Perspectives 2 – La belle bleue
Une nouvelle boîte de Perspectives est sortie cet automne, la bleue, un an après la orange (on en parlait dans ce Just Played) toujours par le duo Matthew Dunstan et David Neale. La première du nom défrichait un peu le genre qui se situe entre la communication de l’image et l’enquête.
Voici donc une boîte qui comprend encore trois histoires différentes. Que propose cette boîte bleue éditée par Space Cowboy, avec les mêmes auteurs aux manettes ?
Sur mon image..
Trois histoires, chacune composée de trois actes. Un quatrième acte viendra conclure l’histoire.
Chaque acte est composé de douze cartes, que l’on se distribue de façon ordonnée entre les joueurs. Ainsi à deux joueurs nous aurons six cartes chacun, tandis qu’à quatre nous en auront trois. Ces cartes nous ne les montrerons pas aux autres. Elles racontent l’histoire. Petite introduction pour nous poser le contexte. Que s’est-il passé et qu’attend-on de nous. Une première question nous est posée pour nous guider dans notre réflexion.
Durant chaque acte, notre but va être de comprendre l’histoire, pour cela, nous avons le droit de tout décrire. Nous nous rendons vite compte que plusieurs d’entre nous vont avoir les mêmes personnages, les mêmes lieux, parfois à des moments différents, ou à des instants proches, sous des angles différents aussi. Nous focaliserons alors un peu plus sur la description comparée des scènes afin de lire la chronologie et l’implication de ces personnages.
Ça vous fait penser à Fil rouge, et oui, dans ce dernier nous nous décrivons également les images et cherchons à reconstituer la chronologie. Dans ces deux jeux, le but est de comprendre et classer. Fil rouge met beaucoup plus en jeu nos émotions, quand Perspectives est plus froid et mécanique. Perspectives nous guide en nous posant des questions. Étonnant de constater la proximité de ces deux jeux pourtant issus de démarches différentes, qui se retrouvent en édition en même temps.
Histoires bleues
La façon de jouer à Perspectives était alléchante, mais certains scénarios avaient déçu les joueurs dans la première boîte orange, l’un trop “scientifique et alambiqué”, un autre trop descriptif des cheveux et des palmiers, et pourtant l’envie de découvrir ces trois nouvelles histoires est bien vive. La bonne surprise de cette nouvelle boîte est que les auteurs ont su améliorer leur narration, et nous faire décrire des choses plus marquantes ou plus fines. Les actes de chaque histoire sont plus proches les uns des autres que dans le premier opus, on retrouve les mêmes personnages, l’histoire continue en quelque sorte, ce qui n’était pas trop le cas dans le 1. Et ça rend le tout plus compact et plus narratif.
Après les trois actes de l’histoire, nous ressortons toutes les cartes sur la table pour le dernier acte. L’histoire se dévoile entièrement, avec des questions, des choses à faire, et parfois de l’action.
Les illustrations des trois histoires, de trois illustrateur·ices ont un style bien différent, parfois avec un regard très cinématographique sur la scène. Il est important que ces illustrations soient lisibles et agréables, car on passe pas mal de temps à les regarder, à les scruter, à les comparer en paroles, et il faudra aussi les retenir car une fois répondu la première question de l’acte, on lâche nos cartes, et on découvre une nouvelle salve de questions auxquelles il faudra répondre sans pouvoir à nouveau les consulter.
Peut-être que nous avons appris à jouer le jeu également. Je constate une prise en main plus rapide maintenant, nous savons mieux diriger nos descriptions, mieux nous écouter, poser les bonnes questions. Les petits détails ne nous auront pas !
Pourtant il y a ce titre qui nous met au défi : Le diable est dans les détails.
Défi accepté. C’est une histoire qui se passe au XIIIe siècle au couvent des Ursulines. Sœur Héléna a été empoisonnée. Vous voyez, ambiance Le nom de la rose. Un scénario qui nous demande plus de soin dans nos descriptions, et plus de sagacité. Un dont on peut être fier d’avoir compris l’inventivité du codeur. Car on n’est pas si loin de l’énigme dans ce Diable est dans les détails. Si la cohérence de l’histoire n’est pas encore la qualité première, on nous propose un moment très agréable.
La première affaire, Mémoires partagées se passe elle en pays Celte fin Ve siècle, envahi par les romains. Rébellion, évasion, trahison, de l’action vous attend dans cette histoire. L’intrigue tourne autour de la compréhension des personnages, quels sont leurs rôles, quels sont leurs déplacements, et un dernier acte qui va nous changer dans nos habitudes des autres scénarios.
La mine perdue nous entraîne au far-west à la recherche de la mine d’or de notre père. Ce scénario là nous fait vivre une belle petite aventure, qui commence d’une façon très ludique par un chapitre où nous devons trouver la localisation de la mine, rappelant les cartes au trésor des pirates. Et l’action continue dans les chapitres suivants. Petite déception sur certaines scènes où la perspective de l’illustration nous trompe (chapitre 3) et pose des questions qui n’ont pas lieu d’être. Dommage, la qualité de la boîte de façon générale nous avait habitués à être vigilant à tous les détails, sauf ce chapitre.
De orange à bleu
Perspective 2 nous emmène dans des histoires d’un autre temps et c’est un renouvellement appréciable par rapport aux trois histoires du premier qui étaient très contemporaines. Une meilleure cohérence entre les actes offre une belle expérience aux joueuses. Le binôme Matthew Dunstan & David Neale toujours aux commandes de ces nouvelles histoires nous propose à nouveau des moments partagés autour d’une histoire. La cible n’est pas restreinte aux amateurs d’enquête, et tout le monde a sa place dans ce coopératif. C’est une belle suite de la boîte orange, de l’amélioration même, merci messieurs, on attend la prochaine !
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ocelau il y a 10 jours
étonnamment j’ai préféré les histoires du premier opus qui m’ont semblé plus cohérente. Un peu déçu du diable se cache dans les détails par exemple. Mais ça reste du très bon et je pense surtout affaire de goût, d’expérience et de groupe. Excellent jeu en tout cas, Space cow boy ont là une série qui va bien reprendre le sillon d’un unlock qui commence à s’essouffler (même si globalement toujours bon avec un étonnant renouvellement vu le nombre de scénarios déjà sortis)