New York : les employé·es de cafés ludiques remportent une victoire syndicale historique

Une victoire majeure pour les employé·es de cafés ludiques consacre la création de la première convention collective dans le domaine ludique à New York.

Les employé·es de Hex & Company (la plus grande chaîne de cafés jeux de Manhattan) ainsi que ceux de The Brooklyn Strategist et The Uncommons, sont désormais officiellement représentés par le syndicat Tabletop Workers United, après une longue phase de négociation très tendue avec les co-propriétaires Jon Freeman et Greg May.

Manifestants devant le café ludique The Brooklyn Strategist en septembre 2024 – Photo : Tabletop Workers United

Cet accord, d’une durée de trois ans, concerne plus de 100 salariés et prévoit notamment les acquis sociaux suivants :

Des augmentations de salaire progressives, avec une hausse générale de 19 % ou de plus de 2 $ de l’heure pour tous.
Le paiement des jours fériés et des congés pour deuil,
Une planification des horaires garantie sur au moins deux semaines,
L’interdiction d’imposer des doubles journées (ouverture et fermeture) sans l’accord du salarié,
La priorité donnée aux promotions internes,
Des procédures de gestion des conflits et d’arbitrage,
Le respect de l’identité de genre des employés,
De nouvelles mesures de santé et sécurité, obligeant la direction à réagir face au harcèlement sexuel ou aux clients abusifs.

Le processus de négociations a été marqué par de fortes tensions avec la direction, accusée de retarder les discussions et dont l’avocat aurait tenu des propos insultants envers les membres du syndicat. Ainsi, l’accord a pu être obtenu grâce à la mobilisation sans faille des employés, mais aussi au soutien de près de 2 000 clients et sympathisants (“Tabletop Solidarity Committee”), à des actions de boycott et à la création d’un fonds de solidarité de 15 000 $. Selon les représentant·es syndicaux, cette pression conjointe des salarié·es et des client·es a été décisive pour pousser la direction à négocier sérieusement.

Crédits Tabletop Workers United – Instagram

Ce mouvement s’inscrit dans une tendance plus large de syndicalisation dans le secteur du jeu de société, comme en témoignent d’autres actions récentes aux États-Unis et en Europe. On pense par exemple aux salariés de l’usine Vallejo en Catalogne, spécialisée dans les peintures pour figurines, qui ont mené une grève illimitée l’an dernier pour obtenir de meilleures conditions de travail.

Crédits Tabletop Workers United Instagram

Les représentants du Tabletop Workers United soulignent que cette victoire démontre l’importance de la solidarité, de l’action collective et de la nécessité de protections spécifiques pour les travailleurs d’un secteur en pleine croissance. « Je suis fier et profondément ému que nous ayons remporté le tout premier contrat pour les travailleur·ses du jeu de société à New York », a déclaré Payton Millet, salarié au Brooklyn Strategist. « Notre secteur est jeune et en plein essor, ce qui rend d’autant plus crucial le fait de garantir des protections et des droits adaptés à notre métier. Il ne fait aucun doute que nos armes les plus puissantes dans cette lutte ont été l’agilité de notre syndicat, le courage d’agir, et la solidarité indéfectible de nos client·es et de nos ami·es, à qui nous sommes profondément reconnaissants. J’espère que notre victoire pourra démontrer la validité persistante de certaines vérités que d’aucuns aimeraient reléguer au passé : que chaque lieu de travail a besoin d’un syndicat, que les travailleur·ses de tout âge, genre et origine méritent une protection juste, et que tant que des patrons chercheront à tirer profit du travail d’autrui, nous devrons revendiquer notre juste part. »