As d’or 2017 : Un KS, un jeu Haba, et les Space Cow boys qui remportent enfin un prix
Nous sommes maintenant informés du palmarès de l’as d’or 2017 dévoilé lors de la cérémonie qui a eu lieu ce soir au théâtre Debussy du palais des festival de Cannes où Mr Phal et Marcus ont une fois de plus présidé au déroulement de l’événement.
« Cette année, j’ai eu l’impression que l’ambiance dans la salle était un peu tendue. Disons qu’on sentait qu’il y avait des enjeux derrière ! Surtout au moment de l’annonce des nominés du prix Expert en fait. C’est comme si tout le monde retenait son souffle. Puis quand le nom de Scythe est tombé, on a entendu des vivats, et comme une détente. Je crois que Scythe a reçu plus de cris de joie que l’annonce d’Unlock, l’As d’or, qui semble plus diviser l’opinion » rapporte Mat qui était au premier rang durant la cérémonie.
« Vous connaissez la règle ? Pas d’As d’or sans polémique ! 😉 »
D’après les retours « off » sur place, Unlock, sorti depuis le 06 février dans les boutiques, fait débat parce qu’il semble gagner la palme « sous le nez de » Kingdomino qui a fait ses preuves depuis sa sortie il y a 6 mois, sans parler de Codenames (qui n’avait plus rien à prouver) ou Imagine, aussi parmi les nominés, qui aurait fait un joli As d’or tout public.
Le jury a sans doute souhaité saluer le côté innovant du jeu d’Unlock ! qui reprend à son compte le principe très à la mode des escape room et se joue avec une application et un paquet de cartes.
Dans Unlock !, les joueurs vont d’énigmes en énigmes, et examinent des cartes pour y chercher des indices. Comme vous l’explique Cormyr dans son Just played sur le jeu (à lire ici) « ces cartes montrent des actionneurs comme des boutons, des fils à relier, des interrupteurs, etc » et surtout, des valeurs qu’il faudra additionner, associer, pour obtenir des codes qui débloqueront chacun des défis qui vous sont proposés. Ainsi, vous pourrez avancer jusqu’à la sortie, avant la fin du chrono.
Le problème, alors ? Selon ses détracteurs, son thème tout d’abord, un peu trop geek, moins « tout public » que les autres sélectionnés pour cette catégorie. Son format ensuite, à scénario non rejouable (3 parties d’1h/1h30 dans la boîte pour 28€ environ), et sa date de sortie surtout, qui porte à controverse, puisqu’il a été annoncé dans les nominés avant même d’être disponible sur le marché.
« Après avoir testé les nouveaux jeux de société édités sur le marché français au cours des 18 derniers mois, le jury du Festival International des Jeux a été séduit par 10 d’entre eux et les a nominés pour l’As d’Or. » peut-on pourtant lire sur le communiqué officiel.
« Toute une année de production de jeux passée à la trappe pour une nouveauté qui aurait pu concourir l’année prochaine. » peut-on lire sur Twitter.
Quoi qu’en dise, c’est officiel, Cyril Demaegd des Space Cow-boys a annoncé que Unlock 2 et 3 seraient effectifs. Heureux, les Space Cowboys doivent l’être d’autant plus qu’ils ont rompu leur malédiction, puisqu’ils avaient connu jusqu’ici bon nombre de sélections prestigieuses avec Time Stories et Splendor nominés au Spiel notamment, sans passer le cap de la récompense.
Côté As d’or enfant, Kikou le coucou passe devant Animouv et L’age de pierre junior. Ce titre de Josep Maria Allué et Viktor Baulista i Roca, illustré par Gabriela Silveira, et édité par Haba, est un jeu de construction (proposé dans une boite en fer cylindrique) qui n’est pas sans faire penser à son lointain cousin, le Mikado. Une petite vidéo par ici pour vous faire une idée rapidement.
Enfin, Scythe (qui arrive chez Matagot après ses débuts chez Morning) l’emporte face au controversé Conan et au petit Star Realm qui semblait perdu entre ces deux gros bras. Un choix fédérateur, sans nul doute. Avec son matériel exceptionnel, ses règles bien écrites et efficaces, sa richesse et sa profondeur stratégique, son mélange « eurotrash » de gestion de ressources et de prises de territoire, et sa durée de partie qui reste raisonnable, Scythe avait déjà conquis les coeurs de nombreux joueurs et fait beaucoup parler de lui (en bien) dès sa campagne KS qui avait levé plus de 1 800 000 $ (fin 2015).
Rappelons que le jury 2017 est composé de Monsieur Phal, Marcus, Erwan Berthou, François Décamp, Hélène Graveleau, Michel van Langendonckt, Thierry Saeys, Catherine Watine, et Nathalie Zakarian.
Bravo à tous les auteurs !
Crédits Photo : Cormyr
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damien 24/02/2017
Bon résumé. Quelques impressions supplémentaires
1) Ou l’art de déjouer les pronostics: loin de l’attendu trio Age de Pierre Junior / Conan / Codenames, le jury, il faut bien lui reconnaître ça, a produit des choix différenciés. Je n’ai joué a aucun des trois, mais les trois m’attirent. Je trouve que c’est un beau palmarès. Je ne sais pas si la volonté de surprendre, de se différencier du Spiel des Jahres (tout en calquant ses catégories sur lui) sont des critères de choix, mais en tout cas, c’est le cas.
1 bis) La mention « jeu de l’année » a disparu dans As d’or / jeu de l’année, et ce n’est pas plus commenté que cela dans le discours introductif. Pourtant ce glissement sémantique est intéressant, d’une part parce que c’est faire disparaître un lien avec l’histoire (deux prix qui n’en ont fait plus qu’un), d’autre part parce que le nouveau logo, le nouveau nom fait penser « Palme d’Or », « Caméra d’or », plutôt que « élu produit de l’année », « goût de l’année ». Un nom plus facile à « pitcher » et à vendre aux médias. Un détail, mais il me semble bien significatif d’un prix en évolution, qui a beaucoup changé, qui change encore.
2) J’ai trouvé que le prix enfant semblait avoir plus de poids cette année. Est-ce parce qu’il est perçu différemment par les éditeurs avec les versions de l’Age de Pierre, LADR Junior, etc. Est-ce du fait que, comme le Jury l’a souligné, la production est plus dense et qualitative ?
3) Un Jury qui s’est pas mal renouvelé d’ailleurs si on regarde bien, avec des gens qui sont partis et d’autres arrivés. Le fait que des piliers très visibles soient encore là, dont les animateurs de la soirée, le masque un peu, mais on sent le renouvellement, l’élargissement. Il est dommage d’ailleurs que leurs parcours ne soient pas plus mis en avant au moment de la cérémonie.
4) C’est vrai que le fait que le prix se situe dans un entre deux avec d’un coté saluer la production de l’année passée / faire des prospectives pour l’année suivante occasionne des ambiguïtés. D’ailleurs, dans « as d’or jeu de l’année » je ne savais jamais si c’était l’année passée (comme les Césars) ou l’année à venir (comme la Palme d’or). Un peu comme la règle du « disponible en boutique », souvent un peu malmenée. C’était déjà le cas au moment de Skull and Roses, et je leur accorde ce crédit d’avoir fait un bon choix à l’époque. Donc j’irais voir unlock et le jeu du coucou avec grand plaisir. Peut-être qu’il devraient supprimer les règles, ce serait plus simple.
4 bis) J’en parlais avec Hélène (Graveleau) après: pour moi l’As d’or (anciennement jeu de l’année) est vraiment un prix que je peux présenter à tout le monde, famille, amis non habitués et peu concentrés, etc. Unlock, de l’extérieur, me semble plus correspondre aux critères d’un prix du jury « saluer l’innovation, le coup de cœur inattendu, le l’actuel ». Un peu comme Sherlock Holmes DC, qui avait eu ce prix. Codenames a un coté plus généraliste, facile d’accès, intemporel, qui a fait ses preuves. Autant j’ai un peu couiné quand il y avait des prix spéciaux mouvants et parfois un peu opportunistes ou inexplicables, autant j’aurais trouvé pas mal cette année que cette distinction soit opérée. On verra dans dix ans lequel aura le plus marqué.
5) Je parlais plus haut d’élargissement, et je trouve que les moments les plus sympathiques de la soirée furent ceux avec les auteurs étrangers: ceux de Imagine, les catalans à la base du jeu du Coucou, la personne de Haba. Il y avait là une fraîcheur qui faisait du bien au milieu des vannes franco-française.
6) Le prix change pas mal, et on sent parfois dans ces moments là le coté « cul entre deux chaises« : entre la volonté d’asseoir la légitimité du prix (nouveau logos, trophée plus massif, salle de 1200 place bondée, agence de communication, relais dans la presse nationale) et des restes de la petite fête privée et confidentielle avec des private jokes et des maladresses. Cela donnait une ambiance pas du tout compassée, mais en même temps des décalages.
7) Vu de la salle, le fait que Morning vende les bijoux de famille -(Scythe, Viticulture) en disant que c’est un choix me rappelait ma vieille tante Lucette qui savait rester digne dans les difficultés. Mais il n’empêche que ça posait pas mal de questions.
8) Étonnamment, le mot Kickstarter ne semble pas avoir été prononcé. De même, le fait que bon nombre des jeux sélectionnés ont été originellement produits ailleurs (auteurs étrangers, éditions étrangères) était parfois sous estimé. L’Age de Pierre Junior, par exemple, c’est d’abord le travail de HIG en Allemagne, et ils n’ont pas été nommés, Filosofia a monté un partenariat et traduit les règles c’est tout. Unlock était finalement l’un des seuls produits purement « interne », avec Kingdomino et Conan, mais ce dernier a quelque chose de très mondialisé. Bref, c’est le signe d’une capacité à détecter et capter des produits, d’une vitalité des éditeurs français.
9) Le buffet post-prix était vraiment très bon.
10) Voyant Marcus sur scène, le croisant ensuite au buffet, je ne pouvais m’empêcher de penser à ce que disait le patron de Cocktail dans l’épisode de Proxi-jeux: il vieillit avec son public. La cérémonie était plus courte que l’année dernière, où il y avait eu ce rigolo jeu sur Timeline, mais j’avais l’impression de l’avoir déjà vue. J’avais envie d’autre chose, de renouvellement.
11)C’est quand les Coktails d’or ?
morlockbob 24/02/2017
un bon petit ajout de commentaires, c ‘est généralement ce qui manque. On reçoit le résultat sans vraiment d’explications. Je milite (tout seul!!) pour une catégorie off du palmarès, un jour peut être…
JeSuisJeux 24/02/2017
Je n’ai pas eu l’occasion de jouer à Scythe donc je ne pourrai pas donner de commentaire dessus ni sur Kikou le Coucou. Par contre, j’aimerai bien donner mon avis sur Unlock. Je n’ai rien à redire sur le jeu dont l’idée est géniale et le travail des Space Cowboys qui font vraiment des super jeux. Par contre, c’est plus sur sa récompense. En effet, le jeu vient tout juste de sortir en boutique. Je trouve simplement dommage d’occulter tous les jeux de 2016 pour donner la victoire à un jeu de 2017 même si son développement s’est déroulé pendant l’année 2016. Surtout qu’il aurait très bien pu l’avoir au FIJ2018. Il est sûr qu’avec ce prix fraichement obtenu, il arrive à point nommé de part sa synchronisation avec sa sortie en boutique. Bref tout ça pour dire que je ne critique pas le jeu qui est juste génial car très original et sort de l’ordinaire et je tiens à féliciter les Space Cowboys pour ça, je ne critique que le timing pour recevoir ce prix.
JeSuisJeux 24/02/2017
Finalement en y repensant ensuite, je me dis que de part son originalité, son apport innovant dans le secteur des jeux de société et si proche de la réalité ressentie dans un véritable escape game, Unlock! est un jeu qui finalement mérite largement son prix.
Unlock! permet de vivre comme pour un vrai escape game une expérience exceptionnelle, innovante, divertissante, favorisant la cohésion d’équipe. Il permet également de fédérer un groupe de travail dans le cadre professionnel séminaire ou team building. Chacun pourra y tester ses compétences logiques, ses capacités à communiquer, à résister à la pression du temps. Il vous faudra fouiller la pièce, trouver des indices, résoudre des énigmes, ouvrir des cadenas et trouver le moyen d’en sortir… ou pas.
Et dans ce sens, je trouve qu’Unlock! est un jeu qui est à la fois dans l’air du temps et fait évoluer le marché du jeu de société.
Il n’y a aucuns jeux qui lui ressemblent. Il est à la fois innovant et est une véritable expérience ludique enrichissante et utile pour la vie à la fois personnelle et professionnelle.
Aurait-il eu le prix en 2018 ? Rien n’est moins sûr car cela pourra donner des idées à d’autres professionnels du secteur qui surferont eux aussi sur ce type de jeu.
Bravo aux Space Cowboys pour cette innovation ludique.
Le Zeptien 25/02/2017
Et bé ! Le commentaire précédent pourrait figurer derrière la boite ! Maintenant : » Unlock! permet de vivre comme pour un vrai escape game une expérience exceptionnelle, innovante, divertissante, favorisant la cohésion d’équipe. Il permet également de fédérer un groupe de travail dans le cadre professionnel séminaire ou team building ».
Wahou ! Moi, les jeux pour fédérer un groupe dans un cadre professionnel, ça me ferait presque peur, ça me donnerait à la limite envie de jouer à autre chose. 🙂
Blague à part, je pense que l’on peut légitimement s’interroger par contre sur cette coïncidence de sortie du jeu avec le prix obtenu.
Je me pose aussi une question sur le « enfin » du titre… pourquoi « Enfin » ? J’ignorais que c’était si attendu… D’abord, « Space cowboys » est relativement récent par rapport à d’autres éditeurs, et je ne vois pas d’ailleurs avec quel jeu ils auraient dû être récompensés avant. Ensuite, au sein des Space cowboys, on trouve des personnes qui ont déjà eu des récompenses par le passé. Donc voilà quoi…
Bref, sans préjugé sur Unlock! que je connais pas encore, un certain étonnement en ce qui me concerne….
Meeple_Cam 26/02/2017
Mon coup de gueule :
J’ai participé à la cérémonie de l’as d’or pour la première fois. Une fois. Pas deux. Cela ne concerne pas la sélection et le choix de la remise des prix. Mais l’attitude des personnalités qui viennent sur scène. Je passerai sur mr Phal et Marcus qui essayent d’être drôles sans succès. Par contre, auteurs et éditeurs, bon sang, préparez un peu votre speech ! Ça fait plusieurs semaines que vous savez que vous allez monter sur scène car VOTRE jeu a été sélectionné parmi les meilleurs. Et … vous n’avez rien à dire. De l’improvisation pure qui se résume à « merci au jury de m’avoir sélectionné » et tentative de blagues graveleuses. Palme spéciale à ceux qui montent sur scène et ne veulent même pas dire un mot. Ce sont des attitudes hautaines et totalement irrespectueuses du public qui est venu vous voir. Vraiment, vous m’avez déçu. (à l’exception aux auteurs japonais d’Imagine qui sont les seuls à sortir du lot. Je me faisais une joie d’être présent. Une vraie douche froide.
Fredovox 27/02/2017
Je rejoint ton avis sur quelques prestations, notamment sur camouflanimo, déconcertant de maladresses.
Le speech des auteurs d’imagine + trad était par contre l’un des meilleurs jamais vu au FIJ, et rien que pour ca, j’ai adoré etre présent.