CODO Berlin 63 : un stratego sauce Mister Jack

CODO Berlin 63 (de son vrai nom Conclave Of Day One Berlin 63) nous plonge en pleine Guerre froide. Des supers espions dormants ont été placé à l’Ouest et à l’Est avec pour mission de s’assurer que le monde ne parte pas en vrille. Lors de son discours de 1963 à Berlin, en prononçant son célèbre « Ich bin ein Berliner », Kennedy a réveillé ces agents. À partir de ce moment, ils se souviennent qu’ils doivent servir leur nation, tout en s’assurant de la pérennité de notre chère planète, et qu’accessoirement ils ont des supers pouvoirs, ce qui peut faire la différence.

Exclusivement jouable à 2, notre but va être d’éliminer le chef de la faction adverse. Sur le principe du Stratego, nos pions sont cachés à notre adversaire. Le petit plus de ce jeu : je vais pouvoir activer les pouvoirs surpuissants de mes super-agents, ce qui me permettra de tromper mes adversaires. Un mélange de genres assez original. Est-ce que ça prend ?

 

 

Un CODO bien emballé

Dans la boîte de CODO se trouvent de grands supports en plastique pour insérer des tuiles en carton représentant nos héros. Facile à manipuler, leur format permet également une bonne lecture du jeu, ce qui est crucial ici. La taille des socles évite les chutes inopinées lors des déplacements qui nuiraient à la partie si, par maladresse une identité secrète était révélée.

Le background fait de mélange d’espionnage et de Super héros sur fond de guerre froide est bien mis en avant par la direction artistique adoptée par Bones, un auteur de BD. J’espère que d’autres jeux à venir exploiteront cet environnement qui m’a mis dans l’ambiance des Watchmen.

N’oublions pas de citer les auteurs, Johann Roussel, qui jusqu’à présent était plus dans la création de jeu jeunesse, et Léandre Proust, qui s’est fait connaître grâce à Clash Of deck. Ce dernier était déjà un jeu d’affrontement à 2 joueurs qui a démarré sous forme de feuilles à imprimer et découper avant de devenir un jeu édité sous un modèle économique très original. Tels les Free To Play dans le monde du jeu vidéo, les « decks d’initiation » sont gratuits puis se complètent avec des extensions payantes.

 

Tu me crois ? Tu ne me crois pas ?

Au démarrage, chaque joueur tire en secret une carte afin de connaitre son leader. Ensuite nous plaçons 5 personnages sur le plateau et 3 en réserve, notre leader devant être présent tout au long de la partie sur le terrain de jeu (vu que le but est de trucider le leader adverse, celui-ci n’a pas le droit d’aller se planquer dans la réserve).

Comme pour le Stratego nos pions sont masqués. À notre tour de jeu, nous avons le choix entre 2 actions. Déplacer un personnage ou faire un »swap ». Les personnages évoluent sur le plateau d »une case orthogonalement et quand ils atteignent une case occupée par un pion adverse, ce dernier est éliminé. Difficile de faire plus simple.

 

 

Un grand pouvoir implique de savoir bluffer

Chaque personnage dispose d’un super pouvoir. Et c’est là que le jeu prend toute sa saveur : mon adversaire ne sait pas qui je déplace,  j’ai le droit de bluffer, de mentir, de mystifier mon adversaire.

Mon opposant peut alors dire « Tu bluffes Martoni ». Si en effet je bluffais, je perds un des personnages dans ma réserve, ce qui représente mes vies, si la réserve est vide, c’est synonyme de défaite. Si, au contraire, je ne bluffais pas et que je la jouais à la régulière, c’est lui qui perdrait un de ses personnages.

Autant dire que si le bluff ce n’est pas votre tasse de thé , la partie risque d’être compliquée pour vous et que vous risquez de ne pas vous amuser, sachez-le. Dans le cas contraire, si mentir est une seconde nature pour vous (juste dans les jeux^^) , vous serez comme dans un poisson dans l’eau.

 

 

J’ai personnellement rarement autant ri dans un jeu. Avec mon fils (mon adversaire tout désigné), nous nous observons du coin de l’œil, affichons des sourires entendus pour brouiller les cartes pions. Lorsque le moment est venu de dévoiler si nous avons menti, nous avons presque l’impression d’être dans un « party game », le tout animé par des exclamations :   »Oh non ! » ou « Yes ! je t’ai eu» lorsque nous avons décrypté les pensées tordues de notre adversaire.

 

 

 

Dans tous les cas, pour savoir si le bluff est avéré le personnage doit être révélé, info capitale pour notre adversaire.
Et c’est là qu’intervient la deuxième action possible : le « swap ». Nous allons pouvoir intervertir deux personnages du plateau de jeu. Cela peut être deux personnages présents sur le plateau ou l’un du plateau avec la réserve. À moins que nous ne fassions simplement semblant de les intervertir (Niark Niark Niark *rire machiavélique*). 

Les personnages éliminés sont placés face visible, limitant notre capacité d’action au fil de la partie. Les pouvoirs ont été particulièrement bien réfléchis, car ils apportent tous leur contribution à l’édifice, même si certains sont plus essentiels que d’autres (petit bémol, d’ailleurs, pour Véronika Snake, qui est si balaise que je l’ai retiré des leaders possibles). Certaines capacités sont défensives, toutes ont leur contre. Vous trouverez d’ailleurs sur le site de l’éditeur un guide stratégique.

Nous allons donc tactiquement chercher à piéger notre adversaire, profitant de chaque prise d’information pour déduire qui est qui, tout en essayant de l’embrouiller. En effet, certains personnages sont particulièrement efficaces pour contrer l’un des super héros. Après une ou deux parties pour trouver nos marques, nous enchaînons déplacements, swap, activation de pouvoir, pour tenter de contrer les héros adverses. Et cela marche vraiment bien, sans que les parties s’éternisent. Du coup on en enchaîne une seconde, voire une troisième… Preuve que la sauce prend.

 

Une aide de jeu rappelle les noms et les pouvoirs des 8 héros qui sont vite assimilés, permettant un mensonge plus fluide ^^.

CODO Berlin 63 a son identité propre. Bien sûr la base fait fortement penser à Stratego, mais ses ajouts le démarquent de ce dernier en terme de sensation. Là où Zoondo avait ajouté au Stratego une dose de fun avec pas mal d’aléatoire et de pouvoirs en tout genre, Codo Berlin 63 amène une légère touche de Mr Jack, avec les capacités des personnages, mais surtout cette facette Bluff qui en séduira certains et en fera fuir d’autres ^^.

 

Coup de Bluff réussi ?

Ce jeu est à classer dans la famille de l’antique Stratego et plus récemment de Geister qui date quand même de 1980, réimplanté sous sa version Fantôme contre fantôme. Si vous n’êtes pas un adepte de la tromperie, ou ne maîtrisez pas l’art du « poker face », vous risquez de rapidement vous faire éliminer et de ne pas apprécier les subtilités de ce jeu. Dans le cas contraire, CODO Berlin 63 propose un gameplay original grâce à un bon équilibrage entre tactique et bluff, avec des règles rapidement expliquées pour des parties d’une vingtaine de minutes. Toute la subtilité de son gameplay se dévoile d’affrontement en affrontement, bien qu’un joueur débutant saura vous donner du fil à retordre s’il est habile bonimenteur.

 

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Depuis sa création en juin 2014, Ludovox a à cœur la pertinence et l’intégrité des contenus proposés par une rédaction indépendante et l’établissement d’une charte que vous pouvez retrouver ici. Cet article a été écrit avec une copie presse du jeu. Si vous aimez notre travail, n’oubliez pas de nous soutenir sur Tipeee

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2 Commentaires

  1. Knightbob 22/07/2025
    Répondre

    Je suis quand même hyper surpris qu’aucun article sur CODO Berlin 63 ne parle du fait qu’il provient du jeu cut&play de (déjà) Léandre Proust!!

    Le gameplay était le même, et la plupart des pouvoirs y existaient déjà!

    On peut le trouver là :

    https://www.philibertnet.com/fr/print-play/86426-supero-pdf-2100000683659.html

    C’était clairement un des meilleurs jeux cut&play de la série du sieur Proust, très inventif!

    Très content qu’il sorte sous une forme plus classique d’édition 😉

    • atom 23/07/2025
      Répondre

      Ah, je ne connaissais pas, intéressant.
      (désolé le commentaire était dans la corbeille, probablement à cause du lien, et c’est indépendant de notre volonté).

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