PEL 23 : ON DÉPILE #4 : Epic Spells Wars- Baston de sorciers, Faraway, Oiseaux de Paradis, Ouch!, Point City
Quatrième partie de notre reportage du festival Paris Est Ludique qui a tenu sa onzième édition le premier week end de juillet. Pour en savoir plus sur l’organisation du festival, la fameuse patate d’or, et sur les premiers jeux couverts, direction la Partie 1 et Partie 2. Dans la Partie 3, l’accent est mis sur le Carré Histoire.
Samedi et dimanche, le festival était ouvert au public, et le vendredi après midi, pour la première fois, les organisateurs ont proposé un accueil pour les pro : boutiques, médias… Si l’intention était appréciable, il faut reconnaître que peu de « pro » étaient présents pour découvrir les jeux proposés par les éditeurs. Un moment mal choisi pour les boutiques, un manque d’information à l’intention des auteurs ? On espère en tout cas que l’expérience pourra être renouvelée avec plus de participants pour que cette demi journée supplémentaire soit rentable à chacun.
Point City
Successeur de Point Salad (Salade de points), Point City a d’ailleurs les mêmes auteurs (Molly Johnson, Robert Melvin & Shawn Stankewich) et éditeurs (AEG / Flatout), et paraîtra aussi chez Gigamic – l’an prochain, au premier trimestre, par contre. Ici, on retrouvera le principe des cartes recto-ressources et verso-objectifs. Sauf qu’en fait d’objectifs on a des bâtiments, qui, comme dans Splendor, offrent une remise sur les suivants (et génèrent des points). De multiples scorings s’additionnent ça et là, avec des bâtiments plus complexes à construire, ou d’autres permettant de prendre des jetons d’objectifs contraignant le jeu, tout en sachant rester digeste.
À son tour, on prendra deux cartes adjacentes de la ligne centrale, ou deux de la pioche… et c’est presque tout. Les bâtiments sont remplacés par des ressources et les ressources, par des bâtiments. Ce twist permet de renouveler les possibilités offertes au joueur actif et empêchent de vraiment tout prévoir ; le downtime pourrait être un problème si les tours n’étaient pas si rapides. En tout cas, à trois, même avec de la fatigue de fin de salon, nous n’avons pas ressenti le temps passer ! L’éventail des possibles est large, un tantinet plus opportuniste que son ainé, certes, mais pas moins intéressant.
L’envie de remettre le couvert de Point City est forte !
-Umberling
Un jeu de Molly Johnson, Robert Melvin, Shawn Stankewich
Illustré par Dylan Mangini
Edité par Alderac Entertainment Group, Flat Out Games, Lucky Duck Games, White Goblin G
Langue et traductions : Anglais, Français
Date de sortie : Février 2024
Résistance
C’est l’une des dernières sorties de Nuts!, Résistance de Trevor Benjamin, Roger Tankersley et David Thompson (I), a été publié l’an dernier par l’éditeur espagnol Salt & Pepper Games et est depuis peu disponible en VF.
Il s’agit d’un jeu solitaire dans lequel vous prenez le rôle des Maquisards républicains luttant contre le régime de Franco qui vient de prendre le pouvoir.
Le jeu repose sur un mécanisme de gestion de pioche, dans la mesure où votre but consiste à contrer l’ennemi fasciste dans plusieurs missions. Vous tenterez donc d’égaler sa force en jouant des Maquisards lors de la phase de planification.
Ceux-ci ont des pouvoirs différents qui s’appliquent à la phase de planification ou d’attaque. Ils sont plus forts si vous les révélez, mais le prix à payer pour eux sera alors l’exil. Si vous les jouez cachés, alors ils seront défaussés et pourront être piochés plus tard durant la partie.
Je n’ai joué que deux tours, mais j’ai eu l’impression que Résistance propose un défi intéressant et accessible. Les règles ne sont pas compliquées, on commence à jouer rapidement et, très vite, on est confrontés à des choix difficiles : utiliser le pouvoir d’un Maquisard, c’est le contraindre à l’exil et ne plus le revoir.
Sans compter qu’on ne connaît pas la force des ennemis que nous devrons affronter dans les différentes missions. La gestion de main devient aussi gestion du risque car, si, à tout moment, nous perdons deux missions, la partie se termine par une défaite.
Belle découverte.
-El Duderino
Un jeu de David Thompson, Roger Tankersley, Trevor Benjamin
Illustré par Albert Monteys
Edité par Nuts Publishing
Date de sortie : Juin 2023
Epic Spell Wars : Baston de sorciers au Mont du Crâne Chauve
Localisé récemment par Don’t Panic Games, Epic Spell Wars… est un jeu de cartes pour deux à six joueurs, dans lequel vous incarnez un sorcier malveillant qui lance un ou plusieurs sorts en jouant des cartes.
Vos sorts ciblent vos adversaires et ont pour objectif de leur enlever des points de vie, jusqu’à ce que vous soyez le seul survivant. Lorsque vous parvenez à survivre deux fois, vous remportez immédiatement la partie.
J’ai testé Epic Spell Wars… avec deux autres joueurs et j’ai beaucoup apprécié le traitement amusant – voire un brin trash – du thème et les graphismes. Je me suis beaucoup amusé à lire la formule des sorts que nous nous lancions les uns les autres et les mécanismes m’ont bien tenu en haleine.
La part de hasard est tout de même importante puisque la puissance et les effets de nos sorts vont en grande partie dépendre d’un ou de plusieurs lancers de dés. Mais, pour un jeu de cartes où l’on s’embête mutuellement, je n’ai pas trouvé cela très gếnant. En bref : découverte très marrante.
-El Duderino
Un jeu de Cory Jones
Edité par Don’t Panic Games
Date de sortie : Mai 2023
Ouch!
Vous serez d’accord avec moi, quand on joue avec des cartes, leur contact est doux et sans danger ? Dans Ouch!, il en va autrement. Parmi les six cartes présentes sur la table, vous en choisissez une, vous la prenez par un bord et la retournez. Sur la face visible, une, deux, ou trois fleurs de cactus vous indiqueront combien de côtés de la carte sont épineux. Vous retournez la carte en la tenant par le bord choisi, et ça passe… ou ça pique, et oui, Ouch ! Si c’est Ouch, on repose la carte, sinon on la prend et elle composera l’une des huit cartes qui mettront fin à la partie. Une carte rapporte le nombre de points du nombre de fleurs, auquel on ajoutera des points de série.
C’est une prise de risque d’un genre nouveau, celle de réellement se piquer ! C’est pas complètement vrai, vous ne pensez quand même pas qu’ils ont mis des vraiment épines de cactus sur les cartes non plus !
– Natosaurus
Un jeu de Romain Caterdjian, Théo Riviere
Illustré par Fran Collado
Edité par Devir
Date de sortie : Septembre 2023
Faraway
Le duo Joannes Goupy – Corentin Lebrat a une nouvelle actualité. Dans Faraway, nous allons partir cartographier un territoire mystérieux. Lors de notre exploration, nous rencontrons des personnages qui nous demandent de recenser certains éléments naturels (animaux, végétaux, minéraux). Après un chemin composé de huit cartes posées en ligne, nous rebroussons chemin et vérifions au fur et à mesure si nous avons bien vu ce qui était demandé. Outre le coût et la valeur en points de victoire, les cartes ont une valeur d’initiative qui définit l’ordre du tour pour choisir dans le marché la carte que l’on va prendre en main et que l’on pourra placer plus tard sur notre chemin. À ceci, s’ajoute un principe de reliques (cartes bonus que l’on gagne en jouant nos cartes dans l’ordre croissant, et donc au dépens d’une bonne position dans l’ordre du tour).
Cette mécanique de ligne de temps que l’on construit de gauche à droite mais que l’on résoudra de droite à gauche est assez surprenante lors de la première partie. On est habitué à chercher à collecter les ressources en vue de valider un objectif : ici il faut choisir son objectif avant de placer les ressources nécessaires (si on y arrive !). On est tiraillé entre l’envie de jouer des petits numéros pour choisir en priorité et récupérer la carte qui nous intéresse, et celle de jouer un grand numéro, souvent associé aux contrats à remplir les plus juteux, et qu’il faut donc placer suffisamment tôt dans la ligne pour avoir le temps de remplir la condition exigée. Il n’y a que huit tours dans une partie, mais chacun est un délicieux dilemme : quelle carte jouer, et laquelle récupérer ? Il y a un bon équilibre entre contrôle et prise de risque (sur les objectifs dans lesquels on se lance) pour créer de la tension et de la satisfaction quand on arrive à nos fins. Les illustrations de Maxime Morin sont particulièrement réussies, et nous transportent chez des peuplades au croisement de l’Amérique du sud, de l’Asie ou de l’Afrique.
-Manu
Un jeu de Corentin Lebrat, Johannes Goupy
Illustré par Maxime Morin
Edité par Catch Up Games
Date de sortie : 08 septembre 2023
Oiseaux de Paradis
Les pioupious à franges, à traînes et à plumages fifous sont de sortie ! Il faudra les collectionner pour gagner des points, mais surtout le faire en séquence. Et pour récupérer des oiseaux, on en chopera dans une rivière, puis on les placera chez soi en en libérant d’autres. À votre tour, trois points d’action à dépenser (quatre si vous utilisez des jetons Insecte qui valent du point). Vous pourrez même prendre des publications scientifiques qui offrent de concourir sur une majorité tout en donnant des objectifs secondaires.
Le sel du jeu n’est ni dans son pitch, ni dans les grands traits de ses mécaniques, ni dans ses illustrations (pourtant mimis et a priori très bien documentées) : c’est dans l’alchimie que tout se joue, dans la finesse de l’équilibrage, dans les petits points de tension et d’interaction. Finir cette collection, oui mais si j’en commence une autre, j’ai cet insecte qui… Oh, et puis je libère qui ? Et je le libère pour boucher un emplacement qui autrement intéressait truc-muche ? Les joueurs peuvent se poser tout un tas de questions et y répondre rapidement, en s’invectivant les uns les autres.
Par contre, le jeu est trop long à cinq (et probablement à quatre) alors qu’à deux, il est canon. Préférer les configurations en petit groupe !
-Umberling
Un jeu de Zakir Jafry
Illustré par Lauren Helton
Edité par origames, Renegade Game Studios
Date de sortie : Mai 2023
On a encore des belles choses à vous raconter, retrouvez la suite de ces reportages dans quelques jours !
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frédéric ochsenbein 11/07/2023
Dommage que Résistance soit un jeu solo : le jeu a l’air très intéressant avec un esthétisme accrocheur.
El Duderiño 12/07/2023
j’ai trouvé que c’était ce qui faisait son intérêt et sa spécificité. Pour le coup, c’est un jeu solo qui est suffisamment bien fait pour que tu ne t’ennuies pas. Il est vrai qu’il n’y a pas d’interactions avec d’autres joueurs, mais tu interagis avec un ennemi parfois redoutable et ce n’est pas facile de le contrer en gagnant des missions.
Cela ne m’étonnerait pas qu’on puisse également y jouer coopérativement à deux, en prenant les décisions ensemble, même si le jeu n’est pas pensé de cette façon-là au départ.