come together : hippie, hippie hourra

La rentrée sera musicale. Que ce soit avec Lacrimosa (Iello) œuvrant dans l’ombre de feu Mozart et de la musique classique, ou Come Together (de Vegard Eliassen Stillerud, Eilif Svensson et Åsmund Svensson) qui s’attache à monter des festivals de rock ou de soul avec des hippies en mode « non les gars, j’ai une idée trop cool. J’ai un champ et j’ai des potes qui font de la zic, pourquoi on n’organise pas un concert avec des groupes cool, un public cool et des bonnes vibes ? Un truc genre été de l’amour et des fleurs trop cool ? ». Vu comme ça, ça a l’air d’une facilité déconcertante.

Quelqu’un a-t-il pensé aux toilettes sèches ?

 

 

Come Together reprend avec brio l’imagerie sixties pour en faire son thème et son terrain de jeu. La boîte éclate de couleurs tandis que le matériel se partage entre Meeples jaunes, verts, violets … plateaux chatoyants et illustrations psychédéliques.
Si vous avez, comme moi, un jour pesté sur la tristitude des jeux à l’allemande (marron/marron pâle/marron foncé), ce jeu vous redonnera foi en l’arc en ciel. Voilà une accroche réussie, convaincante avant même d’avoir attaqué la lecture des règles.

 

(crédit photo : Ilya Ushakov)

 

La puissance des fleurs

Le but du jeu va être de proposer les meilleurs groupes pour le Come Together Music Festival ou, si on joue avec des plateaux asymétriques, le New generation/Rockstock/Heart of soul… La marche à suivre restera la même dans les deux cas : bâtir des scènes, trouver des groupes, le public qui leur correspond (dur dur de faire venir des passionnés de Soul à un concert Country !), de loger tout le monde au camping et d’alimenter les médias (radio/télé/journaux) en articles divers.

 

les médias à zéro

 

Le site du festival va être divisé en cinq zones : un plateau central servant de piste de score et de parking/ réservoir à vos Meeples utilisés, et quatre espaces dédiés à un type de ressources. On aura donc une zone où récupérer les scènes, une pour l’emplacement de tentes, une pour les groupes et une dernière pour le public. Ces zones se présentent sous la forme d’une baguette partagée en quatre cases liées chacune à une action immédiate (puis secondaire en phase d’activation) et une carte ressource.

 

vue générale du site

 

La mise en place est rapide et l’explication du jeu simple puisqu’il n’y a que trois actions possibles :

Placer des jetons Hippie : La majorité des emplacements de la baguette donne quelque chose (un jeton supplémentaire, avancer sur une piste presse, attirer du public etc). Pour cela, il suffit de placer le nombre de jetons demandés et de réaliser l’action immédiate. Vos jetons sont bloqués jusqu’à nouvel ordre.

Activer les zones : Tant qu’un joueur n’a pas décidé d’utiliser son jeton d’activation, les jetons Hippie sont prisonniers. Si on décide d’activer la zone, tous les jetons présents vont bénéficier des effets secondaires (avancer sur les pistes camping, médias…) et récupérer la carte liée à leur position (groupe, public etc). Les jetons partent alors dans la réserve de chaque joueur sur le plateau central. La piste d’activation peut être utilisée six fois par manche, ce qui permet de gérer le temps mais aussi de l’accélérer.

 

Le jeton d’activation sur la dernière case sonne la fin de la manche.

 

Récupérer ses jetons : Il suffit de reprendre ceux qui sont dans la réserve. En prime, piocher des cartes, récupérer un nouvel ouvrier ou, pour un jeton non pris, faire une action sans attendre. Un timing à trouver, vous pouvez reprendre vos hippies quand vous le désirez.

À savoir que les baguettes de ces zones seront remplacées à chaque fin de manche. Il y en a trois différentes avec des prix plus conséquents en jetons, mais aussi des possibilités nouvelles.

Y ‘a pas qu’à Cuba que c’est la crise

Alors oui, les couleurs qui pètent, la coolitude des jetons Hippie, les p’tits combi sur les cartes… Tout ça c’est du flanc ! On part jouer à la marchande avec nos colliers à fleurs et, rapidement, on s’aperçoit que la rigueur, la concentration, la planification sont au rendez-vous. Et que ces hippies souriants ne sont que des sbires déguisés, qui se placent sur un endroit afin de servir leur intérêt mais aussi de bloquer le voisin. Mais, mais… Come Together serait-il un jeu de pose d’ouvriers déguisé ? Un jeu exigeant qui demande optimisation et adaptation ? Mais à quel moment ce rêve d’amour et de partage s’est-il écroulé ?!

 

Zones public et groupe remplies, il va falloir Activer pour récupérer bonus et jetons.

 

La gestion de la partie se déroule sur plusieurs tableaux. Il faut un nombre conséquent de jetons pour réaliser des actions, ce que le jeu intègre très bien, n’étant pas trop gourmand au départ, un peu plus par la suite, mais ne vous prenant pas au dépourvu sur le sujet. Se placer donne une action immédiate, puis secondaire, et la possibilité de récupérer une carte. Attention, par exemple, de choisir un groupe dont vous avez déjà glané une partie du public. Si vous embauchez un trio de Rock (noir) assurez-vous d’avoir la bonne couleur de public.

Bien sûr, vous pouvez stocker ces cartes, mais il faudra une autre action pour les déstocker. Idem pour votre plateau personnel. Choisissez les pistes médias à avancer afin d’augmenter la valeur des groupes qui jouent ou de contrer les malus journalistiques qui vous tomberont dessus si vous n’avez pas dépassé une certaine valeur (malus au départ, ils apportent des points si vous avancez sur la piste). N’oubliez pas non plus que le camping a une capacité réduite, et que votre public repartira à la maison s’il ne peut se loger.

On pourrait continuer avec des points de règles plus légers qui ont pourtant leur importance comme acheter des billets pour augmenter la capacité d’une scène, faire attention aux logos pizza, cannette ou gobelet qui s’assemblent et donnent des points, user de son pouvoir personnel (rejouer, se servir d’un membre du public  comme d’un jeton ouvrier…), ou donner une fleur pour avancer d’une case supplémentaire sur une piste médias.

 

Une autre façon de gratter des points : assembler des symboles, comme les gobelets.

 

La partie dure trois manches, ce qui est rapide pour mettre en place ce que l’on désire, car on ne peut pas être partout à la fois, tout en étant lent par moment, puisqu’il faut réfléchir et tenter de planifier sur quelques tours.

 

Paix et amour… Dans tes rêves !

S’il y a une chose certaine avec ce jeu, c’est qu’il faut être en pleine possession de ses moyens et ne pas le sous-estimer ! Ce que nous avons fait à notre première partie. Un habillage coloré, de gentils chevelus, des ressources à glaner pour produire un groupe comme on l’a déjà fait des dizaines de fois avec de la pierre/blé/bois… On se sentait en terrain connu et en mode peace. Un Agricola décontracté sous CBD. Ici l’amour n’existe pas et il va falloir batailler rude pour à peu près tout.
Le jeu, s’il ne dure que trois manches, est sous tension permanente. Les malus/bonus journalistiques en place au départ, peuvent donner une direction : vous savez, par exemple, qu’à la fin du jeu (manche 3) on va scorer les groupes inconnus (Up and comer), à vous de les recruter, sans oublier lors de cette manche d’être au plus haut niveau du journalisme, sinon vos efforts seront vains.
Idem pour le camping, les places sont chères, essayez alors de conserver votre public le plus longtemps et, de ce fait, de programmer un concert qui colle à leur goût.
Au niveau du placement des jetons, si le fait de prendre un espace d’une zone peut déjà faire couiner les voisins, c’est l’activation de cette zone qui va en rajouter une couche, pimentant également le jeu. Si vous êtes seul, c’est banco, si vous êtes plusieurs, qui va se dévouer ? Un choix qu’on repousse souvent, car donner des points est toujours désagréable. Comme dit, on ne peut pas tout faire et cela, malgré nos efforts. Il faudra choisir et il manquera bien souvent un ouvrier, une place au camping, ou un tour de plus pour achever notre œuvre.

 

Je t’aime, je t’aime… et tu peux aussi avancer sur une piste médias.

 

Come Together nous fait doublement plaisir. Premièrement par l’effet de surprise, loin d’imaginer où nous mettions les pieds, considérant au survol des règles qu’il s’agissait sûrement d’un jeu « familial avancé » et non pas d’un titre complexe. Le plaisir vient également de la qualité de ce qu’il propose. Une qualité que l’on retrouve au niveau du matériel avec ses plateaux, jetons et Meeples et, en prime l’humour et le travail des auteurs pour les noms des groupes. Un gros clin d’œil qui parlera aux joueurs les plus mordus, que ce soit au travers de The Dixits, Jay Purr ou Caylus Wispur…

 

Des petites références qui ajoutent au plaisir (crédit photo : Marlon Kruis)

 

Une qualité qui s’amuse de ses mécaniques, frustrant les joueurs tout autant qu’elles les forcent à se secouer le cerveau pour trouver le meilleur coup. Un jeu sur lequel nous sommes revenus plusieurs fois avant qu’il ne cesse de nous malmener, ce qui est bon signe.
Si ce Come Together n’est pas disponible right now, il le sera fin septembre du côté de Matagot. (Joué en VO)

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