Il arrive que nous testions des jeux en interne et que nous soyons en désaccord au sein même de la rédaction. Qu’à cela ne tienne, Ludovox c’est « la voix DES joueurs », au pluriel ! On a le droit d’avoir des attentes et des goûts différents.

La preuve, avec ce premier opus : 7ème Continent.

Vous aviez déjà pu lire un Just Played proposé par un de nos testeurs, Atom. Les membres de la rédaction ont à leur tour pu jouer au jeu en avant-première.

Voici en substance le coeur de nos débats, à quelques jours de la fin de la campagne KS en cours. 

Pour

Un jeu narratif novateur super thématique, ça vous tente ? Car c’est bien ce que propose le 7ème Continent. Le buzz monstrueux ne s’y trompe d’ailleurs pas. On n’est pas loin des 800 000 € de levés sur KS (et plein de Stretch goals à l’horizon…).

Dans 7ème Continent vous allez explorer un terrain hostile, découvrir des petits détails sur les illustrations qui auront leur importance, continuer à vous déplacer et à explorer l’univers, améliorer vos connaissances des lieux et votre équipement au passage, tomber sur des événements aléatoires qui vont retarder vos plans… Dans le but de percer les troublants mystères qui résident en ces lieux, le tout en coopératif pur. Aguichant n’est-ce pas ? On se croirait dans Lost – les disparus !

Au fur et à mesure de la partie, la pioche de cartes aventure va peu à peu s’épuiser (ce qui nous rapproche de notre fin inéluctable), mais heureusement vous pourrez la rallonger en utilisant des cartes nourriture : cela engendre une gestion de deck très prenante, s’administrant sur le moyen-long terme. Au départ, on se sent à l’aise, capable de tout, et peu à peu, l’étau se resserre…

Nos héros, des personnages proches de nous mais au caractère bien trempé, vont pouvoir réaliser des tas d’actions diverses et variées, crafter, escalader, chasser, jouer de la musique, prier, creuser, faire du feu, être discret… Un petit goût de Robinson n’est-ce pas ?!

À chaque fois que l’on souhaite réaliser une action, on va piocher dans le but d’obtenir des étoiles jaunes (=succès) mais attention, n’oubliez pas que si le deck s’épuise, on augmente nos chances de mourir ! Dilemme ! À vous de faire des choix intelligents, vous êtes là pour survivre, si une action a l’air trop dangereuse c’est peut-être que vous n’êtes pas assez équipé. Et oui car en fabriquant des objets, vous pourrez vous spécialiser dans certains types d’action (chasse, connaissance…) et devenir de plus en plus fort face aux défis. L’action « réfléchir » vous permet de piocher pour avoir de nouvelles idées, l’action « se souvenir » permet d’aller chercher une carte déjà défaussée : la thématique est partout dans les actions. Et n’oubliez pas, fiez-vous toujours à votre instinct ! Se baigner dans ses eaux animées, vous êtes sûrs ? Regardez bien l’illustration avant de vous jeter à l’eau…

Le terrain se construit au fur et à mesure avec les cartes qui s’assemblent et forment le paysage, renforçant l’aspect exploration et aventure. Des événements aléatoires sous la forme de cartes «  brouillard » vont générer du suspens, du danger ou parfois de bonnes surprises.

Le jeu apparaît beaucoup moins scripté qu’un Tales of Arabian Nights où on avait souvent l’impression de ne rien contrôler dans les événements, et il donne un sentiment définitivement plus grand que Time Stories dans la progression, de par la non-linéarité de notre aventure et la possibilité de déclencher / trouver des actions depuis notre main, sans oublier ces détails des cartes qui cachent soit des nombres, soit des actions issues de connaissances acquises (en gagnant du savoir au sujet des plantes et lieux de l’île par exemple).

Et enfin, autre originalité : dans le 7ème Continent, on n’a pas de lancé de dés. C’est à vous de peser vos choix et de gérer votre deck en mesurant vos risques. 

Alors bien sûr, cet avis est rédigé après une partie d’une version alpha de démo, mais si vous avez aimé les Livres dont Vous êtes le Héros, ou si vous n’avez plus le temps pour organiser du jeu de rôle, il est grand temps pour vous de pledger 7Th Continent et d’attendre son arrivée l’année prochaine ! Le jeu en vaut la chandelle – le modèle économique étant quand même bien plus acceptable qu’un TIME Stories (mais ça, c’est un autre débat). Plus de 1000 minutes de jeu pour un 1^er pledge à 59€, voilà, tout est dit. Et ça serait dommage de rater les exclusivités de la campagne…

Contre

7ème Continent est le stop-ou-encore le plus surcoté du moment. On explore ? On pioche. On tente une action (peu importe laquelle !) ? On pioche. Rien d’autre. Ces manipulations de cartes deviennent vite répétitives et nuisent drastiquement à l’immersion. Défausser, reprendre, remélanger, repiocher…

Attention, la mécanique a beau être lourde en manipulations, elle n’est pas dénuée d’équilibrage et de logique, bien au contraire. Elle simule le temps passé dans les actions et modélise bien par exemple la récupération, avec le fait de se nourrir.

Ceci dit, nous, on voudrait se raconter une histoire ! Mais trop d’éléments viennent nous en sortir constamment. « Ça me coûte 2 cartes aller, 1 carte retour pour me déplacer sur la tuile liane, pour crafter ma corde que je combine avec mon bâton pour faire un bâton à corde qui me donne -4 cartes +2 étoiles +3 utilisations, tout ça pour -2 cartes, et après on fait l’action 6/12 avec un bonus ». Qui a parlé d’immersion ?

On escalade une falaise ? On pioche (donc), et là, dingue, on a mille et une idée qui nous viennent (les cartes piochées sont des idées d’objets qu’on pourra fabriquer) mais comme on est un peu bêbête, on pourra conserver qu’une idée parmi celles-ci, peu importe si les autres sont bien aussi. De toute façon, dans notre tête, on a de la place pour un nombre hyper limité d’idées. Et même si je construis un objet, je ne pourrais pas le refiler à un de mes amis, car l’action « donner » n’existe pas en dehors du moment du craft. « C’est à moi ! ». Vous aviez dit coopératif ?

D’un point de vue de la coopération, l’absence de tour de jeu est totalement discutable : un joueur pouvant décider de faire 10 actions à la suite pendant que les autres ne font rien, le coop peut se muer en solo malgré lui. Ou alors on fait « tout ensemble » mais là aussi un joueur peut avoir tendance à driver la partie. Pourtant, mettre quelques contraintes dans le tour ne retirerait rien à l’immersion et redonnerait une dynamique autour de la table. En l’état, le jeu apparaît plus intéressant en solo. C’est pas un mal en soit, il faut juste le savoir.  

On entend que le système de sauvegarde est révolutionnaire. En réalité, il est assez peu exceptionnel : on ne conserve que la tuile sur laquelle on se trouve, les cartes défaussées (non bannies) retournent dans le deck. D’après ces règles alpha, après chaque sauvegarde, on ne replace pas les cartes de terrain déjà découvertes. Le système de bannissement de cartes s’assure que l’on ne rencontrerait pas à nouveau un PNJ qu’on aurait tué par exemple, mais peut nous faire rejouer les mêmes scènes pour lesquelles on a déjà dépensé des cartes… On redécouvrira alors les avantages qu’on aurait pu avoir gagnés (comme la nourriture tiens !).

Autre absurdité : si un ami se retire d’une partie en cours, imaginons qu’il meurt, on ne peut pas récupérer son matos. Ils ne vont pas ramasser les objets d’un mort, ça porte malheur !

Parlons un peu de l’histoire. Celle-ci s’étend sur tellement d’heures qu’il est en réalité compliqué de changer de partenaires en cours de route. Et avouons que niveau énigmes, on est restés sur notre faim. Il s’agit surtout d’observer les cartes et d’être allé aux bons endroits dans le bon ordre.

Cet avis est rédigé après une version alpha de démo, mais cela pose tout de même un peu question et l’on peut se demander à quel point le développement du jeu va encore évoluer. Bref, on va retenir notre pledge et attendre.

À vous de jouer

Quand on regarde ces avis pour et contre, on se rend compte qu’ils sont complémentaires et qu’ils sont motivés par ce qui a le plus d’importance pour chaque joueur dans sa démarche de choisir le jeu qui lui convient.

Certains chercheront le thème et l’immersion à tout prix, d’autres la mécanique avant tout.

Vous pourriez voir la mécanique comme un frein à l’immersion ou la dépasser complètement dans l’attrait de l’aventure.

Maintenant c’est à vous de vous faire un avis et de décider. Le KS se termine dans quelques jours !

> la fiche du jeu

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