Mathieu Baiget, archéologue de profession, a voulu créer un jeu coopératif où nous serions des archéologues à la recherche de l’arche perdu.. heu non en fait il a réalisé un jeu où nous sommes de vrais archéologues en train de creuser à la pelle mécanique, minutieusement à la truelle, ou à la spatule pour révéler d’objets anciens. Il a lancé son jeu coopératif, Opération Archéo, sur Ulule et obtenu un beau succès. Le tout est désormais disponible en boutique.

Un projet de supermarché a mis au jour des traces d’une civilisation ancienne à Trifouilly-les-oies dans la Creuse. Vous devez sauvegarder ce patrimoine national pour éviter qu’il ne soit perdu [Ndlr – comme l’arche, du coup] à jamais.

Objectif : Terre

Pour gagner la partie, il faudra trouver des éléments pour identifier un type de site archéologique et le délimiter dans le temps imparti. Ainsi il faudra tous ensemble retrouver des vestiges, objets en poterie ou bien en fer qui vont nous permettre de dater la période. Concrètement, on se connecte à la page internet via son ordinateur ou son téléphone, on choisit un scénario et son niveau de difficulté. Le jeu va ensuite générer une partie, il suffira de rentrer les informations, et l’application nous donnera les résultats.

La pluie et le beau temps

Mais la vie d’archéologue est soumise à la météo et aux aléas ! En début de tour on tire une carte évènement qui va nous aider ou bien au contraire nous compliquer la tâche. C’est aussi le timer du jeu, quand il n’y a plus de cartes, la partie est terminée.  Ainsi, un cambrioleur a pu passer dans la nuit et vous comprenez bien qu’il va falloir informer le directeur… Concrètement, un archéologue va donc passer son tour.
Mais avec un peu de chance, on vous aura alloué un budget supplémentaire (ça, c’est de la science-fiction !) ou bien vous ferez une découverte exceptionnelle, à moins encore que la découverte d’un obus de la Seconde Guerre mondiale ne vous fasse perdre du temps et vous oblige à appeler les démineurs… Tout peut advenir !

Selon le résultat du dé météo, le chantier des fouilles va être plus ou moins compliqué.
Nous allons travailler en plein soleil, tout va bien, mais il se pourrait aussi que le ciel soit moins clément, du gel ou même des averses peuvent salement nous ralentir.

À notre tour, on peut utiliser la Pelle Mécanique, la Pioche, la Truelle ou la Spatule. Chaque outil a son utilité, par exemple la Pelle permet de révéler des traces de notre passé, mais ensuite nous allons travailler avec les autres outils plus précis pour ne pas abîmer ces vestiges.

Si je joue la Pelle Mécanique, d’abord je décide où je place l’engin sur le plateau, je sélectionne une case, puis je lance le dé. Un 1 et c’est raté, peut-être ai-je été trop empressé (je place un jeton marron sur le plateau). Plus la valeur est importante et plus je vais pouvoir révéler des jetons à l’aide de l’application web. Le plateau est quadrillé et j’indique une abscisse et une ordonnée sur l’appli. 

On a trouvé des petit cailloux ? La pioche va peut-être nous aider à trouver des éléments plus convaincants… En effet grâce à celle-ci, je mets au jour un muret et j’ai même une direction qui se dessine, en continuant mes investigations je vais pouvoir en déduire le type de sites archéologiques dont il s’agit.

Quand on trouve quelque chose de probant, la Truelle nous permet d’extirper du passé de précieux objets anciens. Ceux-ci vont nous permettre de dater le chantier, en nous référant à l’aide de jeu qui répertorie les différents sites archéologique.
On vient de trouver « une pointe de flèche » que l’on peut dater du Moyen-âge. Qu’avons nous découvert ? Un château fort, une église paroissiale, une simple maison en pierre, ou peut-être un verger ? Vu que nous avons un mur en pierre nous pouvons éliminer la maison en bois ou le verger de l’équation. Pour en savoir plus et déterminer plus précisément nous allons tous ensemble continuer l’investigation des sols.

Enfin, en utilisant la Spatule, instrument de précision s’il en est, on va piocher une à deux cartes objets de collection (pratique pour l’objectif des collections). Néanmoins, on ne peut pas travailler à la spatule tant que l’on n’a pas daté la période du site. Chaque chose en son temps, l’archéologie est un travail de précision et de patience.

Une équipe en or

Les résultats aux dés sont primordiaux, mais c’est sans compter sur notre équipe de professionnel ! Chacun d’eux a une capacité qu’il peut utiliser à tout moment. Grâce au paternalisme bienveillant de Frank je relance un dé par exemple. D’autres ont des capacités plutôt axées sur un type de travail comme Youssef, le perfectionniste, qui gagne +2 sur les travaux à la spatule. À nous de les utiliser à bon escient, tout en sachant qu’un 1 ou 2 sur les dés permettent de réactiver les capacités du personnage, n’hésitez pas à vous en servir.

L’archéologie, ça creuse

L’édition est superbe. L’auteur a fait le pari de lancer son jeu sur Ulule et de le produire en France. Il s’engageait même à le livrer avant Noël et il a tenu parole. Le matériel est de très bonne facture, j’apprécie la boite sans thermoformage avec l’emplacement pour les cartes. [Ndlr – sachez que l’auteur édite actuellement son 2e jeu sur Ulule dans un autre registre : Cuistot Fury]

Concernant le jeu, je ne vous cache pas que j’avais peur du coté jeu « éducatif », mais ce n’est pas le cas au final, on a ici un vrai jeu qui nous emmène dans son univers. Le côté didactique se fait à la lecture des règles ou sur les aides de jeu et les cartes objets pour la datation. On peut tout à fait laisser de côté cet aspect-là sans que cela ne gêne notre progression ou notre expérience ludique.

L’archéologie est un travail méticuleux et le jeu arrive à bien nous le faire sentir. L’auteur est archéologue et nous fait partager son expérience, à lire certaines cartes on imagine du vécu, spécifiquement sur les cartes aléas ou les cartes personnages, on peut imaginer sans peine qu’il les a calqués sur des personnes qu’il a rencontrées et côtoyées. D’ailleurs chaque perso a un CV, métier et un texte pour le présenter. Raphaël a beau être un vrai débrouillard il a aussi un master 2 d’Histoire, ça en impose.

Toute la mécanique se fait avec des dés comme dans un ameristrash. Alors au début on peste un peu parce que l’on n’a pas les bons résultats de dés, mais finalement ça évite que cela soit trop facile. L’aléatoire reste cohérent, après tout l’archéologie est soumise à de nombreux imprévus, elle n’est pas simple la vie… Notez que je dis ça, mais si on loupe une mission extrême à cause des jets de dés, je serais peut-être moins clément.

La difficulté est complètement paramétrable : nous avons joué en mode expert, mais on peut simplifier et ne pas tenir compte des évènements, ni du déplacement de la pelleteuse, jouer en cherchant juste deux sites différents ou au contraire, corser le tout et devoir en trouver trois différents sur le plateau. En mode normal les sites peuvent être de tailles différentes et en mode extrême ils peuvent se chevaucher (rien que d’y penser j’ai mal à la tête).

Le jeu a plus d’un an et l’auteur ne l’abandonne pas pour autant : il a depuis lancé une extension et si vous êtes un possesseur du jeu de base, vous recevez régulièrement de nouvelles missions sur votre adresse mail. Un suivi plutôt sympathique !

ça c’est le vrai travail d’archéologue (ici à Melun)

Si vous cherchez un jeu coopératif sur l’archéologie, sachez que Opération Archéo est un jeu très agréable avec une mécanique de déduction intelligence qui, dans les niveaux de difficulté élevée, risque de bien mettre à ébullition vos neurones. 
Il a des arguments solides pour qui souhaite entrer dans la peau de vrais archéologues minutieux et précautionneux. Ah ! C’est sûr que c’est moins spectaculaire que de jouer les aventuriers pilleurs de tombes à la Indiana Jones… Opération Archéo c’est un jeu de niche fait avec les tripes, réussi et attachant.

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