BOSK – Automne en emporte le vent

En ces temps où la distanciation sociale est un des sujets de conversation les plus en vogue, quoi de mieux que de prendre un peu de recul et de s’isoler un peu en forêt ? C’est ce que ce propose Bosk de Daryl Andrews & Erica Bouyouris. Vivre la vie d’une forêt, de ces arbres qui passent les saisons, sans se soucier d’autre chose que du vent qui souffle. Bonne promenade !

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Tout au long d’une année, vous allez suivre l’évolution d’un parc national rempli d’arbres. La partie sera séparée en quatre saisons, du printemps à l’hiver. Toutefois, il n’y aura véritablement que deux phases de jeu car deux saisons sont en réalité des phases de comptage.

Le temps des saisons

BOSK_plateau3_LudovoxNotre parc naturel débutera par une phase de printemps. Ce sont là où les arbres grandissent, se multiplient et parsèment les hectares alloués à leur développement.

Ce parc est constitué de différentes zones : sable/prairie/lac/… mais il n’y a aucune différence en termes de jeu entre elles. Oui, un arbre peut pousser indifféremment dans une cascade ou sur un sol rouge rocailleux. Etonnant non ? 

Le parc est divisé aussi en un beau quadrillage très linéaire constituant les sentiers des randonneurs.

Durant la phase de printemps, les joueurs vont successivement placer un arbre de leur réserve. Ils en ont 8 à disposition, de valeur 1 à 4. Les arbres sont à placer aux embranchements de chaque sentier (c’est à dire à chaque intersection du quadrillage). La phase printemps se termine dès que tous les arbres ont été plantés. Mais quelle stratégie doit guider nos placements ? C’est la phase de comptage de la saison suivante qui nous l’indique.

En été, nous allons uniquement faire un comptage intermédiaire. Chaque sentier en ligne et en colonne va être évalué en fonction de la somme des valeurs des arbres placés. Un joueur majoritaire marquera un bonus de points, et les suivants un peu moins. Le printemps va donc être un casse-tête pour essayer de s’assurer un maximum de majorité pour le comptage estival.

La saison suivante voit les températures se rafraîchir et le vent souffler. Eh oui, après l’été vient l’automne où les feuilles vont tomber des arbres, arrachées de leurs branches par les brises traversant la forêt.

La première étape de cette phase va être de définir le sens du vent pour les 8 tours qui vont suivre. C’est le premier joueur (soit celui qui a le moins de points à l’issue de l’été) qui aura la responsabilité de cette orientation.

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La brise ainsi placée, chaque joueur va faire tomber des feuilles de ses arbres. Comme chaque joueur a planté 8 arbres  au printemps, 8 tours vont être nécessaires pour que chaque arbre perde son feuillage.

Pour cela, les joueurs disposent de 8 tuiles « feuilles », numérotées de 2 à … 8 et d’une tuile « écureuil ». Cela déterminera le nombre de feuilles qui tomberont de l’arbre, dans le sens du vent. En effet, les feuilles doivent être posées sur les cases du quadrillage selon l’orientation venteuse du tour en cours. L’objectif va être de recouvrir les cases des différentes zones du plateau pour avoir la majorité. Il est possible d’écraser les feuilles d’une case déjà occupée, mais cela aura un surcoût équivalent au nombre de feuilles présentes. Enfin, la tuile écureuil permet de poser son pion écureuil à 3 cases d’un arbre, sans surcoût.

Une fois l’action du tour réalisée, l’arbre est retiré du plateau.

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Au terme de 8 tours de jeu vient l’hiver, qui est la seconde période de comptage. Chaque zone va être évaluée et le joueur majoritaire marquera le plus de points, puis les suivants en auront un petit peu moins. À noter que cette phase permet d’obtenir plus de points que la phase été. Un retard sur la phase d’été n’est donc pas dramatique pour concourir à la victoire.

Enfin, le joueur avec le plus de points peut s’enorgueillir d’une victoire méritée.

Les feuillent m’en tombent

Il y a des modes dans le secteur ludique. À un moment, cela va être les vikings, puis les morts vivants, puis la SF, puis de nouveau les pirates. On ne sait pas trop par quelle magie certains jeux thématiquement proches mais d’auteurs différents sortent en même temps. Et de manière tout à fait surprenante, c’est ce qui arrive aux arbres… Nous avons eu tout d’abord Arboretum, puis Arboria, et L’arbre. S’en est suivi le fameux Photosynthesis et ses arbres en 3D, et enfin le succès « kickstaterien » PARKS (bientôt en VF d’ailleurs). Bosk arrive donc en petit dernier dans la catégorie. Pour ma part, je n’aurais pas parié sur l’implantation du thème arboriculture dans la durée. Comme quoi.

BOSK_plateau2_LudovoxBosk est assurément un jeu abstrait, mais il m’a surpris par son thème. Il faut admettre que ce dernier est un peu plaqué, mais au final il colle plutôt bien à la mécanique. On prend surtout plaisir à faire tomber les feuilles de ses arbres dans le sens du vent, et recouvrir d’un tapis d’humus les cases du plateau. La promesse de faire vivre nos arbres au cours des 4 saisons est alléchante.

D’un point de vue visuel, la première impression est attirante. L’illustration de la cover (Kwanchai Moriya & Matt Paquette sont aux pinceaux) ne viendra pas me contredire. De plus, de beaux arbres en 3D, cela fait toujours son effet. Nous avions eu cela avec Photosynthesis, et l’effet whaou est toujours là. Il est concrétisé avec les pions de bois en forme de feuilles qui vont parsemer le plateau de jeu. Cela donne au final un aspect général très satisfaisant. 

Malheureusement, ce tableau bucolique est terni par quelques défauts : Un plateau de jeu, patchwork de zones assez sommaires de différentes couleurs, bien en dessous de ce qu’on pourrait attendre d’un sol de forêt fourmillant de vie ; ou encore l’eau qui est une zone « comme une autre ».

BOSK_feuillageLudovoxAu niveau des arbres en 3D, j’ai regretté de ne pas pouvoir voir la valeur de l’arbre (de 1 à 4) quelle que soit l’orientation des arbres placés (les joueurs qui ne sont pas en face doivent tourner la tête). Une solution aurait été de reprendre l’idée de Photosynthesis avec des arbres de différentes tailles selon la valeur. Il en est de même sur la lisibilité du plateau quand il commence à être rempli de feuilles. Si c’est très beau visuellement, il faut un effort pour arriver à bien distinguer les majorités. Tout cela nuit à la lisibilité du jeu alors que c’est un élément essentiel.

Le dernier point, plus anecdotique, mais significatif du thème plaqué, est la représentation des sentiers. Pour ma part, quand je me promène en forêt, les sentiers sont plutôt sinueux, entourés d’herbes et d’insectes… Dans Bosk, c’est un simple quadrillage en bonne et due forme. J’aurais aimé me sentir plus immergé en forêt.

 

Niveau mécanique, nous avons deux phases de placement bien distinctes :

Tout d’abord sur les deux premières saisons où il faut placer judicieusement ses arbres au printemps pour marquer des points en été. J’ai trouvé cette phase de score discutable. En effet, sur les quelques parties faites, tous les joueurs étaient à peu près au même niveau de points, à 2 ou 3 points près. La dernière phase permet de marquer beaucoup plus de points. Ainsi, il nous a semblé que ce premier pointage permettait essentiellement de déterminer le 1er joueur de la phase 3, et donc n’était pas des plus utiles. 

La seconde mécanique de placement, la plus intéressante, se fera sur la saison d’automne. Cette phase va faire chauffer vos neurones pour choisir le bon nombre de feuilles, sur le bon arbre, dans le bon sens du vent pour prendre les bonnes majorités. Tout le piment du jeu est là : les prises de majorité sur les zones. Les quelques parties réalisées donnaient une impression que tout se jouait sur les deux derniers tours mais avec un peu plus d’expérience, on s’aperçoit que les placements sont importants à chaque tour : être le premier pour obliger les autres joueurs à dépenser plus de feuilles, voir que le vent nous réservera une zone du plateau que les autres ne pourront pas atteindre… Attention à ce que la partie ne sombre pas en analysis-paralysis pour s’assurer le coup le plus juteux.

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En configuration 2 joueurs, il y a un véritable affrontement pour prendre les différentes majorités aux phases de comptage. Je craignais un peu trop de chaos à plus de joueurs mais il n’en est rien et des stratégies sont toujours possibles. À noter qu’il y a 3 plateaux de différentes tailles selon le nombre de joueurs.

Bosk s’avère un jeu sur lequel j’ai du mal à me faire un avis tranché. J’ai passé un bon moment sur les quelques parties jouées, sans une envie débordante d’y revenir. Le thème et la mécanique de manière générale fonctionnent. Mais le jeu fait preuve de lenteur sur les phases de réflexion, ainsi que d’une accumulation de petits défauts esthétiques qui nuisent au plaisir du jeu.
Il plaira à un public familial, conquis pour l’esthétique générale plutôt attirante et des règles de jeu assez simples, mais repoussera les joueurs plus aguerris qui lui trouveront vite ses limites, et lui préféreront sans doute certains de ces aînés.

 

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