Mafia de Cuba : un parrain bien trop confiant mais pas si naïf que ça
Mafia de Cuba n’est pas une nouvelle version de Junta, oh que non !
Ceux qui me lisent savent que je suis plutôt adepte des (gros) jeux de gestion ou de stratégie. Il n’est absolument pas question de cela ici. Le pitch officiel du jeu est le suivant :
La Havane, 29 décembre 1955, le parrain a invité ses hommes à partager son repas. La journée a été bonne : le double-fond de sa boîte à cigares est garnie de diamants. Le téléphone sonne : le président Batista souhaite s’entretenir avec lui… Le parrain confie sa boîte à ses fidèles.
Quand il revient, il manque des diamants. Qui les a volés ? À lui de mener l’enquête !
Le cadre est posé. Il y a des enfoirés autour de la table, voire même peut-être un traitre, et le parrain va devoir récupérer ses diamants, démasquer les voleurs, sans se tromper au risque de perdre la confiance de ses hommes et son statut de parrain, et sans non plus se faire attraper par le ou les agents du FBI et de la CIA infiltrés. Et ce ne sera pas chose facile, car malheureusement il n’est pas permis de torturer ses camarades de jeu. Il va donc falloir les interroger, provoquer des discussions, repérer les incohérences, et déterminer qui est resté loyal, qui est un voleur et qui est un traître.
Vous l’aurez compris ce jeu de Loïc Lamy et Philippe des Pallières, édité par Lui-Même, lorgne ouvertement vers le jeu des Loups Garous de Thiercelieux. Loïc Lamy ne s’en cache pas et l’inspiration initiale vient bien de ce jeu. Initialement, il voulait faire un Loup-Garou like dans lequel les joueurs pourraient choisir leur rôle. Et il y est parvenu, qui plus est en supprimant la phase nuit qui casse le rythme de jeu, et en raccourcissant les parties sans retirer du fun.
La fameuse boite à cigares
On remarquera le décors du fond de la boite criant de réalisme avec ces bouts de feuille de tabacs. L’édition est soignée et le graphisme au service de l’ambiance.
Don Mateo, il y a des enfoirés autour de la table !
Commencent alors les discussions, le jeu de dupe, le bluff et finalement le rire devant les énormités que peuvent sortir certains.
Mais revenons sur la première phase qui consiste à choisir son rôle. L’originalité est bien là car chacun à son tour, une fois le parrain déterminé, chaque joueur va avoir un véritable choix à faire : le rôle qu’il va souhaiter incarner parmi ceux restants. Et dans le cas où il choisira voleur, il aura une seconde décision importante à prendre : combien de diamants voler. Car si le Parrain est arrêté par le FBI ou la CIA, ou si le parrain se déshonore en dénonçant à tord un fidèle, c’est le voleur non encore démasqué avec le plus de diamants qui gagne. Que faut-il faire ? N’en prendre que quelques un pour rester discret et apporter de la confusion, ou en prendre beaucoup et risquer de ne laisser d’autres choix aux autres joueurs que de se liguer contre vous ?
En fait, les possibilités de choix sont un peu plus subtiles que cela. Si on en était resté là, sachant le nombre de diamants, 15, et quels rôles (3 à 6, 1 Fidèle, 1 infiltré et un chauffeur), le second homme de main déduira facilement ce qu’a choisi le premier. Interroger directement ce second homme de main puis le premier devrait permettre rapidement de converger vers des premières déductions. Mais il n’en est rien car les auteurs ont subtilement brouillé les pistes.
En effet, dans un premier temps, le parrain, qui n’est pas né de la dernière pluie, commence par prendre entre 0 et 5 diamants de sa précieuse cassette à son premier homme de main. Seuls le parrain et ce premier joueur connaissent donc le nombre exact de diamants présents dans boite. Vous vous souvenez du petit sac en tissu noir dont je vous ai parlé ? Et bien le premier homme de main va décider, en plus du choix standard entre des diamants (voleurs) et un rôle (un jeton de poker) s’il écarte ou non un rôle. Il prélèvera donc le petit sac noir dans lequel il aura, ou pas, inséré un des jetons de poker, éliminant alors, s’il le fait, un des rôles disponibles. Le second joueur ne peut donc pas savoir ce qu’aura choisit le premier joueur. De plus, le parrain ne sait pas si tous les joueurs ont pu avoir accès à tous les rôles. Les pistes sont donc intelligemment brouillées.
Enfin, le dernier joueur pourra, s’il le décide, choisir d’être un enfant des rues, c’est à dire ne rien prendre, ni diamant, ni jeton. À noter que dans le cas où la boite serait vidée entièrement, les joueurs sont alors automatiquement des enfants des rues.
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La seconde phase est plus classique. Enfin pas tant que cela puisqu’ici il y a en quelque sorte un meneur. En effet le parrain va mener le débat, interrogeant ses hommes de main, provoquant des discussions, mettant en évidence les contradictions, les incohérences. De leur côté les joueurs vont chercher à se protéger ou à démasquer les autres. En effet, un voleur aura intérêt à ne pas être démasqué mais aussi à faire démasquer les autres voleurs pour rester le seul et l’emporter. Il faudra aussi essayer de deviner qui est un fidèle pour faire douter le parrain à son propos afin qu’il lui demande de vider ses poches et perde la partie provoquant la victoire des voleurs.
Quant à l’enfant des rues ou l’infiltré, il chercheront à se faire accuser afin de l’emporter. Sans compter le chauffeur qui cherche à faire gagner son voisin de droite, quelque soit son rôle. On le voit, les rôles et les objectifs de chacun sont presque tous antagonistes et le manichéisme des Loups-Garous est bien loin. On est ici plutôt dans le registre de panier de crabes luttant pour être sur le dessus du panier emporter la victoire. Ainsi, alors qu’on pourrait croire les voleurs unis, à la manière des villageois des Loups-Garous, ceux-ci sont en fait en concurrence car un seul un seul d’entre eux peut gagner. Mensonges, suspicions, dénégation, bluff seront donc bien au rendez-vous. Les crises de fou rire aussi, car il faut bien l’avouer il est difficile de garder son sérieux devant les mensonges éhontés, les contradictions flagrantes. Si vous voulez mieux plus de détails sur les rôles, je vous invite à regarder leur description ci-dessous.
Personnage principal, sans doute le rôle le plus difficile. Il va lui falloir mener les débats, provoquer les discussions, et essayer de trouver les voleurs sans se tromper. À tout moment, il pourra demander à l’un de ses hommes de main de vider ses poches. Si celui-ci a volé des jetons, il doit les rendre au parrain et est éliminé. Dans tous les autres cas, le parrain a perdu. Heureusement, il pourra disposer de « joker(s) » sous la forme d’une bouteille de whisky qu’il offrira en dédommagement pour s’excuser s’il se trompe, sauf évidemment si l’accusé est un infiltré. La partie continue et aucun joueur n’est éliminé. Dans notre partie à 6 joueurs, le parrain n’en disposait pas. Et je dois vous avouer que c’est très chaud, pas le droit à l’erreur !
[/toggles_item] [toggles_item title= »Le Fidèle »]Allié du parrain, celui-ci gagnera si le parrain l’emporte. En revanche, si le parrain lui demande de vider ses poches, l’accusant d’être un voleur, ils auront perdu tous les deux. Il lui faudra donc aider le parrain à démasquer les voleurs sans que le parrain ne doute de lui et vienne à l’accuser. Comme chacun se prétendra être un fidèle, il ne lui sera pas évident de gagner la confiance du parrain.
[/toggles_item] [toggles_item title= »L’infiltré »]
Agent de la CIA ou du FBI, celui-ci gagne si le parrain l’accuse, avouant de fait être le parrain. Il gagne seul, à moins que le chauffeur ne soit son voisin de gauche.
[/toggles_item] [toggles_item title= »Le chauffeur »]Assez particulier ce personnage qui gagne si son voisin de droite gagne. Il lui faudra donc essayer de deviner le rôle de son voisin et essayer de le faire gagner.
[/toggles_item] [toggles_item title= »Le voleur »]Le rôle qui sera certainement le plus représenté. Pas de jetons ici, un voleur se définit par son vol et le nombre de diamants qu’il a « emprunté » dans la boite à cigare du parrain. Choisir combien de diamants prendre est la première question qu’il se posera. En prendre beaucoup devrait lui permettre d’être en tête si le parrain est éliminé, mais aussi se faire remarquer plus vite par les autres joueurs qui examineront la cassette après lui ou lors de la discussion en comparant ce qu’il y aurait du avoir lorsque le parrain l’a récupéré. Ensuite, il faudra ne pas se faire démasquer, mais éviter également que le parrain n’accuse l’infiltré tout en faisant en sorte que les autres voleurs soit pris la main dans la poche par le parrain.
[/toggles_item] [toggles_item title= »L’enfant des rues »]Personnage assez particulier puisqu’à moins que les voleurs ne soient très gourmands, seul le dernier joueur pourra choisir d’incarner un enfant des rues. L’autre possibilité c’est quand la boite est entièrement vide. Les joueurs sont alors obligés d’endosser le rôle d’enfant des rues. L’enfant des rues va aider les voleurs et essayer d’attirer l’attention sur lui. Son but, se faire accuser par le parrain, provoquant ainsi sa perte. La victoire lui revient alors ainsi qu’au voleur qui a encore le plus de diamant encore en poche.
[/toggles_item] [toggles_item title= »Le nettoyeur »]Personnage à ne pas jouer au début, celui-ci ne fait pas partie de la répartition proposée en fonction du nombre de joueurs. En effet, c’est en quelque sort un mode expert. Le nettoyeur remplacera un fidèle. Il se comporte en fidèle et s’il n’utilise pas son pouvoir, il gagnera comme un fidèle. En revanche, il peut aussi, lorsque le parrain accuse quelqu’un et avant que l’accusé ne vide ses poches crier PAN ! Le nettoyeur abat alors l’accusé. Si celui-ci est un infiltré, le nettoyeur gagne tout seul. Sinon, le nettoyeur et sa victime ont perdu.
[/toggles_item] [/toggles]Enfant des rues et chauffeur à l’honneur
Maffioso ou luppo ?
Illustré par Thomas Vuarchex
Edité par Lui-Même
Distribué par Asmodee
Pays d’origine : France
Langue et traductions : Anglais, Français
Date de sortie : 2015
De 6 à 12 joueurs
A partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 15 minutes
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atom 08/09/2015
Je peux me planter, mais il me semble que tu n’as que deux choix, soit tu prends des diamants soit tu prends un rôle, donc tu ne pouvais pas être un enfant des rues s’il restait des diamants, tu étais obligé de prendre des diamants, ce qui est un « défaut » du jeu quand tu joues a beaucoup car si t’es en bout de chaine tu est automatiquement enfant des rues.
Cormyr 08/09/2015
Le dernier joueur peut choisir Enfant des rues même si il reste des diamants. Or j’étais le dernier joueur et vu le peu de diamants restant j’ai préféré choisir cette option.
atom 08/09/2015
Merci, ok ma méprise vient du fait que tu est le dernier joueur a choisir.
fouilloux 08/09/2015
Ah oui ça fait envie. Surtout ça enlève un autre gros défaut du loup garou, à savoir le premier joueur éliminé: « Bon, t’as rien eu le temps de faire, t’es mort, il reste encore 11 joueurs, revient dans une heure! »
anthopatate 08/09/2015
Pour l’avoir essayé plusieurs fois à 8, je trouve le jeu très sympa et on passe souvent de bons moments à se dénoncer mutuellement. Paf contre je pense que le jeu n’est très interressant qu’à partir de 7. Les situations sont très différentes suivant la position autour de la table comme quand on est avant dernier et que la boîte ne contient plus que des diamants ou un jeton rôle, on se dit souvent qu’on joue avec une belle brochette d’****** (autocensure ^^). Par contre je trouve le jeu un peu cher rapport au matériel présent (aux alentours des 25€ quand même pour quelques diamants et jetons) ! Surtout que le jeu est simple à faire soi même et c’est ce que j’ai donc fait pour quelques euros 🙂