King’s Forge : Allez-y mollo sur le cassoulet !
L‘année dernière, l’une des mes grandes frustrations était d’être passé à côté de King’s Forge. Il faut dire que j’avais quand même largement fantasmé la bête ! Du coup, lorsque cette année, au détour d’une de nos pérégrinations dans le Hall 3 nous tombons sur le stand de Game Salute, je vois le jeu… Ses extensions… Et je défaille !
Je m’approche donc fébrilement des deux tables de jeux en démo…Puis je redescends un peu sur terre. J’essaye de comprendre le fonctionnement au travers des actions des joueurs présents aux tables. Bon. Ce n’est pas le monstre tentaculaire auquel je croyais (12000 dés, des crafts dans tous les coins, la création d’une armure intégrale complète même que je pourrai virtuellement me voir dedans)… Argh… Déception… Tant pis.
Mais tout de même. Qu’est-ce donc que ce jeu ? Ok, y a une brouette de dés et pourtant il parait très simple…
Allez, Madame aimant bien les jeux de dés, je craque sur la bête et ses 2 extensions King’s Forge: Apprentices et King’s Forge: Queen’s Jubilee (tant qu’à faire, autant bien faire les choses !).
De retour chez moi, la curiosité toujours présente, il sera l’un des premiers jeux que je vais ouvrir. Je regarde les règles… Tiens, ça n’a pas l’air mal, pas mal du tout.
King’s forge est un jeu de dés. De gestion de dés et d’optimisation des résultats. Ce n’est ni un eurogame, ni un ameritrash, juste un jeu de dés. Là on ne fantasme plus, on est dans la réalité et elle est intéressante en l’occurrence !
Ce Just Played intervient donc après 1 partie comme le veut la coutume, toujours avec Annick et France mes co-gameuses féminines. Nous sommes en fin d’après-midi, la température est douce en ce début d’automne, et la lumière descend doucement sur le salon, nul ne penserait qu’un drame se jouerait ici même quelques minutes plus tard…
Et pourtant…
Sachez qu’aucune enclume n’a été blessée durant cette partie.
Flatulus ergo sum
« Oyé ! Oyé ! Sachez chers amis qu’en ce jour le roi Alphonse Sedgwickson III a renvoyé son forgeron royal pour excès de flatulences ! Vous êtes donc convié à le remplacer ! »
Voilà, c’est en gros le pitch de King’s forge ! Vous êtes donc des forgerons et vous allez devoir crafter (= fabriquer) un certains nombre d’objets provenant de la liste royale, afin de prouver que vous êtes plus fort que les autres. Simple, concis, et efficace pourrait-on dire.
Donc, King’s forge est un jeu édité par Game Salute, il date de l’année dernière, mais il a eu droit à une réédition pour cette année avec un zoli plateau qui va bien ! Il s’agit d’un jeu pour 2 à 4 joueurs (5 joueurs avec l’extension Apprentices), d’une durée approximative de 60 minutes (et ça peut être bien plus court !) à partir de 14 ans (là, comme dirait Atom, c’est clairement pour éviter les tests aux US).
Il a été créé par Nick Sibicky, c’est d’ailleurs son premier jeu édité. L’illustrateur est monsieur Jonathan Kirtz qui avait également travaillé sur Cube Quest.
Le but du jeu va être de se constituer un stock de dés qui va bien pour crafter les objets. Ce qu’il y a d’intéressant c’est qu’on voit les prochains objets à crafter et donc on peut anticiper. Un côté sympa également, c’est qu’on peut voler un objet fabriquer par un adversaire. Son regard alors plein de haine et de dédain à votre encontre est véritablement délicieux ! :p
Mais le véritable plaisir de King’s forge se joue dans la phase de préparation, c’est là qu’on va travailler son stock de dés, prévoir les bonus qu’on souhaitera pendant la phase de craft et qu’on mettra éventuellement des bâtons dans les roues des autres joueurs. Voyons tout ça…
King’s forge : le roi du matos ?
Hé bien pas vraiment. Avouons le, ce n’est pas sur ce point que King’s Forge brille. La boite est juste un couvercle en carton avec rien à l’intérieur, les dessins des cartes sont cartoonesques pour le craft, un peu moins pour les cartes de rassemblement (gather card) et correctes dans l’ensemble, voire sympa mais on ne criera pas au génie non plus.
Le plateau aussi est correct mais par contre d’une assez faible qualité et bizarrement, la partie qui ressort quand il est plié est la partie imprimée. Il va s’abîmer facilement.
Le seul endroit où King’s forge s’en sort bien, c’est sur les dés, et heureusement. Ils sont quand même de toute beauté ! Vous me direz, pour un jeu de dés, c’est quand même le principal ! Ah oui, j’oubliai le jeton premier joueur qui est sympa, c’est une grosse enclume 🙂
Les règles sont à l’image du reste, à savoir correctes mais, excepté l’encart d’ambiance qui m’a bien fait rire, elles font juste le job, rien de plus, rien de moins. À noter qu’il y a quand même des cartes aides-de-jeu appréciables.
Donc, en somme, le matos est juste correct, sans être vraiment remarquable. Pourtant, étant donné qu’on est sur un jeu de dés, on pourra dire que le plateau est quand même plus sympa que la piste à dés du PMU du coin. Et, à dire vrai, même si c’est dommage, l’ensemble n’est pas préjudiciable au plaisir du jeu.
En aparté, c’est le même constat pour les extensions à l’exception des jetons de contre-façon qui sont plutôt bien fait.
Alors, c’est du 421 ou du Yams ?
Ni l’un ni l’autre, faut pas déconner quand même ! Il vous faudra des habitués aux jeux de société pour jouer avec vous. Ce ne sera pas non plus pour tata Suzanne ou papy Robert sur coup-ci. En effet, si nous assumons le fait d’être sur un jeu de dés, il y a quand même une partie de gestion et de timing qui ne sera pas évidente avec un public purement familial.
Le but du jeu comme je le disais est donc de fabriquer 4 ou 5 objets.
Ces objets nécessitent certaines couleurs de dés (noir=métal, vert=bois, rouge=gemme et bleu=magie) et un score minimum pour chacun de ces dés. Par exemple, « Game of Ingenuity » nécessite au moins un 1 noir, un 2 vert, un 3 rouge et un 4 bleu. Vous pouvez faire plus, mais c’est le minimum à obtenir sur chacun de ces dés pour réclamer l’objet pendant la phase de craft.
Alors comment ça marche ? Et bien le jeu se joue en un nombre de tours indéfinis qui se décomposent chacun en 3 phases : phase de rassemblement, phase de craft et nettoyage.
1) La phase de rassemblement :
C’est vraiment là que ce situe le coeur du jeu. C’est la phase où l’on va augmenter son stock personnel de dés et/ou on achète des bonus aux dés pour la phase suivante.
Chaque joueur va, à son tour avoir le choix entre prendre une carte de rassemblement ou utiliser un dock (c’est également la phase où on peut prendre un apprenti quand on joue avec l’extension qui va bien) ou passer. Cette phase s’arrête une fois que tous les joueurs ont passé.
– La carte rassemblement
Le paquet de cartes rassemblement se compose de 11 cartes (14 avec l’extension apprentis). Quatre qui seront toujours identiques (les mines du nord et du sud, et les forêts d’est et d’ouest) et les autres qui seront tirées au hasard parmi toutes les autres cartes de rassemblement. Système qui nous garantira de ne pas jouer deux fois la même partie.
Chaque carte de rassemblement propose deux actions. Le joueur qui prendra une carte choisira l’une des actions, payera l’action avec les dés dans son stock personnel et obtiendra l’effet tout de suite ou dans la phase de craft le cas échéant. En règle générale, l’effet du haut de la carte sert à récupérer des dés et en bas à récupérer des bonus de craft.
Les dés récupérés de cette façon ne vont pas dans votre stock personnel mais son mis sur votre petite tuile joueur. Sauf exception, ils seront disponibles pour le prochain tour.
Au niveau de la récupération de dés, il y a de tout. Au niveau des bonus de craft, ça peut être des +1, +2 ou même +4 sur des valeurs de dé, ou alors de relancer une partie des dés, voire de retourner un dé sur la face opposée (un 1 se transforme en 6, un 2 en 5 et un 3 en 4).
Dès qu’une carte a été prise par un joueur, on en met une autre pour le joueur suivant.
– Le Dock
Il y a quatre docks. Un pour prendre des dés verts, un pour les rouges, un pour les bleus et un dernier dock pour prendre des bonus de craft. L’utilisation d’un dock vous obligera à sacrifier les dés utilisés. C’est-à-dire qu’ils ne reviendront pas dans votre stock personnel à la fin du tour.
Exemple : sur le premier dock, on peut mettre un dé de n’importe quelle couleur pour récupérer un dé vert. Vous perdrez le dé que vous avez utilisé pour récupérer le dé vert.
Le quatrième dock permet de récupérer des bonus de craft, des jetons soit +1/+1, soit 6 automatique. Ils permettent dans le premier cas de donner +1 à 2 dés différents pendant la phase de craft, et l’autre de transformer un dé en un 6 pendant la phase de craft.
Quand on utilise un dock, on prend également une carte de rassemblement que l’on mettra face cachée et qui sera remplacée pour le joueur suivant. Et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde ait passé.
2) La phase de craft :
Il y a un certains nombre de cartes de craft par joueur (9 à 2, 10 à 3 et 13 à 4 joueurs). Les objets sont placés du plus facile au plus difficile. Ils ont un numéro pour qu’on puisse les mettre dans l’ordre. Ils sont placés sur le plateau de façon à ce que l’on sache dès le début de la partie l’ensemble des objets que l’on pourra créer.
Cependant, une fois ceci fait, on place les trois premiers (donc les 3 plus faciles) sur 3 emplacements du plateau. Nous ne pouvons crafter que ces 3 objets dans un premier temps. Dès que l’un d’entre eux a été fait, alors on descend le 4ème, puis le 5ème, etc…
Chaque joueur, dans l’ordre du tour, va lancer les dés qui lui restent (la plupart du temps, il ne lancera pas ceux qu’il a reçu durant la phase de rassemblement donc). Si le résultat de ses dés correspond aux besoins pour crafter un objet, alors il place les dés correspondants dessus et descend la prochaine carte de craft. Il n’est pas impossible de crafter plusieurs objets dans un même tour. Si vous avez encore des dés qui vont bien et que vous pouvez créer un nouvel objet, alors faites-vous plaisir !
Attention, c’est là qu’intervient la règle amusante, lorsque vous avez créé un objet, il ne vous appartient pas encore nécessairement ! Si, pendant son phase de craft, le joueur qui vous suit parvient à faire autant que vous sur chaque dé par rapport à l’objet que vous venez de créer mais que au moins l’un d’entre eux est supérieur aux vôtres, alors il vous vole l’objet ! (Notez qu’à 3 joueurs par exemple, le troisième pourrait lui-même le voler au deuxième ^^).
C’est une règle fort amusante parce qu’il faut vraiment attendre que chacun ait lancé les dés de craft pour savoir si les objets sont à vous !
3) Nettoyage :
Tous les dés qui ont été placés sur des emplacements comportant des croix sont renvoyés à la réserve générale (c’est le cas de tous les dés placés sur les docks mais aussi de quelques cartes rassemblement). Les dés sur les cartes rassemblement qui ont été placés sur des emplacements sans croix rejoignent les autres dans votre stock personnel, ils seront disponibles pour le prochain tour.
On récupère alors l’ensemble des cartes rassemblement, jouées ou non et on les mélange pour reformer la nouvelle pioche. Puis le premier joueur passe l’enclume au voisin de gauche et on entame un nouveau tour.
Voilà, les règles sont très simples et pourtant, il faut se creuser un peu les méninges pour savoir ce qu’il vaut mieux prendre comme carte ou comme dock ou encore s’il vaut mieux prendre des bonus de craft, combien de dés faut-il garder pour le craft, etc…
Il faut toujours avoir un oeil sur le stock des autres joueurs pour savoir quel objet ils veulent crafter et celui que l’on souhaite faire, etc…
Bien sûr, tout tourne autour des dés. Ce n’est pas désagréable, il faut juste le savoir. Ce n’est pas du tout un jeu lourd, il est même plutôt fluide et pour autant certains choix parviennent à être cornéliens.
Et soudain, c’est le drame !
La partie que nous avons faite s’est déroulé bizarrement. On commence doucement chacun à récupérer des petits dés mis à part votre serviteur qui prend un risque deux fois pour avoir un dé rouge assez tôt et qui se fait deux fois débouter alors qu’il avait 2 chances sur 3 de réussir son coup !
Que voulez-vous, C’EST UN JEU DE DES !
Du coup, j’ai un peu de retard à l’allumage. Annick, quant à elle, tente 2 fois un gros craft et se retrouve avec rien vu les jets pourrav’ qu’elle nous a fait. C’était pas son jour de chance !
Quant à France, au troisième tour, elle a déjà réussi à crafter 2 objets (les 3 premiers étaient faciles).
Et on arrive à un moment où je joue comme un nain bourré aux champignons noirs, sur le quatrième tour de jeu, la caravane sort. Et je vise déjà 2 prochaines cartes de craft qui ont du rouge et du bleu. Du coup je mets tous mes dés sur la caravane sacrifiant ainsi ma phase de craft.
Hélas, ce n’est qu’après que je vois qu’Annick n’a plus de dés noirs… France a alors un boulevard pour crafter le dernier objet demandant du noir ! Et comme elle prend un 6 automatique sur les docks, elle se sert de ses autres dés pour récupérer elle aussi un dé bleu et un dé rouge.
La voilà avec 3 objets créés, sachant que les 2 objets suivant demandent un rouge et un bleu et que je joue avant elle. J’arrive alors à bétonner le premier pour ne pas qu’elle me le vole, mais, bassement, elle se contente de récupérer le deuxième sans que nous ne puissions plus rien y faire !
Résultat des courses, la partie a été plié en 30 minutes !
Naturellement, France qui aime les jeux de dés adore ce jeu maintenant et à chaque partie je devrais subir l’histoire du jour où elle m’a torché à King’s Forge…. Snif… Elle est cruelle la vie ! ^^
Le coeur a ses raisons…
Hé bien ce King’s Forge est une curiosité. Il n’est pas vraiment beau, pas profond, pas évident non plus, et pourtant, il parvient à avoir une cote de sympathie très haute. Après notre partie, nous voulions en refaire une tout de suite. Et si vous m’en proposez une maintenant je dirai oui sans hésiter. Parce que le système de jeu est agréable et on ne voit pas la partie passer. Chacun gère sa petite popotte dans son coin, avec ses dés, il y a l’interaction pour savoir qui va crafter tel ou tel objet, le coup du vol d’objet, etc…
Il faut juste très bien avoir en tête le jeu qu’on va jouer. Un jeu de dés tapant dans le familial +.
Alors oui je m’attendais vraiment à un jeu différent, plus lourd, avec de la gestion de dés bien plus poussée. Mais ma déception fut de courte durée. Et je suis au final content de posséder ce jeu qui, j’en suis sûr, ressortira facilement dans un apéro de gamer ^^
Après, vu le prix de la bête, je pense que les extensions sont dispensables. Le jubilé de la reine n’apporte pas grand chose (des cartes de craft qui ne peuvent pas être mélangées avec les premières) et les apprentis sont intéressants surtout pour avoir un cinquième joueur mais complexifient peut-être un peu trop le jeu pour ce qu’on lui demande. Je pourrai vous le dire après plusieurs autres parties via un test, ce qui ne devrait pas tarder !
Un jeu de Nick Sibicky
Illustré par Jonathan Kirtz
Edité par Clever Mojo Games
Langue et traductions : Anglais
Date de sortie : 08/2014
De 2 à 4 joueurs , Optimisé à 3,4 joueurs
A partir de 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 60 minutes
LUDOVOX est un site indépendant !
Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :
Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :
Shanouillette 15/10/2015
Merci pour cette découverte, j’avoue que je m’attendais aussi à du plus gros. J’ai l’impression que c’est l’effet Radho. Il a tendance à grossir un peu les traits avec son enthousiasme. En tout cas, j’adore ton titre, vraiment. lol
eolean 15/10/2015
Oui, j’avoue que le pitch m’a bien fait rire ^^ C’est vrai qu’on a parfois tendance à en faire trop quand on est très enthousiaste. Mais je préfère de loin cela à la lassitude ! Parfois on a pas toujours ce qu’on veut mais l’enthousiasme est un excellent moteur pour notre passion ! 🙂
Umberling 15/10/2015
Ce titre <3
J’ai quand même corrigé, y’a deux L, ça vient de mollement.
eolean 15/10/2015
Il fallait que je reste dans le thème ^_^ Merci pour la correction !
RenoDelft 16/10/2015
Alors pour moi ce fut la grosse déception à Essen. Est-ce du aux explications dans la langue de Goethe par une jeune demoiselle n’ayant pas vraiment assimilé les règles? Je ne le pense pas.
Pour moi le plus important dans un jeu de dés, ce sont les dés. Alors certes on en a beaucoup et ils ne sont pas moches, mais ils sont vraiment simple. On a affaire à de petits dés translucides assez léger sans personnalité….
Deuxième point négatif le reste du matos est vraiment pas très beau et pas de top qualité…. Mais bon passons au jeu en lui même, et moi je l’ai trouvé hyper répétitf, vraiment trop basé sur la chance (ok on joue avec des dés, mais la on n’a voulu en faitre un jeu un peu plus complexe qu’un Pickomino….), au final sans saveur pour moi.
Deux heures après je me suis retouvé à essayer The Curse of the Black Dice et alors la oui ca c’est du jeu de dés pour moi, avec des beaux dés, du beau matos et un méchanisme sympa… Après heureusement qu’il y a des jeux pour tout le monde 🙂
eolean 16/10/2015
Oui, comme je disais, j’attendais vraiment autre chose de ce jeu. Et la première émotion, c’est la déception.
Cependant, une fois qu’on a admis la légèreté de King’s forge et qu’on l’envisage autrement, il peut être intéressant pour certains, la comparaison avec pickomino est intéressante. Je disais dans l’article que King’s Forge ferait un bon jeu apéro pour gamer. Et en le voyant comme ça, il remplit tout à fait son office. Je dis pas non plus que c’est un party game hein, mais on peut le prendre gentiment, sans prise de tête, et s’amuser très bien avec 🙂