Bambou: nature et harmonie

Germán P. Millán l’auteur de Bitoku revient dans ce japon peuplé d’esprits et de sérénité. Encore une fois estampillé jeu expert, le titre abandonne sa grosse boîte pour se glisser dans la gamme qui accueille déjà le fort sympathique Cathédrale rouge et le (surcoté ?) Château Blanc. Un format moyen, une boîte bien remplie pour un jeu qui annonce un bon challenge, nous voilà déjà en partance sans en demander plus.

 

 

Cette fois, on va parler de la vie, du bonheur et du bouleau, du boulot. La récolte du bambou pour être précis, celle qui nourrit votre famille, paie le crédit de votre pavillon qui, grâce à des touches subtiles de décoration, d’un aménagement calculé, transforme ce lieu en petit paradis. La preuve, les Yokai du quartier aiment à s’y promener. Tout cela grâce à vous, vos offrandes aux temples et votre labeur.

Le matériel est de toute beauté, coloré, mignon, apaisant. Ce que ne sera pas forcément le jeu. Le plateau principal représente votre environnement, là où l’on va s’occuper des bambous, acheter des objets afin d’aménager son pavillon (les tuiles demeure), gérer les objectifs/contrats (tuile équilibre), l’argent, la nourriture, visiter les temples et renouveler son stock de bambous. Ces éléments se traduisent par des actions à effectuer afin de satisfaire aux demandes du jeu et marquer des points. Un jeu de prise de ressources mélangé avec un Tetris serait un rapide résumé. Si on entre un peu plus dans le détail, Bambou est un jeu qui se déroule sur quatre années, divisées en quatre saisons. Chaque saison représentant une phase d’action bien distincte.

 

Le plateau principal et ses différents lieux d’actions.

 

Le plateau principal est divisé en trois zones : les quatre temples, la bambouseraie, puis une dernière englobant les contrats équilibre (des contraintes de pose pour les ressources), les ressources d’aménagement, l’argent (achat des ressources) et la nourriture.

Le plateau personnel (il possède deux faces, asymétrique (mode avancé) ou commune à tous les joueurs) représente votre maison et son jardin. Il est partagé en deux grandes parties : votre stock d’encens, les quatre pistes bambou (une pour chaque couleur) avec lesquelles vous allez jongler, et une grille : votre intérieur, terrain de l’agencement des différents objets (pot de fleurs, sandale, bonsaï….) nécessaires à la réalisation des contrats.

 

Un intérieur sobre à meubler.

 

Quatre saisons, quatre phase d’actions

Chaque joueur démarre avec son pavillon, 3 sous, 3 bâtons d’encens, un bambou de chaque couleur (+1)  et une tuile équilibre, donnant une direction à ses futurs achats. Au travail, une année de labeur nous attend !

Le printemps :                

Un peu anecdotique, cette saison donne aux joueurs deux bonus : de l’encens et une action gratuite.

Et nous voilà déjà en… Été :

 C’est la phase principale du jeu, celle où l’on va effectuer ses actions en faisant des offrandes aux temples et en utilisant ses bambous. Prenez autant de bâtons d’encens que le nombre de bambous et placez l’encens sur le temple. À la fin de l’année, le nombre d’encens et leur position (en haut de la pile en cas d’égalité) donnera au joueur qui a la majorité, l’obtention d’une tuile Yokai et son pouvoir (gagner de la nourriture, ne pas payer pour placer de l’encens, gagner des sous….). Une fois l’offrande faite au temple, on prend nos bambous et on les place dans la bambouseraie afin d’effectuer leur pouvoir en lien avec les zones du plateau principal. Si vous avez posé 3 encens et 3 bambous, vous faites 3 actions. 

 

Deux majorités pour le blanc (temple vert et temple rouge en bas).

 

La bambouseraie est constituée de 4 couloirs. Quand vous placez un de vos bambous, vous récoltez le bambou du haut. Il sera celui dont vous vous servirez par la suite. À vous de gérer au mieux, d’anticiper, la bambouseraie ne proposant pas forcément ce que l’on veut quand vient son tour.

 

Pousses de bambou, nourriture, sous, objectifs et objets.

 

 Automne :

Le joueur majoritaire dans chaque temple va accueillir un Yokai au nom chantant de Tanuki, Kappa, Rokurokubi…. Outre le fait de posséder un effet bonus, chaque Yokai rapporte 2 points. Un vrai gagne-points sur lequel il ne faut pas faire l’impasse et qui fait la différence en fin de partie.

 

Les Yokai sont nos amis.

 

Hiver :

Il faut nourrir sa famille. Chaque tuile demeure coûte un repas. 

Quatre manches plus tard, à la fin de l’hiver la partie est terminée. Pas de salade de points puisque les contrats validés durant la partie sont déjà notés sur la piste des points de bonheur. Il reste les contrats finis mais pas ratifiés (moitié des points), la collection de Yokai, et voir si l’harmonie règne au sein de votre maison. Pour ce faire, comparez le total des points (point de confort) inscrits sur les tuiles demeure de la partie droite et gauche de votre grille. Ce total doit être égal sinon on perd 2 points de bonheur par écart entre les 2 zones. Le déséquilibre peut faire très mal.

 

En fin de partie. Pour ce qui est de l’harmonie, c’est raté : 4 à droite et 11 à gauche.

 

Plus grand est le bambou, plus bas il s’incline

Nouvel épisode, après Bitoku et son extension, de cette saga mystérieuse où le monde des hommes partage celui des esprits : la saga Kemushi, la gamme de l’éditeur espagnol Devir, où l’on trouve par exemple, Terres de Yokai. Nouvel opus également dans cette gamme expert chez Iello. Encore une fois, le format est impeccable et prouve que l’on n’a pas besoin de boîtes imposantes remplies de vide pour présenter de bons jeux. Oui, j’ai dit bon jeu car Bambou en est un. Son visuel coloré, chatoyant, la fluidité de ses actions, même si la réflexion ralentit le rythme, et son matériel, forment un tout très agréable. On me fait remarquer que le thème n’est pas immersif. Ce n’est pas faux, on peut chercher un moment le rapport entre l’encens et les bambous, le nombre de pièces de sa maison et la nourriture, mais qu’importe. Avec un peu d’imagination, quelques lignes poétiques d’une règle très bien construite, on parvient à se laisser bercer.

D’un côté un décor bienveillant, de l’autre un jeu où il va falloir gérer et anticiper ses actions, s’adapter à ce que les autres vont vous laisser, temporiser et avoir l’œil partout, surtout chez soi.

 

Les contrat à valider et leur placement.

 

La phase principale est bien cette gestion d’encens et de bambous. Avoir quatre bambous d’une seule couleur et les poser d’un coup vous offre une majorité difficile à contrer dans un temple. Un seul temple. Est-ce bien joué dès le départ ? Ne vaut-il mieux pas être plus lent, poser son encens un par un et observer les autres joueurs, ce qu’ils font, où ils se placent et ainsi reprendre une majorité ou récupérer les bambous avec les symboles qui nous conviennent ? Facile à dire, mais suivant nos sections de bambous, on n’a pas forcément un choix aussi souple. Ce timing, cette prise de pousse de bambous est au cœur du jeu, elle est à la fois prenante et ludique, une très bonne idée. L’autre partie qui fait grincer des dents est celle de ce giga Tetris sur la grille de la maison. On l’a bien compris, il faut trouver des contrats qui se servent des aménagements déjà en place tout en équilibrant l’harmonie droite/gauche. Attention de bien regarder le total de points de confort demandés. Dix points de perte en fin de partie vous relèguent fissa à la dernière place. On peut se concentrer sur cet aspect purement technique et faire l’impasse sur la nourriture par exemple, la validation de points en mode turbo peut efficacement éponger le régime au pain sec. C’est assez à l’encontre des bonnes ondes du jeu, mais ça passe.

Niveau difficulté, le jeu propose des plateaux asymétriques et une règle avancée. Ce recto nocturne oblige à recouvrir certaines cases de la grille avec des tuiles définies. Pas convaincu car trop dirigiste, nous sommes pour le moment revenus au basique.

 

Une nuit agitée

 

Niveau score, le jeu se termine dans un mouchoir de poche à quelques points près (hors erreur d’harmonie). Un score serré avec une victoire bien souvent offerte par les points de collection de Yokai. À noter que le jeu n’est pas adapté pour deux joueurs, le marché des objets ne se renouvelle pas assez, la majorité des temples accueille un joueur fictif et la course à la nourriture est moindre.

Après quatre parties, le jeu est toujours aussi plaisant, nous sommes plus à l’aise avec nos bambous. Les scores sont toujours aussi serrés. Il n’y a pas de stratégie gagnante, il faut composer. Malgré cette petite interaction de majorité et de pousse de bambous, on s’active pas mal dans son coin, à gérer ses sous, sa nourriture, son agencement… Quoiqu’il en soit, ce n’est pas un frein et nous ne sommes pas encore lassés de parcourir cette bambouseraie en bonne compagnie. Au plaisir de vous y retrouver.

 

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