pour s’y tenir.
On pourrait le comparer à Grand Austria Hotel de Simone Luciani et Virginio Gligli. En effet dans celui-ci chaque joueur récupérera deux dés. Mais ici on les joue tous les deux en même temps, ce qui évite le temps d’attente entre les tours (insupportable dans le titre précité). Pulsar 2849 reste fluide même si la profusion des possibilités n’évite pas le fameux « analysis paralysis » avec les joueurs touchés par ce drôle de trouble. Quoiqu’il en soit on aura toujours quelque chose à faire.
À quatre joueurs la tension est idéale, la course aux planètes est lancée, il n’y a que deux places sur chaque piste technologique et la concurrence est rude. L’ordre du tour peut être important, surtout vers la fin. À deux joueurs, le jeu est plus rapide, la sensation de course est diminuée, on note aussi moins de compétition sur la piste technologique, mais le jeu se joue en 1 heure de temps.
Nous ne sommes pas non plus sur un joyau d’innovations ludiques. Mais l’ensemble est fluide, prenant et bien fait. La durée aussi est très correcte (moins de 2h). Et la rejouabilité est intéressante, d’autant que l’arbre des technologies change à chaque partie. Au final, je suis plutôt convaincu malgré une cuisante dernière place, et je tenterais de nouveau l’expérience avec un réel plaisir. Laissez-moi juste le temps de passer ma combinaison spatiale à la machine à laver.
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