Yamataï : C’est la bataille !
Yamataï, c’est le futur jeu de Bruno Cathala et de Marc Paquien. Si on connait bien le premier nom (à moins de se réveiller dans un caisson de cryogénie), le second est certes plus inconnu, et c’est normal, puisque c’est son premier jeu.
Dans Yamataï, 2 à 4 joueurs se concurrencent pour construire leurs bâtiments et des édifices prestigieux, comme des palais et des Tori. Tout cela prend place dans le pays oriental de Yamataï (historiquement un ancien royaume de l’archipel japonais qu’on ne sait pas localiser aujourd’hui) ré-imaginé librement ici par l’illustrateur, le talentueux Jérémie Fleury (Fourberies, Oceanos…).
Queen Himiko, background et but du jeu
Commençons donc par le background, ça sera fait. Je vous le donne en mille, encore une reine qui nous impose sa mission ! Faire de Yamataï la capitale du royaume, et bien sûr elle met en concurrence des bâtisseurs, c’est-à-dire, vous.
Nous allons donc convoyer des marchandises à l’aide de bateaux, construire des bâtiments et recruter des spécialistes qui vont nous donner un petit coup de pouce grâce à leur capacités. Le but : avoir le plus de points ! Il n’y aura qu’un seul gagnant.
Pour la mise en place, chaque joueur reçoit 10 pièces, un meeple et les bâtiments à sa couleur (à 4 joueurs : 6 bâtiments).
Ensuite, on mettra 5 spécialistes disponibles ce tour-ci, ainsi que les 5 bâtiments et les 5 tuiles flottes de navires (j’y reviendrai). Les autres tuiles étant placées à la suite, face cachées.
On place aussi les tuiles « culture » sur les îles du royaume – toujours au hasard – que l’on va révéler ensuite.
Puis, on place aléatoirement (oui encore) chaque meeple sur la piste des flottes, cela déterminera l’ordre du tour.
C’est parti la partie !
À notre tour, c’est-à-dire quand un de nos meeples* est activé (selon l’ordre du tour), on peut réaliser plusieurs actions, mais attention la première est obligatoire et on active les actions toujours dans l’ordre de notre plateau :
*à deux joueurs, on a chacun deux meeples
Les actions
- choisir une tuile flotte
On prend une tuile flotte de navires parmi les 5 dispo ; ainsi que le(s) bateau(x) correspondants.
Chaque tuile flotte nous offre aussi un pouvoir que l’on peut activer à tout moment de notre tour. Le numéro de la tuile est important, il va déterminer l’ordre du tour suivant.
Ex : Avec cette tuile, je prends un bateau rouge et un bateau vert, de plus, son pouvoir me permet d’inverser deux bateaux où qu’ils soient sur le plateau. Comme c’est la tuile numéro 8, il y a de grandes chances que je joue en dernier au prochain tour. Plus le numéro est élevé plus le pouvoir l’est aussi, et inversement, comme dans Kingdomino. Donc si je veux jouer en premier, il me faudra me contenter de pouvoirs faiblards.
Les bateaux sont de différentes couleurs qui symbolisent des ressources, par ordre de rareté : or, argile (rouge), pierre (gris), bois (marron) et bambou (vert)
- faire du commerce
On achète / vend un bateau (et un seul) contre des pièces, le prix est indiqué sur son aide de jeu (À noter que l’on ne peut pas acheter de bateaux en or sauf cas particulier bien entendu.)
- placer les bateaux sur le plateau
L’action de placer un bateau peut nous permettre soit de ramasser des jetons « culture », soit de construire un bâtiment. (Si on peut faire une des deux actions on DOIT la faire.)
Si on choisit de placer des bateaux, on peut les poser soit sur un emplacement de départ du plateau, soit sur un emplacement libre relié à un autre bateau de même couleur. Les bateaux appartiennent à personne et à tout le monde à la fois. N’importe quel joueur pourra les utiliser pour la construction.
- Pour ramasser des jetons culture, c’est simple, on prend un / des jetons adjacents au(x) bateau(x) que l’on vient de placer.
- Pour construire un bâtiment, on choisit une des tuiles bâtiments disponibles pour la placer, mais attention, il faudra que les bateaux nécessaires à la tuile bâtiment en question soient placés lors de ce tour de façon adjacente à l’île où l’on souhaite construire.
On place un bâtiment de notre couleur sur l’île, et la tuile correspondante ira se mettre face cachée devant nous, elle nous rapportera de précieux PV.
- Si le bâtiment en question est un Tori ou un palais prestigieux, on place la figurine correspondante. Là, comme les bateaux, ces bâtiments spéciaux ne nous appartiennent pas, et s’ils permettent de nous faire gagner des PV, ils permettent aussi aux autres joueurs d’en faire autant, valorisant les bâtiments standards qui seront construits sur les îles adjacentes.
En fait, quand on place un bâtiment on reçoit des points supplémentaires pour chaque Tori et ou Palais adjacent, mais aussi si le bâtiment est construit sur une montagne.
Pour arrondir nos fins de mois, on peut faire des groupes de bâtiments et gagner une pièce par bâtiment adjacent à notre couleur.
- Mettre de côté les bateaux inutilisés
On met de côté un bateau inutilisé sur l’emplacement « port » de notre aide de jeu, on le conserve pour plus tard. Un spécialiste permettra d’agrandir son port. Tous les autres bateaux non utilisés sont mis de côté, ils ne pourront plus servir. Pas sympa, mais c’est obligatoire, et ça fait même perdre des points à la fin de la partie, puisque chaque paire de bateau ainsi mis de côté fera perdre un point.
- Recruter un spécialiste
Pour recruter un spécialiste, il vous faudra dépenser 2 jetons cultures identiques ou 3 différents.
Celui-ci va nous accorder des faveurs ou des pouvoirs spéciaux qui vont nous aider à combler la reine (pas de mauvaise idée, bande de pervers). S’il y a des pièces sur la tuile spécialiste, on les prend aussi.
Si j’engage Michimata, je pourrais défausser un de mes jetons culture pour prendre un bateau en or, une fois par tour. À la fin de la partie elle me rapportera 1 PV.
Fin de manche
Une fois que tout le monde a joué, on prépare la manche suivante :
- On rajoute deux pièces sur les spécialistes qui n’ont pas été engagés (façon Smallworld), puis on complète les spécialistes. Si ce n’est pas possible, la partie est terminée.
- Ensuite, on place de nouvelles tuiles bâtiments jusqu’à ce qu’il y en ait 5 de dispo, là encore, si ce n’est pas possible la partie est terminée.
- Chaque joueur place son meeple sur la piste flotte qui est, je le rappelle, l’ordre du tour, en fonction du numéro de la tuile flotte jouée ce tour-ci.
- Les tuiles flottes faces cachées coulissent de la droite vers la gauche.
- Chaque joueur rend sa tuile flotte, elle va être mélangée et placée sur la piste flotte à droite, face cachée.
Décompte
La partie se termine donc s’il n’y a plus assez de tuiles bâtiments, ou tuiles spécialistes mais aussi s’il n’y a plus de bateaux.
Oui mais on gagne comment ?
Quoi, ça ne vous suffit pas de faire plaisir à une reine ?
Ce que vous pouvez être vénal ! Bon, bon d’accord. Alors comptez :
- 1 PV par groupe de 5 pièces
- 1 PV par pion prestige
- Les PV de chaque bâtiment construit
- Les PV des spécialistes.
Et en négatif, -1 PV pour chaque bâtiment que l’on a réservé mais pas érigé et – 1PV pour chaque paire de bateaux mise de côté. Il faut construire !
Yamataï ! C’est la bataille ?
Sans avoir joué au jeu, c’est bien sûr toujours un exercice périlleux de donner son avis, mais je vais essayer de partager avec vous ma prime impression à la lecture des règles tout de même. Tout d’abord, on sent une filiation, ou du moins une inspiration, proche de Fives tribes, dans l’édition, la cible et le style de jeu.
Par exemple, du côté de cette piste d’ordre du tour, même si c’est sans enchère, puisque c’est la tuile flotte que l’on va prendre qui va déterminer l’ordre à venir (on pense d’ailleurs ici à Kingdomino). On retrouve des tuiles spécialistes (coucou les djinns) qui donnent des pouvoirs venant contredire les règles ou offrant des points de victoire en fonction d’une condition spécifique.
On a bien entendu du placement, et de la prise de risque, puisqu’en construisant des Tori ou des Palais je peux aussi en faire profiter les autres. À moi d’être attentif et opportuniste pour profiter des options laissées par mes adversaires. Même chose pour les bateaux que je vais placer, je vais ouvrir des voies (navigables) pour les autres. Choisir son spécialiste au bon moment révèle aussi de la prise de risque : si j’attends, il pourrait être piqué par quelqu’un d’autre… À moins qu’il ne me parvienne finalement avec plus d’argent ! J’aime beaucoup ce système que l’on retrouve par exemple dans Smallworld.
Et bien sûr, on a multiple façons d’engranger des points de victoire : en construisant les bâtiments, via des groupes de bâtiments à notre couleur, avec les spécialistes, ou les pièces.
Visuellement le jeu s’annonce magnifique, richement illustré par Jérémie Fleury, et l’iconographie est impeccable. Par contre, côté thème, cela reste un jeu abstrait joliment habillé. (Que symbolisent les jetons culture exactement ?) Notez que ce n’est pas une insulte, mais ceux qui préfèrent les jeux plus incarnés risquent d’être laissés sur le carreau.
On reste dans un jeu plutôt calculatoire, l’ensemble tourne d’ailleurs avec peu de hasard ou du moins du hasard contrôlable. On a manifestement de l’interaction sur le plateau, et des choix certainement bien tendus. J’ai le sentiment qu’il y aura moins de risque d’analysis paralysis qu’à Five tribes.
Les spécialistes portent bien leur nom puisque je peux spécialiser mon jeu dans une voie stratégique ou dans une autre, mais rien n’est jamais immuable. (Par exemple, grâce à la tuile flotte numéro 5, j’ai le pouvoir de poser un sanctuaire et ainsi bloquer un espace sur la carte. Mais avec le spécialiste Kachiko je peux retirer une tuile sanctuaire, du coup plus rien ne m’empêche d’y construire mon bâtiment…).
Le jeu sera présent à Cannes. On a hâte de voir ça de plus près !
Sortie prévue en mars pour un prix conseillé de 54€.
Un jeu de Bruno Cathala, Marc Paquien
Illustré par Jérémie Fleury
Edité par Days of wonder
Distribué par Asmodee
Langue et traductions : Anglais, Français
Date de sortie : 03-2017
De 2 à 4 joueurs
A partir de 13 ans
Durée d’une partie entre 40 et 80 minutes
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Bruno Cathala 20/01/2017
Belle explication des règles, merci.
Juste un point de détail, la flotte 5 ne te permet pas de réserver un emplacement pour plus tard. Elle permet d’interdire à tous, y compris toi, la construction sur cette île. A moins bien sûr que tu ne recrutes Kachiko, et alors, dans ce cas, effectivement, bloquer une case revient à la réserver !
atom 20/01/2017
Merci Bruno de ta visite, il s’agit d’une mauvaise interprétation de ma part, l’exercice est périlleux, mais c’est corrigé.
GeekLette 20/01/2017
J’y ai déjà deux fois, c’est ma grosse attente de 2017 avec l’extension de Splendor 🙂
Ce jeu est non seulement magnifique mais en plus propose une règle assez simple pour des choix cornéliens. Je pense encore par contre que jouer à 4 est trop long (mais comme tous les jeux), j’aime la configuration à 3.
Hâte de le récupérer à Cannes.
Marc Paquien 20/01/2017
Bonjour, mon prénom est Marc pas Jean Marc. Merci de corriger!
atom 20/01/2017
Oh, je suis désolé, je déteste écorcher les noms et prénoms, je sais pas pourquoi je vous ai appelé Jean Marc. Je demande a Shanouillette de faire la modif.
matinciel 20/01/2017
Qu’est ce qui nous prouve que tu n’es pas Jean-Marc 🙂
– Ah bah non Bruno ne l’avait pas vu –
Meeple_Cam 20/01/2017
Ca a l’air bien sympa, mais le prix pique un peu (même si il y a beau matos à foison, selon les images). Pour que je mettre ce prix sur un jeu, il va falloir que cela soit un coup de cœur.
atom 20/01/2017
C’est un prix conseillé, mais oui en gros je pense que ça sera le prix de Five Tribes. Donc entre 50 et 55 €.
Chic un débat, c’est quoi le bon prix d’un jeu ? Dur a dire, mais c’est marrant de voir ce que l’on est prêt a lâcher sur Ks, et ce que l’on rechigne a mettre sur un jeu en boutique, c’est assez paradoxal. Je trouve ça gênant de penser que les auteurs ne peuvent pas en vivre, du moins il y en a peu qui en vivent. (précision, je rebondis sur le sujet tu n’est absolument pas visé).
Meeple_Cam 20/01/2017
Je ne souvenais pas que Five tribes était à ce prix (et je l’ai pris à l’époque car coup de cœur 🙂 ). Oui, le prix d’un jeu est dur à estimer. Il y a la rétribution des auteurs (et aussi des éditeurs, des boutiques, etc … tout le monde veut s’y retrouver, au moins un petit peu, et c’est bien normal).
Mais de manière toute à fait égocentrique, je pense à mon petit porte monnaie, et je me dis que, un jeu à 50-60 euros, je ne vais pas en acheter 3 par mois (que ce soit un achat boutique ou kickstarter, d’ailleurs). Et avant de casser la tirelire, je vais me renseigner à fond dessus pour me garantir du mieux possible que le jeu a une chance de me plaire (Et que je n’y jouerai pas 2 fois pour qu’il finisse sur mes étagères, ou à un troc de jeu). J’aurais du mal à l’acheter en aveugle (Ou alors ma boutique préférée me l’aura bien recommandé). Et puis, vu le nombre impressionnant de nouveautés mensuelles, vais-je privilégier 2 jeux à 25 ou un jeu à 50 si je m’y retrouve en plaisir de jeux ? Bon, après, si [Mode Farmer-game-addict ON] c’est un jeu de ferme à la Agricola, je l’achèterai quelque soit le prix [Mode Farmer-game-addict OFF]. Cela dit, j’espère que Yamatai aura le succès qu’il mérite car il a l’air plutôt chouette.
limp 20/01/2017
Moi pour l’ordre du tour, ça me fait penser plutôt à Dokmus ou encore à Citadelles…
Zuton 20/01/2017
Effectivement, l’affiliation avec 4 Tribes semble bien présente, je pensais que l’illustrateur était commun car leur style graphique est vraiment proche je trouve (et plaisant au regard). J’avais entre-aperçu le proto aux 400 jeux de Chambéry au printemps dernier, il a bien changé avec un habillage graphique qui donne bien envie.
Marc Paquien 20/01/2017
Merci pour la modification!
Marc Paquien 20/01/2017
Une précision complémentaire: il n’est pas nécessaire que tous les bateaux requis pour la construction aient étés posés à ce tour. Il suffit de poser UN bateau au voisinage d’une île pour autoriser la construction (même si ce bateau ne sert pas à la construction!). Il faut bien entendu que tous les matériaux nécessaires soient par ailleurs présents autour de l île.
Cela représente le fait que votre bâtisseur doit être présent sur le chantier, et qu’il peut utiliser toutes les ressources présentes. Les ressources sont un bien commun!
KOGARATSU 21/01/2017
le bon prix d’un jeu n’est pas équivalent au prix d’un bon jeu.
Tout est là.
Sha-Man 23/01/2017
Bien vu 😉
TheGoodTheBadAndTheMeeple 23/01/2017
Le prix importe peu pour moi, pour une fois je serai curieux au sujet de ce jeu, sans non plus en attendre monts et merveilles, mais Kingdomino m’a réconcilié avec les productions de Bruno Cathala. (très peu de DOW sont dans ma collec)
eolean 23/01/2017
Un jeu qui semble intéressant, avec pas mal de choix. La style de jeu (opportuniste et tactique), ainsi que la palette graphique rappelle indéniablement five tribes, mais il semble un poil plus costaud.
Par contre, il semble (mais une partie vaut bien mieux qu’un « il semble ») que le jeu aura également le corollaire de son style, c’est à dire que la partie risque d’être fortement dépendante du niveau des joueurs autour de la table. A l’instar de five tribes, un joueur peu habitué peut faire de bon gros cadeaux au joueur suivant. A voir.
Concernant le prix, il y a les coups de coeur où on est prêt à mettre un peu plus, mais 50-55 euros me paraissent trop cher en rapport avec ce qui se fait sur le marché. Je rappelle qu’un mombasa c’est 35 euros… (enfin ça l’était à essen). Et on semble être quand même dans la même gamme. Je peux mettre 50 dans un jeu de niche qui vient directement du japon (iki pour ne pas le citer), je peux mettre 50 euros pour un jeu magnifique d’un petit éditeur (trickerion), mais sur un jeu mainframe c’est quand même too much.
M’enfin, ce n’est que mon avis ^_^