L’article dont vous êtes le héros
- L’appel de l’aventure
- La collectionnite dont vous êtes fier
- Le bouquiniste est ton ami
- La toile du mal élémentaire
- Le parchemin de Thab’leur le sage
- Votre aventure se termine ici
- Pour quelques pièces d’or de plus
LDVELH pour Livres Dont Vous Êtes le Héros. Ce sigle va peut-être rappeler des souvenirs aux trentenaires voire plus. Si vous avez raté le phénomène, petit rappel des faits.
Au milieu des années 80 on voit arriver en France une série de livres de poche aux couvertures fantastiques et dont la quatrième de couverture promet des aventures solitaires avec pour tout matériel deux dés, un crayon et une gomme.
Les Livres Dont Vous Êtes le Héros aux éditions Gallimard Jeunesse (Folio Junior) font une entrée fracassante dans les cours de récréation.
Pour situer, le jeu à cette époque, pour les enfants de 10 à 15 ans, c’est Monopoly, Rubik’s Cube et osselets. Les plus chanceux peuvent avoir un grand frère qui joue à Battletech (jeu de plateau chez Descartes) ou une maman géniale qui leur offre le coffret d’initiation au jeu d’aventure (L’Oeil Noir – Schmidt International).
Niveau jeu vidéo la NES sort en 1987 en Europe et certains d’entre nous jouent sur Atari 5200 ou Commodore 64. Et pour les autres, c’est le désert. On entend parler de Donjons et de Dragons, on peut feuilleter depuis quelques temps Casus Belli et Jeux et Stratégies en librairie, à côté de Pif Gadget et du journal de Mickey.
Plutôt destiné à un public d’enfants, ces livres de poche accompagneront intelligemment les lecteurs jusqu’à l’adolescence et plus pour certains, par la longévité du suivi éditorial et l’évolution des séries prenant en maturité.
Déjà, à l’époque, l’aspect collection bat son plein pour deux raisons :
- Les livres sont divisés en plusieurs séries et la plupart sortent sous forme d’épisodes.
- Les livres sont numérotés sur la tranche. Même si la numérotation est parfois étrange car entre la parution en Angleterre et l’arrivée de la traduction française certains épisodes postérieurs se voient attribués des numéros antérieurs sur la tranche. Ça vaut surtout pour les collectionneurs qui sont friands de ces petits défauts (logo, pas logo, numéro, pas numéro, couleur du titre qui change).
La série emblématique, mais un peu fourre-tout, « Défis fantastiques », enchaîne les numéros sans liens les uns avec les autres (à quelques exceptions près). Mais les autres séries sont tournées vers les quêtes au long cours. La plus longue série s’appelle « Loup solitaire » (tout un programme) et compte pas moins de 28 épisodes. Pas question de lire ces séries dans le désordre. Des choix faits dans un épisode peuvent avoir des conséquences dans un autre, et notre personnage a souvent une progression et un équipement qui le suivent au fil de l’aventure.
Les LDVELH ont connu plusieurs rééditions :
- L’édition originale (avec ou sans logo on le verra).
- La seconde édition (avec de grosses lettres dorées et argentées et certaines nouvelles couvertures… pas spécialement jolies, avis personnel).
- La troisième édition (qui réduit l’espace de l’illustration de couverture avec un tour gris).
- La quatrième édition (qui reprend les codes de l’édition d’origine mais toujours avec ces fameuses couvertures).
Tout ça est très subjectif mais le fond du sujet est là : il n’y a qu’une vraie édition : la première. Et 30 ans après on cherche toujours à compléter sa collection.
Ce qui rend cette première édition si chère au cœur des joueurs, c’est évidemment qu’elle est la série originelle, et ses couvertures sont les plus belles (avis personnel toujours). Il y a tout de même de sacrés défauts dans cette édition d’origine.
Le site de référence en la matière a une section dédiée aux erratas et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y en a un paquet. Que ce soit des erreurs de traduction, des incohérences ou des oublis, on se rend compte que la liste est longue. Les éditions suivantes se sont efforcées de rectifier tout ça et auraient dues logiquement remplacer cette ancienne édition imparfaite dans le cœur des joueurs.
Mais voilà, la beauté est dans la dissymétrie, dans les petits défauts. Et en parlant de défauts, il y a aussi ceux d’impression. Des séries de livres qui contiennent une coquille dans le titre (La sorcière des Neigés en est un bel exemple), ou alors des oublis de numéros ou logos sur la tranche de certaines impressions viennent embrouiller le collectionneur pointilleux.
Et enfin, dans la première édition, qui compte 163 livres tout de même, un premier jet de 13 livres était sorti sans logo : 11 dans la série « Défis Fantastiques » et 2 dans la série « Loup Solitaire ».
Tout collectionneur qui se respecte doit avoir dans sa collection ces 13 exemplaires. Oui, il le doit.
Si vous souhaitez vous replonger dans votre collection, la première personne à rencontrer est le bouquiniste du coin. Parce que faire marcher les commerces locaux c’est bien. Ce personnage étrange voue sa vie aux livres pour un maigre salaire. Au milieu de ses étagères vous trouverez parfois un rayon SF avec des livres de poche de la série Anticipation, et juste à côté des San Antonio qui ont tant fait rire votre père sans que votre mère comprenne vraiment pourquoi. Ou alors des vieux livres d’histoire de France, du régionalisme ou des Que sais-je ? Généralement il traite les livres pour ce qu’ils sont, des objets de lecture et pas de spéculation. Il vous vendra le livre au cours normal entre 1 et 3 € selon l’état. Au-delà ce ne serait pas raisonnable.
Si vous n’en connaissez pas près de chez vous, une petite recherche « bouquiniste » sur Google et vous voilà avec une carte des bouquinistes des environs. Un LDVELH sans carte, c’est pas un LDVELH.
La seconde source d’approvisionnement vient des vide greniers et autres brocantes. C’est fou le nombre de parents qui se débarrassent de vieilles choses quand les enfants sont grands. Parfois on peut récupérer Comics et LDVELH au kilo. J’exagère mais on a souvent l’impression de rendre service en récupérant ces vieux trucs qui prennent la poussière, le plus dur étant de ne pas sauter partout comme un cabri quand on tombe sur un trésor comme ça. Un petit comics Strange grande époque avec un numéro à un (méga jackpot) ou deux chiffres (jackpot quand même) ou ces fameux LDVELH sont parfois, mais rarement, présents. C’est par contre là qu’on fait les plus belles trouvailles. Il faut être très patient. On trouve sur Facebook un groupe public « Les livres dont VOUS êtes le héros… » où, entre autre, les membres postent des photos de leurs trouvailles.
Enfin, dans le domaine du raisonnable, il reste les sites comme Le bon coin, où on économise au moins les frais de port et la proximité des échanges font faire parfois des rencontres mutuellement profitables. Et sur ce site les gens ne jouent pas autant sur la spéculation que ceux dont on va parler ensuite.
Le dernier recours reste les sites de vente d’occasion. Et là c’est un peu tout et n’importe quoi. Le plus emblématique restant eBay qui offre la possibilité de suivre de près l’offre et la demande et donc génère une forme de spéculation. On trouve aussi Priceminister un peu dans le même genre mais plus raisonnable il me semble. Le n’importe quoi venant des utilisateurs qui se transforment en spéculateur. Ils analysent la présence ou non d’un livre et en estiment la rareté. Les autres se calent ensuite sur cette rareté présumée. Phénomène très connu de la spéculation, la rareté se concrétisant par prophétie. Dès qu’un livre fait son apparition il part très vite, ne restent que ceux qui ont imité le prix surévalué. Je schématise mais l’idée est là.
On y retrouve évidemment des bouquinistes qui ont leur propre boutique en ligne. Celui près de chez moi ferme justement son local car le loyer de sa boutique lui coûte trop cher. J’ai moi-même mis 10 ans avant de le trouver par hasard, j’ai un peu honte. Alors que sur internet sa boutique en ligne est directement en relation avec les clients potentiels. Au passage, il a su garder un esprit bouquiniste et vends ses livres à un prix très raisonnable comme beaucoup. Chapeau les bouquinistes !
Et donc un dernier intermédiaire entre votre LDVELH et vous : le spéculateur. C’est le mal absolu. Il considère le LDVELH comme un objet de spéculation, en fonction :
- De sa rareté dans les offres (spéculation relativement autoalimentée),
- De l’état du livre (normal),
- Du fait qu’il soit le premier (normal) ou le dernier d’une série (donc le plus récent, bizarre non ?),
- De la confidentialité de la série (série courte ou peu imprimée).
On apprend par exemple que certains LDVELH peuvent se proposer à la vente pour 30, 40 ou même 50 € sans honte. Évidemment ça ne part pas comme des petits pains mais ça gène pas mal le petit collectionneur moyen et d’une manière général ça fait monter les prix des autres livres. Heureusement sur ces sites on trouve aussi parfois de vraies bonnes affaires avec des lots de livres pas spécialement « rares », l’idéal pour commencer à combler les trous. Sûrement des collectionneurs qui ont abandonné en cours de route, pas de pitié pour les faibles. Par contre il faut se manger les frais de port.
Avant de se lancer dans l’inconnu on ne s’emballe pas. Pas question de partir à l’aveuglette dans la jungle des prix, des éditions, des défauts qui donnent de la valeur à vos LDVELH. Oui, VOS livres car ils sont déjà à vous et que Dans le Milieu On Adore les Majuscules.
- Première étape : ouvrir un tableur*.
Oui, il va falloir passer par là. Rien d’extraordinaire mais il sera important de noter toute la collection des LDVELH qui existent. Au moins ceux de la première édition. Vous trouverez dans les ressources à la fin de l’article le fichier que j’utilise. Il est rempli des numéros que je possède il faudra donc le vider et noter ceux que vous possédez. Vous trouverez ici un topic sur le forum expliquant comment je l’utilise, il y a quelques mises en formes et calculs automatiques.
- Seconde étape : prospecter.
Allez vers les bouquinistes les plus proches de chez vous. Là on y va à l’aveuglette au début. Même si on a quelques doublons ce sera très pratique pour des échanges, ça existe encore.
Les week-ends près de chez vous, il y a peut-être des brocantes et vide-greniers. C’est pas toujours la bonne pioche mais quand on tombe sur un bon lot c’est toujours plaisant. Et c’est surtout là qu’on fait de bien belles trouvailles. Le coup de la maman qui débarrasse les livres (Comics ou LDVELH) au kilo c’est du vécu.
Après ça faites le tour d’un certain nombre de sites de vente d’occasion. Pour ma part j’ai commencé par :
- eBay
- Priceminister
- Amazon
Trois sites très fréquentés qui proposent des livres de poche d’occasion avec des plateformes qui ont fait leur preuve. Avec aussi leurs défauts (spéculation, grrrrr). Ensuite on peut affiner avec des boutiques en ligne plus confidentielles, certains bouquinistes ont des sites internet avec une section LDVELH.
- Recherches efficaces
eBay propose par exemple un abonnement à des recherches. On est prévenu régulièrement d’un nouvel arrivage de LDVELH sur le marché. À force on retrouve un peu toujours les mêmes livres en boucle. Le mieux restant des liens dans les cellules du tableur pointant directement vers une recherche d’un titre en particulier. Vous trouverez dans mon fichier Excel des cellules avec le prix constaté lors de la dernière recherche. On a plus qu’à cliquer pour relancer la même recherche de temps en temps. Les lendemains de jour de paye par exemple.
- S’armer de patience et d’un budget conséquent
Oui la patience est maîtresse. Il ne faut pas sauter sur le premier lot qui sort :
- Dans quel état sont les livres ?
- Combien ça fait avec les frais de port ?
- Je l’aurai pas en triple celui-là ?
- Et si je spéculais avec mes doubles ? Ah, non, c’est mal.
N’oubliez pas l’objectif du jeu, un peu comme on le fait parfois dans Minivilles. On se prend tellement au jeu de la gestion de ville qu’on en oublie de réaliser nos quatre chantiers. Le but est de compléter une collection, pas de jouer à la marchande. Et si vous le faites sans spéculer vous marquez un bonus de points de victoire.
Comme je le disais au début, ces livres étaient à l’origine destinés à des enfants de 10 à 12 ans. Un peu comme les dessins-animés de l’époque, c’est parfois dur de replonger dedans sans en voir tous les défauts (sauf Ulysse 31, bien sûr). Mais il y a un côté sympa à avoir ça chez soi, surtout si on a des enfants. Ma grande fille a repris mon enquête du premier tome de Sherlock Holmes et ma plus jeune a tenté sa chance dans « Le Sorcier de la Montagne de Feu » (cette manie des lettres majuscules dans les titres, j’adore).
Et autour de vous, il y a parfois des amis qui sont aussi tombés dedans étant petit. Dans le monde du jeu de société c’est d’ailleurs fréquent. Les échanges comme dans la cours de récréation ça peut s’envisager. Et qui sait, ils seront peut-être prêts à vous céder leurs LDVELH. C’est des vrais amis ou pas ? Lancez deux dés et Tentez votre Chance.
Si on peut considérer que le jeu vidéo a largement participé au déclin de ces livres, et du livre jeunesse en général d’ailleurs, on observe un « revival » autour du principe ces dernières années. Ben oui, les trentenaires et plus qui ont connu ces livres ont un travail maintenant. Et certains dans le monde ludique s’en souviennent encore.
On peut donc trouver en boutique des jeux directement inspirés de la série, à commencer par les BD dont vous êtes le héros (Blue Orange – ed. Makaka Editions). Ou même 7th Continent qui sera un jeu de plateau dont vous êtes le héros.
La mode des livres dont vous êtes le héros a inspiré à l’époque d’autres éditeurs dont certaines séries restent chères dans le coeur des joueurs comme la saga du prêtre Jean. D’autres plus étranges autour de l’univers de super-héros. Et même des livres érotiques dont vous êtes le héros, si si.
Cette expression « dont vous êtes le héros » est rentrée d’une certaine manière dans les mœurs comme dans cet article.
À lire aussi sur Ludovox :
>> Crossmedia et transmedia sont sur un plateau
Ressources :
>> Le topic sur le forum expliquant comment utiliser le fichier Excel
Merci au groupe public « Les livres dont VOUS êtes le héros… » sur Facebook pour le photomontage des couvertures qui illustre l’article en page d’accueil.
(*) Si vous arrivez ici sans avoir fini de lire l’article, vous gagnez un point de Chance. Pour le tableur donc, on pensait aussi faire ça avec un carnet à spirale, offert sous blister façon Pif Gadget, mais le magazine Ludovox n’est pas encore dans les cartons. De toute façon aucun parti politique ne voulait financer un site qui détourne les masses laborieuses et chez Ludovox on est apolitique par principe. [NDLR : c’est faux ! L’anarchie vaincra !!] C’est dit.
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TheGoodTheBadAndTheMeeple 21/08/2015
Excellent 😀 voila un article tres marrant, bourré de nostalgie, qui me fait dire qu’on a toujours quelques LDVELH dans la voiture pour les longs trajets… mais pas de collectionnite aigue pour ceux ci.
Moi c’est plutot SF anticipation (Tout A. E. Van Vogt)
Pour info, il y a un regroupement de bouquinistes qui ont des boutiques dans toute la France et qui Ô JOIE référencent leurs bouquins !!!
http://www.livre-rare-book.com/
Bref tout un monde se cache chez les bouquinistes… J’adore y fouiner, juste pour le plaisir et l’odeur incroyable du papier…
Umberling 21/08/2015
Pour poursuivre la discussion, quels sont vos LDVELH préférés ? (Je parle bien de livres, et non de séries.)
Djinn42 21/08/2015
La Citadelle du Chaos parce que c’est mon premier.
Le manoir de l’enfer pour son ambiance malsaine.
La série de la Voie du Tigre pour son thème original.
La série de la Quête du Graal pour l’humour.
Sha-Man 21/08/2015
QUOI ?! Et les loups solitaires ils sont ou ?!
Shanouillette 21/08/2015
Ouwaou une série sur la quête du graal avec de l’humour ? Voilà qui fait grave envie !
Dr. Jacoby 21/08/2015
ha excellent, c’est marrant je me souviens en avoir lu un nombre incalculable quand j’étais môme mais alors j’en ai plus aucun souvenir, alzeihmer me surveille ou quoi !
le seul dont je me souviens (et encore même pas le titre) c’est le dernier volume d’une tétralogie, c’était un double livre qui avait 800 chapitres avec un lion sur la couverture, ça dit quelque chose à quelqu’un ?
Djinn42 21/08/2015
Il s’agit probablement de la série « Sorcellerie ! » de Steve Jackson.
http://planete-ldvelh.com/page/sorcellerie1.html
Dr. Jacoby 21/08/2015
Ah cool , c’est bien cette série mais le livre auquel je pensais était « La couronne des Rois » !
Paul 22/08/2015
Lecteur de la première heure avec la série Le Loup Solitaire et collectionneur opportuniste actuellement , j’avais également particulièrement apprécié la série Les Messagers Du Temps avec Le Carillon De Là Mort.
Merci pour l’article très sympa.
fouilloux 22/08/2015
Super article. Et alors pour un info, je me suis lancé dans l’aventure ubuntuphone (spoiler: et j’en suis très content) et dans les applis gratuites il y a l’intégralité des loup solitaire. Avec une vrai ampli qui gère les bastons et tout. En anglais par contre. Bref j’ai découvert cette collection cet été et c’est top.
Djinn42 24/08/2015
Oubli de taille dans l’article alors que je parlais des erreurs dans la première édition.
Le site « La bibliothèque des aventuriers » recense toutes les erreurs constatées et propose une correction en s’appuyant parfois sur la version originale.
A retrouver ici : http://www.bibliotheque-des-aventuriers.com/menu/erreurs.htm
d 18/11/2018
Merci pour l’article, nostalgie quand tu nous tiens!
Djinn42 18/11/2018
Merci. J’ai toujours un œil pour ces vieux livres où que j’aille.