Il est 4 h du matin… Bon sang, c’était une teuf d’enfer !.. Seulement voilà, vous êtes complètement saoul devant la porte de l’immeuble et impossible de vous souvenir des chiffres à taper sur cette saloperie de digicode. Votre pote Bébert commence à presser les boutons n’importe comment. Et si cet imbécile heureux déclenchait l’alarme !?…

Ça doit être le nouvel an qui me trouble… Il y a bien un digicode dans le jeu, mais il s’agit de celui d’un super center plein de pare-feux que, vous, pirate (hacker en anglais), avez décidé de pénétrer. Vous n’êtes pas seul à tenter le coup, car réussir ce défi ferait de vous le Super Pirate Informatique du monde entier.

Si le thème en vaut un autre, ce petit jeu remarqué à Essen (plutôt pour 2 joueurs, j’y reviendrai) a tout pour séduire. Pour 6 euros (prix sur place), vous avez dans une petite boîte format 13 x 10 x 2, un paquet de jetons, des meeples en forme de mains, des cartes et d’autres cartes pour une variante/extension. En prime, la mécanique est plutôt maline sous son apparente banalité.

À priori une version française est prévue pour le début d’année 2016. Ce JP concerne donc sa V.O.

Le DIGICODE

Il existe bel et bien… Une fois constitué, il va nous servir de plateau.

Les plus fins d’entre vous auront remarqué que les chiffres ne sont pas dans l’ordre et que leur somme est toujours de 15. C’est ce qu’on appelle un carré magique. 

Le reste de la boîte est constitué de meeples mains qui serviront à indiquer votre position sur le plateau (vous aurez également remarqué une main plus grosse que les autres : si elle est posée sur le plateau et que vous gagnez, elle double vos points)…

…et des cartes Data qui vont vous aider à casser le code.

Les cartes sont numérotées de 0 à 5, chacune en 3 exemplaires.

Les jetons jaunes sont vos points de victoire.

À part la boîte en carton un peu trop souple, le matériel est fort honorable pour le prix.

Comment gagne-t-on ?

Pour être LE pirate, vous devez obtenir 5 jetons jaunes. Pour obtenir ces jetons, il faut aligner verticalement, horizontalement ou en empilant sur la même case, 3 meeples mains.

WHAAAAAAAAAAAAOOOOOOOOOOOO L’AUT ‘ ! L’arnaque, ton jeu c’est le Morpion ! !

Meuuuh non euuuh, ce sont des hackers qui cassent des codes informatiqueuuuuu.

Bon, oui, j’avoue, c’est le Morpion… Un Morpion avec un cerveau ! (Quel horreur).

Mais vous croyez qu’un éditeur se nommant « Mind fitness » ferait des jeux neuneus ? Réfléchissez un peu voyons !

BE A GREY HAT

Au début de la partie, on retire 2 cartes data, que l’on montre à tous. Chaque joueur se voit ensuite attribuer 3 cartes data. Au premier tour, l’un des joueurs en reçoit 4. Il doit en poser une qui sera la carte de départ. Chacun annonce alors la somme des valeurs qu’il a en main.

À son tour on peut :

1/ Poser une carte à côté de la carte de départ (ou de la suivante par la suite). On additionne tous les chiffres et on place son meeple sur la case correspondante du plateau. Si votre main de couleur est déjà en place, vous voilà avec deux meeples, et rappelez vous qu’au troisième sur la même case, vous avez gagné. Si vous vous placez sur une case déjà occupée par l’adversaire, vous capturez le meeple adverse.

On ne peut pas placer deux cartes de valeur identique à la suite.

La carte de départ = 4. Blanc ajoute 1 et place donc sa main sur le 5 (4+1)

Quelle carte, Rouge doit-il poser pour se retrouver là ? Oui, un 4

Si Rouge pose un 4, il capturera Blanc et le mettra dans sa réserve.

2/ On peut aussi piocher une carte (Limite de main = 4). 

JE SUIS HARDWARE… (jcvd)

Outre marquer son territoire, les mains ont certaines utilités.

En dépensant un meeple adverse capturé précédemment, vous pouvez demander la somme des cartes en main d’un adversaire. Ce qui est encore plus pratique s’il ne lui reste qu’une carte en main. Cela va vous permettre de temporiser pour piocher sans risque, ou d’élaborer votre prochain coup, l’information étant vitale dans ce genre de jeu.

Avec vos propres meeples, vous aurez droit, en les défaussant ( attention de ne pas abuser de l’effet car sans meeples, il vous sera impossible de finir la partie), de forcer l’adversaire à jouer (Play): cela peut lui faire perdre une carte et / ou du temps en jouant où il ne veut pas…

…Ou vous prémunir de ce genre d’attaque (Block). C’est vous qui n’avez plus qu’une carte et vous voulez vous refaire.

 QUELQUES VARIANTES

Je suis généralement ravi de voir un petit paragraphe, ou quelques cartes en plus concernant une variante. Là ce sont carrément 12 cartes qu’on nous offre avec la boîte de base, comme si l’auteur s’était dit que son jeu ne se suffisait pas. Ep bien pour une fois, j’ai envie de dire « Non, non, c’est trop ! ».

Car, quelque part ce n’est pas utile. Si vous regardez la vidéo des règles officielles, ou si vous faites quelques parties, vous verrez que la déduction s’affine avec le jeu. Il y a une courbe d’apprentissage, et je suppose que gagner face à l’auteur doit être un sacré challenge.

Tout ça pour dire que les variantes, nous les avons vite oublié (pour le moment du moins) afin de nous concentrer sur la base.

Le jeu à 3 et à 4

À 3, c’est 2 contre 1, tandis qu’à 4 on joue en équipe… Bien sûr le nombre de cartes est en fonction de la configuration. Pour l’instant, la priorité est à 2 et la compréhension des facettes du jeu.

Battle of the wits

Cette extension offre des cartes Code qui agissent comme des objectifs, ou des pouvoirs. Le jeu se joue normalement, mais les conditions suivantes peuvent être modifiées : Placer un meeple là où se trouve la grosse main / Capturer 3 mains adverses / Utiliser ses propres meeples pour demander la somme à son adversaire / Si la somme de 2 de vos mains placées sur le plateau est de 10, votre adversaire ne peut plus vous questionner de la manche, etc.

Certaines sont mieux que d’autres, mais cela perturbe un peu le jeu. Nous y reviendrons peut-être plus tard quand nous serons imbattable chacun de notre côté.

FERMETURE DE SESSION

Hack Trick (les footeux apprécieront le jeu de mots (Hat trick, le coup du chapeau s’applique lorsqu’un joueur marque trois buts au cours de la même rencontre … ) est doublement une bonne surprise : c’est un bon jeu et un bon jeu pour 2 joueurs. Un jeu qui pétille, et qui est plus qu’une simple mécanique calculatoire.

Personnellement, je m’attendais à quelque chose de très complexe, ce qui m’avait refroidi au départ (les maths, c’est pas mon truc). L’auteur sur les videos ayant vraiment l’air d’une machine de guerre.

Mais ce jeu, et c’est ce qui en fait son charme, est à la fois simple et retors.

Il est assez difficile de retranscrire le ressenti d’une partie, car il est possible de passer en un tour d’une réflexion poussée sur l’anticipation de pose de valeur, à un coup de chance (grosse erreur adverse) qui vous fait poser la bonne carte au bon moment.

Si durant les premières manches, on est un peu déçu en se la jouant Morpion basique (pose/blocage) et en attendant la « bonne carte », on en vient vite à voir plus loin : « Quand demander la somme chez son adversaire? », « Quand le forcer à jouer ?» « Doit-on piocher ou profiter de l’occasion de se positionner au risque de n’avoir plus de carte au prochain tour? »…

L’estimation des cartes adverses devient vite une question essentielle. Votre concurrent a 8 en 2 cartes : 5+ 3 ou 4+4 ?… cela peut faire basculer la partie. (Si si !). Alors on regarde ce qui est déjà sorti et on mesure ses chances.

Hack Trick est un jeu abstrait, avec une bonne tranche de proba et un zeste de hasard (c’est un jeu de pioche quand même). On pourra le jouer basique avec des plus jeunes (additionner et capturer) et être plus calculatoire avec d’autres. En tous cas, c’est un jeu fluide, rapide et prenant.

Je l’ai sorti à midi pour l’essayer comme ça et nous n’avons pas arrêté d’enchaîner les parties pendant une heure, remettant ça le soir (4 le midi et 3 le soir pour le premier jour). Pour l’instant, c’est un sans faute et les joueurs /joueuses l’ayant essayé ont été conquis(es).

Là où ça RAM (!!) et s’il y avait un reproche à faire, c’est la pauvreté du livret de règles. Il manque d’exemples, est flou sur certains points (peut-on jouer un jeton pour demander la somme, et également un jeton pour se protéger, dans le même tour ?). L’utilisation du flash-code sous le couvercle pour se rendre sur le tutoriel en vidéo et le Ludochrono sur le Vox, sont bien utiles, mais pour un petit jeu, c’est assez pesant d’être obligé d’avoir le net à portée de la main. Une fois passé cette étape, presque tout s’éclaire.

En un mot

Personnellement, voilà un des meilleurs jeux de cette fin d’année. Il y a plusieurs niveaux de compréhension, une courbe d’apprentissage, il est rapide et fluide, et on se prend même à rigoler de ses erreurs.

Bref, je suis ravi.

YOU WIN AHAHAHAHA

Hack trick

Un jeu de József Dorsonczky
Edité par Mind Fitness Games
Langue et traductions : Anglais, Autre
Date de sortie : 2015
De 2 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
Durée d’une partie entre 15 et 25 minutes

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