Le chat et la tour, qui va s’effondrer
Il est parfois des petits jeux, dans des petites boites, qui vous attrapent comme ça, sans crier gare, sans trop que vous sachiez pourquoi. Des jeux qui amène une petite touche en plus, qui font qu’ils vous séduisent. Et parfois, cette petite touche, c’est la poésie.
Après Nekojima, Unfriendly games édite un nouveau jeu d’adresse… avec des chats, cette fois de Masakazu Takizawa.
Mécaniquement, Le chat et la tour est un jeu d’adresse qui n’est pas révolutionnaire : on va construire une tour, et il faudra la faire la plus haute possible avant qu’inévitablement celle-ci ne s’écroule. Depuis Jenga, la mécanique est connue… mais elle fonctionne. Que ce soit en légo, en kapla ou en empilant ce qui nous tombe sous la main, il y un plaisir enfantin à bâtir quelque chose qui soit le plus haut possible, alors que l’on sait que cela va s’écrouler à un moment. « Regardez, regardez comme ce que j’ai construit est haut ». Un plaisir peut-être pas si enfantin vu la propension des humains à construire des tours toujours plus grandes. J’imagine qu’il y aurait des tonnes de choses à dire sur cet aspect de la nature humaine, mais c’est bien au delà de mes compétences.
La seule chose que je vois, c’est que ce plaisir de construire marche à fond dans Le chat et la tour. La construction est simple: on choisit une carte, on prend les murs correspondants et on ajoute un étage. Bis repetita jusqu’à ce que l’édifice tombe. Enfin… Il y a aussi les chats. Si la construction semble simple, et que l’on ne comprend pas bien la différence entre un mur et un autre, c’est tout simplement parce qu’à première vue ils semblent identiques. Sauf qu’ils ont une légère différence de taille. Légère mais suffisante pour que notre tour ne monte pas droit comme on le souhaiterait. Au contraire, elle va pencher d’un côté et de l’autre, et nos murs ne sont pas très épais. C’est léger, mais suffisant pour rendre le jeu très marrant et très intéressant. Parce que j’ai beau avoir quelques parties dans les pattes, je ne sais pas encore quel est le meilleur moyen de construire cette tour de façon équilibrée. Inexorablement, on s’écroule presque au même moment. Et puis, il y a aussi les chats.

Et oui car cette tour mystérieuse et branlante, des chats l’habitent. Plus ou moins gros, et il faudra régulièrement en ajouter dans notre tour, rajoutant encore du déséquilibre à ce que l’on essaie de faire. Pourquoi rajouter ces chats? Et bien car ils nous permettent d’accomplir nos objectifs, et de faire monter notre personne, à savoir… un chat. Et oui, car le jeu est coopératif* et il ne s’agit pas uniquement de construire cette tour tous ensemble, il faut surtout faire grimper notre petit chat. Notre réussite ne se mesure en effet pas à l’aune de la hauteur de notre tour mais bien à celle de la hauteur qu’à atteint notre chat noir. Et là le jeu devient tout de suite plus compliqué, parce qu’il va falloir déplacer le chat, et donc risquer de tout faire tomber. En plaçant des chats, on va devoir parfois aussi les caresser. Ce n’est peut-être qu’un détail pour vous, mais pour une construction instable cela veut dire beaucoup.
Voilà donc un jeu d’adresse très simple, très plaisant dans cette petit boîte, qui offre un super challenge et qui est donc sympathique. J’y joue avec mon fils de 9 ans, et on s’amuse beaucoup, même si on bloque en général à l’étage 12.

Mais pas que. Je n’ai parlé que de l’aspect purement ludique. Il a également un autre aspect, son thème, enfin l’histoire qu’il raconte: Pourquoi diable cette tour ? Pourquoi est-elle vieille et penchée, et pourquoi ce chat veut-il l’escalader ? Qu’y a t’il en haut ? Que cherche t’il ? Et bien la réponse à cela… je l’ignore. Et pourtant c’est dans cette réponse que se trouve l’âme du jeu. En effet, notre petit chat, au fur et à mesure qu’il va grimper les paliers, nous fait découvrir son histoire et comprendre pourquoi il fait cela. Pour le moment je n’ai atteint que le premier, mais cela me suffit pour me donner très envie d’aller voir la suite.
L’ambiance fait tout de suite penser à Flow, ce film avec un chat en personnage principal : nous sommes dans un monde dont on ne nous dit rien, où seuls les animaux sont présents, où l’on sent qu’il s’est passé quelque chose, qu’il y a une raison profonde à l’existence de cette tour et aux aventures de ce chat… mais qui nous échappe, que l’on ne pourra qu’apercevoir. C’est un univers très simple, composé de chats et d’une tour. Mais cela suffit pour que l’on s’évade. (Et qu’on ait envie de refaire une partie : aucun score à atteindre dans un jeu coopératif ne m’a donné envie de recommencer pour l’améliorer. Là, on a une vrai récompense quand on progresse !).

Cette poésie, cette histoire à peine effleurée, que l’on a envie de découvrir, où l’on doit se retenir de ne pas la regarder, est ce qui m’a accroché dans Le chat et la tour. Un jeu certes un peu classique, mais qui a su faire résonner quelque chose en moi.

*Bon, il y a un mode compétitif, mais je ne l’ai pas essayé et j’avoue que je n’en ai pas envie.
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Depuis sa création en juin 2014, Ludovox a à cœur la pertinence et l’intégrité des contenus proposés par une rédaction indépendante et l’établissement d’une charte que vous pouvez retrouver ici. Cet article a été écrit avec une copie presse du jeu. Si vous aimez notre travail, n’oubliez pas de nous soutenir sur Tipeee.
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