Le secteur du jeu devant la guerre tarifaire de Trump

Comme vous le savez, l’administration Trump a annoncé d’énormes droits de douane sur pratiquement tous les produits entrant aux États-Unis. Les US impose ainsi une taxe de 20 % sur les marchandises en provenance de l’Union européenne et un nouveau droit de douane de 34 % sur les marchandises en provenance de Chine s’ajoutant aux taxes de 20 % déjà présentes.

Réactions des éditeurs

BGG a envoyé un questionnaire à plus de 1 200 éditeurs pour recueillir leurs réactions face à cette situation et publie les réponses progressivement. Quelques éditeurs sont encore sous le choc, d’autres “attendent de voir”, tandis que certains reportent déjà leurs futures sorties ou retardent leurs prochaines campagnes de financement. D’aucuns commencent à songer aux modifications de type et de taille de leurs jeux pour l’avenir, nombreux sont ceux qui s’attendent à augmenter leurs prix de vente conseillés et à réduire leurs marges.

Des associations sur le pont

L’association des game designers TTGDA a déclaré sur ce sujet : “Si ces droits de douane restent en place, ils causeront de grands dommages aux entreprises de jeux de société et réduiront les ventes de la plupart des titres en raison des hausses de prix. Bien que les plus grandes difficultés seront pour les éditeurs, les concepteurs seront également touchés.” Ils encourageant vivement toutes les parties prenantes à contacter leurs représentants fédéraux pour demander l’annulation de ces droits de douane.

De son côté, la GAMA (The Game Manufacturers Association) a déclaré : “Les derniers droits de douane de 54 % sur les produits chinois sont une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Des prix plus élevés sur les vêtements, la nourriture, les appareils électroménagers, les voitures et les jeux signifient moins d’argent pour les loisirs et les produits essentiels. Cette politique mal orientée pourrait entraîner des licenciements, des fermetures d’entreprises et même une récession.”

L’association invite elle aussi les américains à contacter leurs représentants et sénateurs pour réagir contre cette guerre “tarifaire mal orientée et inutile”. Le message est clair : “Des prix plus élevés réduiront le revenu disponible, rendant plus difficile pour les consommateurs de s’offrir des articles comme les jeux. (…) Les coûts supplémentaires obligeront les éditeurs à répercuter ces dépenses sur les clients ou risquer de fermer leurs portes.”

L’association ajoute que la logique de Trump selon laquelle cette hausse des taxes permettra de relancer la production nationale est erronée et ne fera qu’entrainer des pénuries d’approvisionnement et des hausses de prix supplémentaires, la capacité de production des US ne pouvant pas suivre de manière réaliste.

Une question mal comprise

Par ailleurs, Geoff Engelstein, président de la TTGDA, 35 ans de carrière dans le secteur de l’importation et de l’exportation, constate que de nombreuses informations incorrectes sont actuellement diffusées au sujet des droits de douane en général. Dans ce cadre, il précise ainsi que la TTGDA et la GAMA travaillent actuellement à fournir un livret blanc sur la question. Ce livret aura vocation à rappeler certains éléments fondamentaux pour bien saisir les enjeux de la situation en connaissance de cause.

Par exemple, le fait que les droits de douane sont payés par l’importateur et non par le pays d’origine. “Très probablement, c’est l’éditeur de jeux qui les paiera.” écrit Engelstein. De même, il est rappelé que le droit de douane est basé sur le coût payé par l’importateur pour le produit, et non sur le prix de vente recommandé. Il n’inclut pas le fret pour arriver au port d’entrée.

Engelstein précise également que le “pays d’origine” pour les droits de douane est défini par la valeur ajoutée dans un pays spécifique. Vous ne pouvez pas frauduleusement déclarer un produit comme « fabriqué au Canada » si sa production a eu lieu en Chine, même si un minimum de valeur a été ajoutée au Canada.

Nous avons contacté l’UEJ (Union des éditeurs de jeux) pour recueillir ses réactions et commentaires sur la situation et attendons actuellement de leurs nouvelles.