Hokito : Bien aiguisé

Cela fait des mois que j’ai envie de mettre à l’honneur Hokito, une création de Claude Leroy, auteur français connu et reconnu pour ses jeux abstraits. Hokito est édité par Cosmoludo, un éditeur spécialisé dans le jeu abstrait. Je l’avais découvert sur le salon de Vichy en 2022 en présence de l’éditeur qui m’avait proposé une petite partie. Comme souvent dans ce genre de jeux, les premiers coups sont des rounds d’observation et préparent la suite. Dans Hokito, ce qui m’avait surpris c’est que dés les deuxième et troisième coups, le jeu devenait agressif et direct. On était de suite dans la confrontation, chaque coup devenait tranchant. Évidemment, l’expérience a payé, et j’ai logiquement perdu, mais le jeu m’avait charmé. Plus tard j’ai recroisé sa route, et il est venu gonfler ma petite collection de jeux abstraits.

 

 

La sainte trinité

Dans Hokito, nous avons un damier de 36 cases (6 X 6) que l’on va remplir avec des jetons à notre couleur. 18 jetons avec des valeurs qui vont de 1 à 3. Le but du jeu étant de marquer le plus de points à la fin de la partie. Ces jetons sont placés au hasard en début de partie, ce qui permet d’éviter un coté trop scripté et des parties très ressemblantes.

On retrouve dans toutes les œuvres de Claude Leroy le principe de la trinité comme l’expliquait si bien Bruno Cathala dans sa vidéo. Ainsi, comme dans Pantarei, Gyges, Mana et bien d’autres, nos pions ont une valeur qui va de 1 à 3. On a une contrainte de déplacement en fonction de cette valeur. Un pion avec un 1 doit se déplacer orthogonalement d’une case, etc. Attention, première règle dans Hokito, on ne compte pas les espaces vides dans nos déplacements, et si on peut tourner, bifurquer, on doit toujours rebondir (comme dans Gyges) sur un ou plusieurs pions, avant d’arriver sur une pion ou une pile de pions. Deuxième règle, à notre tour on peut soit jouer un pion et le déplacer sur un autre pion à soi ou adverse, soit déplacer une pile de pions sur une autre pile de pions, de préférence de la couleur de l’adversaire.

L’air de rien, ça induit pas mal de stratégie, car une pile de pions n’est jamais attaquable par un pion, en revanche elle peut le devenir si le pion se pose sur un autre pion, puisque la pile nouvellement créée pourra « manger » une autre pile. Il faut donc être attentif et toujours observer l’évolution du plateau afin d’avoir un coup d’avance.

 

 

À la toute fin, c’est à dire quand plus personne ne pourra jouer, on comptera les points en fonction du jeton placé sur le dessus que l’on multiplie par le nombre de pions. Ainsi je peux faire une énorme pile de 10 pions surmontés par un de mes pions 1, ça me fera tristement 10 points, tandis que mon adversaire pourra faire une plus petite pile de 4, mais coiffée d’un beau 3 à sa couleur, ce qui lui ramène 12 points. On va se battre pour ne pas laisser un adversaire avec une pile agrémentée d’un joli 2 ou 3, ou bien anticiper afin d’avoir le dernier mot.

 

Hokito tranchant

À l’instar d’un Pantarei ou de Dvonn  (que j’aime beaucoup) de Kris Burms, la zone de jeux se réduit petit à petit, et nos possibles aussi. Plus les espaces se vident et moins on a d’opportunités. Les premiers coups semblent assez imprévisibles, peu maîtrisables, et joués un peu au jugé. En pratiquant, on réalise qu’il faut déjà anticiper. Les suivants sont plus lisibles du fait de la réduction des possibles justement. Et cela se tend très vite. 

 

Dvonn de Kris Burms

 

Il en résulte un jeu très dynamique et nerveux, où il faut saisir les opportunités tout en bloquant son adversaire, en l’empêchant de réaliser un mouvement, celui qui vous volerait la pile et la victoire.

 

 

Hokito est tactique plus que stratégique, il demande à s’adapter, même s’il faut nuancer car un joueur averti pourrait avoir plusieurs coups d’avance. L’erreur d’inattention est fatale. C’est surtout un jeu où l’on perd plus qu’on ne gagne, comme souvent dans les jeux abstraits, ou finalement notre adversaire nous pousse à la faute. Une partie peut se jouer sur un mouvement et cela peut être frustrant. Souvent vous analysez la situation, puis jouez un coup, pour vous mordre la lèvre en voyant ce que vous venez de laisser à votre adversaire, espérant qu’il ne l’ait pas vu.

Hokito est peut-être un des jeux abstraits qui a ma préférence, il est nerveux, rapide, très épuré et pour ne rien gâcher, très élégant. Son accessibilité et la durée de ses parties le rendent accessible à des novices en stratégie abstraite pour peu qu’ils acceptent son côté couperet.

 

  • Pour aller plus loin :

    Bruno Cathala nous présente l’œuvre de Claude Leroy

  • https://ludovox.fr/yoxii-tricoter-une-victoire/
  • https://ludovox.fr/les-secrets-de-mana
  • https://ludovox.fr/orion-duel-dans-la-galaxie-des-jeux-abstrait/
  • https://ludovox.fr/demain-tu-mas-tue-abstraction-paradoxale/
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