► E.D.I.T.O. : Le monde ludique français s’organise
Depuis 15 ans et particulièrement ces dernières années, le secteur du jeu de société sort de l’amateurisme : l’évolution du milieu et les progrès opérés sont partout visibles, à commencer par la production. En France, les jeux de société représentaient un chiffre d’affaires de 325 millions d’euros en 2012, soit 10,4 % d’un marché du jouet estimé à 3,1 milliards d’euros. Et depuis 2012, autant vous dire que tous les chiffres sont à la hausse. Vous le savez, en France, il y a des très gros acteurs, comme Asmodée bien sûr (sur l’année 2014, ils réalisent un chiffre d’affaires de 82 186 900 €), qui n’a de cesse de racheter des entreprises, et il y a plein de petits. Et ces petits s’organisent.
C’est en 2008 que le jeu vidéo fondait un syndicat national (le SNJV) rassemblant tous les acteurs du milieu dans le but de renforcer sa représentativité en France, afin de le consacrer comme une industrie créative, et bien sûr de défendre ses intérêts.
En 2016, il est grand temps que les acteurs professionnels français se mobilisent pour suivre cet exemple et pouvoir ainsi démarcher un jour prochain le gouvernement sur une base de propositions visant par exemple à l’amélioration des droits des personnes vivant du jeu de société, mais aussi pour faire du jeu de société un objet culturel juridiquement reconnu.
C’est sur le statut Facebook d’un certain Matthieu d’Epenoux (Interlude – Cocktails games) que nous pouvons de temps à autre prendre des nouvelles d’un mouvement né l’an dernier, l’association « L’union des éditeurs de jeux », qui se présente désormais comme une organisation professionnelle bien décidée à, je cite : « réfléchir à des problématiques qui concernent le secteur tout entier ». De leur côté, les auteurs aussi commencent à s’organiser, avec en ligne de mire une reconnaissance juridique de leur statut. Là aussi, les choses se passent sur Facebook, cette agora du XXIe siècle. L’heure et le lieu de leur prochain rendez-vous est en discussion, à Cannes peut-être.
Puissent ces divers collectifs avancer et finir par se retrouver pour faire progresser toute la cause du jeu de société francophone ! Car oui, à notre avis, c’est uniquement en se rassemblant et en débattant des problématiques en interne via des représentants élus, qu’on pourra faire avancer les choses ensuite au niveau juridique. Notons d’ailleurs qu’il manque ici encore des acteurs fondamentaux du secteur : les distributeurs et les boutiques.
Bien évidemment, chaque segment aura besoin de faire valoir des besoins contradictoires. On imagine aisément que les éditeurs qui sont aussi distributeurs n’auront pas les mêmes questionnements que ceux qui ne le sont pas, qu’un auteur de jeu n’aura pas envie des mêmes clauses obligatoires dans son contrat qu’un éditeur, etc. Mais c’est uniquement en trouvant des compromis ensemble sur tous les sujets délicats qu’on pourra ensuite pousser les intérêts des uns et des autres d’une seule voix. La clef d’un syndicat étant de faire comprendre au gouvernement tous les rôles d’une filière avec une transparence sur les chiffres pour une reconnaissance de l’économie du marché, et un message clair pouvant être diffusé dans les médias généralistes. Si le monde du jeu débarque dans les cabinets d’état avec des lobbyings divergents, aucune loi cohérente – répondant aux besoin de tous – ne pourra être construite.
Pour le dire autrement, ce n’est qu’un début, mais continuons le combat !
- Izobretenik continue de jouer avec sa femme mais surtout avec sa fille Lana, et c’est cette fois sur Perlin Pinpin qu’ils ont fait chauffer la caméra.
- Le festival international des Jeux de Cannes, c’est jeudi prochain ! On filmera les conférences, et on ira voir les nouveautés de tout plein d’éditeurs. En attendant, voici les sorties du mois (histoire de vous prouver qu’on ne chôme pas).
- Le coop a le vent en poupe dans les testeurs avec Dead men tell no tales et Zombicide: Black Plague, qui séduisent quand même bien, et du côté fourbe de la force, le prochain Space Cowboys, Via Nebula et le sérénissime Viceroy sont de la partie.
- Petits coups de projecteur sur le site : du jeux en ligne avec Happy Meeple, Android: Mainframe, une réédition de Bauhaus sauce Netrunner, des changements heureux du côté de l’éditeur Funforge, et une boîte Mantic kickstartée pleine de zombies (encore !) avec Walking Dead: All Out War. Miuummy !
XavO 18/02/2016
J’ai mis mon message dans le forum. 🙂
Shanouillette 18/02/2016
Merci pour ton commentaire 🙂 Nous est à comprendre au sens large de communauté du jds comprenant éditeur, auteur, distributeur et boutique… Et par extension, tout ceux qui interagissent avec eux également, joueurs, journalistes… Tout le milieu. Le mouvement le plus avancé de politisation vient aujourd’hui des éditeurs mais j’ai tenté de souligner que c’était tout sauf suffisant pour faire avancer l’ensemble du secteur. Je pense en particulier à la reconnaissance du jeu comme object culturel et tout ce que ça implique. Tu as raison de souligner que tout le monde n’a pas les mêmes besoins sur tout, je l’ai évoqué aussi. C’est pour ça que je dis que la route est encore longue !