Vous excellez dans le montage du meuble en kit, plus rien ne vous résiste, vos amis vous appellent pour mettre en forme les puzzles de ce monsieur suédois, vous déchiffrez les notices les plus chinoises en un coup d’oeil. Il vous faut un nouveau défi.

Pourquoi pas une Basilique…?

Finalement, entre un meuble à chaussures et un bâtiment, y a pas tellement de différence…

Basilica est un jeu à 2 de M. Pogoda (aïe !), Lukasz de son prénom (ouf!). Ce jeu n’a pas été traduit en français, ce qui ne pose aucun problème puisqu’il n’y a pas de texte. La traduction des règles existe, c’est un travail excellent et clair.

Rebel, l’éditeur polonais, n’a pas l’air d’avoir bonne presse sur le territoire français (il est pourtant traduit en anglais et allemand). Pour rappel, Rebel aura sorti Slavika et sa suite, un jeu de cartes et de pouvoirs sur fond d’affrontement de monstres et de héros (article), et surtout l’excellent K2, un jeu de programmation sur la fameuse expédition montagnarde. Deux bons jeux qui mériteraient un peu plus de reconnaissance.

Basilica est un jeu classique de poses de tuiles qui, où pour marquer des points, les joueurs doivent constituer des quartiers de même couleur. Sur ces quartiers, il faudra placer vos ouvriers pour être majoritaire et remporter les points. L’aide de certaines « consignes » (des actions) vous sera utile pour améliorer vos ouvriers ou gonfler vos points. Attention, parfois certaines parties de l’édifice s’écroulent, ralentissant vos efforts.

Mécanismes classiques donc, comme vous pouvez le lire.

L’intérêt de ce jeu de pose se trouve dans son système de prise de tuiles : chaque tuile à un recto bâtiment (une voûte) et un verso consigne (action). Prendre l’un, c’est donc annuler l’autre. Blocage, anticipation, prise de risque…nous y voilà.

Notice 1.B3: Placer la pièce B.2.3 sur le support YA.74

La mise en place de Basilica est assez simple : chaque joueur prend UNE pièce, 6 ouvriers, 4 jetons « promotion ».

On place donc le plateau (le haut de la Basilique), on mélange les tuiles et on pose le Roi (pion jaune) devant la case 1.

Voilà. 

Assembler B2 avec H34

Chaque tour se déroule de la même façon, vous avez 3 actions. Trois, c’est un sale chiffre, il manque toujours un dernier coup pour finir ce que l’on a commencé, donc attention de ne pas laisser trop de possibilités à l’autre.

3 actions dans l’ordre qui vous plaît, et en mode répétition si vous voulez. Impossible de passer ou d’en faire moins. Une chose à savoir : si vous voulez poser un ouvrier, il vous faut poser une tuile voûte avant. C’est tout.

Soyons simple. Nous voulons bâtir, ajoutons donc une voûte à l’édifice. Cette tuile doit être placée adjacente à une autre, sauf si c’est un joker (ils ne peuvent pas se toucher). À chaque voûte (au logo +1) , le roi se déplace d’une case. Arrivé sur la 10 /20 /30, il déclenchera le décompte.

Prendre une voûte c’est aussi transformer la tuile « consigne » disponible  en tuile voûte, qui va venir prendre la place vacante sur le plateau.

 Je suis drôlement intéressé pour prendre la tuile rouge en bas à droite

Prendre la tuile rouge a eu pour effet de faire descendre la tuile consigne juste au dessus.

Une fois retournée, celle-ci devient une tuile voûte verte. Une nouvelle tuile consigne est alors ajoutée au-dessus.

L’important c’est la majorité, vous pouvez donc placer un de vos ouvriers sur la tuile que vous venez de poser. Vous l’avez fait au tour suivant et vous êtes majoritaire, vous préférez utiliser cette nouvelle action pour activer une consigne. Plutôt que de prendre une tuile voûte, prenez la tuile consigne sur le haut du plateau, faites son effet et défaussez la.

 Tuiles consignes : une erreur s’est glissée dans cette présentation, sauras-tu la retrouver ?

Les tuiles consignes permettent certains coups sans quoi le jeu ne serait que banalité.

Grâce à elles, vous pouvez déplacer un joueur déjà posé, où vous voulez (Promouvoir), le bouger sur une case adjacente (Déplacer), embaucher un ouvrier sur n’importe quelle tuile déjà posée (Recruter), retirer un de ses ouvriers pour mouvoir celui de l’adversaire (Confondre), défausser une tuile posée (Catastrophe),  augmenter les points à venir en posant un Vitrail (+ 2 points supplémentaires à la valeur du quartier), ou bloquer un espace de construction avec une tuile neutre (Échafaudage). Certaines tuiles peuvent être également activée par l’adversaire s’il paie. Mais une seule fois par partie, vous n’avez qu’UNE pièce.

Les tuiles, c’est bien, mais souvenez vous de ces jetons promotions donnés en début de partie. Ils sont de trois types. Ils permettent de doubler les points d’un quartier (x2), d’augmenter la valeur d’un ouvrier (2) ou de lui faire gagner l’égalité (balance) .

Ah, on me signale que le Roi vient d’atteindre 10 ! C’est le premier décompte… À vous les studios.

 Pour le décompte mieux vaut avoir le compas dans l’oeil.

Du coup ici :

Blanc marque : 4 pts (+2 pour le vitrail) pour la couleur rouge. Il ne marque rien pour la couleur bleue sur la droite (égalité avec marron) mais marque 1 pt (x2) pour le joker bleu à gauche.

Marron marque : 5 pts pour la couleur verte (il gagne l’égalité avec son jeton promotion balance) et bénéficie du x2 du joker. 5 x2 = 10 pts. Un point supplémentaire pour le joker bleu/vert à droite. Majoritaire vert. 

Et voilà, la nouvelle manche peut démarrer. On enlève les deux premiers étages de la basilique, chacun reprend ses ouvriers et jetons, et on repart. Bien sûr, les gros quartiers construits à partir de la troisième ligne restent… Qui va s’en emparer ?

Quand le Roi atteint le 30, c’est le dernier décompte, tout comme cela surviendrait si la pioche des tuiles parvenait à sa fin après avoir été mélangé une fois.

Quid de la Basilique ou du montage du meuble à chaussures ?

Trouver un bon jeu à deux joueurs n’est pas aisé, on se retrouve facilement avec des choses genre Wakanda, de bonne tenue mais rapide, ou alors des Kennedy vs Nixon qui durent un peu trop pour ce que c’est. Un jeu simple avec un petit challenge et d’une durée d’environ une heure est plus rare.

Basilica est de ceux là : simplicité des règles, stratégie, durée.

Chaque tuile consigne étant visible, on sait ce qui va arriver au prochain tour, voire plus, puisqu’on voit le plateau et la pioche. Cela peut devenir assez calculatoire pour ne pas laisser LA tuile à l’autre. Le hasard est néanmoins présent puisqu’au-delà de deux tuiles on ne peut pas prévoir, et parfois le hasard fait bien les choses. Parfois non. Retourner les tuiles ne fait pas forcément apparaître la couleur attendue.

Se placer ou bloquer,  laisser l’adversaire se développer en prévoyant de lui voler la majorité, voilà les options possibles. Prenez soin de bien anticiper, la prise de risque peut vous être fatale si vous avez oublié quelque chose.

Ce jeu est donc à la fois léger et plein de réflexion. Il peut devenir très calculatoire pour ceux qui aiment ça, mais personnellement, je préfère le jouer plus décontracté, en essayant de faire mon petit coup pendable discrètement… De toute façon, nous ne sommes jamais à l’abri d’une tuile (haha !) , surtout celle qu’on ne veut pas et qui laisse les mains libres à l’adversaire.

Seule restriction que j’appliquerai : la limite d’utilisation des jetons promotion. On les récupère à chaque manche, je jouerai plutôt la tension en les défaussant une fois utilisés.

Basilica est donc, de part sa facilité d’explication et de prise en main, son mécanisme de tuile recto/verso suivant le choix qu’on en fait, et la qualité de son matériel, un jeu de pose et de construction tout à fait honorable pour les fans de ce genre de jeu, et pour les amateurs de jeu à deux.

N’ayant pas été traduit, ni mis en avant, on peut, en plus, le trouver à petit prix sur certains sites marchands. Pas la peine de s’en priver.

Un erreur s’est glissée dans cette fin de partie, sauras-tu la retrouver ?

Basilica 

Un jeu de Łukasz M. Pogoda
Illustré par Mariusz Gandzel
Edité par Rebel.pl
Langue et traductions : Allemand, Anglais
Date de sortie : 2010
De 2 à 2 joueurs
A partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 45 minutes

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