The Castle of Tuscany : Excursion dans la Toscane du 15e siècle
Les Châteaux de Bourgogne (en allemand Die Burgen Von Burgund) est le jeu emblématique de Stefan Feld. Il se classe au 14e rang sur Board Game Geek. Dans ce titre emblématique, nous construisions notre domaine en fonction des dés. Onze ans plus tard, l’auteur nous propose une nouvelle visite des châteaux, mais cette fois en Toscane. Nous vous en parlions déjà dans cette preview.
Concrètement, on nous propose peu ou prou la même mécanique de tuiles hexagonales que l’on place sur notre plateau, mais dans une version condensée, j’oserais dire épurée, tandis que d’autres voient surtout un jeu qui surfe sur la mode des jeux express. Qu’en est-il ? L’auteur a-t-il réussi à tirer la substantifique moelle du jeu, ou au contraire appauvri la mécanique au prix d’une trop grande accessibilité ? Les deux jeux ne feront-ils pas doublon ? Tant de questions qui restent en suspens et auxquelles nous tâcherons de répondre en conclusion. 😉
La Toscane au XVe siècle
Cette fois donc, nous voilà dans la Toscane du XVe siècle. Nous allons construire des villes, des zones agricoles… Bon, on ne va pas se le cacher, le thème est assez anecdotique. Le but est de marquer des points de victoire pendant les trois manches que comporte le jeu. Dans cet opus, nous avons un petit twist qui attire de suite le regard : les points sont marqués sur une piste verte et, en fin de chaque manche, sont répercutés sur une piste rouge. Mais la verte n’est jamais mise à zéro. Une sorte d’exponentielle.
La comparaison avec Les Châteaux de Bourgogne est inévitable. En effet, les deux utilisent la même mécanique de tuiles que l’on prend dans une zone commune et que l’on pose sur notre plateau. Avec les Châteaux de Bourgogne nous jouions deux dés à chaque tour, ici nous jouons une action par tour parmi trois. Une épure qui rappelle beaucoup de titres modernes, comme Splendor, s’il faut faire du name dropping.
Prendre une tuile, prendre des cartes qui servent à poser des tuiles et poser les tuiles sur notre domaine, voilà comment vont s’enchaîner les tours, jusqu’à ce que la fin de la manche se déclenche avec le scoring qui va bien.
Autre élément de comparaison, le vénérable Château propose 8 tuiles bâtiments différentes et 26 tuiles monastères différentes qui nous permettent de marquer des points selon une condition en fin de partie, ou bien qui nous offrent un bonus dans tel ou tel cas. Dans Tuscany nous avons en tout et pour tout 8 tuiles différentes et les tuiles monastères ont une seule fonction, nous faire piocher 3 cartes.
Si je parlais de Splendor, ce n’est pas complètement par hasard, car ce Toscane présente une légère composante de jeu à moteur. En effet, placer une tuile va nous rapporter des points si on clôture une zone, mais cela nous offre aussi un bonus. Avec les mines on produit du marbre qui permet une fois dépensé de rejouer immédiatement. Les villages nous offrent des ouvriers qui remplacent une carte. Les auberges sont un élément adaptatif, en effet elles remplacent n’importe quel type de tuiles. Un bon moyen d’avoir la tuile qui nous manquait et qui se dérobe à nous. Les cités nous offrent une amélioration : désormais il est possible de stocker deux tuiles, piocher une carte de plus quand je choisis cette action, etc.
Le hasard ! Quoi ?
On est soumis au hasard de plusieurs façons. La toute première se cache dans la pioche de cartes et l’on peut s’en accommoder en dépensant plus de cartes de n’importe quelle couleur. Plus que le hasard, c’est l’opportunisme qui m’a dérangé. Dans un jeu, l’opportunisme peut agacer mais il ouvre en général des possibilités aux joueurs et les pousse à sortir de l’ornière.
Sauf que dans Toscane on recharge le marché à l’aveugle à partir de notre pile de tuiles, et parfois on va révéler la tuile que l’on cherche désespérément. Je ne vous cache pas que, le temps que ça revienne à vous, ladite tuile aura probablement disparu, quelqu’un d’autre l’aura saisie sous votre nez. Bref ça peut couiner un peu, sachez-le !
Pour autant, je pense que le jeu est équilibré. On pourrait être tenté de conclure un peu rapidement sur l’importance des tuiles améliorations, mais en réalité tout est important. Le timing est prépondérant. Il me semble surtout essentiel de construire et fermer le plus rapidement des zones de trois qui rapportent 6 points. Sans oublier de glaner quelques points avec les tuiles bonus en étant le premier (ou le deuxième) à poser toutes les tuiles d’une couleur.
Avec le système de double piste de points de victoire, le risque est grand d’avoir un effet « boule de neige » (win-win) pour le vainqueur de la première manche ou à l’inverse une sensation de moteur qui a des ratés pour le perdant, car il va devoir cravacher pour remonter son retard.
De retour d’Italie
Concernant l’édition, c’est triste à dire, mais on retrouve les défauts des jeux de la maison Aléa : le matériel un peu cheap à commencer par les tuiles assez fines, même si ici on a aussi des jetons en bois de bonne qualité. Par contre, la règle comporte plusieurs erreurs que l’on pourra corriger en comparant avec la version anglaise ou allemande. Il y a eu un défaut dans la relecture, ainsi les châteaux s’appellent Castello et un morceau de phrase est resté en anglais, dommage ! Pourtant, Aléa est aussi connu pour ses règles avec cette colonne de droite pratique qui résume les règles en quelques mots-clefs et où l’on se référera quand on voudra rejouer au jeu pour se rappeler les éléments importants (comme le tour de jeu). Une excellente idée que l’on voit trop peu et évidemment reprise dans cet opus.
Deux breuvages, deux arômes
Si la comparaison entre les deux titre de Feld est inévitable, elle n’est pas forcément pertinente à mon sens. D’ailleurs, les deux ne font pas doublon de mon point de vue, le grand ancien étant plus profond, mais aussi plus long (une partie pouvant durer deux heures). À l’inverse, ce château de Toscane est plus épuré et aussi plus dynamique que son grand frère. Nous sommes plutôt dans un calibre d’une heure (probablement moins, une fois qu’on le maîtrise). Bref, une bonne alternative quand on aime les Châteaux de Bourgogne mais que l’on ne dispose pas du temps qu’il requiert, si toutefois l’on accepte ce léger hasard et le possible effet « boule de neige ».
À jouer entre amateurs ou en famille et avec vos enfants si vous les avez biberonnés dès leur plus jeune âge aux classiques, comme L’âge de Pierre ou Agricola.
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morlockbob 06/10/2020
Cinq parties plus tard, l’effet prime au gagnant est toujours autant difficile à contre carrer, le hasard est quand même présent et le jeu est beaucoup trop cher pour ce qu’il propose de toute façon.
christ 07/10/2020
6 parties à mon actif à deux joueurs:
avis: on a pris beaucoup de plaisir à y jouer pour des parties d’environ 50mn.
Je n’ai jamais joué aux chateaux de Bourgogne.
Le hasard est certes présent sur pleins d’aspects du jeu mais il peut facilement être modifier en rajoutant des bonus judicieusement choisi: bonus de cartes, d’espaces hexagonales en plus… le jeu est fluide, plaisant et on n’a jamais ressenti de frustrations sur le fait de ne pas avoir les bonnes cartes (on a la possibilité de mitiger les cartes de placement) ou les bonnes tuiles à placer sur notre plateau.
Les tours s’enchaînent rapidement et c’est un jeu idéal pour le soir en rentrant du boulot avec un petit apéritif (avec modération);
le seul bémol concerne la règle, très mal écrite et sujette à interprétation surtout les tuiles agriculture que j’ai mis 3 parties à comprendre avec ma compagne !!!
Ensuite, j’ai le sentiment que si on prend de l’avance à la deuxième manche (6 points ou plus), il est très difficile de revenir au score.
L’interactivité est importante, il faut constamment surveiller le plateau territoire de son adversaire pour voir les objectifs qu’ils veut réaliser avant nous et donc des choix que l’on doit faire, car l’on ne peut tout réaliser.
conclusion: on a envie d’y rejouer régulièrement , c’est facile à mettre en place et pour 45 mn à 1h00 , on passe un bon moment; ce n’est pas le jeu du siècle mais c’est un bon jeu qui figurera dans ma ludothèque.
christ
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Groule 07/10/2020
Avec ton article et les quelques commentaires, j’ai tout ce qu’il me faut pour avoir une bonne vision du jeu. Je me posais des questions ! Merci