With a smile & a gun… Les mains sur la table !
Al capone a toujours été connu pour son bagout, ses gros calibres, et sa vision du monde : « on peut aller assez loin dans la vie avec un sourire, mais on peut aller beaucoup plus loin avec un sourire et un fusil », citation célèbre qui a inspiré le nom de ce jeu. Mon Al Capone à moi, c’est Bernard Blier alias Raoul Volfoni, dans les Tontons flingueurs. En tout cas le titre de ce futur jeu annonce la couleur, celui de la confrontation, du pouvoir et des menaces.
With a smile & a gun est un jeu stratégique pour deux joueur·euse·s qui vont s’affronter en 30 minutes. Le but ? Prendre le contrôle du quartier avec ses hommes de mains, ses casinos, sa drogue, et son alcool. Les participant·e·s pourront tirer partie de la police qui viendra contrecarrer leurs plans.
With a smile & a gun est un jeu qui tentera sa chance sur Kickstarter le 14 juillet prochain et que j’ai pu tester à travers Tabletop Simulator, pandémie oblige. Il se base sur un draft de dés, un plateau 3 x 3 dont on fera le tour à l’instar de Mr Jack Pocket, et sur des majorités.
En bref, un thème fort pour un jeu aux bases relativement abstraites.
Sortez votre plus beau costume, ajoutez-y une touche puissante, rose en poche et préparez-vous à en découdre…!
Un costard noir
Je ne m’étendrai pas trop sur le sujet de la direction artistique puisque je n’ai vu que du virtuel et rien de final ! Mais si le design n’est pas définitif, il puise clairement son inspiration dans le noir et blanc teinté de couleurs vives de Sin City. Le jeu est visuellement sobre mais demeure efficace, avec peu d’artifices tout en faisant bonne figure côté ergonomie une fois en jeu. On n’est pas dans de la haute volée graphique, mais à voir ce que donnera le produit final.
“Mais dis donc, on n’est quand même pas venus pour beurrer les sandwichs !”
Le jeu se déroule en 3 manches durant lesquelles nous allons tenter d’amasser le plus de chapeaux et gagner le contrôle des centres d’intérêts de tout mafioso qui se respecte :
- Les jeux d’argent
- Les armes
- La drogue
L’alcool quant à lui jouera un rôle un peu particulier : Chaque tuile alcool récupérée vous octroie un pouvoir qui changera d’une partie à l’autre. En guise d’exemple, l’un d’eux permet de doubler l’influence ou les points d’une tuile récupérée ultérieurement.
Sur le plateau 3 x 3 chaque case contient des marqueurs d’influence ou des chapeaux tant convoités. À la fin d’une manche, chaque case est décomptée pour distribuer en ordre de nombre de cubes d’influence les fameuses tuiles.
Draft de dés
Au cours de chaque manche, 13 dés vont être lancés. Et chacun son tour va devoir placer une paire de dés :
- Le premier indiquera le nombre de déplacements ;
- Nous allons ensuite placer dans la colonne que nous avons en face de nous 3, 2 et 1 cube(s) d’influence dans les zones respectivement de la plus proche à la plus éloignée.
- Le second dé indiquera le pouvoir que nous allons appliquer (plus la valeur est élevée, plus ça tache).
Prise d’influence, assassinat ou coup de filet de la police, tous les coups sont permis !
Les joueurs répètent cela 3 fois chacun, et le dernier dé va indiquer le déplacement d’un mystérieux concurrent caché qui ne joue manifestement pas avec les mêmes cartes que nous car il exécutera une action spécifique en dehors des règles habituelles (différente d’une partie à l’autre). Exemple : subtiliser une tuile influence devant lui avant son décompte, au nez et à la barbe des 2 protagonistes et même de la police !
Notez qu’ici le dernier joueur est avantagé en contrôlant cette valeur parmi les 3 dés restants…
Avant le décompte aura lieu une petite phase de compensation qui offre à celui dont la somme des dés utilisés en actions est la plus faible, une action bonus. Cette action bonus est particulièrement importante car elle se joue en tout dernier lieu et peut renverser une majorité. Mais elle se fait au détriment d’action puissantes durant la manche… encore une petite mécanique bien retorse.
En fin de partie, nous faisons le décompte d’influence sur les 3 majorités avec les chapeaux directement acquis. Celui qui a la plus grande valeur l’emporte. On appréciera ce petit twist sur les majorités qui double la valeur de chapeaux gagnés si l’adversaire n’a pris aucune tuile de ce type.
“Y’a vingt piges, le Mexicain, tout le monde l’aurait donné à cent contre un : flingué à la surprise. Mais c’t’homme là, ce qui l’a sauvé, c’est sa psychologie.”
With a smile & a gun offre une expérience hautement tactique et stratégique pour si peu de matériel et en un temps contenu. S’il sera possible de tomber dans l’analysis paralysis pour les calculateurs fous, il est tout aussi possible de jauger quelques bons coups qui pourront faire pencher la balance en notre faveur sans tout analyser et geler le jeu. L’intégralité des informations d’une manche sont visibles et connues, cela fait de lui un jeu qui vire sans doute à l’abstrait, ce qui n’est pas sans déplaire mais peut laisser le thème en arrière.
Nous avons à la fois de l’opportunisme en fonction des dés disponibles et une bonne marge de direction stratégique à horizon d’une manche, qui est rarement bloquée par les dés tirés initialement.
La rejouabilité est assurée par les alcools et l’homme mystère dont les pouvoirs varient d’une manche à l’autre. C’est un jeu qui n’a pas besoin de plus, car c’est l’interaction indirecte (forte) des joueurs qui fera le sel de la partie et non les règles spécifiques.
“Faut r’connaître… c’est du brutal !”
Je partais d’emblée avec peu d’attente sur le jeu, n’étant vraiment pas fan de draft et placement de dés… Cependant, les jeux à deux stratégiques, c’est un style que j’apprécie et qui capte mon attention malgré le peu que j’en joue. Ici, j’ai été agréablement surpris par la profondeur du jeu pour un gameplay si épuré et plutôt abstrait.
Le tout est fluide et très rapide, et rempli de choix importants. Il laisse peu de place à l’improvisation et devrait souvent donner des parties serrées par sa construction “sans combo” – tant qu’on surveille bien son adversaire !
Le draft est aussi important que le contre-draft pour empêcher l’adversaire de prendre un contrôle crucial. Les dés sont suffisamment nombreux pour avoir un large panel de possibilités et envisager le jeu sous l’angle des possibles plutôt que sous l’angle des interdits, comme c’est trop souvent le cas des jeux de placement de dés.
En bref, un jeu intéressant, dont les atouts ne sont pas forcément ce qui fait vendre le plus sur les plateformes participatives, et c’est pourtant là que tout va se jouer…!
“Si on bricolait plus souvent, on aurait moins la tête aux bêtises.”
Un mot sur la suite
With a smile & a gun est un jeu d’un auteur québécois, Jon Vallerand, qui se lance en solo dans l’aventure participative en montant une nouvelle entité : Subsurface Games. Le matériel est intentionnellement contenu, des cartes, des cubes, des dés, des plateaux ajourés, à l’instar d’un The Boss par exemple, dans le but de proposer un prix accessible autour de la vingtaine de dollars américains.
Comme quasi toute campagne participative aujourd’hui, le jeu offrira un mode solo. À noter que le livret de règles sera disponible bientôt en français et anglais, mais sachez que le jeu ne comporte pas de texte
Bonne nouvelle également, vous pourrez bientôt tester le jeu sur Tabletop Simulator pour vous faire un avis. Pour info, l’éditeur y organisera aussi un tournois virtuel pour promouvoir le jeu (du 29 juin au 10 juillet). Le gagnant remportera une boîte du jeu et une boîte sera envoyée au hasard parmi les participants.
Rendez-vous sur KS le 14 Juillet prochain pour en voir plus !
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TheGoodTheBadAndTheMeeple 14/07/2020
La campagne est lancee
https://www.kickstarter.com/projects/subsurfacegames/with-a-smile-and-a-gun-a-dice-drafting-game-for-2-players