Qu’est-ce qui nous pousse à découvrir un nouveau jeu d’enquête ? Le plaisir de découvrir une histoire, de dénouer une affaire tordue, ou simplement celui de comprendre ce qui s’est passé, de se montrer sagace ? Un peu des trois, sûrement.

J’ai la chance de trouver du plaisir à comprendre qui a commis le crime. Plaisir de me glisser dans la peau de l’enquêteur, à devenir une héroïne de polars, à m’amuser à dénouer la pelote, trouver l’indice, à trouver l’erreur, le mensonge, la faute.

Le précédent opus de la gamme Dossier Criminel, Les flammes d’Adlerstein s’était distingué en nous mettant à disposition un dossier rassemblant tous les éléments d’une enquête, sans règle. Après, à nous d’en tirer le meilleur parti. Cette année, Georgij Shugol, Alexander Krys & Igor Korotky écrivent un deuxième Dossier criminel sous le même format : Meurtre de sang froid. La sortie d’un nouveau jeu d’enquête est toujours pour moi une petite gourmandise à déguster.

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Il reste au plus quelques heures à vivre à Martin Moor avant d’être exécuté pour une accusation d’un meurtre commis sur la station polaire Aquilo en Antarctique. Sa sœur nous missionne pour prouver l’innocence de son frère et trouver le coupable.

Nous sommes son dernier espoir.

Le 5 septembre 2018, le directeur de la station scientifique est retrouvé mort, alors qu’il était en soin au cabinet médical. Par chance, nous avons donc le relevé de ses constantes ainsi que l’heure. D’autres éléments sont fournis dans le dossier : son autopsie, le plan de la station, les auditions, un journal, des photos aériennes…

Dans la chambre du présumé meurtrier, une seringue et un paquet de chewing-gum, éléments fournis dans le jeu qui sont, au vue de la justice, des preuves de sa culpabilité. 

Notre travail va être de disculper les membres de la station grâce aux éléments fournis, jusqu’à cerner le coupable, en croisant la solidité de son mobile et son alibi.

Cher étranger,

Ne nous attardons pas sur la mise en situation assez lunaire pour les enquêteurs. La sœur de l’accusé écrit une lettre à un « cher étranger » afin de sauver son frère de la peine létale qu’il doit recevoir au Texas, le lendemain d’un crime commis en Antarctique. Le thème polaire est très facilement immersif, l’entrée en matière… pas du tout.

Les éléments sont nombreux, l’affaire est lancée, il s’agit de trouver ce qui pourrait accuser un autre personnage de l’équipe, trouver son motif, son erreur.

Ce que nous faisons, attendant de tomber sur le bon fil à tirer. Ce fil semble grossier durant une bonne partie de l’enquête, mais trop peu de choses nous permettent d’être sûrs, à tel point qu’il nous semble manquer un élément dans le jeu. Éléments qui se trouvent finalement ailleurs que dans la boîte, éléments que nous côtoyons en permanence, et qui ne sauraient être tangibles.

Maintenant que nous avons ces nouvelles données qui se joignent au dossier, les pièces du puzzle s’assemblent sans qu’il n’y ait de doute. Nous allons alors être en mesure de répondre à la question posée en ligne, et vérifier s’il s’agit bien de la personne coupable du meurtre de Kohler.

Dans une aventure polar, avec un peu d’expérience, on apprécie de tomber sur une histoire pas trop facile, où il faudra chercher le détail qui permet de voir tout le reste sous un autre angle. Ce qui s’est passé dans cette station polaire n’est pas de cet ordre, l’histoire est juste banalement sordide.

Et si cette enquête était à conseiller aux novices souhaitant goûter au démêlage sans être perdus dans du contre-espionnage, de trop nombreux personnages, ou des mobiles farfelus ? L’histoire est crédible, le dossier comprend suffisamment d’éléments différents pour se faire plaisir à les rassembler. On aura le plaisir de feuilleter le Buenos Aires Mensual (en français) pour y dénicher pistes et fausses pistes, à la manière d’un Sherlock Holmes Détective Conseil.

Cher étranger qui souhaiterait plonger dans l’univers en pleine expansion du jeu d’enquêtes, commence par ce dossier-là, sans chercher trop de cohérence spatio-temporelle. Laisse-toi guider par ce qui peut éliminer des suspects, que ce soit le manque de mobiles ou des alibis en béton. Ce dossier est plus linéaire que le dossier n°1, Les flammes d’Alderstein, qui présentait du décryptage et une situation inattendue.

J’aurai trouvé une meilleure saveur si le twist de l’histoire n’avait pas résidé dans la façon (simple mais trop évidente pour être vue) de livrer les éléments clés. 

Pour la prochaine, car j’espère bien que la série Dossier Criminel menée par IDventure continuera, il nous faudrait un peu plus de matière pour se transformer en flic ; de la gourmandise plus savoureuse.

Ce type de jeu d’enquête , « on ouvre le dossier » est d’ailleurs en plein développement, on peut citer Les enquêtes Sous scellés disponibles par abonnement, ou Scène de crime. et la série Hidden games sortis cette année. Assiste-t-on là à la naissance d’une nouvelle mode, à l’instar des Escape books il y a quelques années ? 

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