Mr Jack Pocket sur Ios
Attrapes-moi si tu peux !
Plusieurs jeux de Bruno Cathala ont déjà été transposés sur tablette ou smartphone avec plus ou moins de succès et je vous propose de découvrir ici Mr Jack Pocket.
Rappel du principe du jeu
Mr Jack est un jeu se pratiquant à 2 exclusivement qui permet d’endosser le rôle de Mr Jack (bien connu dans le quartier du Whitechapel…) ou des policiers qui partent à sa recherche.
Le but du jeu est simple : les policiers doivent confondre l’assassin et ce dernier doit leur échapper et en 8 tours maximum seulement.
Bref on joue au gendarme et au voleur quoi…
Le principe est assez simple :
- Le plateau est représenté par 9 cases (3*3) censées illustrer le fameux quartier le plus malfamé de Londres au 19° siècle (j’y reviendrai au chapitre graphismes…).
- Des rues en T font et défont les croisements selon leurs dispositions et orientations.
- Sur chaque tuile est représenté un suspect et tournent autour du plateau les policiers, en l’occurrence les illustres Sherlock Holmes, le bon docteur Watson et le chien Toby. Oui, dans ce jeu un bouledogue peut reconnaitre un meurtrier plus surement qu’un détecteur de mensonge ultramoderne…
- Chaque joueur joue non pas une action à tour de rôle, mais dans un schéma à la 1 – 2 – 1 (merci Deschamp). Je joue une action parmi les 4 disponibles, tu en joues 2 ensuite, puis je termine avec la dernière restante. Et le tour suivant, on fait l’inverse.
- Les actions possibles changent à chaque tour et sont au nombre de 7 différentes :
- Déplacer Holmes de 1 ou 2 cases
- Déplacer Watson de 1 ou 2 cases
- Déplacer Toby de 1 ou 2 cases
- Déplacer un de ces trois-là mais d’une seule case (voire de 0 si l’on est Mr Jack)
- Pivoter une case au choix (sauf celle qui aurait déjà été pivotée ce tour-ci)
- Prendre une carte indice qui aura 2 effets distincts selon que l’on soit du côté de l’éventreur ou des menotteurs
- Intervertir 2 cases entres-elles sans en changer l’orientation.
- Au bout de 8 tours maximum, l’un ou l’autre est déclaré vainqueur.
Ce jeu est un vrai casse neurone si vous voulez anticiper l’ensemble des mouvements possibles et il vous faudra souvent profiter d’une erreur de l’adversaire pour le forcer à prendre une action qui le désavantagera au final sans en commettre une vous-même.
Un vrai jeu de réflexion quoi !
La version tablette
Les graphismes
Ici l’objectif a été de reproduire à l’identique le jeu plateau. Et en tant que tel c’est réussi.
Même style crayonné pour la page d’accueil que pour la boite (avec une petite animation de smog londonien en prime), c’est joli mais… sombre.
Le tuiles sont parfaitement analogues à l’original avec cette vue de dessus des immeubles et leurs fameux lampadaires (bien connus de ceux qui jouent à la version non pocket du jeu…). Bien sur ce n’est pas très gai, un peu… sombre, mais le thème ne pousse pas à une jovialité extrême vous me l’accorderez.
Les 12 personnages présents sur l’écran sont tous très typés, identifiables au premier coup d’œil et les suspects sont en prime entourés d’une couleur particulière pour encore mieux les reconnaitre par rapport aux jetons d’actions.
Ces derniers n’ont pas besoin d’explication particulière, leurs icones sont très parlants. Une légère « aura » tourne autour des actions disponibles et celles déjà prises sont tout simplement grisées.
Le compte tour, façon cadran de montre gousset, rappelle bien le thème. Rien à redire de ce côté-là.
Le fond du jeu est d’un bleu… sombre avec un aspect crouté, on aime ou pas, mais cela a le mérite de ne pas attirer l’œil autre part que sur le plateau et ainsi de garder votre concentration à plein (et vous en aurez besoin, croyez-moi…)
Les animations représentent bien le fait que les jetons sont recto-verso (comme dans le « vrai » jeu). Ils se retournent à chaque manche de manière automatique pour montrer les nouvelles actions possibles.
Au final, tout cela est net mais… sombre.
L’ergonomie
Le menu principal contient de nombreux choix possibles. Pas moins de 10 menus vous sont présentés, gage d’une application complète. Disponible en 5 langues, il suffit de cliquer sur le drapeau de votre cher pays natal (ou de celui dont vous vous acharnez à apprendre les rudiments) pour instantanément passer du français à l’italien si le cœur vous en dit. Ceci dit, une fois en jeu, cela ne vous servira à rien, il n’y a aucun texte à l’écran…
Les news sur le jeu vous sont présentées façon journal, l’icône est parfait selon moi, c’est un détail mais encore une fois le thème est bien utilisé.
Que dire une fois que l’on est en jeu ? Tout est simple et fluide :
Vous glissez l’icône de l’action souhaitée vers vous pour la déclencher ou la remettez devant le plateau si vous changez d’avis. Vous sélectionnez l’endroit où vous souhaitez déplacer votre détective d’un simple tap (ou glissement) sur les emplacements possibles qui vous sont proposés ou bien vous glissez la tuile d’un quartier vers un autre pour les échanger… Bref tout est intuitif et sans à-coups.
Même le jeu à deux a bien été géré avec l’affichage ou pas des cartes indices de manière quasi-automatique, mais j’y reviens dans un instant…
Didacticiel
Toujours utile pour mieux comprendre les bases de la règle, le didacticiel est bien présent. Il comporte une première explication sous forme d’animation. On vous présente les suspects, les policiers, le plateau de jeu, les grands principes, chaque action possible en présentant les jetons actions un par un… Bref on rentre tout de même assez en profondeur et la lecture complète des règles n’est pas nécessaire avant de lancer la première partie pour quelqu’un qui possède un minimum d’expérience dans les jeux de société de ce type.
Puis une série d’exercices vous sont proposés. Sous forme de défis, ils vous donnent une première vision in-game des mécaniques en vous permettant de voir les quelques subtilités à appréhender pour ne pas se faire battre à chaque fois. C’est une bonne idée, saluons l’initiative car c’est suffisamment rare pour ne pas le passer sous silence.
Les règles sont aussi disponibles sous forme de PDF mais avec une qualité d’image très dégradée au point d’avoir du mal à reconnaitre certaines d’entre elles. Dommage…
C’est dans ce chapitre que se retrouve également les deux seuls défauts de programmation de cette appli : lors du didacticiel animé certaines images recouvrent les textes ce qui est quand même bien dommage et aurait été facile d’éviter. Enfin le lien vers les règles n’est absolument pas évident à trouver étant donné que le lien est petit et sommairement nommé PDF alors que le « Voir les règles » est bien plus visible et lui ne mène que vers l’animation.
Des détails, mais un simple réglage aurait pu les résoudre définitivement…
Les modes de jeu
3 façons de jouer vous sont proposées : en solo, en face à face et en mode « Blitz ». Tiens, pas de mode online ? Pas de Game Center ? Que nenni ! Si vous voulez vous affronter à distance, ce n’est pas le bon jeu ! Dommage tout de même…
Ceci dit quelques bonnes idées viennent enjoliver le tableau. Déjà le mode solo est efficace. Les IA sont plutôt de bonne facture il me semble (j’ai un peu de mal à juger correctement car je l’avoue je n’ai pas des milliers de parties à mon actif…) mais dès le mode moyen, l’appli se montre coriace à battre aisément.
Le « Blitz » est original : Vous avez 120 secondes pour jouer (façon échecs, plus vous réfléchissez à un coup moins vous aurez de temps pour jouer ensuite) et vous enchainez les parties gagnées. Plus vous gagnez plus vous marquez de points. Dommage que ce mode ne soit possible à jouer qu’en solitaire. Il aurait été intéressant de défier un ami, même en local. En revanche il est annoncé que les scores seraient bientôt partagés entre les joueurs Ios et Androïd, mais pour l’instant ce n’est pas le cas.
Pour le mode duel, nous restons dans du classique avec le choix du rôle pour chacun, l’application étant obligatoirement en mode portrait, chaque adversaire se positionne d’un côté de l’appareil et joue à tour de rôle.
Seule difficulté à laquelle a du se confronter le développeur : comment montrer à Jack le personnage qui le représente et dans le même esprit comment voir ses cartes témoins sans que l’adversaire ne puisse y jeter un œil ? Et bien Meeple Touch a trouvé une idée toute simple mais très efficace : soulevez simplement l’appareil vers vous et les cartes se dévoilent. Rabaissez l’appareil sur la table et elles reviennent face cachées. Très bien pensé et surtout exploitant à merveille le gyroscope de l’IPad,
Je n’ai pas réussi à mettre en défaut ce système. En effet, pour révéler les cartes, l’application attends que vous soyez vraiment à la verticale alors qu’il les recache à nouveau à peine avez-vous commencé à reposer l’appareil. La triche semble donc proscrite ici. Un bon point à la fois ergonomique et technique.
L’ambiance sonore
Pour une fois (lisez mes tests précédents et vous comprendrez…) la musique est totalement dans l’ambiance et n’impose pas de la couper au bout de quelques minutes. Elle colle parfaitement au thème, façon musique de film d’angoisse et de thriller. Et surtout elle n’est pas trop forte par rapport à l’autre bruitage (oui oui c’est bien au singulier !).
En effet si le passage d’un tour à l’autre s’accompagne d’un gros coup de cloche, qui rappelle Big Ben, (on est bien à Londres et son ambiance poisseuse du quartier de Whitechapel au 19° siècle, ça ne fait aucun doute) pour le reste, c’est simple il n’y a aucun autre bruitage !
Un peu trop sobre tout de même, on aurait pu imaginer les pas des policiers marchants sur les paves mouillés des ruelles ou bien un aboiement de chien de temps en temps lorsque Toby innocente un suspect ou se déplace, le bruit des menottes lorsque l’assassin est dévoilé…
Bref un peu de vie n’aurait pas fait de mal pour apporter du « moelleux » à l’atmosphère pesante qui règne partout ici-bas.
Les options et autres joyeusetés
Si le online a été totalement oublié pour les parties, on peut s’étonner de la volonté des créateurs à nous connecter pour partager nos scores.
En plus du classique menu « Statistiques » qui montre nos propres scores et les incontournables « succès » que nous avons à déverrouiller, on peut également accéder à un classement de nos meilleurs scores avec la particularité de nous comparer avec nos amis et même le monde entier ! L’initiative est à saluer mais pourquoi dans ce cas ne pas nous permettre de nous affronter directement ?…
Autre chose à noter de plutôt sympathique pour renouveler les parties (qui je vous l’avoue à mon sens ont un peu toutes la même saveur avec ce jeu, mais l’appli n’y est pour rien…), la possibilité de choisir un nouveau personnage suspect qui réponds au doux nom de James Maybrick. Quel intérêt me direz-vous mis à part le fait que cela fait une nouvelle tête parmi les habitants de Whitechapel ? Et bien ce monsieur à la particularité d’habiter dans une rue non pas en T mais en L, ce qui change tout en terme d’options possibles pour agencer les rues du quartier car 2 seuls rues sont du coup disponibles pour le voir et non pas 3 !
Conclusion
Bien que je ne sois pas un fanatique de ce type de jeu, je dois avouer que l’application m’a convaincue dans l’ensemble. Bien sur ce n’est pas très folichon, sombre (je l’ai déjà dit non ?), on pourrait même dire « froid », en tout cas tout cela ne respire pas la joie de vivre (en même temps on parle d’un assassin qui éventrait ses victimes dans un des quartiers de Londres les plus pauvres), mais tout de même, nous sommes là pour nous amuser, pas pour déprimer devant notre écran…
Cependant on ne peut rien reprocher d’autre aux développeurs : l’appli est globalement bien conçue, elle tourne à la perfection sur mon IPad Retina, ne pèse pas très lourd (53Mo comparé aux 542Mo de Waterdeep…) et respecte les règles du jeu original sans faille.
En proposant une petite variante elle permet de renouveler légèrement les parties et le côté compétition avec les autres joueurs peut plaire à certains qui aiment montrer à quel point ils sont les meilleurs du monde entier de la galaxie du Centaure.
Son prix me parait tout de même légèrement exagéré : 5.49€ pour une appli qui n’est tout de même pas d’une profondeur comparable à un Eclipse ou un Caylus, ni aussi richement dotée qu’un Smallworld ou L’Age de pierre, sachant que tous ceux que je cite sont à moins de 5€, cela me semble un positionnement prix vraiment trop haut.
Mais si vous êtes un fan du jeu, après tout pourquoi pas ?
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rimoan 18/08/2014
50% du prix du jeu en version boîte c’est embêtant… Après je trouve que, vu la petite taille du jeu originel, c’est probablement l’adaptation pour tablette que l’on peut utiliser la plus confortablement (pas besoin de zoomer, dézoomer, très peux d’écrans différents…) donc pourquoi pas?
Alstar 18/08/2014
Oui comme je le dis dans le test, il est clair que le positionnement prix de cette application n’est pas bon. Maintenant elle n’est apparue qu’en mai 2014. Peut-être qu’en attendant un peu l’éditeur fera un effort ou une promo ou pas… Il est difficile de se procurer les niveaux de ventes…
TSR 18/08/2014
merci pour ce bel article très complet ! Personnellement j’apprécie beaucoup cette application. Par rapport à mon dernier test (Manhattan project) l’IA est un pur bonheur et se révèle un adversaire très très coriace dès le niveau moyen. Résultat, on est super fier de soi quand on arrive à la battre dans le mode de difficulté le plus difficile, et du coup la rejouabilite est bien la !
ce n’est pas un secret, mon avis sur le prix des jeux iOS diffère totalement du tien : je suis d’accord que Mr Jack Pocket au prix d’eclipse, ça fait super drôle. Mais pour moi c’est surtout qu’Eclipse n’est pas assez cher. Il faut raison garder, et si on veut continuer a voir des portages de qualité sur nos tablettes préférées, il faut absolument que le prix décollé sous peine de voir des portages fait sur commande, à la va-vite par des gens qui ne connaissent rien au JdP pour le compte d’éditeurs peu scrupuleux. Et ce serait vraiment dommage.
Alstar 18/08/2014
C’est vrai que pour battre le niveau difficile, et bien c’est…difficile ! 🙂
Pour ce qui est du prix, je suis tout à fait d’accord sur ta conclusion. Et je ne vois pas comment les éditeurs peuvent gagner leur vie en ne vendant leur appli que 4 ou 5€ (surtout si l’on enleve la commission exhorbitante d’apple!) Malgré tout, il y a un marché actuel qui fait que selon moi Mr Jack est trop cher par rapport à ses concurents et pas l’inverse.
Monter le prix des « grosses » applis en général pourrait aussi pousser les joueurs à ne pas les acheter du tout… L’équilibre à trouver est compliqué je te l’accorde.
Mais surtout , ma vision est que la version dématérialisée des jeux n’est pas là pour rempli les poches des éditeurs, mais plutot pour faire connaitre leurs productions au plus grand nombre et les attirer vers le « physique ». Ce n’est finalement pas plus cher qu’une grande campagne de pub et au moins ce n’est pas aussi volatile. L’appli est là, elle restera de très nombreuses années accessible, peut-etre bien après la dernière boite vendue… Alors pourquoi pas investir dans ce canal de diffusion après tout ?
Il ne faut pas oublier non plus que le système inventé par apple ne nous accorde qu’un droit d’usage et que l’on est propriétaire de rien. Une location à durée indéterminée en quelque sorte, ce qui suppose tout de même selon moi des prix modérés. Mais c’est un autre débat ! 😉
Sha-Man 19/08/2014
C’est vachement intéressant ce que vous dites 🙂
Je suis assez en accord avec TSR mais je suis conscient que c’est une version utopiste vers lequel le marché ne va pas comme le dit Alstar.
Il n’y a qu’à voir l’avènement du modèle free to play dans les jeux vidéos, les calculs sont basés sur le fait que (attention j’ai plus les stats en tête, un mec avait fait un article très bien dessus) 1% des joueurs achètent un prix exorpitant >1000$, 90% mettent ce qu’ils estiment raisonnables 1 à 10$ et le reste met entre 10 et 100$. Le but est que les 90% aient un accès rapide à un grand plaisir de jeu immédiat avec une somme très abordable, mais très peu de temps après l’expérience de jeu devient tellement merdique (du genre batiment qui met 40h à construire et rien à faire pendant ce temps là), que soit ils abandonnent et reproduisent le modèle sur un autre jeu dans l’espoir que ce soit différent (ce qui ne sera pas le cas en fait), soit ils tentent d’aller plus loin => 100$ et enfin abandonnent, soit deviennent fous furieux et y mettent une somme pas possible.
Tout ce modèle au détriment du gameplay et de l’équilibrage.
Heureusement on en est pas là pour le jeu de société, mais ça démontre la tendance des marchés avec des retours sur investissement rapides sur des opérations qui se basent plus sur la quantité et la rapidité que sur la qualité et la longévité.
Parce que c’est finalement plus risqué de faire de la qualité, si un jeu ne marche pas malgré tous les efforts, on fait quoi ?
Antony 20/08/2014
Moi, ce qui me choque le plus, c’est qu’on ne puisse pas affronter un ami à distance. En effet, si c’est pour jouer à 2 sur la même tablette, autant sortir la vraie boite de ce jeu… Et pour ce qui est du mode solo : peut-on encore parler de jeu de société lorsque l’on joue seul ? Je me pose la question. Bref, ce n’est pas une appli que je téléchargerai.
Meeple Touch 30/08/2014
Je me permet d’intervenir, un peu en retard, sur les différents points qui ont été abordés dans les différents commentaires à cet article.
D’abord une précision: Mr Jack Pocket est un jeu « papier » édité par Hurrican, l’éditeur de la version éléctronique est Meeple Touch. Dans ce cas ce n’est pas le même éditeur pour les deux jeux. Cela a son importance.
Alstar mentionne l’utilisation du portage comme campagne de pub, il faut savoir que le « vrai » prix d’une adaptation est très important. Si vous voulez faire faire cela par un studio de développement ou une entreprise informatique c’est un budget entre 30’000 et 50’000€ (et beaucoup plus pour certains portages). Ce n’est donc pas un moyen très bon marché. Des publicités sous forme de bannière sur BGG ou sur d’autres sites ont beaucoup plus de chance de toucher un public plus large. Surtout si vous partez du principe que 75% des acheteurs d’une version éléctronique possèdent déjà le jeu physique.
De plus, sous cette forme, c’est souvent l’éditeur de la version physique qui édite également la version électronique. Cela marche de cette manière pour les jeux Days of Wonder par exemple.
Lorsque les éditeurs ne sont pas les mêmes (c’est le cas de Mr Jack Pocket), le but est d’abord d’essayer de faire une adaptation de qualité et d’essayer de rentrer au minimum dans ses billes (la passion des jeux anime souvent les petits studios travaillant sur ces adaptations mais il y a tout de même pas mal d’argent et de temps engagés dans ces développements).
La rentabilité des adaptations de nos jeux de plateau est quelque chose d’assez illusoire pour l’instant si l’on compte le % AppStore ou PlayStore (30%) et la license d’utilisation du jeu et des graphismes à payer à l’éditeur de la version « papier » qui contient les droits à l’auteur lui-même.
Cette license est complètemet normal car le développement d’une adaptation est plus simple qu’un jeu « from scratch » (règles existantes, équilibrage déjà effectué, graphismes pouvent être en partie repris) et la version éléctronique « profite » de la notoriété du jeu physique.
Enfin dans ce cas, le prix est également un point très sensible car la version électronique pourrait, si elle est vendue trop bon marché, « cannibalisée » la version physique (les gens acheteraient la version éléctronique au détriment de la version « papier »). C’est donc un compromis assez compliqué à trouver.
Enfin sur l’absence de possibilité de jouer en réseau, il faut savoir que ce point n’a été que très rarement mentionné dans les emails reçus des différents joueurs et dans les commentaires, autant sur AppStore que sur PlayStore, en fait c’est un point qui a été plus relevé par les journalistes/bloggers dans leur revue du jeu que par les joueurs eux-même.
Pour ma part, rien n’est pire dans un jeu qu’un mode multijoueur où l’on joue tout seul. Je m’explique:
La viabilité d’un mode multijoueur est lié à un nombre de joueurs suffisant , il y a le même phénomène avec la présence ou non d’un forum sur un site Internet. Si cette « masse critique » de joueurs n’est pas atteinte, un joueur se retrouvera souvent seul au moment de faire une partie, ou devra attendre tellement de temps qu’il abondonnera. De plus cela va avoir un effet négatif sur la perception du jeu: « j’ai envie de faire une partie contre quelqu’un, mais personne en ligne pour jouer, pfff ce jeu est nul » (j’exagère légèrement mais je suis sur que chacun d’entre vous s’est déjà retrouvé dans cette situation). Il y a certains jeux où, personnellement, je n’ai jamais réussi à jouer en ligne par manque de joueurs.
De plus, l’ajout d’une jeu réseau sur un jeu comme Mr Jack Pocket représente un travail supplémentaire assez important car, contrairement à des jeux uniquement présents sur iPad, il faut ici développer cette feature pour les deux plateformes.
Bon j’espère ne pas avoir été trop long et avoir contribuer à donner une vision un peu différente du monde des adaptations de nos jeux sur les tablettes.
Eric
Sha-Man 30/08/2014
Merci beaucoup pour ce commentaire Eric.
Je trouve que c’est très instructif, pour moi ça l’est en tout cas, de connaître un peu le fonctionnement de ce modèle.
Pour ma part, j’avais eu l’occasion d’échanger avec certains éditeurs qui éditent la version électronique par eux-mêmes et il me semble évident qu’utiliser ce support comme vecteur de publicité n’est pas rentable.
Surtout au vu du marché encore un peu « de niche » du jeux de société spécialisé.
En ce qui concerne le prix, je respecte l’avis d’Alstar, mais ce n’est pas nécessairement l’avis de tous (CF TSR qui a faitr le test de Manhattan Project par exemple).
Il est bon de mettre en perspective un test/avis avec les raisons qui ont poussé à faire certains choix au niveau du développement.
C’est assez rare d’avoir l’occasion de le faire, et je remercie Eric de nous le permettre ici.
Alstar 30/08/2014
Très intéressant d’avoir l’avis de MeppleTouch en effet !
J’avoue que je n’imaginais pas qu’un autre éditeur que celui de la version boîte faisait l’édition électronique. En fait je confondais « développeur » et « éditeur » ce qui n’est bien évidemment pas la même chose.
mais je suis d’autant plus perplexe : 5,99€-30%=4,20€ par jeu vendu
si l’on considère que le coût de développement est d’environ 42.000€ (ce qui me paraît raisonnable car celle que je développe actuellement pour mon propre boulot va plutôt être dans les 100.000€…)
si l’on ajoute les droits à l’éditeur original ( je n’ai aucune idée du pourcentage mais ça doit représenter tout de même un certain coût…)
cela fait au final entre 10.000 et 15.000 ventes pour rentrer dans ses frais… C’est sur, la rentabilité n’est pas forcément évidente…
Ou est la solution au problème me direz vous ? Personnellement je trouve qu’il est dans les 30% prélevés à la source, mais c’est encore un autre débat… Qui n’est pas prêt de s’arranger…
En tout cas, merci et bon courage à tous ceux qui passent leurs journées à travailler pour qu’on puisse s’amuser tout notre saoul
Meeple Touch 31/08/2014
Dans le cas du Meeple Touch et pour Mr Jack Pocket, le développement est également internalisé donc c’est une double casquette d’éditeur et de studio de développement.
Cela n’empêche pas de considérer le prix du projet dans sa globalité et donc d’essayer d’intéresser un maximum de joueurs, de fixer le prix qui parait le plus juste (et je comprends vos remarques concernant cela), le but étant à terme d’essayer d’arriver à une rentabilité entre efforts investis, argents dépensés et retour financier. La passion des jeux de société est un vrai moteur et permet de s’investir de manière importante mais il faut toujours bien connaître les coûts engendrés. Ce n’est pas les créateurs de Ludovox qui vont me contredire je pense 🙂