Defenders of the realm : mon andidote à moi, c’est une hache dans ta face

Il était une fois…

…un royaume fantastique dont le souverain, n’ayant pas la moindre once d’imagination, avait décidé d’appeler sa capitale « Monarch City », histoire de rappeler à tout le monde qui était le patron et qu’il fallait pas espérer le droit de vote, ni pour les humains, ni pour les nains et ni les elfes.

Malgré tout, on peut espérer, mais on ne le saura jamais d’ailleurs, que c’était un bon roi (pour la justification morale de la boucherie qui s’ensuivra) qui faisait tourner son business en tout cas, puisqu’en temps de crise il savait rameuter des héros sans leur promettre autre chose que le plaisir de mettre sur la tronche à de vilains monstres et la gloire, les titres, les ballades de bardes, tout ça tout ça.

Bref, un bon roi businessman qui gérait son affaire.

Hélas…

Son royaume avait étrangement tendance à attirer avec une assez bonne régularité 4 gros boss bourrins totalement décérébrés qui décidaient invariablement de lever une armée de serviteurs divers et variés, démons, morts-vivants, dracomachins et orcs, pour tout ravager.

Le plus étonnant était cette capacité des gros boss à établir systématiquement un ordre de marche rigoureusement identique et à se mettre aux 4 coins du royaume pour attaquer plutôt que de se rassembler avant.

Bref passons, j’imagine que les morts-vivants ont des problèmes d’irrigation du cerveau qui pourrait expliquer cette invariabilité stratégique malgré les échecs successifs.

Heureusement !

Notre bon roi businessman savait reconnaître une situation de crise quand il commençait à être dérangé pendant ses banquets par un manant hurlant « ma ferme a été brûlée, mon village rasé, j’ai perdu un bras, mes récoltes sont foutues ! ».

Il lançait donc un appel pour 1 à 4, voire même 6 si la crise s’aggravait, héros héroïques bourrés d’héroïsme et de testostérone (à condition d’avoir des muscles bien saillants et huilés, ou une barbe inspirant le respect), comme d’oestrogènes (à condition d’avoir un décolleté correct ou une robe bien ouverte pour compenser).

Ceux-ci accouraient donc systématiquement à Monarch City, sans trop faire attention aux ruines sur leur passage, pour éviter de trop s’encombrer l’esprit, afin de recevoir le briefing, ne pas négocier les honoraires et attaquer le bon ouvrage de rotobourrage de monstres.

C’est alors…

Qu’ils prennent la température du royaume en piochant quelques cartes de divination qui vont leur permettre de découvrir l’ampleur des dégâts :

  • Les 4 généraux (vilains boss) se sont tranquillement installés aux 4 coins du royaume et ont tracé des grosses flèches de couleur à la bombe dans le royaume (au vu de l’échelle je dirais dans les 20-30 km de large) pour bien se rappeler par où passer pour rejoindre Monarch City.
  • 3 cartes magiques vont leur indiquer les régions du royaume où « quand même, vu la quantité d’ennemis qui sont là, on aurait dû les voir arriver de loin ».
  • Et 3 autres vont leur montrer des endroits où « y en a pas encore trop, on va attendre de voir ce que ça donne, ah tiens c’est donc pour ça qu’on les a pas vu arriver les autres ».

 

Le briefing est assez rapide, on sait tous comment ça va se passer, on a déjà sauvé/s’est enfuis de royaumes dans cette situation dans le passé un paquet de fois.

L’archimage donne donc des cartes magiques aux héros, qu’ils échangeront pendant la journée pour faire une collection, euh pardon, pour obtenir du soutien local et accomplir des actions héroïques de héros remplis de tellement d’héroïsme que ça fait mal de les regarder en face tellement ça brille.

Une bonne journée

Comme les héros sont aux 49h depuis les dernières réformes, ils bossent que la journée mais 7j/7, donc c’est facile parce que tous les jours c’est pareil :

  • Le matin ils reprennent des forces avec un petit déjeuner qui tient au ventre et ils s’organisent un petit point projet à la machine à café du coin sur comment ils vont organiser leurs tâches de la journée, sachant qu’ils ont des syndicats différents qui n’autorisent pas le même nombre de tâches pour chacun.
  • Ensuite, pendant la journée, ils vont tranquillement aller se balader dans le royaume en utilisant les cartes (de l’archimage, c’est ça bien joué pour celui qui suit mes métaphores alambiquées comme ce mot) pour requérir des chevaux, des aigles, utiliser un téléporteur magique, aller boire un coup à la taverne (si si c’est vrai, c’est pas une blague !), nettoyer un peu la corruption des monstres (le terme technique c’est « soigner la terre » mais j’ai pas compris comment la barbare faisait ça avec son épée), lancer des combats dantesques contre les généraux et même construire un portail téléporteur magique (j’imagine qu’elle doit le tailler dans la pierre avec une épée très balèze là).
  • Après, ils peuvent aussi faire d’autres choses très naturellement sans utiliser les cartes magiques, parce qu’ils ont du talent bien sûr, comme casser du monstre, utiliser leurs compétences de super-héros-je-suis-tellement-gentil-et-fort-que-je-me-fais-payer-en-gloire et se déplacer à pieds en marchant (pour que les foules aient bien le temps de m’admirer).
  • Le soir (j’ai vérifié à 18h y a plus personne au taf déjà) arrive alors, et on fait un petit coup de talkie magique avec l’archimage pour recevoir 2 nouvelles cartes pour la journée du lendemain.
  • La nuit tombe et là, paf ! Les monstres en profitent suivant leur niveau d’énervement (en gros plus les héros tuent leurs chefs, plus ça les motive), ça débarque de tous les côtés et parfois mêmes les généraux se décident à marcher en direction de Monarch City (je le sens bien, allez j’y vais !).

Quand bien même…

Les héros travaillent en effectifs réduits et sont assez tatillons sur les horaires, une certaine efficacité se dégage.

D’autant que les cartes magiques fournies par l’archimage possèdent des informations assez utiles permettant de combattre certains généraux en plus de permettre de requérir des trucs pour se promener.

Du coup, ils se surprennent à se dire : « hey machin avec ta hache, tu sais où c’est le volcan de la-montagne-qui-crache-le-feu-c’est-super-dangereux-n’y-allez-pas ? Je crois j’ai une petite quête perso à faire la bas avec un anneau super bizarre à jeter dedans ».

Bon du coup forcément, parfois, la productivité en prend un coup et ils se surprennent à se lancer des : « MAIS POURQUOI IL A FALLU QUE TU AILLES A L’AUTRE BOUT DU ROYAUME POUR TON ANNEAU POURRI QUE T’AS REUSSI A JETER A COTÉ DU VOLCAN, ALORS QUE MONARCH CITY ETAIT ASSIEGEE ?! ».

Parce que faut dire que le royaume a beau être bien joli, bien achalandé en tavernes et avec de belles routes en pointillés qui la traversent, les monstres ils sont pas la pour rigoler…

La fin peut arriver dès que les héros ont le dos tourné, il suffit pour cela que :

  • L’armée complète d’un général ait réussi à se déployer dans le royaume.
  • Un certain nombre (5 en fait) d’escouades de sbires entrent dans Monarch City. (ah oui je confirme, je les avais pas vu venir ceux-là)
  • Un général réussisse à pénétrer dans Monarch City. (Allez là je le sens vraiment, j’entre et je pète tout !)
  • Un certain nombre (12 pour le coup) de régions du royaume soient ravagées par la corruption. (discussion de démons prise sur le vif : « là tu vois, je mettrais bien un petit antre avec vue sur une mare de lave, ce serait parfait pour les enfants »)

En plus pendant cette invasion, les monstres ne font pas semblant :

  • Dès qu’il y a trop de monstres dans une région, ils se décident à envahir les régions alentours et leur présence maléfique suffit à corrompre la terre.
  • Les généraux avancent en déployant de nouvelles troupes dans leur sillage.

 

C’est sans compter sur…

La ténacité des héros ! Et leur grobillisme naturel bien sûr…

Dans leur soif de victoire, ils vont sillonner le royaume tranchant des morts-vivants par ici, nettoyant la terre par-là, jusqu’à ce sentir prêts à provoquer en combat singulier les généraux eux-mêmes.

Utilisant leurs pouvoirs combinés (feu, eau, terre, vent, cœur !) et surtout les infos données par les cartes de l’archimage ou récupérées dans les tavernes entre 2 tournées, ils lanceront des assauts fantastiques contre les généraux dans des batailles acharnées où les seules alternatives seront un titre de pourfendeur de « morts-vivants/démons/orcs/dracomachins » (rayez les mentions inutiles) ou alors un séjour à l’infirmerie de Monarch City avec rapatriement express.

Et alors, peut-être, l’espoir rejaillira sur les terres dévastées grâce à la défaite des 4 généraux…

Et du coup il faudra retourner se trouver un autre royaume assiégé pour aller poutrer du vilain, parce qu’il y a quand même rien de plus triste pour un héros que de voir un royaume paisible et calme et de devoir envisager de mourir dans son lit…

…Ou attendre qu’ils reviennent ! « Hahaaa j’en étais sûr, Poupou, où t’as rangé ma hache double ? J’ai une course à faire et je reviens ! ».

Mouahahaha ce jeu est génial ! Euh pardon, mon histoire de royaume et de héros est géniale !

La morale de cette histoire…

…C’est qu’après avoir écouté cette histoire, on ne sait toujours pas jouer à Defenders of the Realm, par contre avec un peu de chance on a pu se donner l’envie d’essayer.

Si vous voulez un jeu coopératif qui ressemble à un jeu avec des médecins qui essaient de soigner des épidémies dans le monde et de trouver des antidotes à des virus mortels avec des combinaisons de cartes, mais qu’on remplace les médecins par des héros surbourrins, les épidémies par des sbires démoniaques, les virus par des généraux monstrueux et les antidotes par des boules de feu et des armes léthales du moyen âge et qu’en plus vous aimez lancer des dés et vous faire crier dessus parce que votre quête perso de « la recherche de la licorne magique du bois des elfes » ça aide pas du tout..

Alors Defenders of the Realm, c’est pour vous.

Si vous trouvez que ma comparaison avec un « jeu de médecins » était surprenante, c’est parce que vous ne savez pas encore (mais cette phrase interminable, avec des parenthèses absolument non pertinentes, devrait y remédier) que ce jeu utilise les mêmes mécanismes de base que le jeu de plateau Pandémie, transposé dans un univers médiéval fantastique avec des systèmes additionnels comme des lancers de dés, des personnages très asymétriques et des objectifs personnels facultatifs.

A noter que je n’ai pas parlé du fait qu’on pouvait également gagner personnellement un peu plus que les autres car le jeu inclut un système de décompte de gloire collectée via ses actions héroïques.

Enfin un jeu coopératif ou on peut engueuler ceux qui glandent rien (même si on vient de lui voler la gloire en achevant un général sous son nez d’une manière bien fourbe).

Ah oui et si vous comprenez l’Anglais c’est mieux aussi, parce que…, en fait, hum… comment dire, euh… c’est pas traduit et ça a peu de chances de l’être un jour.

>> La fiche du jeu

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5 Commentaires

  1. Potus 12/10/2014
    Répondre

    J’ai bien rit à la lecture de cette article, et en ça merci bien Mr Sha-Man!

    En revanche j’ai du mal à savoir comment appréhender une repompe de Pandémie en milieu MedFan… ^_-

    J’immagine que c’est à l’appréciation de chacun… et si ça trouve c’est franchement mieux!

    • Sha-Man 12/10/2014
      Répondre

      C’est un jeu qui est pas tout nouveau, il existe depuis plusieurs années mais seulement en Anglais.

      Il y a une similarité de mécanismes assez incroyable avec pandémie. (je connais pas l’histoire derrière celà, mais defenders of the realm est sorti après Pandémie).

      En gros il y a 4 généraux chacun d’une couleur (comme les virus !), à la fin du tour de chaque joueur, on va tirer X cartes suivant l’avancement du jeu (qui va devenir de plus en plus dur au fur et à mesure que l’on bute les généraux), qui va montrer 0-1-2 lieux ou popent des monstres d’une couleur donnée + 0-1 emplacement d’avancée d’un général (tout comme l’apparitions des virus sur la carte de pandémie).

      Si au moment de poser les monstres, on dépasse 3 sur une zone, ils poppent sur les zones alentours et corrompent le lieu (qui a parlé d’éclosion comme dans Pandémie ?).

      Les joueurs vont piocher des cartes pour les aider qui ont chacune une couleur donnée (celle d’un des généraux ou couleur spéciale si c’est une super carte pour faire court).

      Les héros doivent se retrouver sur la région d’un général et mettre en commun toutes leurs cartes de cette couleur, celà leur donnera le nombre de dés d’attaque qu’ils auront chacun contre ce général. (Alleeeez viens chercher ton vaccin !)

       

      Clairement, il y a de très gros points communs avec Pandémie dans la mécanique générale du jeu, voire même dans certains petits détails de design comme l’éclosion, l’apparition des monstres, le système de couleurs.

      Le thème est très fort si ça peut te rassurer et quelque part à la fin on a un jeu qui n’a rien à voir et propose une grande épopée (ça peut être long quand on joue à 6) avec des héros qui se battent, lancent des sorts (mais surtout lancent bcp de dés) sur une base de mécanique ressemblant à « Pandémie ».

      J’en ai fait un paquet de parties de 2 à 7 joueurs, incluant la grosse extension des dragons ou non, avec des scénarios ou en mode simple et c’est un jeu qui possède bcp de variations possibles, de « plutôt simple à gagner » à « Royaume rasé en 20 minutes ».

      Les durées de parties peuvent être assez variables, allant jusqu’aux parties fleuves de 4 heures en mode hard (avec l’extension dragons) à 6 joueurs.

       

      C’est moins chirurgical que Pandémie d’un point de vue design de jeu mais pour moi c’est largement au-dessus au niveau fun (mais tout le monde sait que je suis un gros améritrasheur)

  2. Shanouillette 12/10/2014
    Répondre

    Pour ma part je l’appréhende pas du tout comme une refonte de Pandémie, au dela de la mécanique, quand tu te mets à Pandémie, les parties sont rapides (une bonne heure), quand tu sors DOTR pour moi c’est un peu comme un petit jeu de rôle, on sait que ça peut durer, mais aime que ça dure ! L’ambiance est pas du tout la même, il y a véritablement un gros souffle épique (et c’est pas l’haleine des dragons…quoique ^^) mais bon, ça vient aussi surement de notre groupe de gamers 🙂 En tout cas, DOTR est plus difficile à sortir (plus compliqué, durée plus longue, VO..) et pourtant il sort beaucoup plus souvent 🙂

  3. Potus 12/10/2014
    Répondre

    Effectivement, vu comme ça… ça peut donner envie!

  4. Krissou 13/10/2014
    Répondre

    J’adore ce jeu! Je me suis véritablement éclatée quand on y a joué et j’y rejouerai avec un grand plaisir. Et même s’il est vrai qu’il reprend les même mécanismes de base que pandemie, on a pas du tout l’impression de jouer à une copie de pandemie… Ça aide à appréhender la règle, mais  »’univers étant tellement différents qu’on s’en rend plus compte pendant la partie 🙂

    bref moi je dis… Je veux y rejoueeeerrrrrr :p

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