Toriki : L’île bon enfant des naufragés

Toriki, l’île des naufragés de Wojciech Grajkowski (à paraître chez Lucky Duck) pourrait être présenté comme une sorte de version soft, familiale et hybride de Robinson Crusoe de Portal Games. Et comme j’adore Robinson Crusoe, ce Toriki ne pouvait que m’intriguer fortement (doux euphémisme). Ma découverte au salon de Vichy ne m’a pas refroidie : l’envie de continuer à explorer cette île est tenace. Nous avons joué le début de la campagne (qui au total doit durer entre 6 et 8h, sauvegardable à tout moment), c’est-à-dire joué 5 journées d’exploration, à deux joueurs, et pas vu le temps passer (si bien que je ne sais pas combien de temps cela a duré réellement). 

Toriki : L’île des Naufragés 

Le jeu vous met dans la peau d’une bande d’ado du XIXe siècle qui se retrouvent à bord d’une expédition scientifique à destination de la légendaire Toriki. Nous arrivons sur l’île (déserte ?) suite à un naufrage et devons tâcher de survivre tous ensemble (coopératif bien sûr). 

Le tout est conduit par une appli, qui reste tout de même pivot dans le jeu, sans être aussi omniprésente que dans un Chronicles of Crime (on retrouve la même technologie de scan & play qui permet de scanner des éléments du jeu). En tout cas, on peut se lancer extrêmement rapidement dans la partie, avec trois règles, on est prêt·es pour l’exploration de Toriki.

Pour se rendre quelque part sur l’île, il suffit de déplacer son Meeple (en payant avec des jetons Nourriture pour aller plus loin) de case en case sur le plateau – qui débute en grande partie tronqué. On entre alors le numéro de la case d’arrivée dans l’appli, qui nous indique ce que l’on voit. 

Vous devez bien observer le plateau : les détails des illustrations vont donner des indications sur ce que vous allez pouvoir faire, ou trouver, sur place. À vous de vous organiser entre vous pour partir bien équipé au bon endroit.

Une des premières missions sera par exemple de trouver des sources de nourriture. Mais pour ce faire, fabriquer quelques outils rudimentaires pourrait s’avérer bien utile. Peu à peu, on va améliorer notre campement et augmenter nos capacités de survie collective. Notre groupe découvre alors les plaisirs et les dangers de la chasse et de la cueillette, les joies de la confection d’outils, la domestication fondamentale du feu, il commence à observer, nommer, puis apprivoiser des animaux… Bref, on expérimente dans Toriki une véritable histoire de l’humanité, bien plus que dans de nombreux jeux de civ ! 

Le sentiment d’exploration est vraiment bien rendu puisqu’en plus de la découverte des divers lieux visibles, on va pouvoir révéler des pans tenus secrets de l’île, cachés dans des enveloppes. Oui Toriki est un jeu aux saveurs un brin Legacy avec du matériel qui évolue. Si ce n’est le Répertoire des Espèces où il faudra écrire au crayon de papier pour pouvoir rejouer (on nomme et décrit les animaux rencontrés dans ce carnet, ce qui offre d’ailleurs une personnalisation bien sentie à l’expérience – vous comprendrez mieux quand vous croiserez nos crachex vomitox vulgaris ^^), il n’y a aucun élément endommagé ou détruit ici : à la place de stickers à coller, on prend des tuiles d’un plateau épais dans un esprit calendrier de l’avent qui aura le mérite d’une grande durabilité.
Voudra-t-on nécessairement rejouer ? En général, les enfants adorent qu’on leur raconte la même histoire encore et encore, peu de doutes qu’ils aient envie de revivre l’aventure d’autant qu’on ne voit pas 100% du jeu en une seule campagne. 

Le game design n’est jamais punitif : on n’a pas de vrai problème de personnages à nourrir, on ne galère pas à rentrer au campement avant la nuit (c’est automatique !), on ne peut pas mourir. Cela reste un jeu éminemment familial, à destination des kids à partir de 8 ans. L’ambiance est plus Vaiana & Seul au Monde que Sa majesté des Mouches ou Yellowjackets. 

 

Pour des adultes, le défi est facile, mais pour des enfants il y a sans doute des éléments qui se révéleront plus challengeants, selon leur âge. Heureusement, vous n’êtes pas juste une bande d’ado, il y a quand même dans l’expédition un adulte, un scientifique à peu près responsable (ça, on ne sait pas trop vu qu’il vous a amené jusqu’ici !), qui vous donnera des conseils si vous êtes en peine, pour peu que vous alliez lui demander via l’appli (élément non testé dans notre session). 


Ce que j’aime particulièrement dans
Toriki c’est qu’on n’est pas là pour gagner des points de victoire (même si on a un système de validation de notre réussite), mais pour vivre une belle aventure … et trouver le moyen de rentrer chez nous quand même ! C’est typiquement un de ces jeux narratifs où il n’y a pas tant de texte à lire que ça : l’aventure se vit dans nos actions.


Le matériel dans la boîte est avenant et assez généreux (sans oublier le développement de l’application) au regard du tarif annoncé de 30€ (merci la prod chinoise). Les illustrations, signées Ines Toczyska, Kary Jane et Tomasz Larek, jouent un rôle certain dans l’immersion. 

Toriki nous garde captif de son île par sa proposition narrative hybride bien calibrée. À l’instar d’un film d’aventure bon enfant et grand public, c’est un jeu que les adultes pourront partager avec leurs kiddos avec plaisir. On a bien envie d’y retourner et de découvrir ce qu’il y a de l’autre côté de la rivière… Le tout est prévu en boutique pour le 25 octobre prochain.

 

 

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2 Commentaires

  1. Ihmotep il y a 12 jours
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    Un petit bijou qu’on adore. J’y joue avec ma femme et mon fils de 9 ans. L’interface de l’application est nickel (la même que Destinies). Le jeu est fluide, immersif. Les tours de jeux s’enchaînent rapidement ce qui est un plus pour garder mon fils avec un Trouble de l’Attention Hyperactif concentré sur le jeu. Enfant comme adulte nous sommes pris par le jeu. Les missions sont nombreuses, ce qui nous maintient constamment en haleine. Cela fait 2 fois qu’en montrant le jeu on me dit « Ca ressemble à 7ème continent », sauf que là où 7eme continent serait l’inspecteur Derrick, Toriki c’est plutôt Fast and Furious. Chaque fin journée nous pouvons sauvegarder, et comme une journée s’est assez rapide cela permet de gérer facilement son temps de jeu. En plus le matériel est à la fois beau et ergonomique, le jeu rapidement mis en place et ranger. Un sans faute. A chaque découverte nous avons la possibilité de noter le nom de l’espèce croisé, un élément qui me paraissait anodin mais qui ajoute un gros plus en therme d’immersion et de fun. Dommage que le nom choisit ne soit pas saisissable dans l’appli puis intégrer dans les descriptifs :).
    Les mots de la fin à mon fils
    Jeudi « Papa ce soir je préfère qu’on fasse un TORIKI plutôt que de jouer aux jeux vidéos »
    Samedi matin 6h30, je trouve mon fils dans la salle à manger en train de mettre TORIKI en place « Comme cela nous aurons le temps d’y jouer avant d’aller aux courses »

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